Selon Charles Perelman, la logique, étude des moyens de preuve, a été, dans le prolongement du rationalisme cartésien, progressivement réduite à la logique formelle, étude des techniques démonstratives des mathématiciens. Corrélativement, le champ du rationnel a été considérablement rétréci, et les moyens de preuve utilisés dans les sciences humaines ont été mis au rencart. La raison est devenue incompétente dans tousles domaines qui échappent au calcul, les abandonnant aux forces irrationnelles, aux instincts, à la suggestion, à la violence. Refusant cette dichotomie entre la raison calculatrice et l'irrationnel, Perelman, à la recherche d'une voie intermédiaire, découvrit non pas ce qu'il escomptait, c'est à dire une logique des Jugements de valeur, mais la rhétorique. Celle-ci de nos Jours, est tombée en désuétude. Si l'on veut la rani mer, c'est des Anciens qu'il faut s'inspirer: d'Aristote surtout, mais aussi de Platon. C'est à ce dernier que nous voulons consacrer les pages qui suivent.