Hostname: page-component-cd9895bd7-gvvz8 Total loading time: 0 Render date: 2024-12-26T05:10:07.752Z Has data issue: false hasContentIssue false
  • English
  • Français

Le présent et la durée dans l'œuvre de Fernand Braudel (note critique)

Published online by Cambridge University Press:  26 July 2017

Jean-Claude Perrot
Get access Rights & Permissions [Opens in a new window]

Extract

Comme le pèlerin de Bayreuth, le lecteur de la trilogie que Fernand Braudel voue à la civilisation matérielle, à l'économie et au capitalisme des temps modernes ne saura d'abord se déprendre des sortilèges. Le ruissellement des références, le contrepoint des graphiques, des cartes ou des images qui courent au-devant du texte, le rythme des espaces et des temps embrassés lui donneront cette légère, cette agréable ivresse dont on croit triompher soimême page après page, jusqu'aux dernières.

L'illusion ne dure pas. Voici bientôt trois livres difficiles, où des explications exigeantes s'offrent, dans l'incertain, aux démentis de la matière historique. L'empiriste sans souci, l'idéologue tranquille reçoivent congé. Cette œuvre veut une lecture rigoureuse, désobéissante. A ce stade de l'investigation du moins, le projet de l'auteur semble venir en pleine lumière.

Type
Research Article
Information
Annales. Histoire, Sciences Sociales , Volume 36 , Issue 1 , February 1981 , pp. 3 - 15
Copyright
Copyright © Les Éditions de l’EHESS 1981

Access options

Get access to the full version of this content by using one of the access options below. (Log in options will check for institutional or personal access. Content may require purchase if you do not have access.)

References

1 Braudel, F.., Civilisation matérielle, économie et capitalisme, XVe-XVIIIe siècle, Paris, A. Colin, 1979. 3 vols, t. IGoogle Scholar, Les structures du quotidien, le possible et l'impossible, 544 p. ; t. II, Les jeux de l'échange, 600 p. ; t. III, Le temps du monde, 607 p.

2 Chaunu, P., Histoire, science sociale. La durée, l'espace et l'homme à l'époque moderne, Paris, 1974.Google Scholar passim et spécialement p. 137 : « Ce n'est pas l'espace qui commande la répartition de l'homme dans l'espace, ce n'est pas l'espace, mais le temps, le temps donc l'histoire, entendez l'homme. »

3 Bachelard, G., La dialectique de la durée, nouvelle édition, Paris, 1980 Google Scholar, p. vin.

4 P. Chaunu, 1974, op. cit., p. 108. L'auteur remarque les effondrements démographiques qui e produisent souvent dans ces zones de frottement.

5 P. S. Lapl. Ace, Essai philosophique sur les probabilités, Paris, 3e édition, 1816, 234 p . ; Cournot, A. A., Exposition de la théorie des chances et des probabilités, Paris, 1843, viii–440 Google Scholar p. et table.

6 Braudel, F.., La Méditerranée et le monde méditerranéen à l'époque de Philippe II, Paris, A. Colin, 1949.Google Scholar Je n'oublie pas l'article de l'auteur « Histoire et sciences sociales : la longue durée », Annales Esc, oct.-déc. 1958, pp. 725-753.

7 Aron, R., Introduction à la philosophie de l'histoire, Paris, 1948, 353 p.Google Scholar Voir p. 41. C'est entre Newton et Kant que se vulgarise l'hypothèse du temps (et de l'espace) homogène, sécable et condition à priori de la pensée. On se souviendra des phrases de J. L. R. D'AI. Embert dans l'Encyclopédie…(article Éléments des sciences): « Quoique l'espace et le temps soient composés de parties et par conséquent ne soient pas des êtres simples, cependant l'idée que nous en avons est une idée simple, parce que toutes les parties du temps et de l'espace sont absolument semblables, que l'idée que nous en avons est absolument la même et qu'enfin cette idée ne peut être décomposée puisqu'on ne pourrait simplifier l'idée de l'étendue et celle du temps sans les anéantir. »

8 F. Braudel., 1979, t. III, p. 68.

9 R. Aron, 1948, op. cit., p. 187.

10 C'est déjà le point de vue de G. Gurvitch dans La multiplicité des temps sociaux, Paris, Cdu, 1958. Pour un autre point de départ, Robert K. Merton, Pitirim Sorokin, «Social time : a methodological and functional analysis », The American Journal ofSociology, 1937,vol. 42,pp. 615- 629.

11 F. Braudel., 1979, t. I, p. 494.

12 F. Braudel., 1979, t. III, p. 68.

13 F. Braudel., 1979, t. II, p. 429.

14 M. Foucault, « Réponse au cercle d'épistémologie », Cahiers pour l'analyse.Travaux du cercle d'épistémologie de l'École Normale Supérieure, n° 9, Généalogie des sciences, été 1968, p. 11.

15 On reconnaît les propositions de G. Bachelard exprimées dans L'intuition de l'instant, Paris, nouvelle édition, 1979, 153 p. et dans La dialectique de la durée, op. cit., 151p.

16 Bachelard, G., L'intuition de l'instant, Paris, 1979, p. 48.Google Scholar

17 G. Bachelard, ibid., p. 20. Léontief propose la même démarche dans ses Essais d'économie, trad. frse. Paris, 1974.

18 Guyau, J. M., La genèse de l'idée du temps, Paris, 3e édition, 1923, p. 33.Google Scholar

19 F. Braudel., 1979, t. III, p. 538.

20 F. Braudel., 1979, t. I, p. 9.

21 G. Bachelard, La dialectique de la durée, 1980, p. ix.

22 F. Braudel., 1979, t. I, p. 152, je souligne.

23 F. Braudel., 1979, t. I, p. 494, je souligne.

24 F. Braudel, 1979, t. I, p. 493.

25 M. Halbwachs soutient la même opinion dans Les cadres sociaux de la mémoire, Paris, nouvelle édition, 1952, vii-299 p.

26 F. Braudel, 1979, t. II, p. 495 ss. Voir aussi t. III, p. 51.

27 F. Braudel, 1979, 1.1, p. 38, même idée t. I, p. 495.

28 Démonstration analogue chez l'auteur, 1979, t. I, p. 495, t. III, p. 36, 38, 48 et ss.

29 F. Braudel, 1979, t. III, p. 31. Pour une application de la théorie des systèmes à des problèmes historiques, voir Allen, J. et Lientz, B. P., Systems in action, Santa Monica, California, Goodyear Publishing Company, 1978, 249 p.Google Scholar

30 Démonstration brillante chez Moscovici, S., Essai sur l'histoire humaine de la nature, Paris 1968.Google Scholar

31 F. Braudel argumente ces hypothèses à maintes reprises, cf., t. I, pp. 83-84 et 145 pour les plantes dominantes ; pour l'habitat (t. I, p. 230 ss), le mobilier et les positions favorites du corps (t. I, p. 252), les transports (t. II, p. 306).

32 G. Bachelard, L'intuition de l'instant, 1979, p. 83.

33 Il est impossible de donner un aperçu convenable des études relatives au temps économique en raison de leur nombre. Les références suivantes sont donc insuffisantes. D'abord quelques travaux anciens : P. N. Rosenstein- Rodan, « The rôle of time in économie theory », Economica, 1934 ; Genin, P., Le temps et l'économie, Paris, 1945 Google Scholar; Dupriez, L. H., Des mouvements économiques généraux, Louvain, 1947, 2 vols.Google Scholar Barre, R., La période dans l'analyse économique. Une approche à l'étude du temps, Paris, 1950 Google Scholar ; Guitton, H., Les fluctuations économiques, Paris, 1951 Google Scholar ; Akerman, J.. Structures et cycles économiques, Lund, 1944, trad. frse, Paris, 1955, 3 volsGoogle Scholar ; Shackle, G. L. S., Time in économies, Amsterdam, 1958 Google Scholar ; Imbert, G., Des mouvements de longue durée Kondratieff, Aix, 1959 Google Scholar . Tinbergen, J., « On the theory of trend movements », dans Jan Tinbergen Selected Papers, Amsterdam, 1959, pp. 182–221.Google Scholar Dans les études récentes : Dieterlen, P., L'idéologie économique, Paris, 1964 Google Scholar ; Granger, Clive W. J. et Hatanaka, M., Analyse spectrale des séries temporelles en économie, Princeton, 1964, trad. frse, Paris, 1969Google Scholar ; Irma Adelman, « Long cycles: fact or artifact ? », American économie Review, juin 1965, pp. 444-463 ; Grize, J. B. et alii, L'épistémologie du temps, Paris, 1966 Google Scholar ; J. Hicks, Capital and time, Cambridge, 1973, trad. frse, Paris, 1975 ; Rostov, W. W., « Kondratieff, Schumpeter and Kuznets: trend periods revisited », Journal of économie History, n° 4, 1975, pp. 719–753 CrossRefGoogle Scholar ; Zajdenweber, Daniel, dans Hasard et prévision, Paris, 1976 Google Scholar, fournit le compterendu d'études récentes d'un grand intérêt, notamment celles de Benoît Mandelbrot. L'historien doit appeler un mathématicien en renfort. Voir aussi Jacot, J. H., Croissance économique et fluctuations conjoncturelles. Une présentation critique, Lyon, 1976 Google Scholar ; une partie des Mélanges offerts à Henri Guitton, Paris, 1977, préfacés par G. L. S. Shackle, concerne le temps en économie ; Mouchot, Cl., Temps et sciences économiques. Nécessité et insuffisance de la Mathématique, Paris, 1978 Google Scholar ; Daloz, J.-P., De la logique du désordre à la nécessité des crises, Paris, 1978.Google Scholar Chez les historiens, uneétude inductive récente des cycles économiques figure dans les annexes multigraphiées de la thèse de G. Durand (publiée à Lyon, 1979, 528 p. sous le titre Vin, vignes et vignerons en Lyonnais et Beaujolais), annexe I, Méthode d'analyse du mouvement cyclique, 112p. Dans le cadre des travaux de l'Institut d'Histoire Économique et Sociale de l'Université de Paris I, J. Y. Grenier présente les bases d'une nouvelle enquête : Les mouvements de longue durée du XVIeau XVIIIe siècle, Paris, 1979, dact, 146 p.

34 F. Braudel, 1979, t. II, p. 270.

35 F. Braudel, 1979, t. I, p. 453.

36 F. Braudel, 1979, t. II, pp. 302-305.

37 F. Braudel, 1979, t. III, p. 56 ss.

38 F. Braudel, 1979, t. III, p. 528 ss., par exemple, p. 535 : « Peut-on croire que l'histoire humaine obéisse à des rythmes d'ensemble autoritaires, peu explicables, selon la logique ordinaire ? J'y crois pour ma part », et p. 529 : La conjoncture est « une réalité en soi ».

39 F. Braudel, 1979, t. III, p. 528 ss.

40 E. Slutzky, « The summation of random causes as the source of cyclic processes », Econometrica, avril 1937, pp. 105-146.

41 Dans ses Principes et Observations économiques, Amsterdam, 1767, 2 vols.

42 I. Adelman, op. cit.

43 Clive W. J. Granger,« The typical spectral shape of an économie variable », Econometrica, janvier 1966, pp. 150-161.

44 D. Zajdenweber, op. cit., p. 86-87. Le terme d'« école » vient sous sa plume.

45 C'est l'idée de base des processus de Markov, d'un usage si courant en économie mathématique.

46 Hurst, Harold E., Le Nil, Paris, 1954.Google Scholar On notera en passant l'importance des notions hydrauliques en économie. Les premières définitions de l'équilibre, chez Turgot, sont bâties sur un corps d'analogies avec les liquides (frottements, oscillations de niveau, vases communicants). Abondante bibliographie de B. Mandelbrot dans l'ouvrage de D. Zajdenweber, pp. 118, 121-124. Spécialement B. Mandelbrot et James R. Wallis, « Robustness of the rescaled range R/S in the measurement of non cyclic long run statistical dépendance », Water resources research, oct. 1969, vol. 5, n° 5, pp. 967-988.