Cet article propose une évaluation quantitative du modèle de collusion implicite de Rotemberg et Woodford (1992), en s’appuyant sur une version totalement spécifiéé qui permet notamment une détermination analytique de l’élasticité du taux de marge face aux variations de la demande agrégée. Dans ce cadre, on montre qu’un tel mécanisme ne parvient pas à générer des effets réels suffisants pour reproduire un certain nombre de faits stylisés importants associés aux chocs de demande, tels que la réaction procyclique de la production, de l’emploi et du salaire réel. Comparé à des mécanismes concurrents de fluctuations des marges évalués dans un cadre analytique similaire, le mécanisme de collusion implicite semble donc avoir des difficultés à s’imposer à lui seul comme une explication dominante de la transmission des chocs de demande à l’activité économique.