Déclaration d’intérêts
L’auteur déclare ne pas avoir de conflits d’intérêts en relation avec cet article.
Published online by Cambridge University Press: 17 April 2020
Les émotions, objet d’étude neuroscientifique relativement récent encore, ne sont plus considérées aujourd’hui comme des perturbations, du « bruit de fond » brouillant le signal de la raison, mais comme une composante cruciale de la vie psychique [1]. Le modèle des neurosciences affectives élaboré par Jaak Panksepp s’appuie sur une approche pluridisciplinaire et fait la part belle à la phylogenèse des émotions, tout en critiquant l’approche selon lui biologiquement réductrice de la psychologie évolutionniste [2]. D’après le modèle de Panksepp, nous avons hérité de lointains ancêtres nos systèmes émotionnels de base, et partageons ce « trésor archéologique » avec de nombreux mammifères, dont nos plus proches cousins les grands singes [3]. Le modèle des neurosciences affectives propose une vision étagée de la vie émotionnelle et motivationnelle, les émotions de base ayant leurs substratums dans des structures et circuits cérébraux profonds et phylogénétiquement anciens, et les processus sémantiquement et épisodiquement élaborés et contrôlés faisant appel au néocortex.
Ce modèle intéresse à plusieurs titres la psychiatrie, nombre de troubles mentaux pouvant être décrits en termes de perturbation émotionnelle. Tout d’abord, les troubles psychiatriques peuvent être analysés en tant que dysfonctionnements d’un ou plusieurs des systèmes de commande des émotions de base, ces endophénotypes permettant ainsi d’éclaircir la physiopathologie des troubles [4]. Ensuite, l’intérêt porté aux structures et circuits neuraux de ces systèmes, et donc aux substances neurochimiques impliquées, ouvre de nouvelles perspectives de recherche et de pratique psychopharmacologiques. Enfin, la prise en compte de tels systèmes permet d’enrichir notre vision de la psychothérapie et de la relation médecin-patient.
L’auteur déclare ne pas avoir de conflits d’intérêts en relation avec cet article.
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