L'interet de Habermas pour la modernité dont traite son dernier livre, le tourne vers les travaux de Foucault. Celui-ci aurait mis en évidence, dès l'Histoire de la folie, ce qu'il y a de nouveau sous le ciel de la rationalité moderne. Dans plusieurs chapitres consacrés à Foucault (les chapitres 9 et 10 en entier, une partie du chapitre 11, et quelques références dans les chapitres 3, 4 et 12), Habermas esquisse une critique qui s'inspire substantiellement des travaux de Fink-Eitel (1980), Fraser (1981), Honegger (1982), Rippel et Münkler (1982), Dreyfus et Rabinow (1983) et de Honneth (1985). Cette critique est radicale et prend pour cible la présumée théorie du pouvoir de Foucault, les impasses où conduisent les instructions méthodologiques qu'il entend observer pour reconstruire l'histoire recente des sciences humaines, ainsi que les thèses au sujet du rapport entre les pratiques discursives et les pratiques non discursives, plus exactement les dispositifs de pouvoir dans lesquels les sciences humaines se trouvent intégrées. Bien que Foucault n'ait jamais développé une telle théorie (philosophique) du pouvoir et qu'il dise n'avoir jamais voulu l'élaborer, on doit constater avec Habermas que le thème du pouvoir est pourtant omniprésent, et que le concept de pouvoir doit ëtre considéré comme une notion centrale dans son oeuvre.