Published online by Cambridge University Press: 10 September 2018
Dans ce travail nous proposons un examen des emplois de l'adverbe honnêtement en français contemporain, ainsi que de leurs propriétés les plus saillantes et des liens existant entre ces emplois et la catégorie sémantique des marqueurs d'attitude énonciative. Notre hypothèse de départ est qu'honnêtement connaît aujourd'hui un triple fonctionnement: 1. comme adverbe qui caractérise la réalisation de l'action évoquée par le verbe de l’énoncé (i.e. Il essayait de faire honnêtement son travail; Michel Houellebecq, 2010, La carte et le territoire); 2. comme adverbe qui montre l'attitude du locuteur vis-à-vis de sa propre énonciation (i.e. Honnêtement, je ne pouvais pas les laisser là. N'importe qui aurait pu les voler; Daniel Pennac, 1999, Aux fruits de la passion); 3. et comme un adverbe qui indique un degré moyen, ou un peu plus élevé que la moyenne, du contenu de l'adjectif qu'il modifie (i.e. Le passage s'est fait dans l'euphorie factice d'un réveillon organisé chez Pinaud. C’était bon et honnêtement copieux; Benoîte et Flora Groult, 1994, Journal à quatre mains). Pour atteindre notre objectif nous avons eu recours à une série de tests linguistiques (de type foncièrement syntaxique et sémantique) qui ont été appliqués à un corpus personnel de deux centaines d'occurrences tirées de la base de données FRANTEXT.
1Je tiens à remercier très sincèrement les relecteurs anonymes de cet article ainsi que les professeurs J.-Cl. Anscombre et M. L. Donaire pour leurs précieuses remarques qui m'ont permis d'améliorer notablement cette contribution.