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Lorsque le katechon permet de repenser le politique. Discussion critique d'une thèse de Georgio Agamben en regard de la discursivité de 2 Th 2.1–17

Published online by Cambridge University Press:  05 June 2020

Alain Gignac*
Affiliation:
Université de Montréal, Pavillon Marguerite-d’Youville – Institut d’études religieuses, C.P. 6128, succursale Centre-ville, Montréal (Québec) H3C 3J7, Canada. Email : alain.gignac@umontreal.ca

Abstract

This article compares a discursive analysis of 2 Thess 2 and Giorgio Agamben's use of the same passage in his political philosophy (in at least three of his books). On the one hand, 2 Thess 2 is a complex and detailed eschatological scenario, but ultimately elliptical – with a self-referential enunciative device centred on a ‘super blank’, the κατέχον/κατέχων, which it is preferable not to identify. On the other hand, despite some shortcuts, Agamben aligns with the main intuitions of 2 Thess 2, which finally returns the reader to his/her own present where a conflict is played out between, on one front, the Messiah and his community, and, on the other front, the anti-messiah and his anti-messianic community. According to Agamben, the κατέχον/κατέχων is a negative figure, the legal facade that prevents unmasking the anomie of current political systems and delays the establishment of a messianic community beyond the law.

French abstract:

French abstract:

Cet article compare une analyse discursive de 2 Th 2 et l'utilisation par Giorgio Agamben du même passage dans sa philosophie politique (dans au moins trois de ses livres). D'une part, 2 Th 2 est un scénario eschatologique complexe et détaillé, mais finalement elliptique – avec un dispositif énonciatif autoréférentiel centré sur un «super blanc», le κατέχον/κατέχων, qu'il est préférable de ne pas identifier. D'autre part, malgré certains raccourcis, Agamben s'aligne sur les principales intuitions de 2 Th 2, ce qui ramène finalement le lecteur à son propre présent où un conflit se joue entre, d'un côté, le Messie et sa communauté, et, de l'autre côté, l'anti-messie et sa communauté anti-messianique. Selon Agamben, le κατέχον/κατέχων est une figure négative, la façade juridique qui empêche de démasquer l'anomie des systèmes politiques actuels et retarde la création d'une communauté messianique au-delà de la loi.

Type
Articles
Copyright
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References

1 Prozorov, S., « The Katechon in the Age of Biopolitical Nihilism », Continental Philosophy Review 45 (2012) 483–503CrossRefGoogle Scholar, ici 484. C'est moi qui souligne.

2 Voir déjà l’état de la question proposé par Augustin d'Hippone, qui n'ose trancher et avoue sa perplexité face à ce texte : Augustin, , La cité de Dieu (Jerphagnon, éd. L. et Astic, S. ; Paris : Gallimard, 2000)Google Scholar Livre xx, chap. 19.

3 On peut construire cette articulation de plusieurs manières. Voir la synthèse de A. Gounelle, « Eschatologie », www.andregounelle.fr/vocabulaire-theologique/eschatologie.php (consulté le 1er juin 2019) – qui mentionne quatre modèles d'eschatologie : conséquente (Schweitzer), réalisée (Dodd), « déjà-là/pas encore » (Culmann), verticale (Barth et Bultmann).

4 Voir la série de 68,000,000 d'exemplaires, T. F. LaHaye et J. B. Jenkins, Left Behind (Wheaton, IL: Tyndale House, 1982).

5 Je suis conscient du caractère quelque peu péremptoire de cet énoncé – qui tient peut-être aux limites de ma culture théologique. Citons quand même J. L. Walls, The Oxford Handbook of Eschatology (New York/Oxford : Oxford University Press, 2008) et C. Böttigheimer, R. Dziewas et M. Hailer, Was dürfen wir hoffen ? Eschatologie in ökumenischer Verantwortung (Leipzig : Evangelische Verlagsanstalt, 2014) – et surtout l’œuvre immense de Jürgen Moltmann : La venue de Dieu. Eschatologie chrétienne (Paris : Cerf, 2000 (allemand 1995)) ; Théologie de l'espérance. Études sur les fondements et les conséquences d'une eschatologie chrétienne (Paris : Cerf, 1970 (allemand 1964)).

6 « Das eschatologische Bureau sei heutzutage zumeist geschlossen. Es ist geschlossen, weil die Gedanken, die es begründeten, die Wurzel verloren haben. » E. Troeltsch, Glaubenslehre : nach Heidelberger Vorlesungen aus den Jahren 1911 und 1912 (Saarbrücken : VDM/Müller, 2006 [1925]) 36, qui citait alors un théologien anonyme et est abondamment cité depuis. Récemment, Troeltsch est cité par : O. Riaudel, « L'influence d'une étude du Jésus de l'histoire sur la théologie : l'exemple de Johannes Weiss », RSPT 89 (2005) 501–21, ici 508 ; et bien sûr, par G. Agamben, Le Règne et la Gloire. Pour une généalogie théologique de l’économie et du gouvernement. Homo sacer, ii, 2 (Paris : Seuil, 2008 (italien 2007)) 27.

7 J. Weiß, Die Predigt Jesu vom Reiche Gottes (Göttingen : Vandenhoeck & Ruprecht, 1892) ; A. Schweitzer, Geschichte der Leben-Jesu-Forschung (München : Siebenstern-Taschenbuch, 1977 [1913]).

8 M. Cacciari et A. É. Carrera, « Empire and Katechon : A Question of Political Theology (from Paul, 2 Thessalonians 2) », Europe and Empire on the Political Forms of Globalization (New York : Fordham University Press, 2016) 145–58.

9 P. Virno, Multitude : Between Innovation and Negation (Los Angeles : Semiotext(e), 2008) 56–65.

10 W. Drechsler et V. Kostakis, « Should Law Keep Pace With Technology? Law as Katechon », Bulletin of Science, Technology & Society 34 (2014) 128–32.

11 P. Christias, Platon et Paul au bord de l'abîme. Pour une politique katéchontique (Paris : J. Vrin, 2014).

12 R. Esposito, « Passage : Katechon », Two : The Machine of Political Theology and the Place of Thought (New York : Fordham University Press, 2015) 76–82.

13 C. Schmitt et E. Medem, Glossarium : Aufzeichnungen der Jahre 1947–1951 (Berlin : Duncker & Humblot, 1991) 63 (entrée du 19 décembre 1947) ; C. Schmitt, Der Nomos der Erde im Völkerrecht des Jus Publicum Europaeum (Berlin : Duncker & Humblot, 2012) 28–32 = Le nomos de la Terre dans le droit des gens du Jus Publicum Europaeum (Paris : PUF/Quadrige ed., 20122 [2001]) 63–6. Voir l'analyse de W. Schuller, « Dennoch die Schwerter halten : Der κατέχων Carl Schmitts », Geschichte - Tradition - Reflexion: Festschrift fur Martin Hengel zum 70. Geburtstag (éd. H. Cancik, H. Lichtenberger et P. Schäfer ; Tübingen : Mohr Siebeck, 1996) 389–408 ; J. Hell, « Katechon : Carl Schmitt's Imperial Theology and the Ruins of the Future », The Germanic Review : Literature, Culture, Theory 84 (2009) 283–326 ; E. Stimilli, « L'apocalyptique, entre théologie politique et gouvernementalité », Revue de l'histoire des religions 233 (2016) 83–100.

14 F. Fukuyama, La fin de l'histoire et le dernier homme (Paris : Flammarion, 2012 (anglais 1992)).

15 Entre autres : G. Agamben, Le temps qui reste. Un commentaire de l’épître aux Romains (Paris : Rivages, 2000 (italien 2000)) ; « L’Église et le Royaume », Conférence à Notre-Dame de Paris (8 mars 2009) disponible en ligne : www.paris.catholique.fr/Conference-de-M-Giorgio-Agamben-et.html ; Le Règne et la Gloire; Le mystère du mal. Benoît XVI et la fin des temps (Montrouge : Bayard, 2017 (italien 2013)).

16 Y. Redalié, La deuxième épître aux Thessaloniciens (Genève : Labor et Fides, 2011) 27–9, 87–8. Par exemple, 2 Th 2.1–2 renvoie à 1 Th 4.15 (parousie du Seigneur), 4.17 (rassemblement auprès du Seigneur) et 5.1 (le jour du Seigneur) – sans compter les nombreuses reprises textuelles verbatim de 1 Thessaloniciens qui parsèment 2 Thessaloniciens. Dans le même sens : A. J. Malherbe, The Letters to the Thessalonians : A New Translation with Introduction and Commentary (New York/Toronto : Doubleday, 2000) 356–7 ; D. Gerber, « Un essai de lecture de 2 Th 1,1–2,12 », 2 Thessalonians and Pauline Eschatology : For Petr Pokorný on his 80th Birthday (éd. C.M. Tuckett ; Leuven : Peeters, 2013) 13–31.

17 O. Cullmann, « Le caractère eschatologique du devoir missionnaire et de la conscience apostolique de saint Paul. Étude sur le κατέχον (= ων) de 2 Thess 2 : 6–7 », RHPR 16 (1936) 210–45 ; M. J. J. Menken, 2 Thessalonians (London/New York : Routledge, 1994) 109 ; Malherbe, The Letters to the Thessalonians, 432 ; P. Foster, « The Eschatology of the Thessalonian Correspondence : An Exercise in Pastoral Pedagogy and Constructive Theology », JSPHL 1 (2011) 57–81, 71; Redalié, La deuxième épître, 100, 109, 124. Et déjà, Augustin écrivait : « Comme il dit ‘Vous le savez’, il ne s'en est pas expliqué plus clairement ; mais nous qui l'ignorons, nous avons bien de la peine à comprendre ce qu'il veut dire, d'autant mieux que ce qu'il ajoute rend plus obscur encore le sens de ce passage », Cité de Dieu, Livre xx, chap. 19.

18 « … die rätselhafte Katechon-Gestalt könne im 2Thess bewusst mit einer Aura der Unbestimmtheit und Uneindeutigkeit versehen worden sein », G. Wenz, « Katechon : Naherwartung und Zeitverzug in den neutestamentlichen Thessalonicherbriefen », KerD 60 (2014) 319–54, ici 322. Voir aussi P. H. Furfey, « The Mystery of Lawlessness », CBQ 8 (1946) 179–91 ; W. Trilling, Der zweite Brief an die Thessalonicher (Zürich : Benziger, 1980) ; S. J. Nichols, « Prophecy Makes Strange Bedfellows : On the History of Identifying the Antichrist », JETS 44 (2001) 75–85.

19 Avertissement important : ce que j'appelle en français « analyse discursive » est tout autre chose que ce qui est généralement désigné, en anglais, par « discourse analysis », qui cherche à identifier la hiérarchisation des propositions et leur organisation logique, dans l'optique de dépasser la grammaire de la phrase pour considérer la grammaire de l'ensemble du texte (on retrouve aussi la terminologie « semantic structural analysis »). Voir par exemple G. Brown, Discourse Analysis (Cambridge/New York : Cambridge University Press, 1983) ; W. R. Bodine, Discourse Analysis of Biblical Literature : What It Is and What It Offers (Atlanta, GA : Scholars, 1995) ; S. E. Porter, « Discourse Analysis and New Testament Studies », Discourse Analysis and Other Topics in Biblical Greek (éd. S. E. Porter et D. A. Carson; Sheffield: Sheffield Academic, 1995) 24–35; G. H. Guthrie, « Discourse Analysis », Interpreting the New Testament : Essays on Methods and Issues (éd. D. A. Black et D. S. Dockery ; Nashville, TN : Broadman & Holman, 2001) 253–71 – qui se fondent principalement sur M. A. K. Halliday et C. M. I. M. Matthiessen, Halliday's Introduction to Functional Grammar (London ; New York : Routledge, 20144 (1984)).

20 Sur l’énonciation, je ne peux que renvoyer à É. Benveniste, Problèmes de linguistique générale (2 vols. ; Paris : Gallimard, 1966 et 1974).

21 Les principaux commentaires, et souvent les articles, proposent une typologie des identifications de l’ἄνθρωπος τῆς ἀνομίας (par exemple, Furfey, « The Mystery ») et du κατέχον/κατέχων (par exemple, Redalié, La deuxième épître, 120–4; C. R. Nicholl, From Hope to Despair in Thessalonica : Situating 1 and 2 Thessalonians (Cambridge/New York : Cambridge University Press, 2004) 246–8).

22 R. D. Aus, « God's Plan and God's Power: Isaiah 66 and the Restraining Factors of 2 Thess 2:6–7 », JBL 96 (1977) 537–53 ; S. B. Brown, « The Intertextuality of Isaiah 66.17 and 2 Thesslonians 2.7 : A Solution for the ‘Restrainer’ Problem », Paul and the Scriptures of Israel (éd. C. A. Evans et J. A. Sanders ; Sheffield : JSOT, 1993) 254–75.

23 A. Strobel, « Die theozentrische Katechon-Argumentation 2. Thess 2,1–12 », Untersuchungen zum eschatologischen Verzögerungsproblem auf Grund der spätjüdisch-urchristlichen Geschichte von Habakuk 2, 2ff (Leiden : Brill, 1961) 98–116 ; E. Verhoef, « The Delay of the Coming of the Lord is Controlled by God », Biblische Notizen 100 (1999) 36–44.

24 Je m'inspire de G. Rouiller, « Le mystère d'iniquité. Étude de 2 Th 2, 1–17 », Echos de Saint-Maurice 68 (1972) 79–102, ici 85 ; Menken, 2 Thessalonians ; J. A. D. Weima, « The Slaying of Satan's Superman and the Sure Salvation of the Saints : Paul's Apocalyptic Word of Comfort (2 Thessalonians 2:1–17) », Calvin Theological Journal 41 (2006) 67–88, ici 71.

25 « Both have a royal coming/parousia (2:8–9), both are revealed/appear (1:7; 2:8), and both are directly connected to another surnatural figure, that is, God the Father (1:12; 2:16) or Satan (2:9) », C. A. A. Johnson, Jr., « Paul's ‘Anti-Christology’ in 2 Thessalonians 2:3–12 in Canonical Context », JThInt 8 (2014) 125–43, ici 126.

26 En [A–A’], on note : ἀδελφοί (vv. 1, 13, 15), παρουσίας/δόξης τοῦ κυρίου ἡμῶν Ἰησοῦ Χριστοῦ (vv. 1, 14), πνεύματος (vv. 2, 13), μήτε/εἴτε διὰ λόγου, μήτε/εἴτε δι᾿ ἐπιστολῆς (vv. 2, 15) (cf. soulignement au Tableau 1).

27 En [C–D–C’], on note la reprise dans chaque section : d'une part de ἀποκαλυφθῇ (v. 3), ἀποκαλυφθῆναι (v. 6), ἀποκαλυφθήσεται (v. 8), ἐπιφανείᾳ (v. 8) (cf. double soulignement, au Tableau 1) ; d'autre part de ἀνομίας (vv. 3, 7) et ἄνομος (v. 8) (souligné au Tableau 1).

28 A. Gignac, « La temporalité narrative de 1–2 Thessaloniciens – en regard de la structure du temps messianique proposée par Georgio Agamben », Temporalité et intrigue. Hommage à André Wénin (éd. H. Ausloos et D. Luciani ; Leuven : Peeters, 2018) 309–19, ici 315–16.

29 K. P. Donfried, « The Theology of 2Th », The Theology of the Shorter Pauline Letters (éd. K. P. Donfried et I. H. Marshall; Cambridge/New York : Cambridge University Press, 1993) 90–104, ici 93 ; Weima, « The Slaying », 79.

30 Notons aussi l'allitération au v. 3 entre τρόπον et πρῶτον.

31 Parmi les traductions françaises, NBS est la seule à traduire ἄνομος par « Sans-loi » (avec une graphie différente de la mienne, « sans-Loi »), mais traduit ἀνομία par « mal ».

32 Le Bailly propose vingt acceptions : (A) Transitif. (i) Tenir fortement. (ii) Retenir : (1) contenir, arrêter ; (2) retenir auprès de soi, garder, conserver ; (3) continuer, poursuivre. (iii) Posséder : (1) détenir ; (2) occuper ; (3) (par suite) envelopper, couvrir ; (4) remplir, en parlant de bruit, de cris. (iv) (Idée de violence) S'emparer de : (1) envahir, occuper ; (2) (au passif) être possédé ; (3) (par suite) se rendre maître de, réaliser, effectuer. (B) intransitif. (i) Se retenir : (1) se contenir ; (2) s'arrêter. (ii) être maître de : (1) dominer, prévaloir ; (2) arriver à son but. A. Bailly, Dictionnaire grec - français / rédigé avec le concours de E. Egger; édtion revue par L. Séchan et P. Chantraine (Paris : Hachette, 1963 (1950, 1894)).

33 Faut-il voir ici un lien avec le ἁγιασμός πνεύματος du v. 13 ou avec le λόγος du v. 17 (puisqu'une parole est produite aussi par un souffle qui sort de la bouche) ? Ce qui est salutaire pour « vous » [A’] devient source de destruction pour « eux » [B’].

34 Is 11.4 LXX : καὶ πατάξει γῆν τῷ λόγῳ τοῦ στόματος αὐτοῦ καὶ ἐν πνεύματι διὰ χειλέων ἀνελεῖ ἀσεβῆ.

35 Je prends conscience que j'ai escamoté cet élément dans Gignac, « La temporalité », 315. Le tableau qui s'y trouve devrait comprendre une étape préliminaire « 0. Au commencement : Dieu a choisi les Thessaloniciens (2,13) ».

36 Doit-on aller jusqu’à entendre, dans le mot « épiphanie », l’écho du surnom d'Antiochus IV Épiphane dont le souvenir est inscrit en filigrane du paragraphe [B] ?

37 Cela explique peut-être le souci de plusieurs commentateurs d'identifier le κατέχον/κατέχων à Dieu et à sa providence, ou à son dessin de salut (y compris la figure de l'archange Michel). Pourtant, cette identification n'est pas nécessaire, puisque l'ensemble de l’énonciation soutient l'idée d'un Dieu maître de l'histoire. Voir par exemple, Furfey, « The Mystery » ; Strobel, « Die theozentrische » ; Verhoef, « The Delay » ; C. Nicholl, « Michael, the Restrainer Removed (2 Thess 2:6–7) », JTS 51 (2000) 27–53.

38 Gignac, « La temporalité », 316.

39 Sur Agamben et le κατέχον/κατέχων, voir M. Sharpe, « Only Agamben Can Save Us? Against the Messianic Turn Recently Adopted in Critical Theory », Bible and Critical Theory 5 (2009) 40.1–20 ; Prozorov, « The Katechon » ; J. Whyte, Catastrophe and Redemption: The Political Thought of Giorgio Agamben (Albany : State University of New York Press, 2014).

40 « Der Glaube, daß ein Aufhalter das Ende der Welt zurückhält, schlägt die einzige Brücke, die von der eschatologischen Lähmung alles menschlichen Geschehens zu einer so großartigen Geschichtsmächtigkeit wie der des christlichen Kaisertums der germanischen Könige führt », Schmitt, Der Nomos der Erde, 29, cité par : Agamben, Le temps qui reste, 173; Agamben, Le Règne et la Gloire, 25; Agamben, Le mystère du mal, 9.

41 Agamben, Le temps qui reste, 171–5.

42 Agamben, Le temps qui reste, 172 et 174.

43 Ma traduction.

44 1 Co 15.24 : εἶτα τὸ τέλος, ὅταν παραδιδῷ τὴν βασιλείαν τῷ θεῷ καὶ πατρί, ὅταν καταργήσῃ πᾶσαν ἀρχὴν καὶ πᾶσαν ἐξουσίαν καὶ δύναμιν. Le geste rappelle la règle d'exégèse rabbinique du gezera shava, où deux versets ayant le même mot peuvent s’éclairer mutuellement. Ici, 2 Th 2.9 est lu à la lumière de 1 Co 15.24, avec lequel il partage le mot δύναμις.

45 Je ne peux m’étendre ici en détail sur la conception du temps messianique chez Agamben. Je renvoie à mon article : A. Gignac, « L’évangile de Paul selon Agamben, ou comment penser le messianique », ETR 88 (2013) 15–35.

46 Agamben, Le temps qui reste, 175.

47 Le κατέχον/κατέχων serait l’ἄνομος pour N. F. Freese, « Τὸ κατέχον und ὁ κατέχων (ii Thess. 2,6 u 7) », Theologische Studien und Kritiken 93 (1920–1) 73–7 ; P. Andriessen, « Celui qui retient la venue du Seigneur », Bijd 21 (1960) 20–30; M. Miguens Angueira, « ¿ Revelación del ‘Homo iniquitatis’ o de Cristo ? », Jalones de la historia de la salvación en el Antiguo y Nuevo Testamento. xxvi Semana bíblica española. Coloquio bíblico internacional (Madrid, 6–11 sept. 1965) (2 vols. ; Madrid : Consejo Superior de Investigaciones Científicas, 1969) ii.191–9 ; J. Coppens, « Les deux obstacles au retour glorieux du Saveur », ETL 46 (1970) 383–9 ; J. Coppens, « Le katechon et le katechôn. Derniers obstacles à la parousie du Seigneur Jésus », Apocalypse johannique et l'apocalyptique dans le Nouveau Testament (éd. J. Lambrecht et G. R. Beasley-Murray ; Gembloux : J. Duculot/Leuven : Leuven University Press, 1980) 345–8.

48 Agamben, Le temps qui reste, 175.

49 Pour une présentation détaillée, voir : A. Gignac, ’Mistérios da economia (divina) e do ministério (angélico). Quando a teologia fornece um paradigma para a filosofia política e esta retroage à teologia’, Cadernos IHU ideias 17 (n° 280) (2019) 3–34; A. Gignac, « L’économie selon Agamben. Tenants et aboutissants d'un concept théologico-politique. Première partie: le geste agambénien et l'hypothèse d'un dispositif bipolaire », Théologiques 27 (2019) 165–88.

50 Agamben, Le Règne et la Gloire, 25. Soulignons qu'une partie de l'analyse qu'Agamben fait de Peterson – qui débouche en particulier sur une accusation d'antisémitisme – a été l'objet d'une contestation virulente de la part de Schmidt, C., ‘The Return of the Katechon. Giorgio Agamben contra Erik Peterson’, JR 94 (2014) 182203Google Scholar.

51 Agamben, Le Règne et la Gloire, 26.

52 Dans ce qu'on a appelé « La légende du Grand Inquisiteur », Jésus visite à nouveau la terre, en Espagne ; il est reconnu puis arrêté par l'inquisition ; à la fin d'un grand discours qu'il lui adresse pour justifier sa posture (ou son imposture ?), l'inquisiteur le condamne au bûcher. Or, ce récit d'un des frères Karamazov ne s'arrête pas là : « Mon poème, je voulais le finir comme ça : quand l'inquisiteur se tait, il attend encore quelque temps ce que son prisonnier lui répondra. Son silence l'oppresse. Il a vu que le prisonnier l’écoutait tout le temps de Son air doux et pénétré, le regardant droit dans les yeux, sans rien vouloir, visiblement, lui répliquer. Le vieillard aurait envie qu'Il lui dise quelque chose, même quelque chose d'amer ou de terrible. Mais, Lui, d'un seul coup, Il s'approche du vieillard, et, sans rien dire, Il embrasse ses lèvres blanches, nonagénaires. Voilà toute la réponse. Le vieillard tressaille. Quelque chose a bougé aux commissures de ses lèvres ; il se dirige vers la porte, il l'ouvre, et dit : ‘Va-T'enet ne reviens jamais plusne reviens plus du toutjamais, jamais ! ’ Et il Le laisse aller vers ‘les places obscures de la cité’. Le prisonnier s'en va. » Dostoïevski, F. M., Les frères Karamazov (Arles : Acte Sud/Montréal : Léméac, 2002)Google Scholar, i.474 – c'est moi qui souligne.

53 Agamben, Le mystère du mal.

54 Agamben, Le mystère du mal, 3.

55 « Vocation messianique » : l'expression encapsule une part significative des propos du Temps qui reste.

56 Agamben, Le mystère du mal, 11.

57 Agamben ne le mentionne pas mais, vérification faite, le doctorat honoris causa a été décerné par la Faculté de théologie … Un philosophe agnostique honoré par les collègues de théologie. Voir www3.unifr.ch/theo/fr/fac/docteurs-honoris-causa.html (consulté le 1er juin 2019).

58 Agamben, Le mystère du mal, 18.

59 Agamben, Le mystère du mal, 22–3 – je reformule et réordonne l'argumentation.

60 Je remercie Nicolas Frantz, mon auxiliaire de recherche, pour son travail de documentation et ses rétroactions des plus pertinentes.