12 - Le Prince chez Meschinot, mise en forme d'un objet poétique/ politique

Summary

Les Ballades des Princes de Jean Meschinot ne font pas partie, aux yeux de la critique moderne, des oeuvres politiques majeures du XV^e siecle. Il y a probablement deux raisons a cela, la premiere etant que ces textes n'ont plus ete edites depuis le debut du XVI^e siecle, peu accessibles et partant, peu lus. La seconde est l'etonnante faveur qu'ont rencontree les Lunettes des princes. OEuvre plus celebre, probablement a cause de son nom suscitant la curiosite, et qui a connu le privilege exceptionnel d'etre publiee au XX^e siecle deux fois en douze mois, elle a comme eclipse ce cycle de ballades – ainsi que, avouons-le, l'ensemble de l'oeuvre lyrique du poete, sur lequel il faudra bien se pencher un jour.

Pourtant, ce cycle de vingt-cinq ballades en douzains de decasyllabes se signale a l'attention des chercheurs par sa richesse aussi bien formelle que thematique; si elles s'inscrivent dans une serie, commencee avant le poete, de conseils a l'aristocratie (Bréviaire des Nobles de Chartier, ou plus tard le Doctrinal des Princesses de Jean Marot), elles s'en distinguent par une ampleur et un projet plus proprement politique, alors meme qu'elles s'astreignent a de tres exigeantes contraintes formelles.

Le titre complet, tel que le porte l'edition princeps, est:

S'ensuyvent xxv balades composees par ung gentilhomme nomme Jehan Meschinot. Sur xxv princes de balades [a] luy envoyees de missire Georges Ladventurier serviteur de monseigneur de bourgongne Et trouverez au commencement de chascune desdites balades le refrain: et a la fin le prince fait par ledit Georges.

[Suivent vingt-cinq ballades composees par un gentilhomme nomme Jean Meschinot, sur vingt-cinq Princes de ballades que lui avait envoyees messire Georges l'Adventurier, serviteur de monseigneur [le duc] de Bourgogne. Et vous trouverez au commencement de chacune de ces ballades le refrain, et a la fin le prince fait par George [Chastelain].]

En fait, le texte est rapidement classe dans le genre meprise des paraphrases, et la teneur, qui est de philosophie politique, n'est pas de celles qui attirent le lecteur. C'est en quelque sorte la hauteur de vue de ce cycle de ballades qui a rendu sa lecture problematique.