Published online by Cambridge University Press: 28 April 2020
Les auteurs s’inspirent de l’hypothèse de Durkheim sur l’anomie pour étudier les risques suicidaires chez les immigrés en France: ayant perdu leurs repères sociaux traditionnels, ils présentent un risque de suicide plus élevé. Les statistiques des causes médicales de décès et les résultats d’une enquête dans 2 régions françaises (1980) auprès de suicidants hospitalisés constituent le matériel analysé.
L’incidence du suicide est inférieure chez les étrangers, quels que soient la nationalité, l’âge, et pour les 2 sexes. Cette situation s’explique par les faibles taux de suicide constatés dans les pays d’émigration. Cependant les immigrés ont des taux de suicide supérieurs à ceux de leurs compatriotes. Deux particularités sont notées. La différence Français-étrangers s’amenuise pour les hommes après 60 ans; l’intégration dans le pays d’accueil serait à l’œuvre. Et les jeunes femmes maghrébines ont un taux de suicide égal à celui des Françaises: les conflits intergénérationnels expliqueraient ces nombreux passages à l’acte.
Les taux de tentatives de suicide des hommes immigrés sont proches du taux des Français, mais les femmes immigrées ont des taux bien supérieurs à celui des Françaises, particulièrement les adolescentes (4 fois plus élevé). Les suicidants étrangers constituent une population plus féminine (8 tentatives sur 10 sont le fait de femmes), plus jeune. Les jeunes du Maghreb vivent plus fréquemment au domicile de leurs parents, dans une fratrie nombreuse, ils sont plus souvent chômeurs. Ils utilisent moins fréquemment des médicaments lors de la tentative de suicide et consomment plus rarement de l’alcool en association. Espagnols et Portugais font moins souvent de récidives. Les tentatives des Français adultes sont jugées plus graves (prise d’alcool associée, isolement, récidive, coma profond). Les étrangers ont moins de troubles psychiatriques connus, et moins de troubles mentaux en relation avec leur geste suicidaire. Les données concernant l’entourage des étrangers indiquent une incidence moindre de la psychopathologie.
Les études internationales ayant une problématique proche apportent des résultats convergents, tant pour les différences d’incidence entre migrants et autochtones, que pour les caractéristiques sociales et médicales. Les tentatives de suicide des immigrés se situent dans un contexte de moindre psychopathologie personnelle ou touchant l’entourage. Ceci confirme l’hypothèse d’un geste plus impulsif et souligne le poids de la situation socioculturelle.
The authors refer to Durkheim 's hypothesis about anomy to study suicide risk in immigrants in France: having lost their traditional social roots, the latter group are at a higher risk of suicide. Mortality statistics and the results from the 1980 survey on suicide attempters admitted to hospital in 2 French areas are analysed.
Incidence of suicide is lower among foreigners than among French, whatever the nationality, the age or the sex. This situation is in relation with low levels of suicide in immigrants’ native countries. However, immigrants have higher suicide rates than their compatriots. Two particularities are underlined. Differences between French and foreigners are reduced for men over 60, which may result from their integration within the host country. And young women from North Africa have a similar suicide rate to French women : intergenerational conflicts might explain their numerous suicides.
Incidence of suicide attempts in male immigrants is similar to that for French men but female immigrants, especially adolescents (4 times higher), have higher suicide attempt rates than French women. Foreign suicide attempters are more often female (8 out of 10 attempted suicides are carried out by women), and younger subjects. Youths from North Africa live more frequently with their parents in a large family ; they are more often unemployed than others. They use drugs and alcohol less frequently for suicide attempts. Spanish and Portuguese immigrants make fewer suicide attempts. French adults make more severe attempts (alcohol use, isolation, repetition, deep coma). Foreigners have less known psychiatric problems, and less mental disorders connected with their suicide attempts. The psychopathology of the immigrant's family is less frequently involved . International studies with the same methodology give similar results, as regards differences in incidence as well as social and medical characteristics.
Suicide attempts in migrants are less associated with Personal or familial psychopathology. This confirms the hypothesis of a more impulsive act and underlines the burden of a socio-cultural situation.
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