Dans le domaine des troubles de la mémoire induits par les benzodiazépines, un des résultats le plus communément admis est que l’information acquise avant la prise du produit est conservée intacte. A l’opposé, les troubles de la mémoire antérograde ne sont pas rares. L’intensité et la durée des troubles de la mémoire antérograde semblent dépendre des facteurs suivants: nature de la benzodiazépine utilisée, dose administrée, voie d’administration, épreuve de mémoire utilisée, nombre d’heures après la prise auxquelles les informations sont présentées et les épreuves de mémoire sont employées, caractéristiques des populations testées. Les épreuves impliquant en quelques secondes une remémoration de peu d’items (jusqu’à 6) ne sont pas perturbées par les benzodiazépines. De la même façon, lorsqu’il s’agit de listes de mots le rappel des derniers mots de la liste n’est généralement pas affecté par les benzodiazépines, tandis que les mots de milieu de liste sont plus difficilement remémorés. En général quand les études ont exploré la mémoire différée, les effets amnésiogènes se sont révélés être plus importants que lorsque la mémoire est testée immédiatement après apprentissage. Deux principales explications des effets des benzodiazépines sur la mémoire ont pu être proposées. Il semble que l’hypothèse d’un défaut de consolidation recueille plus d’arguments en sa faveur que celle d'un apprentissage «état-dépendant». La sédation contribue probablement aux effets amnésiogènes mais ne les explique pas.