Published online by Cambridge University Press: 26 July 2017
Le rassemblement des tombes dans le cimetière autour de l'église est devenu, au cours du Moyen Age, un trait spécifique de la civilisation chrétienne, bien visible encore aujourd'hui dans les campagnes françaises. Alors que les travaux récents des médiévistes ont montré que l'institution du cimetière était l'aboutissement d'une longue et complexe histoire, les spécialistes du christianisme ancien considèrent pour la plupart que l'Église possédait des cimetières dès le début du 3e siècle.
The aim of this paper is to demonstrate that the ancient church did not take part in the burial of Christians, and that funerals and burial during late Antiquity, as opposed to later periods in Christian history, remained to a large extent a private matter with which the church did not interfere. The institutional aspect of the question, for which evidence is very scarce, is not discussed here. The paper is instead focused on church teaching. There appears to be no church teaching regarding the distinction of pagan and Christian burials; the special care to be shown in the burial of the poor is a moral obligation for Christians in general, but not a function of the Church. Furthermore, a careful reading of Augustine's De cura gerenda pro mortuis reveals that his teaching is less opposed to popular sentiment regarding the importance of burial for the sake of the soul, as it is usually interpreted, than it is concerned to keep the church from interfering in burial practices. The Christian cemetery is therefore an unfamiliar notion in late ancient Christianity.
1 Voir P. Ariès, L'homme devant la mort, 1, Le temps des gisants, Paris, Le Seuil, « Points Histoire-82 », 1977, p. 47 ss.
2 Voir M. Lauwers, La mémoire des ancêtres, le souci des morts : morts, rites et société au Moyen Age (diocèse de Liège, He-13e siècles), Paris, Beauchesne, « Théologie historique- 103 », avec la bibliographie récente, 1996.
3 Sur le contexte historique et idéologique de son travail, voir Frend, William H. C., The Archaeology of Early Christianity: A History, Minneapolis, Fortpress Press, 1996, pp. 65–90.Google Scholar
4 De Rossi, G. B., « Esame archeologico e critico délia storia di s. Callisto narrata nel libre nono dei Filosofumene », Bollettino di archeologia cristiana, 4, 1866, pp. 1–14 et pp. 17-33.Google Scholar
5 Hippolyte, , Refutatio omnium haeresium, IX, 12, Marcovich, M. (éd.), Berlin-New York, de Gruyter, « Patristische Text und Studien-25 », 1986, pp. 353–353.CrossRefGoogle Scholar
6 Cette appellation est attestée dès la Depositio episcoporum et la Depositio martyrum du Calendrier de 354.
7 de Rossi, G. B., art. cité, p. 10 et La Roma sotterranea cristiana, 1, Rome, Cromolitografia pontificia, 1864, pp. 197–198.Google Scholar
8 Voir, en particulier, Pietri, C., Roma christiana : recherches sur l'Église de Rome, son organisation, sa politique, son idéologie de Miltiade à Sixte 3 (311-440), Rome, « Bibliothèque des -Écoles françaises de Rome et d'Athènes-224 », vol. 1, 1976, pp. 133–135 Google Scholar et «Régions ecclésiastiques et paroisses romaines », dans Actes du XI” Congrès international d'archéologie chrétienne, Rome, École française de Rome, « Collection de l'École française de Rome-123 », vol. 2, 1989, pp. 1035-1062.
9 Je ne cite que quelques exemples récents : P.-A. FÉVrier, « Études sur les catacombes romaines », 2, Cahiers archéologiques, 11, 1960, pp. 1-14, ici p. 4 ; Fasola, U. et Testini, P., « I cimiteri cristiani », dans Atti del IX Congresso Internazionale di Archeologia Cristiana, Rome, Pontificio istituto di archeologia cristiana, « Studi di antichità çristiana-32 », vol. 1, 1978, pp. 103–139, en particulier p. 106 et p. 138Google Scholar ; Brandenburg, H., « Ùberlegungen zu Ursprung und Entstehung der Katakomben Roms », Vivarium : Festschrift Th. Klauser, Munster, « Jahrbuch für Antike und Christentum-11 », 1984, pp. 11–49, ici pp. 31-32Google Scholar ; Bisconti, F., « La via délie catacombe », dans Via Appia : suite ruine délia magnificenza antica, Milan, Leonardo Arte, 1997, pp. 74–77 Google Scholar ; Pergola, P., Le catacombe romane : storia e topografia, Rome, Nis, « Studi superiori-355 », 1997, pp. 21 et 77.Google Scholar
10 En réalité le mot koimeterion a le sens de tombe singulière dans ses emplois les plus anciens : voir Rebillard, É., « Koimhthrion et Coemeterium : tombe, tombe sainte, nécropole », dans Mélanges de l’École française de Rome, « Série Antiquité-105 », 2, 1993, pp. 975–1001 Google Scholar, ici pp. 976-980. Ferrua, Cf. A., « Il Cimitero dei nostri morti », Civiltà cattolica, 109, 1958, pp. 273–285 Google Scholar, repris dans Scritti vari di epigrafia e antichità cristiane, Bari, Edipuglia, « Inscriptiones Christianae Italiae. Subsidia-3 », 1991, pp. 284-296, ici pp. 289-292.
11 Voir É. Rebillard, « Koimhthrion et Coemeterium… », art. cité ; id., « Les areae carthaginoises (Tertullien, Ad Scapulam, 3, 1) : cimetières communautaires ou enclos funéraires de chrétiens?», dans Mélanges de l'École française de Rome, «Série Antiquité-108 », 1, 1996, pp. 175-189 ; id., « L'Eglise de Rome et le développement des catacombes : à propos de l'origine des cimetières chrétiens », dans Mélanges de l’École française de Rome, « Série Antiquité-109 », 2, 1997, pp. 741-763.
12 En particulier la thèse selon laquelle l'Église cesse d'être constituée de groupes plus oumoins indépendants pour s'organiser selon le principe d'un épiscopat monarchique avant le 4e siècle est de plus en plus remise en cause : voir Brent, A., Hippolytus and the Roman Church in the Third Century: Communities in Tension before the Emergence of a Monarch- Bishop, Leyde, Brill Google Scholar, « Suppléments to Vigiliae Christianae-31 », 1995.
13 L'article de Mark Johnson, J., « Pagan-Christian Burial Practices of the Fourth Century: Shared Tombs? », Journal of Early Christian Studies, 5, 1, 1997, pp. 37–59 CrossRefGoogle Scholar, aborde quelquesunes des questions envisagées ici, mais, comme l'indique bien le titre, l'auteur cherche avant tout à expliquer la présence, bien attestée archéologiquement, de païens et de chrétiens dans un même lieu de sépulture.
14 Cyprien, Ep., 67, G. F. Diercks (éd.), Turnhout, Brepols, « Corpus christianorum. Séries latina-3C », 1996, pp. 446-462. Voir G. W. Clarke, The Letters of Cyprian, 4, New York, « Ancient Christian Writers-47 », 1989, pp. 139-142, pour les circonstances et la bibliographie.
15 Cyprien, Ep., 67, 6, éd. citée pp. 456-457 : Martialis quoque praeter gentilium turpia et lutulenta conuiuia in collegio diu frequentata et filios in eodem collegio exterarum gentium more apud profana sepulchra depositos et alienigenis consepultos…
16 Voir le témoignage de Commodien, qui écrit en Afrique au 3e siècle, dans Instructiones, 33 : De pompa f une ris, J. Durel (éd.), Paris, 1912, p. 120 : De funeris pompa sollicitus esse qui que ris, /Erras dei seruus, adhuc et in morte placere. […] Incusatus eris qui ob ista collegia quaeris. Cafissi, Cf. A., « Contributo alla storia dei collegi romani: i collegia funeraticia », Studi e ricerche dell'Istituto di Storia, Facoltà di Lettere e Filosofia, Università di Firenze, 2, 1983, pp. 89–111 Google Scholar, en particulier pp. 93-94 sur le funeraticium, c'est-à-dire la somme versée à la famille pour les dépenses des funérailles.
17 Voir À. Cafissi, art. cité, p. 107. Waltzing, J.-P., Étude historique sur les corporations professionnelles chez les Romains depuis les origines jusqu'à la chute de l'empire d'Occident, 4, Louvain, 1900, pp. 487–495 Google Scholar, donne un inventaire des cas connus par l'épigraphie.
18 A. Cafissi, art. cité, pp. 107-108.
19 Voir, par exemple, Wischmeyer, W., Von Golgatha zum Ponte Molle : Studien zur Sozialgeschichte der Kirche im dritten Jahrhundert, Göttingen, Vandenhoeck & Ruprecht, « Forschungen zur Kirchen- und Dogmengeschichte-49 », 1992, p. 151 Google Scholar ; H. Brandenburg, art. cité, p. 47, pour le texte de Tertullien ; V. Saxer, Vie liturgique et quotidienne à Carthage vers le milieu du 3e siècle : le témoignage de saint Cyprien et de ses contemporains d'Afrique, Rome, Pontificio istituto di archeologia cristiana, « Studi di antichità cristiana-29 », 1969, p. 295 et n. 139 pour le texte d'Hilaire.
20 Tertullien, , De idolatria, 14, 5, Waszink, J. H. et Van Winden, J. C M. (éds), Leyde, Brill, « Suppléments to Vigiliae Christianae-1 », 1987, pp. 50–51 Google Scholar : Licet conuiuere cum ethnicis, commori non licet.
21 Ibid. : Ubi est commercium uitae, quod concedit apostolus, ibi peccare, quod nemo permittit.
22 Cf. J. H. Waszink et J. C. M. Van Winden, op. cit., p. 234 : « Because death means sin, this statement is another wording of the previous one ».
23 Hilaire, , In Matthaeum 1, 11, Doignon, J. (éd.), Paris, Le Cerf, « Sources chrétiennes- 254 », 1978, pp. 192–193 Google Scholar : Non igitur obsequium humandi patris negauit, sed addendo : Remitte mortuos sepelire mortuos suos, admonuit non admisceri memoriis sanctorum mortuos infidèles, mortuos autem etiam eos esse qui extra deum uiuant. Je cite la traduction de J. Doignon.
24 J. Doignon, op. cit., p. 193, n. 15, où sont cités des textes parallèles de Cyprien.
25 Voir A. Cafissi, art. cité, pp. 98-105.
26 Les collèges ont surtout été étudiés par les historiens du droit, mais voir dans R. L. Wilken, The Christians as the Romans saw them, New Haven, Yale University Press, 1984, pp. 34-44, une description de la vie d'un collège dans ses activités religieuses, récréatives et sociales. Hopkins, Cf. K., Death and Renewal, Cambridge, Cambridge University Press Google Scholar, « Sociological Studies in Roman History-2 », pp. 211-217 et, dernièrement, Onno Van Nijf, M., The Civic World ofProfessional Associations in the Roman East, Amsterdam, Gieben, « Dutch monographs on ancient history and archaeology-17 », 1997.Google Scholar
27 Voir, en dernier lieu, Nicholson, O., « The “ Pagan Churches ” of Maximinus Daia and Julian the Apostate », Journal of Ecclesiastical Studies, 45, 1994, pp. 1–10 CrossRefGoogle Scholar, avec la bibliographie antérieure.
28 Julien, Ep., 84, 429d-430a, J. Bidez (éd.), Paris, Les Belles Lettres, « Collection des Universités de France », 1924, p. 144.
29 C'est l'expression qu'emploie, par exemple, C. Pietri, Roma christiana…, op. cit., t. 1, p. 131.
30 Depuis les ouvrages de vulgarisation : voir, à titre d'exemple, Hamman, A., La vie quotidienne des premiers chrétiens (95-197), Paris, Hachette, «La vie quotidienne», 1971, p. 163 Google Scholar, jusqu'aux travaux scientifiques récents : voir, là encore à titre d'exemple, H. Brandenburg, art. cité, p. 48, n. 106.
31 Voir Toynbee, J. M. C., Death and Burial in the Roman World, Londres, Thames & Hudson, « Aspects of Greek and Roman Life », 1971 Google Scholar; Lattimore, cf. R., Thèmes in Greek and Latin Epitaphs, Urbana, University of Illinois Press, 1962, pp. 220–224.Google Scholar
32 Aristide, Apologie, 15, 6, C. Alpigiano (éd.), Florence, Nardini, « Biblioteca Patristica- 11 », p. 118.
33 Justin, 1” Apologie, 67, 6, C. Munier (éd.), Fribourg, Éditions Universitaires, « Paradosis-39 », 1995, p. 122-123.
34 Tertullien, Apologeticum, 39, 5-6, Waltzing (éd.), Paris, Les Belles Lettres, « Collection des Universités de France », 1929, pp. 82-83 : Modicam unusquisque stipem menstrua die uel cum uelit, et si modo uelit et si modo possit, apponit. Nam nemo compellitur, sed sponte confert. Haec quasi deposita pietatis sunt. Quippe non epulis inde nec potaculis nec ingratis uoratrinis dispensatur, sed egenis alendis humandisque et pueris ac puellis re ac parentibus destitutis, [iam que] domesticis senibus iam otiosis, item naufragis, et si qui in metallis et si qui in insulis uel in custodiis, dumtaxat ex causa dei sectae, alumni confessionis suae fiunt.
35 Lactance, Institutions divines, 6, 12, 25, S. Brandt (éd.), Vienne, « Corpus scriptorum ecclesiasticorum latinorum-19 », 1890, p. 529 : Ultimum illud et maximum pietatis officium est peregrinorum et pauperum sepultura.
36 Ibid. : Quod illi uirtutis iustitiaeque doctores prorsus non attigerunt.
37 Ibid., 28 (éd. citée, p. 530) : Verum illi non audent dicere id non esse faciendum, sed si forte non fiât, nihil esse incommodi. Itaque in ea re non tam praecipientium quam consolantium funguntur officio, ut si forte id sapienti euenerit, ne se ob hoc miserum putet.
38 Ibid., 30 : Non ergo patiemur figurant etfigmentum deiferis ac uolucribus in praedam iacere, sed redemus id terrae, unde ortum est.
39 Augustin, De ciuitate dei, 1, 12, 1-2. Cf. infra à propos de De cura gerenda pro mortuis, 1-11.
40 Cela invite à nuancer fortement les développements d'Y. Duval sur ce modèle biblique (Auprès des saints, corps et âmes : l'inhumation « ad sanctos » dans la chrétienté d'Orient et d'Occident du3e au T siècle, Paris, Institut d'études augustiniennes, « Collection des Études augustiniennes », 1988, pp. 30-32). On peut remarquer par ailleurs que la figure de Tobie est absente de l'iconographie chrétienne : voir, dernièrement, Perraymond, M., « Tobia e Tobiolo nell'esegesi délia iconografia dei primi secoli », Bessarione, 6, 1988, pp. 141–154.Google Scholar Je n'évoque pas, en revanche, l'utilisation de la figure d'Abraham, dans la mesure où c'est pour son épouse et non pour un étranger qu'il prépare un tombeau, mais voir le beau dossier de Lauwers, M., « La sépulture des Patriarches (Genèse, 23) : modèles scripturaires et pratiques sociales dans l'Occident médiéval ou Du bon usage d'un récit de fondation », Studi Medievali, 37, 1996, pp. 519–547.Google Scholar
41 Prudence, , Liber Cathemerinon, 10, v. 69 ss, Lavarenne, M. (éd.), Paris, Les Belles Lettres, « Collection des Universités de France », 1955, p. 58.Google Scholar
42 Ambroise, De Tobia, C. Schenkl (éd.), Vienne, « Corpus scriptorum ecclesiasticorum latinorum-32 », 2, 1897, pp. 519-573. Ambroise évoque d'une ligne Tobie comme un exemple parmi d'autres de l’honestas dans le De officiis, 3, 16, 96, M. Testard (éd.), vol. 2, Paris, Les Belles Lettres, « Collection des Universités de France. Série latine-304 », 1992, p. 127.
43 Maxime, Sermo 41, 2, Mutzenbecher, A. et Banterle, G. (éds), Milan, Biblioteca Ambrosiana, « Scriptores circa Ambrosium-4 », 1991, p. 198 Google Scholar : Unde cum Christi contemplatione sepulturam omnibus debeamus, hic amore Christi patris deseruit sepulturam.
44 Paulin cite l'exemple de Tobie dans la lettre de consolation qu'il écrit à Pammachius pour la mort de sa femme à propos du soin apporté à la tombe de cette dernière (Ep., 13, 4) ; Augustin quand il loue le souci des chrétiens pour la sépulture de leurs proches (De ciuitate Dei, 1, 13 ; De cura gerenda pro mortuis, 3, 5).
45 Hippolyte, La tradition apostolique, 40, B. Botte (éd.), Paris, Le Cerf, « Sources chrétiennes-1 Ibis », 1968, pp. 122-123 : De locis sepulturae. Ne grauetur homo ad sepeliendum hominem in coemeteriis : res enim est omnis pauperis. Sed detur merces operarii ei qui effodit et pretium laterum. Qui sunt in loco illo et qui curam habent, episcopus nutriat eos ut nemo grauetur ex eis qui ueniunt ad haec loca.
46 Voir Faivre, A., « La documentation canonico-liturgique de l'Église ancienne », Revue des Sciences religieuses, 54, 1980, pp. 204–219 et pp. 237-297Google Scholar (repris substantiellement dans Ordonner la fraternité : pouvoir d'innover et retour à l'ordre dans l'Église ancienne, Paris, Le Cerf, «Histoire», 1992, pp. 361-394 et Metzger, M., «Nouvelles perspectives pour la prétendue Tradition apostolique », Ecclesia Orans, 5, 1988, pp. 241–259.Google Scholar Cf. la synthèse et la bibliographie proposées par E. Peretto dans son édition du Pseudo-Ippolito, Tradizione Apostolica, Rome, Città Nuova, « Collana di testi patristici-133 », 1996.
47 La personnalité et l'oeuvre mêmes d'Hippolyte ont fait l'objet de nombreux travaux dans le détail desquels il n'est pas possible d'entrer ici. La controverse est ouverte en 1947 par P. Nautin, Hippolyte et Josippe : contribution à l'histoire de la littérature chrétienne du 3” siècle, Paris, Le Cerf, 1947 et le dossier a beaucoup avancé grâce à deux tables-rondes de l'Istituto Patristico Augustinianum : Ricerche su Ippolito, Rome, « Studia Ephemeridis Augustinianum-13 », 1977 et Nuove Ricerche su Ippolito, Rome, «Studia Ephemeridis Augustinianum-30 », 1989. Dernièrement, voir A. Brent, op. cit. et le compte rendu de Simonetti, M., « Una nuova proposta su Ippolito », Augustinianum, 36, 1996, pp. 13–46.CrossRefGoogle Scholar
48 Cf. M. Metzger, art. cité, pp. 249-250, sur « la faiblesse de certains débats ». A.-G. Martimort, dans le dernier article où il défend l'oeuvre de B. Botte, tombe pleinement sous le coup d'une telle critique : voir Martimort, A.-G., « Encore Hippolyte et la “ Tradition apostolique ” », Bulletin de Littérature ecclésiastique, 92, 1991, pp. 133–144 Google Scholar, où il conclut que l'important est de reconnaître qu'il s'agit d'un texte du 3e siècle car il est le fondement de la liturgie actuelle et notamment de Vatican 2 (p. 137).
49 B. Botte, La Tradition apostolique de saint Hippolyte : essai de reconstitution, Münster, Aschendorff, « Liturgiewissenschaftliche Quellen und Forschungen-39 », 1963. L'autre rétroversion qui fait autorité est celle de G. Dix, The Treatise on the Apostolic Tradition of St. Hippolytus of Rome, Bishop and Martyr, Londres, Spck, 1968.
50 B. Botte, op. cit., pp. xvn-xx et pp. xxxvi-xxxvn.
51 Voir B. Botte, op. cit., pp. xxixxn et pp. xxxviixxxvni. Pour le Sinodos alexandrin, voir A. Faivre, Ordonner la fraternité, op. cit., pp. 366-367.
52 B. Botte, ibid.
53 Voir une présentation synoptique d'une traduction latine des trois textes dans Hanssens, J.-M., La liturgie d'Hippolyte : documents et études, Rome, Libr. editrice dell'Università gregoriana, 1970, pp. 144–145.Google Scholar
54 Comme B. Botte le dit lui-même, op. cit., p. xxxvm.
55 Voir supra n. 10.
56 Voir, par exemple, W. Wischmeyer, op. cit., pp. 148-162 ou C. Pietri, Roma christiana…, op. cit., p. 131.
57 Voir Coquin, R. G., « Le Testamentum Domini : problèmes de tradition textuelle », Parole de l'Orient, 5, 1974, pp. 165–188.Google Scholar
58 Testamentum Domini éthiopien, R. Beylot (éd. et trad.), Louvain, Peeters, 1984, p. 232. La version syriaque est éditée et traduite en latin par I. Rahmani, Testamentum Domini nostri Jesu Christi, Mainz, 1899, ici pp. 142-145. La traduction française de F. Nau, La version syriaque de l'Octateuque de Clément, Paris, 1913, est malheureusement fondée sur un texte composite : voir R. G. Coquin, art. cité, p. 168.
59 Ambroise, De Officiis, 2, 142, M. Testard (éd.), Paris, Les Belles Lettres, « Collection des Universités de France. Série latine-304 », 1992, pp. 73-74 : Sane si in sua aliquis deriuat emolumenta, crimen est ; sin uero pauperibus erogat, captiuum redimit, misericordia est. Nemo enim potest dicere : Cur pauper uiuit ? Nemo potest queri quia captiui redempti sunt ; nemo potest accusare quia templum dei est aedificatum ; nemo potest indignari quia humandis fidelium reliquiis spatia laxata sunt ; nemo potest dolere quia in sepulturis christianorum requies defunctorum est. In his tribus generis uasa ecclesiae etiatn initiata confringere, conflare, uendere licet.
60 Dans son commentaire, M. Testard, loc. cit., p. 189, écrit : « Ces deux phrases relatives au culte des morts paraissent désigner deux formes de dépenses pour le culte des défunts : d'une part, l'acquisition de terrain pour agrandir un cimetière qui était toujours bien délimité, et d'autre part, tous les frais engagés pour la confection de tombes, sepulturis, où l'on ensevelissait les défunts, qu'il y ait ou non quelque monument». La seconde phrase relative à la sépulture est plutôt une justification de la première : c'est parce que les morts trouvent le repos dans la tombe qu'il est légitime de vendre des vases sacrés pour procurer aux chrétiens qui en ont besoin un lieu de sépulture, ce qui n'exclut pas, par ailleurs, que les frais de la sépulture elle-même puissent être pris en charge, le cas échéant, par l'Église.
61 Comme l'indique le contexte : distribution (alimentaire) aux pauvres, rachat des prisonniers.
62 Il faudrait ajouter à ce dossier la versio syriaca de la Didascalie, traduction, au 4e siècle, d'un original rédigé en grec dans la première moitié du 3e siècle par un évêque de la région d'Antioche, dans laquelle le diacre pouvait être chargé d'enterrer les étrangers : voir Didascalia, Versio Syriaca, 3, 4, A. VÖÖBus (éd. et trad.), Louvain, « Corpus scriptorum christianorum orientalium-402 ; Scriptores syri-176 », 1979, p. 30. Cette information n'apparaît pas dans la versio latina de la Didascalie. 63. Brown, Peter, Power and Persuasion in Late Antiquity: Towards a Christian Empire, Madison, University of Wisconsin Press, 1993, pp. 71–117 Google Scholar : les évêques « lovers of the poor » ont cherché à asseoir leur pouvoir dans la cité en prenant soin, et donc en obtenant leur soutien, de catégories jusque-là exclues du modèle traditionnel de la cité antique (p. 91).
64 Voir É. Rebillard, « L'Église et les formes traditionnelles de l'assistance funéraire dans l'Empire romain (Ier-Ve siècles) », à paraître dans Antiquité tardive, 7, 1999.
65 Texte et traduction française par G. Combes, Paris, « Bibliothèque augustinienne-2/2 », 1948, pp. 462-523 (cité BA 2/2, suivi de la page dans les notes suivantes).
66 Voir M. Lauwers, op. cit. supra n. 2, p. 69 ss.
67 C'est le schéma d'interprétation proposé par Y. Duval, op. cit. supra n. 40 : voir une synthèse en conclusion pp. 203-223, plus particulièrement pp. 219-222 pour les « empreintes d'âme ».
68 Y. Duval, op. cit., où sont analysés ensemble textes littéraires, inscriptions et témoignages archéologiques.
69 Augustin, De cura, 1 (BA 2/2, 463).
70 Ibid., 2 (BA 2/2, 465) : Genere igitur uitae, quod gessit quisque per corpus, efficitur, ut prosint uel non prosint, quaecumque pro Mo pie fiunt, cum reliquerit corpus.
71 Au moment de la rédaction du premier livre de la Cité de Dieu pour répondre aux questions des chrétiens dont des proches avaient été laissés sans sépulture à Rome après le sac de 410 : voir Cité de Dieu, 1, 12-13.
72 Augustin, De cura, 3 (BA 2/2, 467).
73 Sur les croyances liées aux insepulti, voir Tertullien, De anima, J. H. Waszink (éd.), Amsterdam, 1947, pp. 565-566, à propos de De anima, 56.
74 Augustin cite Énéide, 6, 327-328 en De cura, 3 (BA 2/2, 467), y fait allusion à nouveau en De cura, 11 (BA 2/2, 489), évoque l'apparition en songe de Palinure à Énée (Énéide, 6, 33 ss) en De cura, 12 (BA 2/2, 493).
75 Augustin, De cura, 6 (BA 2/2, 474) : [… ] si nonnulla religio est ut sepeliantur, non potest nulla esse quando ubi sepeliantur attenditur. ([…] s'il y a de la piété à donner une sépulture, il ne peut pas ne pas y en avoir quand on fait attention au lieu de la sépulture).
76 Augustin, De cura, 9 (BA 2/2, 483-487).
77 Sur l'exemple des martyrs dans la pastorale d'Augustin, voir É. Rebillard, In hora mortis : évolution de la pastorale chrétienne de la mort aux IV et V siècles, Rome, École française de Rome, « Bibliothèque des Écoles françaises d'Athènes et de Rome-283 », 1994. p. 52 ss.
78 Augustin, De cura, 10 (BA 2/2, 487) : c'est leur foi en la résurrection des corps qui était éprouvée ; leur victoire en est un témoignage pour les chrétiens.
79 Ibid. : misera compassio.
80 Augustin, Sermon Dolbeau 7 (Vingt-six sermons au peuple d'Afrique, F. Dolbeau (éd.), Paris, Institut d'études augustiniennes, « Collection des Études augustiniennes. Série Antiquité- 147», 1996, pp. 297-303).
81 Augustin, Sermon Dolbeau 7, 1 (éd. citée, p. 302).
82 Ibid. Il ne s'agit vraisemblablement pas en revanche d'une inhumation ad sanctos, puisque la présence d'un martyr ou de ses reliques n'est pas même évoquée.
83 Augustin, Sermon Dolbeau 7, 1 (éd. citée, p. 302) : Nam mortuorum mérita adtenduntur, non in locis corporum, sed in adfectibus animarum.
84 Voir supra n. 69.
85 Augustin, De cura, 6 (BA 2/2, 476) : […] non sunt praetermittendae supplicationcs pro spiritibus mortuorum. Quas faciendas pro omnibus in christiana et catholica societate defunctis etiam tacitis nominibus eorum sub generali commemoratione suscepit ecclesia, ut quibus ad ista desunt parentes autfilii aut quicumque cognati uel amici ab una eis exhibeantur pia matre communi. G. Combès traduit à tort etiam tacitis nominibus par « même sans connaître leur nom ».
86 Saxer, V., Morts, martyrs, reliques en Afrique chrétienne aux premiers siècles : les témoignages de Tertullien, Cyprien et Augustin à la lumière de l'archéologie africaine, Paris, Beauchesne, « Théologie historique-55 », 1980, pp. 162–165.Google Scholar Kotila, H., Memoria mortuorum : commémoration ofthe departed in Augustine, Rome, Institutum Patristicum Augustinianum , « Studia Ephemeridis Augustinianum-38 », 1992 Google Scholar, ne s'intéresse qu'à la portée théologique de la prière des morts.
87 Martyrs : Augustin, Sermo 273, 7 ; 284, 5 ; 297, 3 ; 159, 1. Évêques : Gesta conlationis Carthaginiensis, 3, 230 ; Sermo 359, 6. Vierges : De uirginitate 45, 46. Commémoration générale des défunts : Enchiridion, 29, 110. Voir déjà Bishop, W. C., « The African Rites », Journal of Theological Studies, 13, 1912, pp. 250–277 Google Scholar : « Thèse notices imply a list of names of the martyrs, since with this is contrasted the commémoration of the ordinary faithful in which there is no list of names » (p. 257).
88 V. Saxer, op. cit., p. 150 ss.
89 Augustin, Confessiones, 9, 12, 32.
90 Augustin, Ep., 158, 2.
91 Possidius, Vita Augustini, 31.
92 Ce que V. Saxer, op. cit., p. 158 dit de la célébration anniversaire des morts me semble donc devoir être étendu à toutes les formes de souvenir des morts.
93 Augustin, Sermo 361, 6 ﹛pl, 39, 1602) : Et quod obiciunt quidam de scripturis : Frange panem tuum, et effunde uinum tuum super sepulcra iustorum, et ne tradas eum iniustis, non est quidem de hoc disserendum, sed tamen posse dico intellegere fidèles quod dictum est. Nam quemadmodum ista fidèles faciant religiose erga memorias suorum notum est fidelibus et quia non sunt ista exhibenda iniustis, id est, infidelibus, quia Iustus ex fide uiuit, etiam hoc fidelibus notum est.
94 Voir É. Rebillard, In hora mortis…, op. cit., p. 199 ss.
95 Pour une remise en cause de cette spécificité dans les premiers siècles, voir Grubbs, J. E., « “ Pagan ” and “ Christian ” marriage: The State of the Question », Journal ofEarly Christian Studies, 2 (4), 1994, pp. 361–412.CrossRefGoogle Scholar Cf. Ead., Law and Family in Late Antiquity: Constantine's Législation on Marriage, Oxford, Oxford University Press, 1995.
96 Pour un exposé classique, voir Gaudemet, J., Le mariage en Occident : les moeurs et le droit, Paris, Le Cerf, Histoire , 1997, p. 49 Google Scholar ss. Cf. C. Pietri, « Le mariage chrétien à Rome (IVe-Ve siècle) », dans Histoire vécue du peuple chrétien, J. Delumeau (dir.), Toulouse, Privât, 1979, vol. 1, pp. 105-131, repris dans Christiana respublica : éléments d'une enquête sur le christianisme antique, Rome, École française de Rome, « Collection de l'École française de Rome-234 », 1997, vol. 3, pp. 1543-1569. Pour les rites, voir K. Ritzer, Le mariage dans les Églises chrétiennes du Ier au XIe siècle, Paris, Le Cerf, « Lex orandi-45 », 1970 [trad. de Formen, Riten und religiôses Brauchtum des Eheschliessung in den christlichen Kirchen des ersten Jahrtausends, Munster, Aschendorff, « Liturgiewissenschaftliche Quellen und Forschungen- 38 », 1962].
97 Voir Reynolds, P. L., Marriage in the Western Church: The Christianization of Marriage during the Patristic and Early Médiéval Periods, Leyde, Brill, « Suppléments to Vigiliae Christianae-24 », 1994, p. 156 Google Scholar ss.
98 P. L. Reynolds, op. cit., p. 363 à propos d'Augustin ; cf. K. Ritzer, op. cit., p. 120 de manière plus générale.
99 J'emprunte l'expression à Dominique Iogna-Prat, Ordonner et exclure : Cluny et la société chrétienne face à l'hérésie, au judaïsme et à l'islam (1000-1150), Paris, Aubier, « Collection historique », 1998, pp. 11-12.
100 Brown, P., L'autorité et le sacré : aspects de la christianisation dans le monde romain. trad. par Loisel, T., Paris, Noêsis, 1998, p. 35 Google Scholar ss. Cf. É., Rebillard, «La “conversion” de l'Empire romain selon Peter Brown » (note critique), Annales, Histoire, Sciences sociales, 1999, n° 4, pp. 813–823.Google Scholar
101 É. Rebillard, « Koimhthrion et Coemeterium… », art. cité, pp. 999-1001.
102 Die römischen Inschriften Ungarns I, 85 (= AE 1972, 402). Inscription provenant de Savaria et datée du 4e siècle où est mentionné un custor cymiteri. Cf. Die rômischen Steindenkmäler von Savaria, Budapest, 1971, p. 118, n° 166.
103 P. Nepheros 12 et 36 : voir B. Kramer et J. C. Shelton, Das Archiv des Nepheros und verwandte Texte, 1, Mainz, von Zabern, « Egyptiaca Treverensia-4 », 1987, pp. 73-77 et pp. 119-121.
104 Grégoire Le Grand, Dialogues, IV, 49, 7, A. de Vogüé (éd.), Paris, Le Cerf, « Sources chrétiennes-265 », 1980, pp. 172-173.
105 Sur la fondation du monastère et l'activité de Césaire le concernant, voir Klingshirn, W. E., Caesarius of Arles: The Making of a Christian Community in Late Antique Gaul, Cambridge, Cambridge University Press, « Cambridge Studies in Médiéval Life and Thought- 23», 1994, p. 104 Google Scholar ss.
106 Vita S. Caesarii, 1, 57 et 2, 50.
107 Règle des vierges, 70, 4, A. de Vogüé (éd.), Paris, Le Cerf, «Sources chrétiennes- 345 », 199=8, pp. 268-269.
108 Vita S. Caesarii, 1, 57 (S. Caesarii opéra omnia. 2, G. Morin (éd.), Maredsous, 1942, p. 320) : « […] ut auferas sacris quas congregauerat uirginibus curam necessariae sepulturae
109 CÉSarie, Constitution, A. de Vogüé et Courreau, J. (éds) dans CÉSaire D'Arles, OEuvres monastiques, 1, OEuvres pour les moniales, Paris, Le Cerf, « Sources chrétiennes-345 », 1988, pp. 496–499 Google Scholar ; voir introduction p. 460 ss.
110 CÉSarie, Constitutum (éd. citée, pp. 496-498) : numquid iustum uidebitur, ut nos forts eiciamur quandoque sepeliendae, quibus uoluit deus sicut uitae unum esse ouile, ita et aream unam esse in possessione sepulcri ?
111 Isidore De Séville, Régula monachorum, 24 ﹛PL 83, 893-894 : Corpora fratrum uno sepelienda sunt loco, ut quos uiuentes charitatis tenuit unitas, morientes unus locus amplectatur. Je tiens à remercier M. Lauwers pour m'avoir signalé ce texte.
112 Voir Veilleux, A., La liturgie dans le cénobitisme pachômien au 4e siècle, Rome, Herder, « Studia Anselmiana-57 », 1968, pp. 377–378.Google Scholar
113 Adomnanus, Vita S. Columbae, 92a, A. O. et M. O. Anderson (éds), Oxford, 1991, pp. 432-433 : In uno meorum morieris monasterium, et cum electis erit pars tua meis in régna monacis, cum quibus in resurrectionem uitae de somno mortis euigelabis.