Avant que j'esquisse devant l'Assemblée un compte rendu de la tâche que je me suis efforcé de mener à bien, au nom du Conseil de la Société, il peut être utile pour moi de décrire dans leurs grandes lignes les problèmes que j'ai rencontrés, et de montrer quelle était la situation des prisonniers quand, en avril dernier, le Conseil m'invita à m'intéresser à elle et à m'en occuper.

Je ne puis, semble-t-il, mieux commencer qu'en donnant de très brefs détails sur le nombre des prisonniers, leur état et leur répartition en Europe et en Russie.

Chargé de me rendre à Varsovie pour étudier sur place, avec notre délégué M. Gloor, certaines questions intéressant tout particulièrement le service des missions du Comité international de la Croix-Rouge, je quittai Genève le 25 octobre. Obligé de passer deux jours à Vienne, j'ai pu me rendre compte une fois de plus de la grande activité qui règne à notre bureau du Parkring et de la tâche difficile qui incombe à notre mission en Autriche, dirigée actuellement par le Dr Ferrière, vice-président du Comité international de la Croix-Rouge.

Arrivé à Varsovie le samedi 30 octobre, je trouvai les bureaux fermés jusqu'au mardi soir, à l'occasion des vacances de la Toussaint; M. Gloor me proposa, le dimanche matin, de partir pour Otwock, ravissante localité située à l'est de Varsovie au milieu des sapins et des pins, et renommée pour son air pur et vivifiant. C'est à Otwock que M. Gloor, avec l'aide dévouée du Dr et de Mme Tarassow, a transporté nos orphelinats de Brest et de Kowel, lors de l'avance des bolchéviks, au mois de juillet dernier. Nous passâmes une journée heureuse au milieu de ces 92 orphelins si bien soignés, si propres, si heureux de revivre. Cela nous procura également l'opportunité de causer longuement avec le Dr Tarassow de la lutte contre le typhus, la tuberculose, le rachitisme et d'autres fléaux non moins terribles, qui ravagent actuellement tout l'Est de l'Europe.

Chargé par le Gouvernement belge en 1918 et 1919 d'une enquête sur les usines, ateliers, grands magasins, compagnies d'assurances, administrations publiques, établissements d'instruction, hôpitaux, œuvres sociales, associations scientifiques, médicales, ouvrières et patronales en Amérique et en Anglaterre, le Dr René Sand a rapporté de ses voyages une si ample moisson de documents qu'il a pu en constituer un livre de près de 900 pages, dont la lecture est des plus instructive. Bourré de faits précis et de renseignements puisés à la bonne source, ce volume constitue pour celui que les questions d'hygiène et de médecine sociale intéressent une merveilleuse mise au point des dernières méthodes de la « science du rendement ».