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La vrai nature de … la Révolution tranquille

Published online by Cambridge University Press:  10 November 2009

Daniel Latouche
Affiliation:
Université McGill

Extract

Cet article cherche à vérifier de façon empirique certaines hypothèses déduites de l'analyse théorique de Gilles Bourque et Nicole Frenette portant sur la période de la Révolution tranquille (1960–5). Il s'agira essentiellement de vérifier si la nouvelle petite bourgeoisie québécoise a su transformer de façon significative la rôle de l'Etat québécois pour en faire une arme importante de sa lutte pour une position hégémonique.

Type
Notes
Copyright
Copyright © Canadian Political Science Association (l'Association canadienne de science politique) and/et la Société québécoise de science politique 1974

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References

1 Il n'existe pas à proprement parler d'histoire de la Révolution tranquille, on pourra néanmoins consulter les ouvrages suivants qui résument très bien les principaux évènements de cette période : Myers, H.B., The Québec Revolution (Toronto, 1964)Google Scholar; Reid, Malcom, The Shouting Sign Painters (Toronto, 1972)Google Scholar; Corbett, E.M., Québec Confronts Canada (Baltimore, 1967)Google Scholar; Bergeron, Gérard, Du Duplessisme à Trudeau et Bourassa (Montréal, 1971)Google Scholar; Lapalme, Georges-Emile, Mémoires, 3 vols (Montréal, 1973)Google Scholar; Morin, Claude, Le pouvoir québécois… en négociation (Québec, 1972)Google Scholar; Sloan, Thomas S., Une révolution tranquille ? (Montréal, 1965).Google Scholar

2 Bourque, Gilles et Frenette, Nicole, « La structure nationale québécoise », Socialisme québécois, 21–2, (1970), 109–56Google Scholar; une analyse similaire est reprise dans Luc Racine et Roch Denis, « La conjoncture politique depuis 1960 », idem, 17–78; Pris, Parti, « Manifeste 1964–1965 », Parti Pris, 2, 1 (1964), 217Google Scholar; Pris, Parti et Populaire, Mouvement de Libération, « Manifeste 1965–1966 », Parti Pris, 3, 1–2 (1965), 241.Google Scholar

3 Sur l'utilisation du nationalisme par le petite bourgeoisie traditionnelle, voir Ouellet, Fernand, « Les fondements historiques de l'option séparatiste dans le Québec », Liberté, 4, 1 (1962), 90112Google Scholar; Vallières, Pierre, « Quebec : Nationalism and the Working Class », Monthly Review, 16, 10 (1965), 597607CrossRefGoogle Scholar; Piotte, J.M., « Sens et limites du néo-nationalisme », Parti Pris, 4, 1 (1966), 24Google Scholar; Trudeau, P.E., « L'aliénation nationaliste », Cité Libre, 13 (1961), 35Google Scholar; Taylor, C., « Nationalism and the Political Intelligentsia », Queen's Quarterly. 72, 1 (1965), 150–68.Google Scholar

4 Schendel, Michel Van, « L'essoufflement libéral ou l'apologue de la pièce », Socialisme 66, 7 (1966), 31–7Google Scholar; « 5 juin 1966 : la fin des illusions », Socialisme 66, numéro spécial, 9–10 (1966), 1–160.

5 Pour une critique de la nature petitebourgeoise du Parti Québécois, voir Larocque, André, Défis au Parti Québécois (Montréal, 1971)Google Scholar; Gagnon, Charles, Pour un parti prolétarien (Montréal, 1972).Google Scholar

6 « La représentation idéologique des classes au Canada français », Recherches sociographiques, 6, 1 (1965), 9–22.

7 Rioux, Marcel, « Conscience nationale de classe au Québec », Cahiers internationaux de sociologie, 38, 1 (1965), 99108Google Scholar; La Question du Québec (Paris, 1969); Dofny, J. et Rioux, M., « les classes sociales au Canada français », Revue française de sociologie, 3, 3 (1962), 290300.CrossRefGoogle Scholar

8 Bourque et Frenette, « La structure nationale québécoise », 138. Pour une vérification historique très détaillée de la thèse de Bourque, G. mais qui porte sur la période 1760–1840, voir son étude Classes sociales et question nationale au Québec, 1760—1840 (Montréal, 1970).Google Scholar

9 Sur un plan strictement méthodologique cette façon de procéder peut sembler criticable. Elle revient à prouver l'existence d'un phénomène (en l'occurrence la montée d'une nouvelle classe sociale) en étudiant de façon détaillée certains effets dont on présume qu'ils ont été causés par le phénomène dont on veut prouver l'existence.

10 “Cette notion d'appareil d'état qui nie la distinction entre le caractère privé et public des institutions de l'état capitaliste moderne est empruntée à Poulantzas, Nicos, Pouvoir Politique et classes sociales (Paris, 1968).Google Scholar

11 Plutôt que de nous indiquer la composition empirique de la fraction technocratique, Bourque et Frenette s'emploient plutôt à nous donner l'impression que cette fraction possède une existence réelle parce (1) qu'elle est la « plus importante, du point de vue numérique »; (2) qu'elle s'est constituée au Québec, « comme dans plusieurs autres pays »; (3) qu'elle est un « effet propre de certains aspects de la structure du mode de production capitaliste dans son stade avancé » et (4) qu'elle reflète aussi « l'existence de nouvelles fonctions dans le processus de production capitaliste » (p. 140). Ces indices sont supposés « rendre compte de l'existence de cette fraction petite-bourgeoisie technocratique » (p. 141). On aurait préféré une définition empirique un peu plus précise. Sur les classes moyennes et technocratiques au Québec, voir Brazeau, Jacques, « les nouvelles classes moyennes », dans Le pouvoir dans la société canadienne-française, ed Dumont, Fernand et Montminy, Jean-Paul (Québec, 1966), 151–70.Google Scholar

12 Wildavsky, A., The Politics of the Budgetary Process (Boston, 1964)Google Scholar; cette approche « incrémentaliste » du processus budgétaire a surtout été développée par Davis, A., Dempster, M.A.H. and Wildavsky, A., « A Theory of the Budgetary Process », American Political Science Review, 60, 3 (1966), 529–47CrossRefGoogle Scholar; « On the Process of Budgeting: An Empirical Study of Congressional Appropriations », in Papers on Non-Market Decision Making, ed. Tullock, G. (Charlottesville, 1966), 63133Google Scholar; Natchez, P.B. and Bupp, I.C., « Policy and Priority in the Budgetary Process », American Political Science Review, 67, 3 (1973), 951–63.CrossRefGoogle Scholar

13 Sur cette question des programmes à frais partagés et des contraintes qu'ils imposent, voir P. Clément, Les ententes fiscales entre le Québec et le gouvernement fédéral depuis 1940, thèse de ma, Département de science politique, Université Laval, 1963; Smiley, D.W., « Conditional Grants and Canadian Federalism », in Canadian Federalism Myth or Reality, ed. Meekison, J.P. (Toronto, 1968), 256–70.Google Scholar

14 Cette façon de concevoir le budget comme un élément du processus politique a surtout été développée par Smithies, A., The Budgetary Process in the United States (New-York, 1955)Google Scholar; Jackson, J.E., « Politics and the Budgetary Process », Social Science Research, 1, 1 (1972), 3560CrossRefGoogle Scholar; Lord, Guy, The French Budgetary Process (Berkeley, 1973).Google Scholar

15 Sur les finances publiques au Québec, voir Bernard, A.C., Parliamentary Control of Public Finance in the Province of Québec, thèse de ma, McGill University, 1965Google Scholar; Rapport de la Commission d'enquête sur la fiscalité (Québec, 1965).

16 L'indice des prix à la consommation a servi d'étalon-standard pour établir ces dollars constants. Il ne s'agit pas là du meilleur indice pour effectuer cette transformation. Mais comme cet indice était facilement disponible pour toute la période considérée, il a été préféré à l'indice des prix des dépenses publiques en biens et services.

17 Le terme de capacités peut porter à confusion. Il s'agit ici des capacités actualisées d'intervention par opposition aux capacités virtuelles que rend possible une succession de budgets excédentaires. Ainsi un partisan unioniste pourrait suggérer que M. Duplessis a augmenté, grâce à ses surplus budgétaires, les capacités virtuelles de l'Etat québécois, capacités que le gouvernement libéral a tôt fait de gaspiller après 1960.

18 Cette augmentation apparaît encore plus phénoménale si on la compare aux années antérieures. Ainsi entre 1867 et 1898, le budget provincial n'augmenta que de 29.4 pour cent entre 1900 et 1920, il augmenta seulement de 78.6 pour cent et entre 1921 et 1945, il y eut une augmentation totale de 188 pour cent. Ces chiffres sont tirés d'une étude de J.I. Gow, « L'évolution de l'administration publique au Québec », dans Le système politique québécois : structures et dynamismes, ed. S. Carlos, E. Cloutier et D. Latouche (Montréal, à paraître).

19 Les mêmes écarts subsistent quoique moins prononcés, lorsque Ton compare ces résultats avec ceux de la période 1945–53.

20 Il s'agit du taux brut de naissances vivant pour 1000 habitants. En 1968, le Québec avait de taux de natalité le plus faible de toutes les provinces canadiennes.

21 La dépense nationale brute désigne le flux des dépenses. Elle mesure le même ensemble que le produit national brut mais envisagé sous l'angle dépense. On y retrouve les éléments suivants : les dépenses personnelles pour les denrées et services, les dépenses d'investissements et les dépenses des gouvernements en biens et services.

23 Curieusement la plus forte augmentation des effectifs (9.2 pour cent) est survenue en 1961, soit au lendemain de la victoire de 1960. De plus, c'est surtout dans les entreprises publiques où la tradition de patronage est la mieux installée que s'est surtout fait sentir cette augmentation. Sur le patronage au Québec voir Hudon, Raymond, Le patronage au Québec, communication présentée au Congrès annuel de la Société Canadienne de Science politique, Montréal. 1973.Google Scholar

24 Plus précisément 20.2 pour cent de la variance de la variable dépendante (répartition des dépenses en 1970) peut être expliqué par la variance de notre variable indépendante (répartition des dépenses en 1945).

25 Comme notre série ne porte que sur une période limitée (moins de six observations) nous n'avons pas tenu compte du phénomène d'auto-corrélation relevée par Durbin, J. et Watson, G.S., voir Johnston, J., Econometric Methods (New York, 1963), 177201.Google Scholar

26 Ces équations ont été établies avec la collaboration de Christian Sarrazin, étudiant en science politique à l'Université McGill.