En 2001, la vallée de la Somme (Picardie, France) a connu d’importantes inondations. Cette étude cherche à évaluer le lien entre les manifestations du vécu traumatique et l’attachement à l’habitat des personnes inondées. Après avoir reçu une information claire, dix participants (âge ≈ 64 ± 8 ans ; sex-ratio = 1 ; propriétaires) ont consenti à répondre dans un premier temps à un entretien semi-directif portant à la fois sur le vécu de l’inondation et sur l’attachement à l’habitat, puis aux auto-questionnaires suivants : Questionnaire de Styles d’Attachement (QSA) de Feeney, Noller, et Hanrahan (1994), Impact of Event Scale - Revised (IES-R) de Weiss et Marmar (1997) et un questionnaire de recueil de données socio-démographiques. Les passations se sont déroulées au domicile des participants, dans des conditions garantissant la confidentialité des propos tenus. Les résultats indiquent que pour une probabilité de trauma non négligeable (n = 5), on retrouve un attachement à l’habitat considérable (n = 4) ou non négligeable (n = 1). Si l’attachement à l’habitat n’apparaît pas exclusivement déterminant pour la survenue d’un trauma, en revanche, il colore nettement les manifestations du vécu traumatique. L’utilisation du QSA n’a pas permis d’évaluer les liens éventuels entre le style d’attachement des individus et celui porté à leur habitat. À défaut d’être généralisables, ces résultats alimentent nos connaissances sur les liens existant entre un individu et son habitat et de l’incidence de ce dernier dans le vécu traumatique lié à une inondation. Cette étude soulève la perspective de recherches spécifiques portant sur l’articulation entre le style d’attachement des individus et celui concernant leur habitat. Ces éléments pourraient être explorés également à travers d’autres événements traumatiques touchant l’habitat ; susceptibles d’améliorer, d’une part, notre compréhension du trauma dans des situations spécifiques, et d’autre part de mettre en évidence des données complémentaires concernant l’attachement à l’habitat.