Published online by Cambridge University Press: 25 May 2018
Les relations de parenté dans la société romaine et dans la diversité ethnique des provinces de l'Empire ont été le plus souvent offusquées aux yeux des historiens par l'éclat des relations civiques. Et elles n'ont pas éveillé non plus l'attention des anthropologues, longtemps peu attirés par les domaines enclos de l'Antiquité classique. Pourtant, elles ont été une composante efficace de l'organisation sociale. Elles présentaient un échange matrimonial à peu près généralisé, avec, en Orient au moins, des traces pratiques d'un choix préférentiel entre cousins, et se caractérisaient aussi par l'importance des relations entre cousins et entre beaux-frères. A ce niveau se superpose celui des parentés volontaires, la paternité adoptive ou nourricière, pièce traditionnellement importante du système romain, et l'affrairement, attesté comme pratique provinciale.
The social importance of relationships of parentage, already evident in the classical Greco-Roman world, grew considerably in the course of the first centuries of the Byzantine Empire. In this period voluntary relationships included adoption, filiation by baptism, and voluntary fraternity. These three relationships differed in their legal and canonical history, since the first was a heritage from antiquity, the second a Christian creation, and the third a practice which was never to attain a truly legitimate status. In contrast, all three were similar with respect to the development of the marital taboos which resulted from them, and with respect to the social efficacy that was expected of them, on the one hand, by the aristocratic circles and the imperial entourage, and, on the other hand, by ordinary people in the provinces.
1. Voir l'admirable illustration donnée par R. Syme, La révolution romaine, tr. fr., Paris, 1967, au niveau le plus élevé de la compétition politique à la fin de la République.
2. Quelques indications dans É. Patlagean, Pauvreté économique et pauvreté sociale à Byzance, IVe-VIIe siècle, Paris-La Haye, 1977, pp. 118-128.
3. Sur la règle de droit cf. Monier, R., Manuel de droit romain, 6e éd., Paris, 1947, t. I, pp. 263–270 Google Scholar. Un dossier provincial : A. Cameron, « and related terms in the inscriptions of Asia Minor », dans Buckler, W. H., Anatolian Studies…, Manchester, 1939, pp. 27–62.Google Scholar
4. Cf. Tamassia, N., L'affratellamento (). Studio storico-giuridico, Turin, 1886 Google Scholar ; C. A. Nallino, « Intorno al divieto romano impériale deH'affratellamento e ad alcuni paralleli arabi », Studi in on. S. Riccobono, Palerme, 1936, t. 3, pp. 321-357. Et cf. ci-dessous n. 30.
5. Cf. A. Esmein, Le mariage en droit canonique, 2e éd. par R. Génestal, t. 1, Paris, 1929, et J. Dauvillier, C. de Clercq, Le mariage en droit canonique oriental, Paris, 1936, où l'on trouvera les règles de droit, lorsqu'elles ne seront pas précisées ci-après. Voir aussi K. E. Zacharià von Lingenthal, Geschichte des griech.-röm. Rechts, 3e éd., Berlin, 1892.
6. Ed. Morin, J., Commentarius historicus de disciplina in administratione sacramenti poenitentiae…, Paris, 1651 Google Scholar, Antiqui Poenitentiales, p. 84. Sur la tradition manuscrite, cf. V. Grumel, Régestes des actes du patriarcat de Constantinople, vol. I, Les actes des patriarches, fasc. 1, Les régestes de 381 à 715, Constantinople, 1932, n0** 270. Voir aussi E. Herman, «Il più antico penitenziale greco », Orient. Christ. Per. 19, 1953, pp. 71-127.
7. Cotelier, J.-B., Ecclesiae Graecae Monumenta, t. I, Paris, 1677, pp. 68–158 Google Scholar (cité ci-après comme Manuel Cotelier). Sur la date, H. G. Beck, Kirche u. theologische Literatur im byzant. Reich, Munich, 1959, p. 147.
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9. Sur les débuts du parrainage on peut consulter Dujarier, M., Le parrainage des adultes aux trois premiers siècles de l'Eglise, Paris, 1962 Google Scholar.
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12. Éd. P. et I. Zepos, Jus graeco-romanum, Athènes, 1931, t. 2, pp. 3-62.
13. Migne, Patrol. Gr., t. 137, col. 700-704.
14. Grumel, Régestes, cit., vol. 1, fasc. 4, Les régestes de 1208 à 1309, Paris, 1971, nos 1208 et 1373.
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18. Théodore Studite, Testament, 8 (Migne, Patrol. Gr., t. 99, col. 1820).
19. Textes toujours commodément rassemblés dans Ph. Meyer, Die Haupturkunden für die Geschichte der Athosklöster, Leipzig, 1894 : Typikon d'Athanase, p. 113/21-23 ; Diatyposis du même, p. 126/18; Typikon de Jean Tzimiskès, p. 146/23-27.
20. Indications très générales dans H. G. Beck, « Christliche mission und politische Propaganda im byzantinische Reich » dans La conversione al cristianesimo nell’ alto Medioevo, Centra italiano di studi sull’ alto Medioevo, Settimana… 14, Spolète, 1967, pp. 649-674. Le meilleur commentaire historique sur la conversion des Slaves, extérieur à l'aire byzantine, est celui d'A. Gieysztor, « Paliers de la pénétration du christianisme en Pologne aux Xe et XIe siècles », Studi… A. Fanfani, Milan 1962, t. I, pp. 329-367.
21. Éd. trad. A. Vaillant, « Une homélie de Méthode », Rev. Et. Slaves, 23, 1947, pp. 34- 47 ; il en rapproche un épisode de la Vie slavonne de Méthode (ch. 11), où une telle union est punie par le Ciel. Les réponses du pape Nicolas Ier aux Bulgares attestent également l'importance de ce critère de christianisation (MGH, Epist. VI, Berlin, 1925, p. 569) : Nicolai papae Epist. 99, 2, A. 866 (éd. Perels) ; cf. I. Dujcev, « I ‘responsa’ di papa Niccolo’ I ai Bulgari neoconvertiti », Aevum 42, 1968, pp. 403-428.
22. Sur ce texte et la discussion autour de l'origine morave ou bulgare cf. J. Vasica, « Origine cyrillo-méthodienne du plus ancien code slave, Zakon Sudnyj», Byzantinosl., 12, 1951, pp. 154-174 ; V. Prochazka, « Le Zakon Sudnyj Ljudem et la Grande Moravie », Byzantinosl. 28, 1967, pp. 359-375; 29, 1968, pp. 112-150.
23. La fornication entre parrain et mère du filleul est prohibée spécialement par le Statut de Jaroslav, art. 13 de l'archétype reconstitué dans la plus récente histoire de ces textes, Ja. N. Scapov, Knjazeskie ustavy i cerkov v Drevnjej Rusi, XI-XIV vv. (Les statuts des princes et l'Église dans la Russie ancienne, XIe-XIVe siècle), Moscou, .1972, p. 294.
24. Cf. I. Zuzek, SJ, « Kormcaja Kniga. Studies in the chief code of Russian canon law », Orient. Christ. Anal., t. 168, Rome, 1964.
25. Ch. 86 de la trad. latine Ferrini-Furlani, Fontes iuris Romani anteiustiniani, t. 2, rééd. Florence, 1968, p. 780. Sur l'œuvre, voir l'édition d'Ed. Sachau, Syrische Rechtsbùcher, Berlin, 3 vol., 1907-1914.
26. Basilicorum Libri LX. Séries A (texte), éd. H. J. Scheltema, N. van der Wal, t. 5, Groningue, 1967, p. 1 620. La scholie se lit dans l'éd. Heimbach, Basilicorum Libri LX, t. 3, Leipzig, 1843, p. 606.
27. Digesta, éd. Th. Mommsen, Berlin, 1877.
28. Grumel, Régestes, cit., vol. 1, fasc. 3, n. * 1034 (émanant peut-être du patriarche Nicolas IV, 1147-1151).
29. Éd. J.-B. Pitra, Analecta Sacra…, t. 6, Paris, 1891, p. 713.
30. F. Dupont, Le plaisir et la loi, Paris, 1977, pp. 164-169.
31. , éd. Zepos, Jus graeco-romanum, cit., t. 4, pp. 7-260.
32. Cité par Tamassia, Affratellamento, cit., p. 65, n. 5. Sur ce manuscrit, cf. L. R. Ménager, «Notes sur les compilations byzantines et l'Occident», Varia, 3, 1958, pp. 239-303.
33. Goar, J., Euchologion sive rituale Graecorum, Venise, 1730 Google Scholar, suivant le cod. Barberin. III 55, euchologe patriarcal du VIIIe siècle, cf. A. Strittmatter, «The ‘Barberinum S. Marci’ of Jacques Goar », Ephemerides Liturgicae 47, 1933, pp. 329-367.
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35. Notamment Codices Vaticani graeci, codd. 1485-1683, rec. C. Giannelli, Vatican 1950, p. ex. le ms. 1554 (XIIe siècle).
36. P. ex. A. Jacob, « L'Euchologe de Porphyre Uspenski. Cod. Leningr. gr. 226 (Xe siècle) », Le Muséon, 78, 1965, pp. 173-214.
37. Cf. p. ex. la décision en date de 1028, ch. 18 (Grumel, Régestes, cit., vol. 1, fasc. 2, n° 835).
38. Tertullien, Traité du baptême, éd. Refoulé-Drouzy (Sources Chrét. 35), Paris, 1952, 17, 4-5, et les références rassemblées par H. Ch. Puech dans son commentaire au Traité de Cosmas cité n. suiv. pp. 223-226.
39. Le Traité contre les Bogomiles de Cosmas le Prêtre, éd. A. Vaillant, H. Ch. Puech, Paris, 1945.
40. Anathème 13, Migne, Patrol. Gr., t. 131, col. 45.
41. éd. Ficker, G., Die Phundagiagiten, Leipzig, 1908, pp. 25 ss.Google Scholar
42. Euthyme Zigabenos, “ (sic), éd. Ficker, Die Phundagiagiten, cit., pp. 89-111.
43. Sur ce manuscrit, cf. J. Gouillard, « Le synodikon de l'orthodoxie », Centre de recherche d'hist. et civ. Byz., Travaux et mémoires, 2, 1967, pp. 230-231.
44. Éd. trad. J. Frcek, Patrologie Orientale, t. 24 (1933), cf. F. Dvornik, Byzantine missions among the Slavs. SS. Constantine-Cyril and Methodius, New Brunswick (N. J.), 1970, pp. 107- 108 et 363.
45. Tamassia, Affratellamento, cit., p. 68 ; Du Cange, « Des adoptions d'honneur en frère et par occasion des frères d'armes », Dissert. 21a dans Jean de Joinville, Histoire de saint Louis, éd. Du Cange, Paris, 1668.
46. Cf. J. Bardach, « L'indivision familiale dans les pays du Centre-Est européen », dans Famille et parenté dans l'Occident médiéval (Ecole française de Rome, 1977, pp. 335-353); H. H. Stahl, cit. ci-dessous n. 57.
47. P. èx. dans la donation de Glykeria au monastère de Lavra citée plus loin (p. 632).
48. P. ex. M. Bittner, Der vom Himmeln gefallene Brief Christi in seinem morgenlând. Versionen u. Rezensionen, Denkschr. k. Akad. Wiss., Phil. hist. Kl. 51/1, Vienne 1906, passim (p. 18/13-14, p. 20, etc.).
49. Agnellus, Liber pontificalis ecclesiae Ravennatis, éd. Holder-Egger, Mon. Germ. Hist. Script, rer. Langob. et Italie, saec. VI-IX, Hanovre, 1878, pp. 275-391.
50. Cecaumeni Strategicon…, éd. Wassiliewsky-Jernstedt, St. Pétersbourg, 1896, ch. 74 (pp. 27-28).
51. Anne Comnène, Alexiade, éd. trad. B. Leib, Paris, 1937-1976.
52. Vita Basilii, dans Theophanes Continuatus, éd. J. Bekker, Bonn, 1838, pp. 227-228.
53. F. Dölger, «Der Bulgarenherrscher als geistlicher Sohn des byzant. Kaisers” (1939); «Die ‘Familie der Könige’ in Mittelalter » (1940); «Die mittelalterl. ‘Familie der Fursten u. Völker’ u. der Bulgarenherrscher » (1942), dans F. Dölger, Byzanz u. die europ. Staatenwelt, Ettal, 1953, pp. 183-196, 34-69, 159-182. Voir maintenant aussi K. Hauck, « Formes de parenté artificielle dans le haut Moyen Age », dans Famille et parenté dans l'Occident médiéval, cit., pp. 43-47.
54. Ed. G. Robinson, History and cartulary ofthe Greek monastery ofSt. Elias and St. Anastasius of Carbone, Orient. Christ. Anal. fasc. 44, 53, 62, Rome 1928-1930, doc. X-59 et XII-61.
55. Le ‘Liber Visitationis’ d'Athanase Chalkéopoulos (1457-1458), éd. M.-H. Laurent, A. Guillou, Vatican, 1960.
56. Ed. Zepos, Jus graeco-romanum, cit. t. I, p. 203. Sur le problème de la date, voir P. Lemerle, « Esquisse pour une histoire agraire de Byzance : les sources et les problèmes », Rev. Hist., 219, 1958, p. 266.
57. N. Iorga, Anciens documents de droit roumain, avec une préface contenant l'histoire du droit coutumier roumain, vol. 1 (seul paru), Paris, 1930, doc. 32, daté de 1516.
58. Cf. V. A. Georgescu, « La préemption et le retrait dans le droit féodal de Valachie et de Moldavie. Aspects de structure et de réception », Nouvelles études d'histoire, 3, 1965, pp. 181-203 ; Stahl, H. H., Les anciennes communautés villageoises roumaines. Asservissement et pénétration capitaliste, Paris-Bucarest, 1969, p. 212 ss.Google Scholar
59. Actes de Lavra, I. Des origines à 1204, éd. P. Lemerle, A. Guillou, N. Svoronos, Paris 1970.
60. The. testaments of the Grand Princes of Moscow, transi. R. C. Howes, Cornell Univ. Press, Ithaca, N.Y. 1967, doc. 1 (Ivan Kalita, vers 1339, trad. p. 187), doc. 2 (Semjon Ivanovic, 1353, trad. p. 191).