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« Arrière de moi, Satan ! Tu m'es en scandale ! » (Mt 16.23). Analyse de l'ajout du rédacteur dans son contexte juif

Published online by Cambridge University Press:  03 December 2019

Hector M. Patmore*
Affiliation:
Faculty of Theology and Religious Studies, Katholieke Universiteit Leuven, Belgium. Email: hector.patmore@kuleuven.be

Abstract

Jesus rebukes Peter at Caesarea Philippi by calling him ‘Satan’. The redactor of Matthew adds to this: ‘You are a stumbling block for me!’ This article argues that this editorial addition reflects a tendency in Jewish sources (1) to use the image of ‘stumbling’ to talk of sin, and (2) to identify the diabolic figure (e.g. Satan, Belial, Evil Inclination) as the cause of ‘stumbling’, earning it the title ‘stumbling block’. This tendency has its origins in the Hebrew Bible, is clearly expressed in the literature of the Qumran community, and is further developed in rabbinic sources.

French abstract: À Césarée de Philippe Jésus se mit à réprimander Pierre en l'appellent « Satan ». Le rédacteur de l’Évangile selon Matthieu y ajoute « Tu es pour moi occasion de chute! » Cet article soutient que cet ajout rédactionnel reflète une tendance qui se manifeste dans les sources juives à (1) employer l'image de « trébucher » pour parler du péché, et (2) identifier le personnage diabolique (Satan, Bélial, l'Ange des Ténèbres, Penchant mauvais) comme la cause de « trébuchement ». Cela lui vaut le titre de « pierre d'achoppement ». Cette tendance a ses origines dans la Bible hébraïque, elle se manifeste dans la littérature de la communauté de Qumran, et se développe ultérieurement dans la littérature rabbinique.

Type
Articles
Copyright
Copyright © Cambridge University Press 2019

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Footnotes

Cet ouvrage a été soutenu par « The Arts and Humanities Research Council » du Royaume-Uni (grant number: AH/P005969/1).

References

1 Le messianisme av. J.-C. souligne le rôle du messie comme guerrier et libérateur politique ; pour un résumé voir par ex., Oegema, G. S., The Anointed and his People : Messianic Expectations from the Maccabees to Bar Kochba (JSPSup 27 ; Sheffield : Sheffield Academic Press, 1998) 39195Google Scholar; Piovanelli, P., ‘Les figures des leaders « qui doivent venir ». Genèse et théorisation du messianisme juif à l’époque du second Temple’, Messianismes : Variations sur une figure juive (éd. Attias, J.-C., Gisel, P. et Kaennel, L. ; Religions en perspective 10 ; Genève : Labor et Fides, 2000) 3158Google Scholar. Concernant le concept d'un Messie souffrant av. J.-C., Novenson, voir M. V., The Grammar of Messianism : An Ancient Jewish Political Idiom and its Uses (Oxford : Oxford University Press, 2017), surtout 161–86Google Scholar, 193–6. Cf. D. Hamidović, David, éd., Aux origines des messianismes juifs : actes du colloque international tenu en Sorbonne, à Paris, les 8 et 9 juin 2010 (Supplements to Vetus Testamentum 158 ; Leiden : Brill, 2013).

2 Toutes les traductions bibliques sont celles de La Bible : Traduction Œcuménique (Villiers-le-Bel : Bibli'O – Société biblique français/Paris : Les Éditions du Cerf, 2010), modifiées le cas échéant.

3 Humbert, A., ‘Essai d'une théologie du scandale dans les Synoptiques’, Bib 35 (1954) 128Google Scholar, ici 14.

4 Konradt, Voir M., Israel, Church, and the Gentiles in the Gospel of Matthew (trad. Ess, K. ; Waco, TX : Baylor University Press/Tübingen : Mohr Siebeck, 2014 [2007]) 355–67Google Scholar; M. Konradt, ‘Matthäus im Kontext : Eine Bestandsaufnahme zur Frage des Verhältnisses der matthäischen Gemeinde(n) zum Judentum’, Konradt, M., Studien zum Matthäusevangelium (éd. Euler, A.; WUNT 358; Tübingen : Mohr Siebeck, 2016) 342CrossRefGoogle Scholar.

5 Pour un résumé, voir W. D. Davies et D. C. Allison Jr., A Critical and Exegetical Commentary on the Gospel according to Saint Matthew, vol. i :Introduction and Commentary on Matthew i–vii (ICC ; Edinburgh : T. & T. Clark, 1988) 72–126 ; Nolland, J., The Gospel of Matthew : A Commentary on the Greek Text (NIGTC ; Grand Rapids : Eerdmans, 2005) 410Google Scholar.

6 Les arguments sont résumés par Davies et Allison, Matthew, i.127–47 ; Konradt, Israel, 364 ; Nolland, Matthew, 14–19.

7 G. R. Osborne, Matthew (Zondervan Exegetical Commentary on the New Testament 1 ; Grand Rapids : Zondervan, 2010) 534. Cf. G. Claudel, ‘La confession de Pierre’ (2 vols. ; Thèse de Doctorat d’État ; Université de Strasbourg, Faculté de Théologie Catholique, 1986) i.340–1 ; W. D. Davies D. C. et Allison Jr., A Critical and Exegetical Commentary on the Gospel according to Saint Matthew, vol. ii ;Commentary on Matthew viii–xviii (ICC ; Edinburgh : T. & T. Clark, 1991) 664 .

8 À savoir, Mt 13.41 ; 16.23 ; cf. l'usage du verbe σκανδαλίζω sans parallèles en Mt 15.12 ; 17.27 ; 24.10.

9 Comme Lagrange l'a déjà bien remarqué : « loin d'adoucir le reproche extrêmement vif qui qualifie Pierre de Satan, il ajoute σκάνδαλον εἶ ἐμοῦ » (Lagrange, M.-J., Évangile selon saint Matthieu (Paris : J. Gabalda et Compagnie, 1927 3) 331Google Scholar). Gundry, Voir également R. H., Peter : False Disciple and Apostate according to Saint Matthew (Grand Rapids : Eerdmans, 2015) 28–9Google Scholar, surtout n. 44.

10 Vögtle, Voir A., ‘Messiasbekenntnis und Petrusverheißung : Zur Komposition Mt 16, 13–23 (Teil 1)’, BZ 1 (1957) 252–72Google Scholar et ‘Messiasbekenntnis und Petrusverheißung : Zur Komposition Mt 16, 13–23 Par. (Teil 2)’, BZ 2 (1958) 85–103.

11 Par ex. Lagrange, Matthieu, 331 ; G. Stählin, ‘σκάνδαλον, σκανδαλίζω’, TDNT vii.345, 348 ; Schweizer, E., The Good News according to Matthew (trad. Green, D. E. ; Atlanta : John Knox, 1975) 345Google Scholar; Meier, J. P., The Vision of Matthew : Christ, Church, and Morality in the First Gospel (New York : Paulist, 1979) 117–19Google Scholar; Claudel, ‘La confession de Pierre’, i.341 ; Davies et Allison, Matthew, ii.663–6 ; Keener, C. S., A Commentary on the Gospel of Matthew (Grand Rapids : Eerdmans, 1999) 434Google Scholar, répété dans Keener, C. S., The Gospel of Matthew : A Social-Rhetorical Commentary (Grand Rapids : Eerdmans, 2009) 434Google Scholar; France, R. T., The Gospel of Matthew (NICNT ; Grand Rapids: Eerdmans, 2007) 635Google Scholar.

12 Schweizer, Matthew, 345. Cf. Stählin, ‘σκάνδαλον’, 353–5. Cette hypothèse est acceptée par plusieurs commentateurs, par ex., Goulder, M. D., Midrash and Lection in Matthew (London : SPCK, 1974) 168–9Google Scholar, 391 ; Luz, U., Matthew 8–20 : A Commentary (éd. Koester, H. ; trad. Crouch, J. E. ; Hermeneia ; Minneapolis : Fortress, 2001) 382Google Scholar; Blomberg, C. L., ‘Matthew’, Commentary on the New Testament Use of the Old Testament (éd. Beale, G. K. et Carson, D. A. ; Grand Rapids : Baker Academic, 2007) 1110Google Scholar, ici 55 ; Nolland, Matthew, 689. La proposition de Dahlberg, à savoir que le rédacteur fait allusion à Jer 1.17–18, n'est pas persuasive (Dahlberg, B. T., ‘The Typological use of Jeremiah 1.4–19 in Matthew 16.13–23’, JBL 94 (1975) 7380Google Scholar, ici 80).

13 Lagrange, Matthieu, 331 ; Hagner, D. A., Matthew 14–28 (WBC 33B ; Dallas, TX : Word Books, 1995) 480Google Scholar.

14 Cf. aussi « Remblayez la chaussée, | dégagez le chemin, | faites sauter tout obstacle du chemin de mon peuple » (Is 57.14).

15 Ainsi Osborne appelle l'ajout dans le texte de Matthieu une « explanatory gloss » (Osborne, B. A. E., ‘Peter : Stumbling-Block and Satan’, NovT 15.3 (1973) 187–90, ici 188Google Scholar). Cf. Claudel, ‘La confession de Pierre’, i.341.

16 Jeremias, J., Les Paraboles de Jésus (trad. Hübsch, B. ; Le Puy/Lyon : Xavier Mappus, 1962) 88Google Scholar; Davies et Allison, Matthew, ii.426–7 ; Hagner, D. A., Matthew 1–13 (WBC 33A ; Dallas, TX : Word Books, 1993) 392Google Scholar; Nolland, Matthew, 558. Cf. De Goedt, M., ‘L'explication de la Paraboles de l'Ivraie (Mt. xiii, 36–43)’, RB 66 (1959) 3254Google Scholar.

17 Voir, par ex., Bonnard, P., L’Évangile selon Saint Matthieu (Neuchatel : Delachaux et Niestlé, 1970 2), 205Google Scholar; France, Matthew, 531 n. 2, 535 ; Turner, D. L., Matthew (BECNT ; Grand Rapids : Baker Academic, 2008) 350–1Google Scholar; Osborne, Matthew, 533.

18 Allusion à Ps 140.9 LXX. Cf. So 1.3, où Symmaque emploie le mot σκάνδαλον, voir Stählin, ‘σκάνδαλον’, 344–6 ; cf. France, Matthew, 536–7.

19 France, Matthew, 533; Davies, W. D., The Setting of the Sermon on the Mount (Cambridge : Cambridge University Press, 1964) 230–3Google Scholar.

20 Stählin, ‘σκάνδαλον’, 346–7, cf. 356. Cf. H. Frankemölle, Matthäus Kommentar, vol. ii (Düsseldorf : Patmos, 1997) 229.

21 A. Steudel, Der Midrasch zur Eschatologie aus der Qumrangemeinde (4QMidrEschata.b) (STDJ 13 ; Leiden : Brill, 1994). Cf. Allegro, J. M., ‘Fragments of a Qumran Scroll of Eschatological Midrāšîm’, JBL 77.4 (1958) 350–4Google Scholar; Habermann, A. M., Scrolls from the Judean Desert (Jerusalem : Machbaroth Lesifurth Publishing House, 1959) 173Google Scholar.

22 Brooke, G. J., ‘From Florilegium or Midrash to Commentary : The Problem of Re-Naming an Adopted Manuscript’, The Mermaid and the Partridge : Essays from the Copenhagen Conference on Revising Texts from Cave Four (éd. Brooke, G. J. et Høgenhaven, J. ; STDJ 96 ; Leiden/Boston : Brill, 2011) 129–50CrossRefGoogle Scholar.

23 Steudel, Der Midrasch zur Eschatologie, 127–57.

24 Steudel, Der Midrasch zur Eschatologie, 7, 202–10.

25 Toutes les traductions des Manuscrits de la Mer Morte prennent pour base celles de M. Wise, Abegg, M. Jr. et Cook, E., Les Manuscrits de la Mer Morte (trad. Israël, F. ; Paris : Plon, 2004)Google Scholar, en les modifiant le cas échéant.

26 Steudel, A., ‘God and Belia’, The Dead Sea Scrolls Fifty Years after their Discovery (éd. Schiffman, L. H. et al. ; Jerusalem : Israel Museum, 2000) 332–40Google Scholar ; Dimant, D., History, Ideology and Bible Interpretation in the Dead Sea Scrolls : Collected Studies (FAT 90 ; Tübingen : Mohr Siebeck, 2014) 135–51CrossRefGoogle Scholar (en particulier, 151 n. 92) ; Daoust, F., ‘Belial in the Dead Sea Scrolls : From Worthless to Stumbling Block to Archenemy’, New Vistas on Early Judaism and Christianity From Enoch to Montréal and Back (éd. DiTommaso, L. et Oegema, G. S. ; JCT 22 ; London/New York : Bloomsbury T&T Clark, 2016) 217–33Google Scholar.

27 Dimant, History, Ideology and Bible Interpretation in the Dead Sea Scrolls, 274, 283–84 ; Brooke, G. J., Exegesis at Qumran : 4QFlorilegium in its Jewish Context (JSOTSup 29 ; Sheffield : JSOT, 1985, 194–7Google Scholar.

28 Davies, The Setting, 232. Cf. Bonnard, Matthieu, 204–5.

29 LXX : Lv 19.14 ; 1 S 25.31 ; Ps 118[119].165 ; Dn 11.41 ; Aquila : Ps 63[64].9 ; Pr 4.12 ; Is 8.14 ; 40.30 ; 57.14 ; 63.13 ; Ez 3.20 ; 7.19 ; 14.3 ; Dn 11.41 ; Symmaque : Is 8.14 ; Ez 3.20 ; 7.19 ; Ml 2.8 ; Théodotion : Is 8.14 ; Ez 3.20 ; Ml 2.8.

30 Harding, J. E., ‘The Wordplay between the Roots כשל and שכל in the Literature of the Yaḥad’, RevQ 19/73 (1999) 6982Google Scholar.

31 Daoust, ‘Belial in the Dead Sea Scrolls’, 226.

32 Newsom, Voir C. A., The Self as Symbolic Space : Constructing Identity and Community at Qumran (STDJ 52 ; Leiden : Brill, 2004) 287346CrossRefGoogle Scholar. Cf. Harkins, A. K., ‘Who is the Teacher of the Teacher Hymns? Re-Examining the Teacher Hymns Hypothesis Fifty Years Later’, A Teacher for all Generations : Essays in Honor of James C. VanderKam, vol. i (éd. Mason, E. F. et al. ; JSJSup 153/1 ; Leiden : Brill, 2012) 449–67Google Scholar. Pour un résumé des arguments voir Schuller, E. M., ‘Recent Scholarship on the Hodayot 1993–2010’, CurBS 10.1 (2011) 119–62Google Scholar, ici 123, 139–42 et Hasselbalch, T. B., Meaning and Context in the Thanksgiving Hymns : Linguistic and Rhetorical Perspectives on a Collection of Prayers from Qumran (EJL 42 ; Atlanta : SBL, 2015) 312CrossRefGoogle Scholar, 28, 72–4.

33 Cf. CD xiii.22 ; 4Q267 9 v.5.

34 LXX Jos 22.13 ; Jg 2.3 ; 8.27 ; 1 S 18.21 ; Pss 68[69].23 ; 105[106].36 ; 139[140].6 ; 140[141].9.

35 Stählin, ‘σκάνδαλον’, 339–43 ; Luz, Matthew 8–20, 432.

36 Selon Delcor les Hymnes n'emploient pas le terme בליעל comme nom propre. Selon lui, le terme conserve encore le sens de la Bible hébraïque, c.-à-d. qu'il qualifie des personnes ou des êtres mauvais ou sans valeur (voir M. Delcor, Les Hymnes de Qumran (Hodayot) (Paris : Letouzey & Ané, 1962) 37, 44–5). Son argument n'a pas été généralement admis. Les Hymnes conservent les deux sens du mot.

37 Les arguments sont résumés et évalués par Hempel, C., ‘The Treatise on the Two Spirits and the Literary History of the Rule of the Community’, Dualism in Qumran (éd. Xeravits, G. G. ; LSTS 76 ; London : T&T Clark, 2010) 102–20Google Scholar. Cf. Coulot, C., ‘L'instruction sur les deux esprits (1QS iii, 13–iv, 26)’, RevScRel 82.2 (2008) 147–60Google Scholar.

38 Selon la traduction de J. Duhaime dans J. H. Charlesworth, éd., Rule of the Community : Photographic Multi-Language Edition (Philadelphia : American Interfaith Institute, 1996).

39 Martone, C., ‘Evil or Devil? Belial between the Bible and Qumran’, Hen 26.2 (2004) 115–27Google Scholar, ici 120–6 ; Brand, M., Evil Within and Without : The Source of Sin and its Nature as Portrayed in Second Temple Literature (JAJSup 9 ; Göttingen : Vandenhoeck & Ruprecht, 2013) 257–62CrossRefGoogle Scholar.

40 Harding, ‘The Wordplay’.

41 Par ex. 1Q38 Frag. 1, l.2 cf. 1Q40 Frag. 9. Dans 2Q23 (Frag. 1) on trouve אבן פנת « pierre d'angle », le verbe כשל « trébucher », à côté du terme שעירים. Selon Schneider (M. Schneider, ‘שעירים שדים ומלאכים: עיונים בחזון ברוך / Goats, Demons and Angels : Observation on the Apocalypse of Baruch’, Tarbiz 80.3 (2012), 347–61) le mot שעירים signifie les démons sous la forme de boucs (cf. b. Ber 3a ; 3 Bar 2.3 ; 3.3) mais la reconstitution du texte qu'il propose est douteuse, voire erronée. Cf. aussi « les trois filets de Bélial », CD iv.15–17.

42 Stählin, ‘σκάνδαλον’, 342.

43 D'où la description de cette section comme un « Belial-less Belial passage » (Brand, Evil Within and Without, 248).

44 Voir Brand, Evil Within and Without.

45 Les mots ont été perdues en 4Q216, cf. Ps 51.10 ; Dt 9.26, 29 ; 1QS 1.24. Cf. aussi la tradition rabbinique (NumR 12.3) attribuée à R. Yehudah b. R. Simon (amora palestinien du 4e siècle) selon laquelle Ps 91.3 (« tu marcheras sur le lion et la vipère, tu piétineras le tigre et le dragon ») assure à Moïse que Dieu le protégerai contre les démons (מזיקין).

46 Les mots clés ont été perdues en 4Q216. Cf. Dt 32.17 ; 2 Ch 28.3 ; Ez 20.31 ; 1 En 99.7.

47 La relation entre les différents éléments dans la clause reste ambiguë (καὶ γὰρ πολλοὺς ἀπώλεσεν ἡ πορνεία· ὅτι κἄν γέρων ᾖ τις, κἂν εὐγενής, κἂν πλούσιος, κἂν πένης, ὀνειδισμὸν ἑαυτῷ φέρει παρὰ τοὺς υἱοὺς τῶν ἀνθρώπων καὶ πρόσκομμα τῷ Βελιάρ). Le datif (τῷ Βελιάρ) peut-être exprimer ici la possession (cf. l'hébreu -ל) ou cause (cf. Rm 11.20, 30 ; Ga 6.12). Cf. les variantes textuelles : περὶ τοῦ Βελιάρ, παρὰ τοῦ [ou : τόν] Βελιάρ ; De Jonge, voir M., The Testament of the Twelve Patriarchs : A Critical Edition of the Greek Text (PVTG i.2 ; Leiden : Brill, 1978)Google Scholarad loc. προσκόπτειν = la racine כשׁל LXX Prov 4.19 ; LXX Dn 11.14, 19, 33 ; נגף LXX Jg 20.32 ; LXX Ps 90[91].12 ; LXX Prov. 6.23 ; LXX Jer 13.16. πρόσκομμα = מוקשׁ LXX Ex 23.33 ; 34.12 ; נגף LXX Isa 8.14. Cf. 1 Hén. 15.11 dans lequel « les esprits des géants » (τὰ πνεύματα τῶν γιγάντων), sont définis comme « les esprits qui font trébucher » (προσκόπτοντα πνεύματα).

48 Sur le rôle de Beliar dans les Testaments des douze patriarches voir De Jonge, M., ‘The Testaments of the Twelve Patriarchs and the “Two Ways”’, Biblical Traditions in Transmission (éd. Hempel, C. et Lieu, J. M. ; JSJSup 111 ; Leiden : Brill, 2006) 179–94Google Scholar ; Twelftree, G. H., ‘Exorcism and the Defeat of Beliar in the Testaments of the Twelve Patriarchs’, VC 65.2 (2011) 170–88CrossRefGoogle Scholar ; Wallace, J. B., ‘Spirit(s) in the Testament of the Twelve Patriarchs’, The Holy Spirit and the Church according to the New Testament (éd. Dragutinović, P. et al. ; WUNT 354 ; Tübingen : Mohr Siebeck, 2016) 309–40Google Scholar, ici 316–25.

49 Comme Osborne l'a déjà suggéré (Osborne, ‘Peter : Stumbling-Block and Satan’, 189–90). Pourtant, son traitement des textes rabbiniques a été naïf du point du vue historique et il a fait omission des textes de Qumran.

50 Pour leurs bibliographies voir Z. Kaplan, ‘Avira’, EncJud ii.740 ; Z. Kaplan, ‘Joshua ben Levi’, EncJud xi.453–4.

51 Stemberger, Voir G., Einleitung in Talmud und Midrasch (Münich : C. H. Beck, 9th rev. edn, 2011), 222–3CrossRefGoogle Scholar.

52 יצר הרע מכשול גדול הוא לעולם אלא סתתו בו קימאה קימאה עד שתבוא השעה ואני מעבירו מן העולם (selon l’édition de B. Mandelbaum, éd., Pesikta de Rav Kahana (2 vols. ; New York : Jewish Theological Seminary of America, 1962)).

53 Cf. Lévitique Rabba (Vilna) 35.5, une autre source palestinienne de l’époque des Amoraïm. Les thèmes de Pesiqta de Rav Kahana (c.-à-d., Dieu enlèverai la pierre d'achoppement, c.-à-d. le Penchant mauvais, dans l'avenir) et les textes de preuves bibliques (c.-à-d., Is 57.14 ; 62.10 ; Ez 36.26) réapparaissent dans Nombres Rabba (Vilna 15 / Nb 10.2), un texte postérieur à l’époque des Amoraïm (cf. Traité mineur Kalla Rabbati 3.1).

54 Voir Stemberger, Einleitung in Talmud und Midrasch, 327–8.

55 Selon l’édition de J. Ribera Florit, Targum Jonatan de los Profetas Posteriores en Tradicion Babilonica : Isaias (Textos y Estudios « Cardenal Cisneros » 43 ; Madrid : Consejo Superior de Investigaciones Cientificas, 1988).

56 Sur son exégèse et sa date voir H. M. Patmore, ‘An Evil inclination in early Targums to the Pentateuch and Prophets ?’, The Origins of Evil in Early Judaism and Christianity (éd. J. K. Aitken, H. M. Patmore and I. Rosen-Zvi ; Cambridge : Cambridge University Press, prévu 2020). Il faut éviter la tentation d'assimiler sans nuance « l'impulsion à pécher » (יצר אשמה) qui, agissant de concert avec « l’œil lubrique » (עני זנות), a fait beaucoup trébucher (נכשלו בם), et est présente dans l’Écrit de Damas (CD ii.14, cf. 4Q266 (4QD-a) 2 ii.17 et 4Q270 (4QD-e) 1 i.2), au concept rabbinique de « Penchant mauvais » (יצר הרע) ; voir H. Lichtenberger, Studien zum Menschenbild in Texten der Qumrangemeinde (SUNT 15 ; Göttingen : Vandenhoeck & Ruprecht, 1980) 149–50 ; Rosen-Zvi, I., Demonic Desires : Yetzer Hara and the Problem of Evil in Late Antiquity (Philadelphia : University of Pennsylvania Press, 2011) 4453Google Scholar ; Brand, Evil Within and Without, 76.

57 Rosen-Zvi, Demonic Desires ; The Origins of Evil, éd. Aitken, Patmore et Rosen-Zvi.

58 Voir Rosen-Zvi, Demonic Desires ; N. Ellis, The Hermeneutics of Divine Testing : Cosmic Trials and Biblical Interpretation in the Epistle of James and Other Jewish Literature (WUNT ii/396 ; Tübingen : Mohr Siebeck, 2015) 127–35.

59 Pour sa biographie voir M. Beer, ‘Simeon ben Lakish’, EncJud xviii.597–8.

60 Par ex., « Satan offered Jesus the kingdom without the cross at Jesus’ temptation (4.8–9) ; Peter now offers the same temptation and encounters the same title (4.10) », Keener, Commentary on the Gospel of Matthew, 433–4, répété dans Keener, Social–Rhetorical Commentary, 434. Également, par ex., Humbert, ‘Essai d'une théologie du scandale’, 9 ; Bonnard, Matthieu, 248 ; Stählin, ‘σκάνδαλον’, 348 ; Frankemölle, Matthäus Kommentar, ii.228 ; France, Matthew, 634–5 ; Turner, Matthew, 411 ; Osborne, Matthew, 636 ; Gundry, Peter, 22, 28, 99.

61 Humbert, ‘Essai d'une théologie du scandale’, 14.

62 Charlesworth, Voir J. H., ‘The Qumran Beatitudes (4Q525) and the New Testament (Mt 5.3–11, Lk 6.20–26)’, RHPR 80.1 (2000) 1335CrossRefGoogle Scholar. Cf. Van Cangh, J.-M., ‘Les béatitudes de Matthieu et des manuscrits de la mer Morte’, Béatitude eschatologique et bonheur humain (éd. Pesch, O. H. et Van Cangh, J.-M. ; Bruxelles : Académie Internationale des Sciences Religieuses, 2005) 7791Google Scholar.

63 Voir, par exemple, Akio, I., ‘Matthew and the Community of the Dead Sea Scrolls’, JSNT 48 (1992) 2342Google Scholar ; Kampen, J., ‘The Significance of the Scrolls for the Study of the Book of Matthew’, The Dead Sea Scrolls Fifty Years after their Discovery : Proceedings of the Jerusalem Congress, July 20–25, 1997 (éd. Schiffman, L. H. et al. ; Jerusalem : Israel Exploration Society, 2000) 157–69Google Scholar ; Brooke, G. J., ‘Aspects of Matthew's Use of Scripture in Light of the Dead Sea Scrolls’, A Teacher for All Generations : Essays in Honor of James C. VanderKam, vol. ii (éd. Mason, E. F. et al. ; JSJSup 153/2 ; Leiden : Brill, 2012) 821–38Google Scholar ; Brooke, J. G., ‘New Perspectives on the Significance of the Scrolls for the New Testament and Early Christian Literature’, DSD 23 (2016) 267–9CrossRefGoogle Scholar.

64 Quant aux Testaments des Douze Patriarches, Philonenko, voir M., Les interpolations chrétiennes des Testaments des Douze Patriarches et les manuscrits de Qoumrân (Cahiers de la revue d'histoire et de philosophie religieuses 35 ; Paris : Presses universitaires de France, 1960)Google Scholar ; Williams, P. H., ‘The Watchers in the Twelve and at Qumran’, Texts and Testaments (éd. March, W. E. ; San Antonio : Trinity University Press, 1980) 71–9Google Scholar ; Jonge, M. De, ‘The Testaments of the Twelve Patriarchs and Related Qumran Fragments’, For a Later Generation (éd. Argall, R. A. et al. ; Harrisburg : Trinity, 2000) 6377Google Scholar. Quant au Livre des Jubilés, Regev, voir E., ‘Jubilees, Qumran, and the Essenes’, Enoch and the Mosaic Torah : The Evidence of Jubilees (éd. Boccaccini, G. et Ibba, G. ; Grand Rapids : Eerdmans, 2009) 426–40Google Scholar ; Werman, C., The Book of Jubilees : Introduction, Translation, and Interpretation (Jerusalem : Yad Izhak Ben-Zvi, 2015 [en Hébreu]) 4869Google Scholar.

65 Quant aux Testaments des Douze Patriarches, le débat est résumé en A.-M. Denis et al., Introduction à la littérature religieuse judéo-hellénistique, vol. i (Turnhout : Brepols, 2000) 267–87. Voir également H. W. Hollander et De Jonge, M., The Testaments of the Twelve Patriarchs (SVTP 8 ; Leiden : Brill, 1985) 186Google Scholar ; deSilva, D. A., ‘The Testament of the Twelve Patriarchs as witnesses to pre-Christian Judaism : a re-assessment’, JSP 23.1 (2013) 2168Google Scholar. Le Livre des Jubilés remonte probablement du 2e siècle av. n.-é. mais sa composition – et surtout le caractère (soi-disant) secondaire de son premier chapitre – reste l'objet d'un débat, voir Werman, The Book of Jubilees, 44–8 ; Tigchelaar, E. J. C., ‘The Qumran Jubilees Manuscripts as Evidence for the Literary Growth of the Book’, RevQ 26.4 (2014) 579–94Google Scholar ; VanderKam, J., ‘Jubilees as the Composition of one Author?’, RevQ 26.4 (2014) 501–16Google Scholar.