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Published online by Cambridge University Press: 11 October 2017
Lui. — La création en histoire ? Quelle idée, pour ne pas dire quel sacrilège ? Créer l'histoire, ou l'Histoire (la majuscule fait quelque chose à l'affaire}, c'est la tâche des dieux. Qu'ils se nomment, au gré de chacun, le Hasard, la Nécessité ou Dieu même....
L'Autre. — Plus modeste que vous, cher ami, je ne dérange pas les dieux pour si peu. Je me contente de poser la candidature des hommes. Et plus précisément, celle des historiens, ces créateurs de l'histoire.
Lui. — Affreux orgueil de nos contemporains I Que n'ont-ils créé, que n'ont-ils inventé? Les dieux, les hommes, on le sait depuis longtemps. La Nature, l'Univers, on l'apprend tous les jours. C'est la déification de l'éphémère.
Un bel et juste hommage, sous forme d'un volume de Mélanges centré sur le problème de la création dans les œuvres de l'esprit humain, vient d'être rendu à Georges Jamati — qui sut, au poste difficile de directeur littéraire du Centre national de la Recherche scientifique, être tout autre chose qu'un bureaucrate paperassier : un des hommes les plus sensibles, les plus riches de coeur, les plus ouverts à tous et à tout que l'on eût pu rêver. Irremplaçable, l'émotion que sa fin prématurée et douloureuse a provoquée, suffit à l'exprimer. — J'avais promis de composer, pour le volume en préparation, un article sur la création en histoire. Je tins parole et j'écrivis à Bâle, en profitant d’un bref voyage, les pages qu'on va lire. Car elles ne me furent jamais réclamées par les promoteurs de l'entreprise. Je ne voudrais pas que mon absence de la publication du C.N.R.S. pût être interprétée comme unmanque de coeur. Pour prendre place dans nos Annales, sur lesquelles il veilla toujours avec sollicitude, l'hommage à Jamati qu'elles constituent ne sera pas, dans cette atmosphère dont il goûtait la chaleur, moins fervent ni moins fidèle. Rappelons, enfin que Georges Friedmann a déjà rendu hommage à Jamati dans les Annales, n° 3 de 1955 — L. F
* Un bel et juste hommage, sous forme d'un volume de Mélanges centré sur le problème de la création dans les œuvres de l'esprit humain, vient d'être rendu à Georges Jamati — qui sut, au poste difficile de directeur littéraire du Centre national de la Recherche scientifique, être tout autre chose qu'un bureaucrate paperassier : un des hommes les plus sensibles, les plus riches de coeur, les plus ouverts à tous et à tout que l'on eût pu rêver. Irremplaçable, l'émotion que sa fin prématurée et douloureuse a provoquée, suffit à l'exprimer. — J'avais promis de composer, pour le volume en préparation, un article sur la création en histoire. Je tins parole et j'écrivis à Bâle, en profitant d’un bref voyage, les pages qu'on va lire. Car elles ne me furent jamais réclamées par les promoteurs de l'entreprise. Je ne voudrais pas que mon absence de la publication du C.N.R.S. pût être interprétée comme unmanque de coeur. Pour prendre place dans nos Annales, sur lesquelles il veilla toujours avec sollicitude, l'hommage à Jamati qu'elles constituent ne sera pas, dans cette atmosphère dont il goûtait la chaleur, moins fervent ni moins fidèle. Rappelons, enfin que Georges Friedmann a déjà rendu hommage à Jamati dans les Annales, n° 3 de 1955 — L. F