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Published online by Cambridge University Press: 10 November 2009
1 Balibar, E., dans « De la reproduction » et« Eléments pour une théorie du passage », Lire le Capital II (Paris: Maspéro, 1975)Google Scholar, rejette comme notion anthropologique la conception de la pratique suggérée ici, c’est-à-dire le lien dialectique entre la reproduction physique et la reproduction/transformation des rapports sociaux (174–75). Il est done amené à poser une distinction entre les modes de production « non-transitionaux » et « transitionaux » selon le critère de la correspondance ou non-correspondance des forces et des rapports de production; tout moment de transition constitue d’ailleurs un mode de production distinct. Cette segmentation du processus historique ne fournit pas, cependant, d’outils théoriques pour saisir les mécanismes du changement, et toute véritable transition historique est rendue impensable.
2 C’est essentiellement sur de telles sources secondaires hors du matérialisme historique qu’Anderson prélève ses données empiriques, tout en critiquant leurs limites théoriques.
3 White, Lynn, Mediaeval Technology and Social Change (New York: Oxford University Press, 1966)Google Scholar.
4 Lopez, R. S., The Commercial Revolution of the Middle Ages (Englewood Cliffs: Prentice-Hall, 1971)Google Scholar, foumit beaucoup de renseignements intéressants sur cette question; il accentue d’ailleurs les conflits sociaux, l’imponance du pouvoir militaire et naval de la bourgeoisie montante, etc. Les effets érosifs du commerce sur l’autosuffisance du manoir sont développés, sans pourtant expliquer pourquoi le commerce devient autogénérant et irréversible.
5 Selon l’auteur, c’est seulement le manque de documentation qui nous empêche de savoir si l’économie médiévale est caractérisée par des cycles Kondratieff, etc. (20).
6 Les pures considérations de rentabilité impliquent d’ailleurs le libre mouvement des capitaux, ce qui est donc doublement anachronique.
7 Plus exactement, de « l’économie médiévale »—le mot féodal est mentionné six fois, le féodalisme, jamais.
8 Pour Le Mené, l’Etat est un instrument essentiellement neutre et l’intervention économique, un problème technique (105). Il néglige de considérer les contradictions sociales objectives qui constituent le cadre de ces interventions pour défendre l’hégémonie des propriétaires fonciers.
9 Anderson, Perry, Lineages of the Absolutist State (London: N.L.B., 1974), 7–8Google Scholar.
10 Pour un représentant marxiste de cette perspective, voir Werner, E., Die Geburt: Einer Grossmacht, Die Osmanen (Berlin: Akademie-Verlag, 1966)Google Scholar. La documentation non-marxiste semble être divisée sur cette question. D’une part, il y a tendance à identifier comme féodale toute société qui se situe entre le tribalisme primitif et les sociétés modernes rationalisées (Sjoberg, voir G., « Folk and Feudal Societies », American Journal of Sociology 58 [1952], 231–39CrossRefGoogle Scholar, pourun commentaire et une tentative de raffiner cette distinction dans le cadre de la sociologie américaine orthodoxe). D’autre part, le féodalisme est conçu d’un point de vue étroitement politique comme le réseau de rapports de dépendance au sein de la classe des propriétaires fonciers, et done d’une application historique restreinte, surtout à l’Europe occidentale médiévale. Voir Strayer, J. R., Feudalism (Princeton: Van Nostrand, 1965)Google Scholar.
11 Ganshof, F. L., par exemple, dans son étude Qu’est-ce que la féodalité? (Bruxelles: Office de Publicité, 1944)Google Scholar, tout en accentuant les traits spécifiques qui differencient le féodalisme des autres régimes sociaux, conçoit les rapports au sein de la classe dominante dans un isolement complet du processus productif.
12 L’extraction du surplus est une condition de la tenure. Les rapports de production du fief constituent la médiation entre l’activité et ses conditions naturelles requises. La distinction entre les manses et la réserve seigneuriale représente une scission tangible entre le travail nécessaire et le sur-travail, une forme primitive de la plus-value.
13 Tandis qu’en Grèce la petite et moyenne propriété prédomine, le système romain est basé sur la concentration de la propriété foncière sous forme de latifundium, ce qui correspond à une centralisation oligarchique du pouvoir politique et à une extensibilité géographique plus souple que celles qu’avaient connues les villes grecques (58 et suiv.).
14 La période des deux vagues d’invasions barbares et l’époque mérovingienne subséquente représentent les débuts de l’articulation des institutions féodales. La synthèse effective s’instaure pendant la période carolingienne avec l’unité systématique du bénéfice et de la vassalité (120 et suiv.). Il serait peut-être fructueux de concevoir cette distinction comme soumission formelle et réelle du processus de travail sous les rapports de production féodaux.
15 Voir la partie très intéressante qu’Anderson consacre au mode de production nomade (235–47). Il faut également accentuer les spécificités du processus de travail au sein de ce mode. L’élevage de différentes sortes d’animaux aurait des conséquences importantes pour les possibilités d’expansion géographique des nomades.
16 Ces traits sont surtout ceux de la variante occidentale. A la même époque (du IXe au XIVe siècle), les institutions féodales en Europe orientale sont encore en formation.
17 Voir la discussion pénétrante de l’Etat féodal par Hans Mottek, Wirtschaftsgeschichte Deutschlands tome 1 (Berlin: Deutscher Verlag der Wissenschaften, 1968)Google Scholar.
18 Anderson y voit une simple codification légate tardive d’un fait social pré-existant (Lineages, 159). Cependant. selon les meilleures autorités dans le domaine, il s’agit plutôt d’un véritable changement de statut qui correspond, au niveau de la classe dominante, à l’évolution de la vassalité, où le lieu de dépendance personnelle finit par céder le pas à l’élément propriétaire. Voir par exemple Bloch, Marc, Les caractères originaux de l’histoire française, tomes 1 et 2 (Paris: A Colin, 1955)Google Scholar, et, pour le développement de la classe seigneuriale, F. L. Ganshof, Qu’est-ce que la féodalité?
19 Anderson y trace aussi sa ramification à l’Est, où il existe dans des conditions structurales très différentes.
20 Mottek, Wirtschaftsgeschichte Deutschlands; Bloch, Les caractères originaux; Trevelyan, G. M., English Social History (London: Longmans, Green, 1946)Google Scholar.
21 Par ex., Mottek sur le féodalisme; Thompson, G., The Prehistoric Aegean (London: Lawrence and Wishart, 1949)Google Scholar, The First Philosophers (London: Lawrence and Wishart, 1955)Google Scholar, et Aeschylus and Athens (London: Lawrence and Wishart, 1941)Google Scholar, sur la Grèce.
22 Il y aurait lieu d’analyser plus longuement le lien entre les Croisés, le renouveau du commerce ex tern e et la consolidation des Etats féodaux.
23 Parallèlement, la partie qu’Anderson consacre au mode de production esclavagiste souffre de faiblesses importantes. Largement athéorique, c’est la partie la moins satisfaisante de l’ouvrage. Elle semble méconnaitre les meilleures sources dans le domaine. On peut simplement indiquer ici quelques-unes de ses insuffisances. Les origines de la production esclavagiste à partir du mode de production antique décrit dans les Grundnisse, les diverses applications de l’esclàvage (à Athénes, pour la production des marchandises; à Sparte, dans le cadre d’une économie naturelle); ses formes variables (production esclavagiste collective ou individuelle-artisanale), la nature de la crise de la production esclavagiste à la fin de l’Empire romain, la subordination de la pay sannerie libre dans les coloniae, et enfin la tendance à installer les esclaves sur leurs propres parcelles de terre—toutes ces questions exigent une interprétation matérialiste rigoureuse. Le problème des voies spécifiques de dissolution du communisme primitif pour géné rer les divers modes de production précapitalistes est aussi une question fondamentale. La publication des Ethnological Notebooks de Marx par Lawrence Krader(Assen: van Gorcum, 1974)Google Scholar apportera une contribution énorme à cette tâche.