Le baclofène soulève bien des passions, parfois présenté comme un remède miracle de l’alcoolodépendance, parfois décrié comme un psychotrope parmi tant d’autres à fort effet placebo. Les cliniciens peuvent donc se trouver en difficulté devant une demande de ce traitement par un patient alcoolodépendant. Qui plus est le baclofène correspond vraisemblablement plus au concept des traitements de « substitution » plutôt que de « sevrage » voire même « d’aide au maintien de l’abstinence », et bouleverse en cela les indications, les modalités de prescription mais aussi les attendus. L’unité d’addictologie de la CMME à Sainte-Anne s’est progressivement organisée en centre de référence pour cette prise en charge, ce qui a mené à une somme importante d’expériences cliniques et thérapeutiques, facilitées par la présence de lits d’hospitalisation à temps complet et de jour dédiés à l’addictologie. Au cours de ce partage d’expérience, seront délivrés, en papier et en fichier informatique :
– le bilan de base qu’il faut effectuer ;
– une maquette d’escalade de doses pour trouver la dose optimale (parfois élevée) ;
– les principaux effets indésirables à surveiller ;
– un cahier d’observation permettant au patient de mieux percevoir le retentissement de ce traitement, ce qu’il faut en attendre mais aussi ce qu’il ne fera pas.
La durée de prescription sera aussi discutée, ainsi que la possibilité de prescription ponctuelle au moment d’exposition à risque. Enfin, la particularité des prescriptions chez des sujets ayant une comorbidité psychiatrique, notamment trouble bipolaire, personnalité borderline et schizophrénie, sera aussi abordée.