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Published online by Cambridge University Press: 03 September 2018
The literary status of 1 Cor 5–7 is diversely considered in scholarly literature. Sometimes these chapters are seen as a stand-alone part of the letter, sometimes they are divided in separate blocks, chapters 5–6 on the one hand and chapter 7 on the other. However, an original approach that pays close attention to the structure of the text makes it possible to show the neat architecture of this larger textual unit. The concentric structure of the three chapters (A–B–A’) highlights their literary unity and stresses the significance of the central chapter, which correspondingly possesses the greatest theological density of the whole section.
French abstract: Le statut littéraire des chapitres 5–7 de la première épître aux Corinthiens est diversement considéré dans la recherche. Si ces chapitres sont parfois vus comme une partie autonome de l’épître, ils sont aussi fréquemment divisés en deux blocs distincts, les chapitres 5–6 d'une part et le chapitre 7 d'autre part. Une approche originale, attentive à la hiérarchie des énoncés et à l'organisation du texte, permet pourtant de mettre en évidence la cohérence et l'unité littéraire de cette portion de l’épître. Le texte est composé de trois ʻensemblesʼ, disposés de manière concentrique A (5,1–13) – B (6,1–20) – Aʼ (7,1–40). Cet agencement met en valeur l'ensemble central (B), doté précisément de la plus grande densité théologique.
Cet article reprend et résume, en français, les résultats d'une recherche menée dans le cadre du Sonderforschungsbereich (SFB) 1136 ‘Bildung und Religion in Kulturen des Mittelmeerraums und seiner Umwelt von der Antike bis zum Mittelalter und zum Klassischen Islam’ de l'université de Göttingen sous le titre ‘Bildungsprozesse beim Apostel Paulus am Beispiel der Sexualethik. Theologische Argumentation und ethische Unterweisung in 1 Kor 5–7‘ (non publié). Sur le wissenschaftliches Profil du SFB 1136, voir www.uni-goettingen.de/de/517150.html. Je remercie les Prof. Peter Gemeinhardt et Reinhard Feldmeier qui ont rendu possible ce travail. Ma gratitude toute spéciale va à François Fraizy, qui fut mon Doktorvater pour ma recherche sur 2 Co 10–13 (cf. NT.S 161; Leiden : Brill, 2015) et qui, pour la présente étude, m'a accordé à nouveau de nombreuses séances d’échanges sur 1 Co 5–7. Au cours de ses longues années d'enseignement et de recherche (à l'Université Catholique de Lyon), François Fraizy a mis au point une approche originale des textes et l'a appliquée à de nombreux passages des évangiles synoptiques et des lettres de Paul (voir en particulier son étude sur 1 Co 1–4 : Paul inséparablement pasteur et théologien. Le mode d'argumentation de l'Apôtre en 1 Co 1,10–4,21, à paraître). C'est cette même approche, avec la terminologie qui lui est propre, que j'ai tenté de mettre ici en œuvre.
1 Dans cette étude, on s'en tiendra à une approche synchrone, qui considère le texte de la première épître aux Corinthiens dans son état canonique reçu. Sur le plan diachrone, c'est-à-dire quant à l'histoire du texte, l’épître est composée du regroupement de blocs thématiques. Ceux-ci abordent les différents problèmes qui agitent la communauté (par exemple les divisions dans la communauté, 1,10–4,21 ; les viandes immolées aux idoles, 8,1–11,1 ; les charismes et les assemblées liturgiques, 12,1–14,40, etc.). Ces blocs sont intercalés entre le praescriptum (1,1–9) et la conclusion (16,1–24), qui fournissent le cadre de la communication épistolaire. Le regroupement et la mise bout à bout de ces blocs pourraient avoir été l’œuvre d'un éditeur postérieur et non de Paul lui-même (voir la discussion résumée par exemple chez R. Collins, First Corinthians (Sacra Pagina 7; Collegeville: Liturgical Press, 1999) 10–14). Mais cette question ne semble pas pouvoir être définitivement tranchée. ʻNo manuscript evidence exists to suggest that 1 Corinthians once existed in a form other than that in which it exists today. (…) The suggestion that 1 Corinthians is a composite document is not, however, entirely arbitraryʼ (Collins, First Corinthians, 12–13). Un certain nombre de transitions abruptes (par exemple 4,21–5,1 ; 7,40–8,1 ; 14,40–15,1) suggère en effet que certaines parties ont pu exister à l’état autonome et qu'elles ont été ensuite réunies pour former une grande lettre, dont l'unité d'ensemble est par ailleurs frappante. Comme le résume Collins, ʻthe language of the letter is such that it must be viewed as a single composition, even if it was composed over a somewhat extended period of timeʼ (Collins, First Corinthians, 14). Pour un bilan récent de la recherche, voir Malcolm, M., ʻThe Structure and Theme of First Corinthians in Recent Scholarshipʼ, CBR 14 (2016) 256–69Google Scholar.
2 Ainsi Collins, Lindemann, Senft et Wolff (ici et dans la suite, les noms d'auteur seuls renvoient aux commentaires respectifs de 1 Co).
3 Ainsi Baumert, Klauck, Kremer, Schlatter, Schmeller, Schrage, Witherington et Zeller. Lietzmann se contente d'une approche descriptive et croit apercevoir quatre blocs autonomes (5,1–13 ; 6,1–11 ; 6,12–20 et 7,1–40).
4 Barrett, Fee et Fitzmyer joignent les chapitres 5–6 à ce qui précède (pour former la grande partie 1,10–6,20) et le chapitre 7 à ce qui suit (à 8,1–16,4 (Barrett et Fee) ou à 8,1–14,40 (Fitzmyer)). Arzt-Grabner, Lang, Merklein et Thiselton considèrent les chapitres 5–6 comme un bloc autonome mais rattachent le chapitre 7 à 8,1–11,1 (Lang et Thiselton) ou à 8,1–14,40 (Arzt-Grabner et Merklein). Ciampa et Rosner tiennent une position isolée dans la recherche puisqu'ils considèrent 1 Co 5–7 comme une grande partie autonome mais la font commencer dès 4,18. ʻThe main argument for taking 4.18–21 with what follows rather than with what precedes is the tone of the passage’ (Ciampa, R. et Rosner, B., ʻThe Structure and Argument of 1 Corinthians: A Biblical/Jewish Approach’, NTS 52 (2006) 205–18CrossRefGoogle Scholar, ici 210 n. 24). L'autre argument avancé par ces deux auteurs concerne le vocabulaire : ʻ4.18–21 introduces ideas that are picked up in chapter five: ‘being puffed up’ (4.18–19; 5.2); ‘power’ (4.19–20; 5.4); and Paul being present (4.19; 5.3–4)ʼ (Ciampa et Rosner, The Structure, 210 n. 24). Certes, on ne rencontre pas en 1,10–4,17 un ton aussi tranché qu'en 4,18–21, mais les thématiques et le vocabulaire des versets 4,18–21 font clairement référence à ce qui précède et non à ce qui suit. La double occurrence de φυσιόω en 4,18–19 évoque la fausse gloire, déjà traitée dans ce qui précède (en 1 Co 1,29–31 ; 3,21 ; 4,6–7, toujours avec le verbe καυχάομαι, sauf en 4,6 où apparaît déjà le verbe φυσιόω). Quant au terme δύναμις en 4,19–20, il réapparaît en effet en 5,4 mais il est aussi très présent dans ce qui précède (cf. 1,18.24 ; 2,4–5), en particulier à propos du λόγος τοῦ σταυροῦ, que Paul déclare être δύναμις θεοῦ (1,18) et qui s'oppose à la σοφία λόγου (1,17). Par ailleurs l'antithèse λόγος humain ↔ δύναμις divine, qui est la clé de 4,18–21, reprend en fait la question centrale de 1 Co 2,1–5. Les versets 4,18–21 sont donc manifestement une partie intégrante du grand ensemble 1,10–4,21.
5 En dehors des commentaires, les études consacrées exclusivement à 1 Co 5–7 sont très peu nombreuses (voir en particulier Rosner, B., Paul, Scripture and Ethics: A Study of 1 Corinthians 5–7 (AGJU 22; Leiden: Brill, 1994)Google Scholar).
6 À propos de 1 Co 5–6, Baumert parle de ʻdrei lose aneinandergereihte Passagen (A: 5,1-13; B: 6,1-11; C: 6,12-20), die höchstens durch Stichwortverknüpfung miteinander verbunden sindʼ (Baumert, N., Sorgen des Seelsorgers: Übersetzung und Auslegung des ersten Korintherbriefes (Paulus neu gelesen; Würzburg: Echter, 2007) 63Google Scholar).
7 Collins, First Corinthians, 203–4, voir n. 1.
8 ʻThe rhetorical demonstration of chs. 5–7 is stamped with the mark of Paul's authority. It opens with a remark of his judicial presence (5:3–4). It closes with an affirmation of his possession of the Spirit (7:40). Along the way Paul is careful to identify the authority on the basis of which he renders his opinion (7:10.25)ʼ (Collins, First Corinthians, 204, voir n. 1).
9 Un retrait à droite indique alors que cette ligne dépend grammaticalement de ce qui précède. Les propositions subordonnées et principales – du moins leur premier syntagme lorsqu'elles occupent plusieurs lignes – sont toujours alignées à gauche. Une telle mise en page, par la numérotation secondaire des versets en a, b, c … permet en outre de donner, au cours de l'exégèse, des références plus précises sur tout ou partie d'un verset.
10 Voir par exemple les parallélismes en 6,13d–e, les antithèses en 6,13f–g, les répétitions en 6,12a.c et 6,15a.16a.19a.
11 La présentation structurée de la totalité de 1 Co 5–7 est téléchargeable sur http://downloads.loicberge.com.
12 Il s'agit en fait d'une segmentation du texte en στίχοι, dont la contrainte n'est pas d'abord, comme dans les anciens manuscrits, la largeur des feuillets, mais les critères littéraires que l'on vient de dire.
13 Pour mettre en évidence l'organisation d'un texte, il ne suffit pas de décrire son contenu, mais bien plutôt d'examiner comment les éléments formels (particules, conjonctions, vocabulaire, temps des verbes et personnes verbales, etc.) et stylistiques (parallélismes, antithèses, anaphores, inclusions, figures de pensées (σχήματα διανοίας) et figures de mots (σχήματα λέξεως), cf. L. Pernot, La Rhétorique dans l'Antiquité (série Antiquité; Paris: Poche, 2000) 298–301) contribuent à structurer le texte et à lui conférer cohérence et dynamique.
14 Si la recherche s'accorde généralement à reconnaître la présence d'une césure entre 7,24 et 7,25, les exégètes diffèrent sur le nombre d'unités littéraires qui composent le chapitre 7. Ils en aperçoivent entre deux et dix, avec parfois des unités littéraires qui regroupent deux versets seulement, comme chez Fitzmyer, Klauck, Thiselton et Wolff. La plupart de ces divisions sont cependant équivalentes à une description du contenu du texte et n'ont pas la prétention d’élucider l'organisation du texte, c'est-à-dire d'explorer la hiérarchie des énoncés et la dynamique qui en résulte. C'est justement ce dernier aspect que l'on voudrait privilégier dans la présente étude.
15 Comme l'a bien souligné M. Mitchell, περὶ δέ ne se réfère pas toujours nécessairement à la lettre des Corinthiens à Paul (cf. 7,1a), ou à l'un des points abordés dans cette lettre, mais il s'agit plutôt d'un procédé de Paul lui-même, destiné à structurer son exposé. ʻΠερὶ δέ does provide a clue to the composition of 1 Corinthians in that it is one of the ways in which Paul introduces the topic of the next argument or sub-argumentʼ (Mitchell, M., ʻConcerning περὶ δέ in 1 Corinthiansʼ, NT 31 (1989) 229–56Google Scholar, ici 256).
16 Ce slogan provient très probablement de Corinthe (voir par exemple les arguments rassemblés par Thiselton, A., The First Epistle to the Corinthians: A Commentary on the Greek Text (NIGTC; Grand Rapids: Eerdmans, 2000) 498–501Google Scholar). Le caractère non paulinien de ce slogan tient également au fait qu'il procède d'une approche exclusivement masculine, tandis que partout ailleurs Paul dans son argumentation maintient sans cesse (à l'exception des conseils pratiques sur les vierges en 7,36–8 et sur les veuves en 7,39–40) de strictes parallélismes homme/femme, sinon complets, du moins esquissés (cf. 7,2b/7,2c ; 7,3a/7,3b ; 7,4a–b/7,4c–d ; 7,10d–11c/7,11d ; 7,12c–e/7,13a–c ; 7,14a/7,14b ; 7,16a–b/7,16c–d ; 7,27a–28b/7,28c–d ; 7,32c–34a/7,34b–g). Pour la signification de ces références textuelles ici et dans la suite de cet article, voir la mise en page structurée de 1 Co 5–7 (cf. n. 11).
17 Paul parle κατὰ συγγνώμην, ʻpar concessionʼ, non κατ᾿ ἐπιταγήν, ʻà la manière d'un ordreʼ (7,6 a–b).
18 D'un point de vue littéraire, la formule introductrice pour chacun des trois groupes (en 7,8a.10a.12a) est manifestement structurante pour cette portion du texte. Elle comprend toujours un verbe d’énonciation, la particule δέ puis un substantif au datif pluriel précédé de l'article (dans cet ordre-là en 7,8a ; l'ordre des mots est différent en 7,10a et 7,12a).
19 Théologiquement, le pronom ἕκαστος met en valeur le caractère incommunicable de la vocation personnelle, ce qui est précisément la thématique commune de 7,1–24.
20 En 7,17a.b.18a.c.20a.b.21a.22a.c.24b. Voir aussi le verbe μερίζω en 7,17a.
21 Le verbe καλέω apparaît aussi en 7,1–16 (en 7,15d). On peut mentionner en outre l'adverbe οὕτως dont les occurrences en 7,7b.e et 7,17c.d, rapprochent pareillement d'un point de vue formel les deux groupes de versets 7,1–16 et 7,17–24.
22 Il s'agit en particulier des termes παρθένος, ʻviergeʼ (7,25a.28c.34b.36a.37e.38a), ἄγαμος, ʻnon mariéʼ (7,32c.34b) et des verbes γαμέω, ʻse marierʼ (7,28a.c.33a.34e.36g.39f), γαμίζω, ʻépouserʼ (7,38a.c), μεριμνάω, ʻse soucier deʼ (7,32c.33b.34b.f) et ἀρέσκω, ʻplaire àʼ (7,32d.33c.34g).
23 Voir par exemple Schrage, W., Der erste Korintherbrief (EKK 7/2; Neukirchen-Vluyn: Neukirchener, 1995) 8–20Google Scholar.
24 L'expression biblique σάρκα μίαν tirée de LXX Gn 2,24 (6,16d–f) explique et reformule, dans la perspective du couple stable, le concept ἓν σῶμα de 6,16c.
25 Cf. Rm 6,8.11 ; 1 Co 1,2.30 ; Ga 3,28. La formule ὁ κολλώμενος τῷ κυρίῳ ne doit pas être comprise comme une allusion au célibat pour le Seigneur. Paul s'adresse à toute la communauté et il s'agit au contraire d'une description de la vie croyante. Dans la partie précédente, l’énoncé τὰ σώματα ὑμῶν μέλη Χριστοῦ ἐστιν (6,15b), à cause du pronom ὑμῶν, s'adressait aussi indistinctement à tous les membres de la communauté.
26 Les versets 6,18b–f fonctionnent comme un fondement de l'impératif de 6,18a. La première partie (ʻTout péché que l'homme peut commettre est extérieur à son corpsʼ , 6,18c–d) peut avoir été la reprise d'un slogan de certains membres de la communauté, ʻmeaning that the body had nothing to do with sin; corporeal being was moraly irrelevantʼ (Murphy-O'Connor, J., ʻThe Fornicator Sins against his Own Body (1 Cor 6:18c)ʼ, RB 115 (2008) 97–104Google Scholar, ici 97). Selon son habitude, Paul ne réfute pas entièrement et directement ce slogan, mais le corrige et le complète (en 6,18e–f) dans le sens de la théologie esquissé en 6,16–17. En d'autres termes, pécher contre son propre corps n'est pas un acte neutre, car il blesse le ἓν πνεῦμα formé par croyant avec le Seigneur.
27 Rien n'indique ici (en 6,19b) que le mot πνεῦμα ait une autre acception qu'en 6,17. Dans toute la péricope, le concept πνεῦμα reste dans le domaine de l'appartenance au Seigneur, c'est-à-dire de la vie ʻdans le Christʼ. On se gardera donc de charger le texte de Paul des développements dogmatiques postérieurs, en particulier trinitaires.
28 Le terme ʻbaptêmeʼ est absent de la péricope, mais l'idée est indirectement présente, car le mystère pascal est communiqué aux croyants par le baptême (cf. Rm 6,1–4 ; Ga 3,26–8).
29 Sur la nature de l'exclusion que Paul exige des Corinthiens et ce qu'il en attend, voir entre autres les articles récents de Moses, R., ʻPhysical and/or Spiritual Exclusion? Ecclesial Discipline in 1 Corinthians 5ʼ, NTS 59 (2013) 172–91CrossRefGoogle Scholar, et de Dochhorn, J., ʻDie Bestrafung des Unzuchtsünders in 1. Kor 5,5: Satanologische, anthropologische und theologische Implikationenʼ, Das Böse, der Teufel und Dämonen (WUNT ii/412; ed. Dochhorn, J. and Rudnig-Zelt, S.; Tübingen: Mohr Siebeck, 2016) 127–51Google Scholar.
30 La requête de Paul figure dans la dernière partie de la péricope (5,9–13) sous la forme d'un impératif aoriste (ἐξάρατε … ἐξ ὑμῶν αὐτῶν, 5,13b, citation de LXX Dt 17,7). Mais le même verbe (sans toutefois le préverbe ἐκ-) était déjà présent dans la première partie (5,1–5), sous la forme d'un subjonctif aoriste dans une proposition finale (ἀρθῇ ἐκ μέσου ὑμῶν …, 5,2c). Or cet appel trouve un écho dans la partie centrale (5,6–8), en particulier à travers l'impératif aoriste ἐκκαθάρατε (5,7a), qui précède la justification théologique exposée en 5,7d (τὸ πάσχα ἡμῶν ἐτύθη Χριστός). Sur l'arrière-plan deutéronomique de la péricope, voir Rosner, Paul, Scripture and Ethics, 61–93 (voir n. 5).
31 La dernière partie de la péricope est organisée en deux tableaux, d'une part ce que les Corinthiens étaient (6,9a–11a) et d'autre part ce qu'ils sont devenus (6,11b–e). Les trois occurrences de la conjonction ἀλλά (6,11b–d) mettent en valeur cette transformation, décrite par les trois aoristes ἀπελούσασθε, ἡγιάσθητε et ἐδικαιώθητε, et font contrepoids au Lasterkatalog et ses dix occurrences de la négation οὔτε, οὐ, οὐχ (6,9e–10e).
32 Le strict parallélisme de 7,7d–e (ὁ μὲν οὕτως, ὁ δὲ οὕτως) met sur un même plan les deux formes de vie, vie de couple et célibat.
33 La troisième partie de la péricope (7,17–24) est composée de trois sections. Un principe est d'abord énoncé (7,17), puis appliqué à deux domaines (religieux en 7,18–20 et social en 7,21–4). Dans ces deux dernières sections, la conjonction ἀλλά (7,19c et 7,21c) permet à Paul d'opposer le relatif à l'essentiel et de les hiérarchiser. D'un point de vue religieux, l'essentiel n'est ni la circoncision ni l'absence de circoncision, mais l'observation des commandements de Dieu (7,18–19). De même, d'un point de vue social, c'est l'appartenance au Christ qui importe plus que l'appartenance à une classe sociale. L'appartenance au Christ et la vie dans le Christ sont d'un tout autre ordre. Elles font du croyant un δοῦλος Χριστοῦ (7,22) et l'appellent à s'affranchir de tout esclavage humain (7,23). De la sorte, le croyant est invité à saisir, lorsqu'elle se présente, la possibilité d'un affranchissement (7,21c–d). C'est ici purement et simplement la théologie paulinienne de la liberté (cf. Ga 5,1–13). Pour un état de la question sur la crux interpretum de 7,21d, voir Thiselton, The First Epistle to the Corinthians, 553–9 (cf. ci-dessus n. 16).
34 Les versets 7,36–8 sur les παρθένοι soulèvent en particulier la question de savoir si le texte parle d'un père vis-à-vis de sa fille ou d'un fiancé vis-à-vis de sa fiancée. Voir l’état de la question exposé par Schrage, Der erste Korintherbrief, 196–204 (cf. ci-dessus n. 23).
35 Cf. 7,25b–c.26a.28f.29a.32a.35a.
36 Les deux parties conjoncturelles 7,25–8 et 7,32–40 qui encadrent la justification théologique de 7,29–31, se distinguent l'une de l'autre en ce que la seconde traite en détail ce que la première n'a fait qu'esquisser. Les deux situations traitées dans la seconde, c'est-à-dire le projet d'une vie de couple envisagé au seuil de l’âge adulte en 7,32–8 (l'adjectif ὑπέρακμος en 7,36b désigne très probablement la maturité en vue d'un tel choix, cf. Thiselton, The First Epistle to the Corinthians, 594–8, voir ci-dessus n. 16) ou bien après un veuvage en 7,39–40, sont en effet déjà brièvement évoquées en 7,25–8.
37 Voir les parallélismes parfaits en 7,27/7,28a–d ; 7,32c–d/7,33a–34a ; 7,34b–d/7,34e–g ; 7,36/7,37 ; 7,38a–b/7,38c–d ; 7,39c–g/7,40a–c.
38 Dans un article récent, G. van Kooten a avancé pour ce passage l'hypothèse d'emprunts stoïciens, en particulier en lien avec la doctrine des ἀδιάφορα, c'est-à-dire des choses ʻindifférentesʼ, qui ne sont moralement ni bonnes ni mauvaises mais dont certaines peuvent néanmoins être considérées comme des ʻindifférents préférablesʼ (προηγμένα ἀδιάφορα). ʻMy suggestion is to read the passage from 1 Corinthians 7:29–31 … within the context of the Stoic “indifferents” (ἀδιάφορα). The Pauline ὡς μή, “as if not”, indicates that actions such as marrying, mourning, rejoicing, buying and using the world are essentially adiaphora; they are in themselves neither good nor bad … Perhaps it is Paul's innovation that he includes marriage among the adiaphora, but his argumentation entirely follows the line of the Stoic adiaphora theory. And for Paul remaining unmarried is the “preferential adiaphoron” (προηγμένον ἀδιάφορον)ʼ (van Kooten, G., ʻPaul's Stoic Onto-theology and Ethics of Good, Evil and “Indifferents”: A Response to Anti-metaphysical and Nihilistic Readings of Paul in Modern Philosophyʼ, Saint Paul and Philosophy: The Consonance of Ancient and Modern Thought (ed. van der Heiden, G.-J., van Kooten, G. et Cimino, A.; Berlin: de Gruyter, 2017) 133–64Google Scholar, en particulier 155–6, avec références chez Diogène Laërce et Chrysippe).
39 Ici et dans la suite de l'article, la forme italique du mot ʻensembleʼ indique qu'il est employé au sens technique de la méthode mise en œuvre. La notion d’ensemble est une notion essentiellement fonctionnelle. Un ensemble est une entité littéraire qui peut exceptionnellement être réduite à une seule péricope mais qui généralement regroupe plusieurs péricopes successives, liées par exemple par la même thématique, par le même genre littéraire ou par la même fonction argumentative ou discursive dans une entité littéraire plus large que l'on appellera un ʻdéveloppementʼ.
40 La dimension relationnelle et interpersonnelle du Lasterkatalog de 6,9d–10f est frappante. Il s'agit toujours de comportements qui représentent une forme d'injustice vis-à-vis de l'autre et qui blessent l'autre – qu'il s'agisse de Dieu ou du prochain. Les idolâtres (εἰδωλολάτραι, 6,9e), en adorant des faux dieux, commettent une forme d'injustice vis-à-vis du Dieu unique. Les ivrognes (μέθυσοι, 6,10c), à cause des violences qu'ils sont susceptibles d'infliger aux autres, sont également à leur place dans ce catalogue. Les deux termes débattus μαλακοί (efféminés) et ἀρσενοκοῖται (pédérastes) (6,9g–h) pourraient en vertu de ce contexte être interprétés en ce sens, c'est-à-dire non pas comme des formes d'homosexualité purement et simplement, mais comme des variantes de la πορνεία, qui est une forme d’ἀδικία parce qu'elle prive un être humain de sa dignité. Sur ce débat voir, entre autres, Malick, D., ʻThe Condemnation of Homosexuality in 1 Corinthians 6:9ʼ, BS 150 (1993) 479–92Google Scholar; Petersen, W., ʻCan ἀρσενοκοῖται be Translated by “Homosexuals”? (1 Cor. 6:9; 1 Tim. 1:10)ʼ, VC 40 (1986) 187–91Google Scholar et Wright, D., ʻHomosexuals or Prostitutes? The Meaning of ἀρσενοκοῖται (1 Cor. 6:9; 1 Tim. 1:10)ʼ, VC 39 (1984) 125–53Google Scholar.
41 Dans l’ensemble central, le pronom ἐγώ en 6,12d a une valeur paradigmatique.