Les journaux quotidiens auront déjà appris à nos lecteurs la décision que dut prendre le Conseil fédéral suisse, en février 1904, de renvoyer une seconde fois à une date indéterminée la conférence destinée à reviser la Convention de Genève, laquelle, ainsi que nous l'annoncions dans notre dernier Bulletin, avait été convoquée pour le 16 mai 1904.

Nous extrayons du Journal de Genève les considérations très justes qui suivent concernant la valeur et la portée humanitaire de la Convention de Genève.

«Dans toutes les guerres qui se sont livrées dans le monde depuis l'institution de la Croix de Genève, protectrice des ambulances, les deux belligérants se sont toujours accusés réciproquement d'avoir violé ce talisman protecteur en tirant sur les blessés. Peut-être le faisaient-ils; en effet, par erreur, mais chacun des deux adversaires attribuait à l'autre l'intention sauvage d'achever de tuer des malheureux déjà hors de combat. L'accusation inverse était à peine moins grave: elle consistait à dénoncer la ruse perfide et lâche de soldats se dissimulant derrière un drapeau destiné à protéger l'agonie des blessés.

Le maintien de la paix pendant les deux années 1901–1902 a permis à la Société saxonne de se consacrer à la préparation de la guerre et à une activité pacifique.

Il faut tout le dévouement des comités sectionnaires pour arriver à augmenter le nombre des membres de la Société, à multiplier les colonnes sanitaires et à accroître ainsi les forces de l'assistance volontaire, et pour ne pas laisser s'endormir la sympathie pour la Croix-Rouge et le sentiment de la responsabilité qui lui incomberait en cas d'entrée en campagne.

L'assemblée générale annuelle de la Société centrale suisse de la Croix-Rouge s'est tenue à Olten le 6 décembre sous la présidence de M. Haggenmacher, président.

Les délégués des sections étaient au nombre de 48, représentant 19 sections.

Mme Aurelia Ramos de Segarra, la distinguée présidente de la Croix-Rouge de l'Uruguay, publie sur la situation de la Société qu'elle dirige un rapport dont nous extrayons les quelques renseigements suivants:

Après avoir constaté que la guerre civile désole encore ce malheureux pays et après avoir fait ressortir la grande part qu'a prise aux soulagements des misères occasionnées par cette guerre la Croix-Rouge de l'Uruguay, le rapport met en lumière la situation plutôt prospère de la Société.

Sous le nom de « Société centrale suisse de la Croix-Rouge » il a été constitué une société (titre XXVIII du code des obligations), avec siège à Berne, ayant pour but l'organisation et l'utilisation des secours sanitaires volontaires.

Les chemins de fer saxons ont adopté de nouvelles voituressalons avec lazarets, destinées à être immédiatement dirigées sur le lieu où un accident de chemin de fer se serait produit. Le wagon est divisé en deux parties, l'une pour les médecins et la salle d'opérations et de pansement, l'autre pour les blessés. Il porte à l'extérieur une grande croix rouge. La salle d'opérations est munie de tous les appareils nécessaires, avec éclairage et réchauds à gaz. Les deux clichés ci-contre, qui nous ont été obligeamment prêtés par la Rédaction de Das Rothe Kreuz, donnent une vue du wagon. Chaque voiture peut conlenir 10–12 blessés; au-dessus de chaque lit se trouve un appareil permettant de soulever le blessé. Une petite armoire par lit permet de conserver en sûreté les objets de valeur. Toutes les installations propres à assurer le bien-être des blessés et à faciliter leur traitement sont prévues, de même qu'un système de parois mobiles destiné à faciliter le chargement et le déchargement des blessés.

« Dans diverses assemblées annuelles précédentes, le Comité exécutif a signalé le zèle déployé par le comité de dames pour l'appuyer dans ses efforts en vue de l'extension de l'activité de la Croix-Rouge dans le pays. Le Comité exécutif se contentera de rappeler ici le travail infatigable auquel le comité de dames s'est livré il y a quelques années, lorsqu'il s'agissait de recueillir des fonds pour l'adjonction au home des infirmières de la Croix-Rouge, d'une petite clinique, où les infirmières auraient l'occasion de se développer dans l'exercice de leur profession, au-delà de l'enseignement reçu dans de grands établissements hospitaliers. Ce comité de dames travaille actuellement à la confection d'effets d'ambulance et de pansement. Le rapport de l'année précédente laisait mention de la publication dans les journaux d'un appel aux dames suédoises, les invitant à confectionner, dans diverses localités du pays, des effets de pansements conformes aux collections de modèles, que le comité de dames remettrait à titre gratuit sur la demande qui lui en serait faite. Ce matériel devait être conservé au lieu de la confection, et tenu à la disposition du Comité de la Croix-Rouge en cas de guerre à l'intérieur du pays. Il avait déjà été organisé quelques dépòts pareils en 1901, mais en 1902 ce faible commencement reçut une organisation plus solide et un développement considérable.

Le Gonseil fédéral a émis un règlement pour poser les conditions auxquelles la subvention annuelle votée en faveur de la Croix-Rouge serait allouée, ainsi que la manière dont cette société se rattacherait au service de santé de l'armée.

C'est avec une vive satisfaction que le Comité international vient d'apprendre, par la voie des journaux, que la Conférence diplomatique pour la revision de la Convention de Genève venait d'être à nouveau convoquée par le Conseil fédéral suisse pour le 16 mai 1904.

A partir du 1er Janvier 1904 paraît mensuellement à Genève la Croix-Rouge suisse, qui constitue en quelque manière l'édition française du journal suisse Das Rothe Kreuz, et qui est rédigée par M. le Dr Braun. Nous félicitons les auteurs de cette entreprise de leur heureuse initiative et souhaitons que ce nouveau périodique se crée sa place en Suisse romande et contribue à y développer l'intérêt un peu languissant du public pour l'œuvre de la Croix-Rouge, dont Genève est cependant le berceau.

M. le Dr Schulthess-Schindler de Zurich vient de publier comme numéro de nouvelle année de la Société de secours de Zurich, une brochure consacrée à l'exposé de ce qu'a été autrefois et de ce qu'est aujourd'hui le soin des blessés.

Les attelles plâtrées du Dr Sahli sont connues déjà depuis quelques années et fort appréciées de tous ceux qui les ont employées. Accueillies avec grande faveur dans différents pays, elles sont d'un usage courmt dans beaucoup d'hòpitaux, et ont été adoptées dans le matériel sanitaire officiel de l'armée suisse. Ce mode de pansement immobilisateur convient d'une façon toute particulière au service des ambulances et des postes de secours en campagne, en raison de la facilité de son application, de sa conservation indéfinie et de son transport à l'abri de toute cause de détérioration.