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Published online by Cambridge University Press: 25 May 2018
Le baron d'Holbach n'a pas eu de chance. On ne dispose pas d'une édition complète, exhaustive et scientifique de son oeuvre ; sa correspondance est dispersée et mal connue. L'étude de ses ouvrages se heurte, bien sûr, au problème complexe des attributions clandestines et de la diffusion cachée ; elle a donné lieu à un débat qui porte sur deux points principaux : en premier lieu, dans quelle mesure peut-on arriver à une identification définitive des travaux personnels de d'Holbach dans des ensembles collectifs — l'Encyclopédie, la Correspondance Littéraire, le Militaire Philosophe — ? Interrogation difficile étant donné les prête-noms ; en second lieu, quels ont été les supports sociaux de la doctrine et des idées holbachiennes ? Cette deuxième question reste tout à fait présente, car elle met en cause le rôle des courants matérialistes dans la pensée des Lumières. Certains, comme P. Naville, voient dans le baron, un rôle premier, fécond et décisif et dans son oeuvre la « terre nourricière » du premier communisme.
On the basis of a reading of the book by A. C. Kors, this article considers the link between sociability and politics in the second half of the eighteenth century. Beyond the friendships resulting from closeness in âge and a common provincial origin, the habitués of Holbach's salon were distinguished by a common pattern of behavior. The essential thing for members of this group was to have rejected the self-censorship of the ordinary salons and to play the game ofa provocative audacity. Thus, these people, who were integrated into the old society, were able, despite real danger, to voice radical opinions. Nevertheless, for them the Révolution constituted a fundamental break, during which the phenomenon of the double consciousness of the intellectual was clearly unmasked.
A propos de A. C. Kors, D'Holbach's coterie, an enlightenment in Paris, Princeton, 1977.
1. J. Lough, « Le baron d'Holbach, quelques documents inédits », dans Revue d'histoire littéraire de la France, 1957, pp. 524-543 et ibid., Studies in I8th century, New York, 1965. La correspondance d'Holbach est en cours d'édition en Allemagne par le Dr Hermann Sauter de Mayence.
2. Proust, J., Diderot et l'Encyclopédie, Paris, 1962 Google Scholar, plus particulièrement le chapitre iv, et ibid., son compte rendu dans la Revue d'histoire littéraire de la France, 1967, du second travail de J. Lough.
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Ce comptage rassemble les éditions recensées par Cioranescu, Bibliographie de la littérature française du XVIIIe siècle, Paris, 1969, et dans l'Histoire littéraire de la France, Paris, 1969.
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8. A. C. Kors, D'Holbach's coterie, an enlightenment in Paris, Princeton, 1977 ; cf. aussi D'Holbach et ses amis, bibliographie établie par J. VERCRUYSSE avec une introduction brève mais importante en ce qui concerne les problèmes d'édition et de diffusion, Hachette, Micro-édition, Paris, 1973.
9. Ch. Lavigne, Avezac, Diderot et la société du baron d'Holbach, Paris, 1875Google Scholar, avait le premier défini la coterie comme un groupe uniforme.
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13. AN, minutier des notaires, étude XIX, 517, 518, 5-10 sept. 1753, 7 nov. 1753. La fortune de l'oncle d'Holbach est organisée en trois masses : les meubles, meublants, chevaux, hardes et bijoux, plus de 12 000 livres ; les billets et actions, les rentes perpétuelles et viagères sur la tête de ses neveux, près de 600 000 livres ; l'argent comptant 25 437 livres qui ne suffit à rembourser 28 337 livres de dettes. L'inventaire et le partage ne signalent pas de biens fonciers. Il revient aux deux héritiers moins de 300 000 livres.
14. Si l'on calcule l'âge en 1750, ou au moment où le personnage considéré entre dans le groupe, entre 1750-1770, Diderot a 37 ans ; d'Holbach, 27 ; Grimm, Le Roy, Marmontel ont le même âge ; l'abbé Raynal a 37 ans ; mais Roux, 25 ; Saint Lambert, 34 ; Morellet, 26 ; Galiani, 22 ; Helvétius, 35 ; Darcet, 26 ; Boulanger, 28 ; Suard a 17 ans en 1750 ; Chastellux, 16 ans -, Naigeon, 12 ; ils auront moins de trente ans quand ils entreront dans le groupe.
15. D'Holbach et Grimm sont d'origine allemande, Diderot est Champenois; Marmontel, Limousin ; Raynal, Languedocien ; Roux, Bordelais ; Suard, Comtois ; Saint Lambert, Lorrain ; Darcet est Girondin, Galiani est Italien et Morellet, Lyonnais. Restent, nés à Paris ou à Versailles, Le Roy, Naigeon, Helvétius et Boulanger.
16. A. C. Kors, op. cit., pp. 41-146.
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18. Seuls Chastellux, Le Roy — encore qu'il soit par sa naissance proche des milieux courtisans — d'Holbach — encouragé toutefois par son oncle grand financier — et Diderot, échappent pour une part à ce schéma.
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20. A. C. Kors, op. cit., pp. 253-256, l'auteur discute plus particulièrement le cas de Diderot pour lequel il arrive à une conclusion nuancée : « Son style dans la société a pu être très différent de celui de la plupart de ses amis mais il ne vit pas dans un monde très différent » -, et celui de Naigeon qui, vers quarante ans, suivait la même route que ses proches.
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