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Le génie littéraire et théologique de Luc en Lc 15.11–32 éclairé par le parallèle avec Mt 21.28–32

Published online by Cambridge University Press:  16 December 2013

Marc Rastoin*
Affiliation:
Centre Sèvres - Facultés jésuites de Paris, 35bis rue de Sèvres, 75006 Paris-F, France. email: marc.rastoin@jesuites.com.

Abstract

The parable of the prodigal son is considered by most commentators to be part of Luke's special tradition (L). Nevertheless some exegetes, struck by its strongly Lucan character, consider it Luke's creation. Another option should be considered – that Luke rewrote a parable that was originally analogous to Matthew 21.28–32. Even if this hypothesis cannot be conclusively proven, it helps heuristically to reveal more fully Luke's literary and theological genius. In line with our increasingly clear conviction that the evangelists were not mere compilers of traditions, this suggestion deserves to be discussed afresh.

French abstract:La parabole du fils prodigue a longtemps été considérée par la majorité des exégètes comme appartenant à la tradition propre à Luc (L). Néanmoins certains, frappés par son style fortement lucanien tant au plan du style que de la théologie, ont vu en elle une création lucanienne. Une autre option mérite d'être prise en compte, à savoir que Luc a réécrit une parabole qui ressemblait à celle de Mt 21.28–32. Même si cette hypothèse ne peut être définitivement prouvée, elle nous aide heuristiquement à mettre en lumière le génie littéraire et théologique de Luc. Au moment où nous devenons de plus en plus conscients que les évangélistes ne sont pas de simples compilateurs de traditions, cette hypothèse apparaît fructueuse.

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References

1 Péguy, C., Porche du mystère de la deuxième vertu, in Œuvres complètes (Paris: Gallimard, 1975) 622Google Scholar (souligné par moi). Via, D. O., The Parables (Philadelphia: Fortress, 1974)Google Scholar, pense – avec de bonnes raisons – que cette parabole ‘has been the most influential on the mind of the Church and of Western man as a whole’ (163).

2 Il est frappant de comparer le nombre d'articles consacrés à Lc 15 par rapport à celui dévolus à Mt 21: la disproportion est éloquente!

3 Sans rechercher l'exhaustivité, il suffit de citer quelques uns des grands commentaires de référence sur Luc comme celui de Bovon, F., L'Évangile selon saint Luc (15,1–19,27) (CNT 2; Genève: Labor et Fides, 2001), 41–59Google Scholar, celui de Nolland, J., Luke 9:21–18:34 (WBC 35b; Waco: Word Press, 1993) 780–1Google Scholar, ou celui de Fitzmyer, J., The Gospel According to Luke (x–xxiv) (AB 28A, vol. 2 (Garden City: Doubleday, 1985)) 1084Google Scholar. Et de même pour Matthieu, Bonnard, P., L'évangile selon saint Matthieu (CNT 1; Neuchâtel: Delachaux et Niestlé, 1963) 311Google Scholar ‘probablement propre à Matthieu’, Keener, C., A Commentary on the Gospel of Matthew (Grand Rapids, Mich.: Eerdmans, 1999) 318Google Scholar, ou Hagner, D. A., Matthew 14–28 (WBC 338; Dallas: Word Press, 1995) 612Google Scholar. Parmi les rares exceptions, mentionnons Davies, W. D. et Allison, D., A critical and Exegetical Commentary on the Gospel according to Saint Matthew, vol. 3 (Edinburgh: T. & T. Clark, 1997)Google Scholar lesquels écrivent: ‘We do not however exclude the possibility that a dominical parable lies behind vv 28–30, a parable resembling the much longer parable of the Prodigal Son’ (164). Il en va de même des monographies consacrées aux paraboles. C'est ainsi que Hultgren, A., The Parables of Jesus: A Commentary (Grand Rapids, Mich.: Eerdmans, 2000)Google Scholar écrit: ‘The parable appears only in Matthew's gospel’ (220), et il conclut: ‘In spite of their similarity in narrating stories of a father and his two sons, there is no basis for the suggestion … Surely Jesus could have spoken parables concerning father and sons on more than one occasion’ (224).

4 Cf. Kloppenborg, J. S., éd., The Critical Edition of Q (Minneapolis: Fortress, 2000) 487Google Scholar. A noter que la démonstration demeure identique dans le cas où serait retenue la théorie de W. Farrer, selon laquelle on peut se passer de Q et supposer que Luc a tout simplement lu Matthieu.

5 Cf. Goulder, M., Luke: A New Paradigm, vol. 2 (JSNT SS 20; Sheffield: JSOT, 1989) 609–14Google Scholar. Quelques exégètes ont mentionné cette ‘possibilité’ comme en passant: van Goudoever, J., ‘The Place of Israel in Luke's Gospel’, NovT 8 (1966) 111–23Google Scholar, 121: ‘The present author thinks it very plausible that Luke told the so-called Parable of the Prodigal Son as a re-interpretation of the parable of the Two Sons in Matthew's Gospel. Luke recognized in the two sons: Israel and the Nations and retold the parable in such a way that the elder son stands for Israel and the younger son for the Nations’; H. Räisänen, ‘The Prodigal Gentile and his Jewish Christian Brother, Lk 15,11–32’, in The Four Gospels (éd. F. Van Segbroeck et al.; BETL 100; Leuven: Leuven UP, 1992) 1617–36, conclut sur cette ‘possibilité’ (1636), et Sanders, J. T., The Jews in Luke-Acts (Philadelphia: Fortress, 1987) 108Google Scholar, mentionne rapidement cette option. Un commentaire plus ancien, qui fit autorité en Allemagne dans les années 30, l'affirme sans ambiguité: ‘Auch das Gleichnis von den beiden Söhnen steht bei Matt. 21,28-32. Beide Erzählungen sagen dass die Gemeinde in allen ihren Gliedern als Gottes Söhnen bestehe’ (Schlatter, A., Das Evangelium des Lukas: Aus seinen Quellen erklärt (Stuttgart: Calwer, 1931) 352).Google Scholar

6 Cf. Farrer, A., ‘On dispensing with Q’, in Studies in the Gospels: Essays in Memory of R. H. Lightfoot (éd. D. E. Nineham; Oxford: Blackwell, 1955) 5588.Google Scholar

7 Dans le cas où le parallèle avec Mt 21 ne convainc pas, reste en effet la possibilité de concevoir toute la parabole de Lc 15.11–32 comme une composition lucanienne destinée à mettre en valeur son message théologique propre comme a cherché à le montrer Schottroff, L., ‘Das Gleichnis vom verlorenen Sohn’, ZTK 68 (1971) 2752.Google Scholar Le travail propre de Luc apparait tout aussi clairement même si on laisse de côté Mt 21 (restant sauve la possibilité que l'ensemble remonte bien à une tradition venant de Jésus mais différente de Mt 21).

8 Cf. Langley, W. E., ‘The Parable of the Two Sons (Matthew 21:28–32) against its Semitic and Rabbinic Backdrop’, CBQ 58 (1996) 228–43.Google Scholar

9 Cf. notamment Elliott, J. K., ‘The Parable of the Two Sons: Text and Exegesis’, in J.K. Elliott, New Testament Textual Criticism: The Application of Thoroughgoing Principles. Essays on Manuscripts and Textual Variation (NT.S 137; Leiden/Boston, Brill, 2010) 359–71Google Scholar, 360 et Foster, P., ‘A Tale of Two Sons: But Which One Did the Far, Far Better Thing? A Study of Matt 21.28–32’, NTS 47 (2001), 2637, 37.CrossRefGoogle ScholarCastaño, A. F., ‘Historia de la Exégesis e interpretación de Mt 21,28–31: “La parábola de los dos hijos”’, Qol 33 (2003) 327–43Google Scholar.

10 Dans le monde hellénistique, le père dispose le plus souvent du droit de fixer le moment précis où le fils atteindra sa majorité juridique comme le relève Paul en Ga 4.3: ‘L’héritier, quoique propriétaire de tous les biens, ne diffère en rien d'un esclave. Il est sous le régime des tuteurs et des intendants jusquà la date fixée par son père᾽ (Bible de Jérusalem).

11 Dans le cas où la parabole originelle de Q comportait comme en Matthieu une mention de ce retournement, de cette conversion, ou repentance, du premier fils évoqué, on peut faire l'hypothèse que c'est le point d'appui que Luc a utilisé pour construire son récit de type hellénistique et donner en quelque sorte de la chair à ce parcours intérieur du premier fils.

12 Cf. Goulder, Luke: A New Paradigm, 612: ‘The story is full of Lucan characteristics, first the evangelist's lively imagination … a corollary of the vividly imagined human story is the realistic human character of the participants.’

13 Cf. Pervo, R. I., Profit with Delight: The Literary Genre of the Acts of the Apostles (Philadelphia: Fortress Press, 1987)Google Scholar.

14 Le dispositif a été remarquablement mis en lumière par Sellew, P., ‘Interior Monologue as a Narrative Device in the Parables of Luke’, JBL 111 (1992) 239–53Google Scholar. Goodacre, M., Goulder and the Gospels (JSNTS 133; Sheffield: Sheffield AP, 1996) 170Google Scholar, abonde dans ce sens: ‘It is almost distinctive of Luke to have soliloquy in parables … The Lukan parable soliloquy has a distinctive form: reflections on circumstances followed by contemplation of future action.’

15 Même Goodacre, Goulder and the Gospels, qui conteste certains arguments de Goulder, lui donne raison sur ce point: ‘References to work … could be seen as characteristic of Luke as a writer’ (175).

16 Remarquons que Lc 12.13–21 anticipe en quelque sorte sur notre parabole puisqu'un homme demande à Jésus qu'il fasse le partage d'héritage entre lui et son frère, avant que Jésus ne donne une parabole sur un homme riche qui avait de grands biens (mais qui, étrangement, ne semble pas avoir de fils).

17 Goodacre, Goulder and the Gospels, 177: ‘Fondness for parties distinguishes Luke from Matthew and Mark.’

18 Hofius, O., ‘Alttestamentliche Motive im Gleichnis vom verlorenen Sohn’, NTS 24 (1977–8) 240–8, 246Google Scholar. A noter que les scribes et les massorètes hésitent sur les trois derniers mots du verset (singulier ou pluriel) d'où le qeré-ketiv sur צוארו. (a) Il y a une hésitation sur le pluriel de ‘se jeta à ses épaules’ ou ‘à son épaule’ (cou en français). (b) Les scribes anciens, les soferim, ont signifié par des ‘points extraordinaires’, que le verbe traduit par ‘l'embrassa’ ne devrait pas être là (sans doute à cause de Gn 45.14 et 46.29). (c) Enfin, certains voudraient ‘il pleura’ et non ‘ils pleurèrent’. Il semblerait qu'un vigoureux débat d'interprétation sur la figure d'Esaü ait eu lieu sur ce verset!

19 Parmi d'autres, Räisänen, ‘The Prodigal Gentile’, 1631–5, va dans le même sens et développe longuement les arguments à cet effet.

20 Dans l'hypothèse (classique) où Luc aurait composé la parabole de la drachme pour créer un pendant féminin à la parabole de la brebis, et où la parabole des deux fils serait en commun avec Mattieu, une seule de ces paraboles serait propre à Luc. Ce n'est pas d'abord par leur matériel que les évangélistes diffèrent mais par leur traitement littéraire et théologique de ce même matériel.

21 Cf. Neusner, J., Sifre to Deuteronomy: An Analytical Translation, vol. 1 (Atlanta: Scholars, 1987) 157Google Scholar.

22 Cf. Freedman, H. et Simon, M., éd., Exodus Rabbah in Midrash Rabbah, vol. 3 (London: Soncino, 1939) §27, 329Google Scholar: ‘When God was about to give the Torah to Israel, no other nation but Israel would accept it. “It can be compared to a man who had a field which he wished to entrust to métayers [farmers]. Calling the first of these, he inquired: ‘Will you take over this field?’ He replied: ‘I have no strength; the work is too hard for me.’ In the same way the second, third and fourth declined to undertake the work. He called a fifth and asked him: ‘Will you take over this field?’ He replied, ‘Yes.’ ‘On the condition that you will till it?’ The reply again was ‘Yes.’ But as soon as he took possession of it, he let it lie fallow. With whom is the king angry? With those who declared: ‘We cannot undertake it, or with him who did undertake it, but no sooner undertook it than he left it lying fallow? Surely, with him who undertook it.” Similarly God …’ Si le cadre théologique rejoint assez bien celui de l'éventuelle parabole évangélique originelle (le cinquième fils dit ‘oui’ mais ne fait pas), les différences semblent tout de même fort importantes: il n'est pas question d'un père avec deux fils mais d'un homme avec ses métayers, le champ est au premier plan et il n'est pas question d'une conversion des premiers.

23 Cf. Räisänen, ‘The Prodigal Gentile’, 1629. L'une des pionnières à souligner l'enracinement gréco-latin de la parabole, s'opposant à la haute stature de J. Jeremias pour qui elle était nécessairement de Jésus et donc ‘palestinienne’ fut Schottroff, ‘Das Gleichnis vom verlorenen Sohn’, cité plus haut. Pour elle, la parabole est très probablement une création de Luc: ‘Auf Grund der hier vorgetragenen Beobachtungen erscheint mir nun der Vorschlag berechtigt, Lukas für den Verfasser dieses Gleichnisses anzusehen’ (51). Sur l'arrière-plan hellénistique, l'enquête a été reprise par Holgate, D. A., Prodigality, Liberality and Meanness in the Parable of the Prodigal Son: A Greco-Roman Perspective on Luke 15:11–32 (JSNTS 187; Sheffield: Sheffield AP, 1999)Google Scholar. Pour les parallèles rabbiniques, on pourra consulter Rau, E., Reden in Vollmacht : Hintergrund, Form und Anliegen der Gleichnisse Jesu (FRLANT 149; Göttingen: Vandenhoeck-Ruprecht, 1990)CrossRefGoogle Scholar.

24 Horace, Les satires (Paris: Les Belles Lettres, 1932) 162Google Scholar.

25 Il convient de mentionner que la parabole voisine de Lazare et du riche s'appuie également sur un topos classique, ‘the reversal of fate of rich and poor after death’, comme le remarque Lehtipuu, O., The Afterlife Imagery in Luke's Story of the Rich Man and Lazarus (Leiden: Brill, 2006) 34CrossRefGoogle Scholar. Cf. aussi Bauckham, R., ‘The Rich Man and Lazarus: The Parable and the Parallels’, NTS 37 (1991) 225–46CrossRefGoogle Scholar. Il semblerait que les passages propres à Luc soient particulièrement riches en allusions à la culture gréco-latine. Comme pour le fils prodigue, il est vain de rechercher le parallèle mais il faut simplement noter que ‘the story is simply based on the common cultural intertexture that prevailed around the Mediterranean’ (Lehtipuu, ‘The Afterlife’, 300).

26 Carter, W. et Heil, J. P., Matthew's Parables: Audience-Oriented Perspectives (Washington: CBA, 1998) 159Google Scholar, font d'ailleurs remarquer que ‘the parable does not narrate the father disowning the disobedient son or the vineyard. There is still time and opportunity for the second son to change his mind and go to work in the vineyard.’

27 Il a notamment introduit à la fin de la parabole un ‘il faut’ (v. 32: ‘il fallait se réjouir’) qui correspond aux ‘il faut’ par lesquels Jésus justifie sa montée à Jérusalem. Aletti, J.N., Quand Luc raconte (Paris: Cerf, 1998) 219–67Google Scholar, et plus récemment, Le Jésus de Luc (JJC 98; Paris: Desclée, 2011) 154Google Scholar, a montré combien ce ‘il faut’ narratif éclaire les ‘il faut’ de la narration lucanienne: ‘Le “il fallait” de la fête et de la joie vient du cœur même de Dieu, qui ne peut pas ne pas communiquer à ses enfants dignité et joie: que le père ait été aussi pressé de fêter, sans délai et avec toute sa maisonnée, le retour à la vie de son fils, montre que le ‘il faut’ est celui de l'amour étranger à tout calcul, du pardon sans condition.' Lc 15.11–32 est l'unique parabole qui inclut ce motif typiquement lucanien.

28 Le style est vraiment lucanien et les rares sémitismes reconnus par H. Räisänen (‘The Prodigal Gentile’, 1633) comme le ‘j'ai péché contre le ciel’, sont ceux qui viennent du désir de Luc de mettre une touche de style biblique. Il conclut qu'aucun des prétendus sémitismes ‘trouvés’ en 1949 par le ‘premier’ Jeremias, J., ‘Zum Gleichnis vom verlorenen Sohn. Lk 15,11–32’, TZ 5 (1949) 228–31Google Scholar, ne tient la route in fine: ‘This scrutiny leaves us with absolutely nothing that could even remotely compare with the weighty grounds against authenticity’ (H. Räisänen, ‘The Prodigal Gentile’, 1633), et il remarque d'ailleurs que le ‘second’ Jeremias, J. (Die Sprache des Lukasevangelium (Göttingen: Vandenhoeck & Ruprecht, 1980))CrossRefGoogle Scholar a abandonné une bonne part de ses affirmations dans son livre ultérieur.

29 Dans son étude de la source ‘L’, Paffenroth, K., The Story of Jesus According to L (JSNTS 147 ; Sheffield: Sheffield AP, 1997) 141Google Scholar, prend les choses à l'envers: elle reconnaît trois caractéristiques principales à L: l'importance des dialogues et monologues, le rôle des questions et la présence de caractères contrastés mais, au lieu d'en déduire que ce sont des traits stylistiques chers à Luc, elle en conclut qu'il s'agit de traits antérieurs à Luc!

30 H. Räisänen, ‘The Prodigal Gentile’, 1624–7, souligne avec pertinence les parallèles avec la joie des disciples à Jérusalem en Ac 15 lorsque Paul et Barnabé racontent leurs missions: ‘Ac 15,1–11 largely parallels the PS [Prodigal Son] … On such a reading, the story hammers home the lesson that converted Gentiles, too, are accepted by God and should be joyously received by the community.’ Il cite le parallèle avec Philon qui écrit des convertis au judaisme: ‘we must look upon as our friends and kinsmen, since they display that greatest of all bonds with which to cement friendship and kindred, namely, a pious and God-loving disposition, and we ought to sympathise in joy with and to congratulate them, since even if they were blind previously they have now received their sight’ (Virt. 179, de Yonge).

31 C'est pourquoi il me paraît inexact d'affirmer abruptement comme le fait Goodacre, Goulder and the Gospels, 167, qu'entre les deux paraboles: ‘The subject matter is different.’

32 Cela est si bien mis en valeur par Cameron, R., ‘Matthew's Parable of the Two Sons’, Foundations and Facets Forum 8 (1992) 191209Google Scholar, que, pour lui, ‘if Matthew's vocabulary, polemical concerns and mode of argumentation are eliminated, there is nothing left with which to construct an “original” parable’ (201). En conséquence, ‘literary and historical criticism demonstrate that the parable of the Two Sons is inauthentic’ et ‘the parable … was invented by the author of Matthew himself’! A noter que son point de départ est que ‘the Two Sons is found only in the Gospel of Matthew’ (199).

33 Merkel, H., ‘Das Gleichnis von den “ungleichen Söhnen” (Matth. xxi.2832)’, NTS 20 (1973–4) 254–61CrossRefGoogle Scholar, souligne très bien le caractère matthéen de la parabole: ‘Der Text fügt sich also nach vorwärts wie nach rückwärts nahtlos in den Plan des Matthäusevangeliums ein. Die Gedanken die er enthält stimmen mit der matthäischen Theologie überein. Sprache und Stil sind weitgehend matthäisch. Damit spricht alles dafür Matthäus als den Verfasser des Gleichnisses anzustehen’ (260). On notera le parallèle de formulation avec la conclusion de L. Schotroff sur Lc 15. Bref, les deux évangélistes ont bien travaillé!

34 Merkel, ‘Das Gleichnis’, 259. Il s'agit d'une ‘Gerichtsparabel’.

35 Cf. Jea-Yeol Jeong, ‘The Role of the Lukan Parables in Terms of the Purpose of Luke's Gospel’ (thèse défendue en 2011 à l'université du Free State en Afrique du Sud ; consultée en déc. 2012 à: http://etd.uovs.ac.za/ETD-db/theses/available/etd-11112011-092640/unrestricted/JeongJY.pdf): ‘Third, the parable has artistry and power. It is therefore desirable to accept the parable's authenticity’ (les deux autres raisons, qui ne me paraissent en rien décisives, étant que: ‘First, early Christians would not describe the Pharisees with the positive comments regarding the elder son. Second, the teaching of the parable corresponds to Jesus’ teaching elsewhere', 75). Nous vient alors à l'esprit de lui faire cette remarque à la fois ironique et théologique : pourquoi l'Esprit de Jésus ressuscité ne pourrait-il pas permettre aux évangélistes de parler à la manière de Jésus ?!

36 Fitzmyer, The Gospel According to Luke, 1084, donne la liste des quelques mots qui seraient de la plume de Luc dans la parabole, tout le reste venant de la tradition. Räisänen, ‘The Prodigal Gentile’, 1636, a raison de souligner combien les arguments présentés sont peu convaincants tant ‘the story suits the Lukan context so beautifully and gives expression to Luke's peculiar theological concerns’.

37 A la suite déjà de Ramaroson, L., ‘Le coeur du Troisième Évangile: Lc 15’, Bib 60 (1979) 348–60Google Scholar, cet élément est particulièrement bien mis en valeur par Roose, H., ‘Umkehr und Ausgleich bei Lukas: Die Gleichnisse vom verlorenen Sohn (Lk 15.11–32) und vom reichen Mann und armen Lazarus (Lk 16.19–31) als Schwestergeschichten’, NTS 56 (2010) 121CrossRefGoogle Scholar, pour laquelle les deux paraboles du fils prodigue et de Lazare et du riche, constituent le centre théologique de la montée à Jérusalem et de tout l'évangile. Voir aussi ce que remarque dans sa thèse doctorale de 2012 consultable online, http://epublications.marquette.edu/dissertations_mu/180/ (‘From Cleansed Lepers to Cleansed Hearts: The Developing Meaning of Katharizo in Luke-Acts’), Pamela Shellberg, qui écrit: ‘François Bovon illuminates a deep structural feature in his observation that the parable of the prodigal son is “exactly at the midpoint of the gospel” (Luke 15:11–32) just as the council of Jerusalem forms the midpoint of Acts (15:1–35). Interpreting the significance of this stylistic feature, Bovon writes, “Such carefully considered and well constructed episodes furnish the entire work with a sort of literary synopsis and hermeneutical key”’, citant Bovon, F., Luke 1: A Commentary on the Gospel of Luke 1:1–9:50 (Minneapolis: Fortress, 2002) 3Google Scholar.