Les auteurs font la revue des études récentes concernant l’épidémiologie de la dépression. Les études épidémiologiques de la dépression dans la population générale sont difficiles à interpréter, du fait de différences dans l'identification des cas et de variations dans les procédures de diagnostic entre les études. Mais il y a eu un progrés considérable avec le récent développement des méthodes d’identifications de cas, fiables et valides, comme les RDC et le DSM-III. D’autres problémes méthodologiques concernent le choix de la population et le choix des différentes mesures du risque.
Des données examinées, on peut tirer les estimations suivantes : la prévalence sur six mois de la dépression majeure est de 1% à 3% chez l’homme, et 3% à 5% chez la femme; la prévalence sur la vie entiere (proportion des sujets qui ont déjà présenté le trouble) est de 3% à 6% chez l’homme et 5% à 10% chez la femme. L’estimation du risque morbide (ou risque sur la vie entiére) est plus difficile. Le principal probléme provient de l’effet de cohorte de naissance: il semble que les taux de troubles affectifs majeurs sont en train d’augmenter dans les cohortes nées apres la Seconde Guerre mondiale.
Aussi, les auteurs proposent une estimation des risques sur la vie entiére qui ne peut être que prudente: 6 à 10% chez l’homme, 12 à 20% chez la femme. Ils envisagent aussi l’épidemiologie de la dépression sous l’angle de la mortalité: les troubles affectifs sont associés non seulement à un haut risque de suicide mais aussi à une mortalité générale augmentée.