Bien que la maladie dépressive se manifeste par des troubles majeurs du sommeil, reposant sur une désorganisation architecturale assez spécifique, la privation totale du sommeil (DTS) d’une nuit apporte un allègement symptomatique notable le plus souvent immédiat, contemporain de la privation.
A la suite des observations fortuites de Schulte, des séries systématiques et contrôlées ont défini le cadre et les limites de l’efficacité de la PTS et diverses investigations biologiques ont cherché à identifier des variables prédictives de son activité.
La PTS apporte une amélioration dans environ 60% des cas, plus régulièrement dans les formes endogènes et lorsqu’il y a des variations diurnes de l’humeur. Cette amélioration est globale et elle apparaît le plus souvent aux heures de l’aube mais elle est transitoire, le bénéfice étant perdu au lendemain de la nuit de récupération d’où la nécessité de répéter la privation ou d’y associer une chimiothérapie antidépressive.
Les investigations neurobiologiques situent la réponse clinique en rapport avec diverses modifications sur les paramétres catécholaminergiques et neuro-endocriniens ainsi que sur la structuration du sommeil.
L’activation thymique se corrèle avec une facilité relative à maintenir l’éveil et se manifeste à un horaire particulier qui correspond à une époque circadienne critique. La PTS produirait une réorganisation des rapports entre la veille et le sommeil et parviendrait à rétablir les coïncidences de phases des rythmes biologiques. Ces données apportent une contribution nouvelle à la notion spécifique d’instabilité dépressive.