Published online by Cambridge University Press: 02 August 2010
Cet article traite d'un tour spécifique au français: la structure concessive avec avoir beau + infinitif (Il aura beau sonner, je ne lui ouvrirai pas (Riegel et alii 1996: 520), à comprendre comme: Il pourra bien sonner/Il pourra sonner autant qu'il veut, je ne lui ouvrirai pas). Nous nous y interrogeons sur la nature du lien syntaxique qui s'instaure, en français moderne, entre les deux membres de cette structure « en diptyque ». Nous commençons par un aperçu critique des descriptions dont la séquence a fait l'objet dans les grammaires du français contemporain; nous tirons ensuite quelques enseignements de l'évolution des emplois entre moyen français et français contemporain. Pour conclure cette étude à caractère préliminaire, nous formulons quelques hypothèses relatives au scénario diachronique de coalescence dans lequel notre structure semble engagée.
Cet article est la version augmentée d'une communication présentée le 4 septembre 2007 à Boulogne-sur-Mer dans le cadre du Séminaire AFLS 2007. Nous tenons à remercier Mathieu Avanzi pour son aide et pour l'impulsion qu'il a donnée à notre recherche, Alain Berrendonner, Frédéric Gachet et Claire Blanche-Benveniste pour leur relecture attentive, ainsi que les relecteurs anonymes de JFLS pour leurs précieux commentaires, dont nous avons essayé de tirer le meilleur parti possible. Les remarques de Claire Blanche-Benveniste étaient trop riches pour que nous ayons pu en tenir compte intégralement dans les limites de cet article; toutefois, elles nous inspirent pour la suite de nos travaux.