Weimar et la défense de la démocratie chez les juristes allemands émigrés
Published online by Cambridge University Press: 01 May 2012
Resumé Cet article examine la façon dont les constitutionnalistes allemands ont cherché à tirer leçon de l'échec de la République de Weimar, ainsi que le rôle de repoussoir que cette référence traumatique a joué dans la mise en place d'une compréhension «robuste» et «défensive» de la démocratie libérale dès les années 1930. À partir des réflexions de quelques juristes émigrés aux États-Unis, il distingue trois programmes concurrents : celui de l'antiextrémisme, qui trouve son origine dans l'antipositivisme weimarien; celui de la «démocratie militante» (Karl Loewenstein); et celui de la «dictature constitutionnelle» (Carl J. Friedrich). Au sein de chacun, la confrontation avec Carl Schmitt revêt une importance décisive, en dépit de son caractère parfois implicite et médiatisé. Éclairer ces échanges permet de juger dans quelle mesure les régimes démocratiques post-1945 ont intégré les idées de Schmitt.
Abstract This paper explores the lessons drawn by German constitutional scholars from the breakdown of the Weimar Republic, and how this traumatic experience became a starting point at the end of the 1930s for a new conception of democracy both liberal and robust (or “defensive”). Emigré constitutional scholars devised three distinctive versions of this “democratic robustness”: an “anti-extremist” (which originated in Weimar legal antipositivism); a “militant democracy” (first exposed by Karl Loewenstein); and a “constitutional dictatorship” (Carl J. Friedrich, Frederick W. Watkins). At the heart of each one lies a decisive debate with Carl Schmitt, even if implicit or diffracted. By reconstructing these debates one can appreciate to what extent postwar constitutional democracies have incorporated Schmitt's ideas.