L’année 1952 n’a pas ressemblé, au point de vue social, à celles que l’on a connues, en Belgique, depuis la guerre; sans doute la cause principale du changement ne doit-elle pas être cherchée ailleurs que dans l’évolution économique.
Le climat s’est trouvé modifié au lendemain du 20 octobre 1951. Depuis cette journée, on pouvait pressentir que les accès de fièvre, approximativement semestriels, que les milieux du travail connaissaient depuis plusieurs années ne se représenteraient plus dans les mêmes conditions: la fin de non-recevoir décidée que le patronat, sur le plan national et puis dans les différents secteurs professionnels, avait opposée aux requêtes pressantes des organisations des travailleurs, avait montré qu’il faudrait, pour assurer le progrès social, trouver autre chose que des poussées revendicatives et des appels retentissants à l’opinion. Le fait que le gouvernement eût pris à son compte, momentanément, l’essentiel des exigences syndicales concernant les salaires ne pouvait tromper longtemps; au contraire, cet engagement assumé par le Trésor constituait, de l’avis bientôt unanime, une fausse manœuvre, à laquelle il importait de mettre fin au plus tôt en même temps que l’on rechercherait de nouvelles méthodes pour l’amélioration des relations de travail. Tel fut le double objet de l’accord du 6 mai 1952, accord qui marquait la fin de « l’affaire des cinquante centimes », qui annonçait surtout, pour l’ensemble de l’industrie, des contacts directs entre les représentants des syndicats des travailleurs et les dirigeants des associations d’employeurs.