L'année 1962 a été caractérisée, comme la précédente, par la continuation de l'expansion économique, qui s'est traduite par un nouvel accroissement du produit national d'environ 6% à prix courants et 4% à prix constants. Ainsi, se sont trouvées démenties les craintes que d'aucuns avaient exprimées en début d'année; dès le milieu de 1962, le rythme s'accéléra à nouveau et cette vigoureuse expansion perdure toujours en ce début de 1963, après que la rigueur exceptionnelle de l'hiver l'ait quelque peu perturbée sans toutefois l'affecter fondamentalement. Dès à présent, 1963 s'annonce, d'ailleurs, comme une nouvelle année de haute conjoncture, mais il n'est pas exclu que le rythme d'expansion se ralentisse quelque peu, compte tenu de l'évolution actuelle — mais peut-être momentanée — de plusieurs des facteurs qui conditionnent la poursuite de cette expansion.

L'année civile, découpe arbitraire du temps, constitue généralement une période fort peu adéquate pour l'analyse des phénomènes économiques. L'an 1962 fait pourtant exception à cette règle: il se trouve en effet enserré entre une réforme profonde des mécanismes monétaires, entrée en application à son début et un train non moins important de mesures dont la mise en vigueur coïncide avec sa fin: la réforme fiscale d'une part, de nouvelles modifications des structures bancaires d'autre part.

Le 7 mai 1963, évoquant un rapport récent de la Banque de France, le correspondant à Paris de l'Agence économique et financière pouvait écrire ce qui suit: «Sur ce diagnostic, la Banque de France et le patronat français concordent: le déficit de main-d'œuvre, plus que tout autre phénomène est à la base d'inconvénients passés et présents et, bien qu'ils tendent à s'atténuer vers la fin de 1963, de quelques autres à venir. Il y a un peu en France de ces ennuis que le second Empire a connus à ses débuts sans les mesurer: de la main-d'œuvre régulièrement disponible dans certaines régions ou certains secteurs, une grave crise de main-d'œuvre de petite et moyenne qualification dans les industries neuves ou modernes. D'où un déséquilibre que seules la formation professionnelle et ensuite la mobilité de la main-d'œuvre peuvent compenser. Il apparaît en effet, de plus en plus, comme une nécessité nationale de créer à proximité des grandes capitales régionales, des centres de formation accélérée de la main-d'œuvre, où pourraient être reçus pendant six mois une bonne partie des dizaines de milliers de paysans qui quittent la campagne chaque année; ces centres devront être organisés en bourse d'emploi à laquelle les anciens élèves pourront s'adresser tout au long de leur vie active».

En quelques mois, la situation sur le marché belge du charbon s'est profondément modifiée. D'abord timide et favorisé par une protection efficace de ce marché, le redressement de l'industrie charbonnière s'est ensuite accentué. L'ouverture des frontières, que les producteurs de notre pays avaient de sérieuses raisons de redouter, est devenue inéluctable, et l'expérience a montré qu'elle n'avait pas, dans l'état présent des choses, de conséquences défavorables pour l'industrie charbonnière belge.

L'activité de l'industrie pétrolière belge en 1962 a été fortement influencée par l'hiver rigoureux, comme celle des autres industries énergétiques.

En Belgique, comme en C.E.C.A., la production d'acier brut n'a guère varié depuis 1960.

Les prix déjà déprimés au cours des deux années précédentes ont eu dans l'ensemble, malgré certaines améliorations passagères, tendance à se dégrader au cours de 1962, et ce tant en C.E.C.A. qu'à l'exportation vers les pays tiers. Cette faiblesse du marché a d'ailleurs pesé sur les résultats des entreprises sidérurgiques qui ont néanmoins poursuivi l'exécution des plans de rationalisation et de développement lancés au cours des années précédentes.

Dans un article paru dans le numéro de juin 1962 de cette revue et consacré à l'industrie chimique belge en 1961, nous avions communiqué au lecteur un certain nombre de considérations générales sur l'industrie chimique belge ainsi que des séries de chiffres portant sur un certain nombre d'années antérieures.

Rompant quelque peu avec la coutume, la présente chronique débutera par une analyse de l'évolution structurelle de l'industrie textile belge. Depuis plusieurs années, en effet, des transformations profondes s'opèrent dans cette industrie, qui en modifient peu à peu la physionomie traditionnelle.

Il nous a paru qu'au moment où le contexte international dans lequel elle doit œuvrer se faisait de plus en plus contraignant — que l'on songe aux effets de l'intégration européenne ou à la pression commerciale des pays en voie de développement — ces phénomènes méritaient d'être mis en relief.

Nous examinerons ensuite, plus succinctement, ce que fut l'activité textile en 1962, pour terminer par une revue des principaux événements qui ont caractérisé cette année sur le plan de la politique économique internationale.

Deux groupes de facteurs ont défini la situation de l'agriculture belge pendant l'année 1962. D'abord, un premier groupe comprenant des facteurs systématiques dus aux forces évolutives fondamentales: celles-ci se manifestent dans les tendances calculées sur la période 1950-60, largement représentative de l'après-guerre. Le second groupe comprend des facteurs particuliers de l'année 1962, lesquels sont principalement des conditions économiques aberrantes ou, plus généralement, des éléments atmosphériques.

Tout comme la production industrielle, le commerce extérieur de l'Union Économique Belgo-Luxembourgeoise (U.E.B.L.) a connu une expansion relativement rapide au cours de l'année 1962. Les exportations ont atteint le chiffre de 216,2 milliards de francs, soit un accroissement de 20 milliards par rapport à l'année précédente; les importations se sont élevées à 227,8 milliards, soit une hausse de 16,9 milliards par rapport à 1961.

Les exportations se sont donc développées à un rythme plus rapide que les importations. Il faut remonter jusqu'à la haute conjoncture de 1955 pour retrouver une évolution analogue: par rapport à 1954, l'accroissement des exportations s'élevait alors à 23 milliards environ, et celui des importations à 14 milliards. En 1960 par contre, tout comme en 1956, l'expansion très rapide des exportations a été accompagnée d'un développement encore plus intense des importations.

1. La tendance des prix qui s'est manifestée en 1962 semble à première vue assez peu homogène. Les prix de gros montrent une inertie beaucoup plus grande que les prix de détail, alors qu'ils sont normalement plus sensibles à l'influence de la conjoncture. C'est la constatation essentielle que l'on peut faire.

En 1962, il faut encore exclure le Katanga de l'analyse consacrée à l'économie congolaise. Trop d'éléments statistiques font défaut pour qu'il soit permis de consacrer une étude spéciale à l'évolution de l'économie katangaise depuis 1960. On se contentera ici d'indiquer quelles sont les perspectives ouvertes par la réintégration de la province du cuivre dans l'ensemble congolais.