Au cours des trois années qui viennent de s'écouler, le Bulletin international a tenu ses lecteurs au courant, pour autant que les nouvelles lui en parvenaient, de la mission du Dr George Montandon, en Sibérie. Rentré le 16 juin à Genève, le Dr Montandon a remis le 13 octobre dernier un volumineux rapport au Comité international sur cette mission, la plus longue et la plus importante des nombreuses missions envoyées par lui.

C'est à la demande des gouvernements déjà séparés d'Autriche et de Hongrie que le Comité international de la Croix-Rouge avait décidé l'expédition d'une mission en Sibérie. Le Dr George Montandon reçut ses instructions des membres du Comité et eut des entrevues avec les représentants des Croix-Rouges intéressées, à savoir: pour l'Autriche, le baron Slatin Pacha, secondé par M. Epstein, et pour la Hongrie le consul général Ernest Ludwig, secondé par MM. Racz et Dell’ Adami. Au dernier moment le Croissant-Rouge ottoman se joignit aux Croix-Rouges autrichienne et hongroise et demanda au Comité international que la mission s'occupât aussi des prisonniers turcs en Sibérie.

Le Dr Montandon quitta Genève le 22 mars 1919, en compagnie du Dr Jacot-Guillarmod, de Neuchâtel, de M. Eigenmann, de Saint-Gall et de M. Werner Steiner, de Winterthour.

Les titres des quatre délégués étaient entre autres leur connaissance de la langue russe et de la Russie ou de la Sibérie ellemême.

Il est très difficile de décrire, même dans ses grandes lignes, le drame épouvantable qui s'est déroulé en Sibérie l'hiver dernier. Il faudrait une plume de génie pour dépeindre exactement les nombreuses infortunes de cette contrée. Je vais essayer de souligner une minime partie des faits, et ceux seulement qui jusqu'à un certain point sont en rapports avec l'œuvre du Comité polonais de secours de la Sibérie orientale (Polish Relief Committee).

S'il est une initiative heureuse de la Société des Nations, c'est certes l'aide apportée au Gouvernement polonais pour la lutte contre les épidémies résultées de la guerre et importées de l'Orient.

Depuis longtemps les adeptes de la langue auxiliaire internationale esperanto ont songé à faire profiter les Sociétés de la Croix-Rouge des ressources que peut leur apporter l'emploi de cette langue pour faciliter l'inter-communication entre les hommes de toutes nationalités avec lesquels elles ont à entrer en relation.

A la suite d'une conférence concernant le probléme des enfants des réfugiés russes, qui s'est tenue à Londres les 17 et 18 mars et à laquelle ont pris part les délégués du Comité international de la Croix-Rouge de l'American Relief Administration, de l'American Red Cross, du Save the Children Fund et de l'Union international de secours aux enfants, il a été décidé entre autres que le Comité international de la Croix-Rouge se chargerait, pourle compte de l'Union internationale de secours aux enfants, des enfants des réfugiés russes dans les Balkans. Il a été décidé également que le Comité international enverrait immediatement des délégations chargées de s'occuper de la question des secours aux enfants des réfugiés en Serbie et à Constantinople.

Le 6 octobre 1920, je quittai Genève pour me rendre en Crimée. Le Comité international de la Croix-Rouge avait décidé d'y envoyer une mission. Il me paraissait utile de lui faciliter sa tâche par un travail préparatoire.

Ce fut le 24 octobre que j'arrivai à Sébastopol. On y était déjà informé que de grandes masses de troupes rouges se concentraient au Nord du Pérécop. On prévoyait la possibilité d'une défaite; on espérait cependant pouvoir tenir en Crimée.

Les questions de solidarité sociale ont toujours préoccupé au plus haut point les hommes de cœur.

Si nous ne pouvons, pour des raisons multiples d'ignorance, de fatalité, d'atavisme, faire disparaître la misère qui frappe si cruellement de pauvres humains, il nous est possible, par des applications judicieuses des découvertes de la science, par plus d'amour envers notre prochain, par des institutions plus rationnelles et plus conformes aux conceptions modernes d'atténuer dans une large mesure les souffrances physiques et morales qu'endurent les déshérités de ce monde.

La Croix-Rouge tchécoslovaque a accompli, durant les deux premières années de son existence, une œuvre très importante dans le domaine de l'hygiène et de la prévoyance sociale. Ce travail, s'il fit peu de bruit, n'en fut pas moins efficace et utile. En ce qui concerne son service sanitaire, la Croix-Rouge tchécoslovaque a prêté son concours aux hôpitaux et aux établissements d'assistance publique en leur fournissant du linge, des médicaments, du matériel sanitaire. Elle a créé son propre hôpital à Hust, dans la Russie subcarpathique, a acheté le château de Bytcice en Slovaquie, où elle a aménagé un hôpital d'enfants, administré pendant une année par la Ligue des Sociétés de la Croix-Rouge et la mission de Lady Muriel Paget. De plus, la Croix-Rouge tchécoslovaque dirige l'école des infirmières, et se propose de créer un hôpital moderne de la Croix-Rouge, ainsi qu'un home pour les sœurs en service.

Plus de 2,500 personnes, représentant 35 pays différents, mais toutes ne parlant qn'une seule langue, voilà le spectacle inspirant que présentait le XIIIme Congrès international de la langue auxiliaire esperanto, qui a eu lieu dans la capitale du nouvel Etat tchécoslovaque du 31 juillet au 6 août 1921.

Le Comité international de la Croix-Rouge avait été invité à s'y faire représenter, et son délégué a trouvé le meilleur accueil. Il a été reçu non comme un simple spectateur, mais comme le délégué fraternel d'un autre mouvement international pour le bien de toute l'humanité. De même que l'idéal de la Croix-Rouge est né dans les cœurs compatissants des Dunant, Moynier et Dufour, l'espérantisme naquit dans le cœur d'un jeune homme qui souffrait en voyant les malentendus, les haines et les querelles de ses voisins, causés par la différence des langues qu'ils parlaient quoique habitant la même ville.

Attendu que le Gouvernement russe a appris qu'une conférence s'est réunie à Genève le 15 août, à laquelle assistaient 80 représentants des gouvernements et des organisations volontaires, et qui était chargée d'étudier les mesures nécessaires pour secourir les régions de la Russie ravagées par la famine et la maladie;

Attendu que le Dr Nansen a accepté la proposition qui lui a été faite par cette conférence, d'assumer les fonctions de Haut Commissaire pour coordonner les efforts des gouvernements et des particuliers agissant au nom de la dite conférence;

Attendu que le Dr Nansen a conclu un accord relatif à l'expédition et à la distribution des approvisionnements que doivent fournir à la Russie les organisations volontaires, accord dont les grandes lignes sont reproduites à l'annexe A ci-jointe;

Attendu que le Dr Nansen s'est entendu avec le Gouvernement russe au sujet de l'importance des besoins des régions éprouvées, ainsi que des conditions locales — climat et transport — qui restreignent l'aide qui peut être efficacement apportée;

Attendu que le Gouvernement russe a fourni des renseignements, figurant à l'annexe 2 de cette convention, qui exposent en détail les besoins de chacune des provinces, en indiquant les moyens de leur expédier les secours nécessaires, et montrent clairement que ces besoins dépassent de beaucoup l'aide qui peut être fournie soit par des dons soit par les efforts des organisations volontaires de l'Europe;

En conséquence,

Le Gouvernement russe, estimant que des secours financiers sont nécessaires pour éviter une catastrophe, qui non seulement jetterait dans une misère effroyable un grand nombre de Russes, mais aurait aussi un effet durable sur la vie économique de l'Europe, demande au Dr Nansen de solliciter des gouvernements d'Europe, dès maintenant, et en son nom, un crédit de 10,000,000 de livres pour la Russie, somme insuffisante pour résoudre le problème actuel, mais qui permettrait de prendre des mesures immédiates pour soulager la détresse présente.

La grande guerre a donné lieu à l'éclosion d'une grande quantité d'œuvres d'assistance aux populations dans les pays les plus éprouvés.

Les pays plus riches ont fait tous leurs efforts pour venir en aide aux pays plus pauvres, où les femmes et les enfants en particulier avaient le plus souffert pendant la guerre, et souffraient encore après.

La Croix-Rouge suédoise a chargé M. Ernest Didring, membre du Comité spécial de secours aux prisonniers de guerre, d'écrire un livre sur l'activité de ce comité pendant les années 1915–19.

Ce livre intitulé: « Secours de la Suède aux prisonniers de guerre », illustré de photographies et de reproductions de dessins exécutés par des prisonniers, raconte en détail l'effort admirable fourni par la Suède dans l'activité mondiale de la Croix-Rouge.

Il y a deux ans, dans notre no de novembre 1919, nous avons publié un article de M. Hanselmann sur la protection de l'enfance en Suisse. Comme secrétaire de la fondation Pro Juventute, M. Hanselmann illustrait ses considérations générates par l'exemple concret de l'institution Pro Juventute dont il décrivait le fonctionnement. L'article que nous publions aujourd'hui, tout en renseignant à nouveau le lecteur sur cette æeuvre, donne à ce sujet des détails inédits et indique les résultats acquis au cours des deux dernières années qui viennent heureusement mettre au point et compléter les données précédentes.