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Meubles et acculturation : Bédouins et Sédentaires dans la Civilisation Caufienne

Published online by Cambridge University Press:  25 May 2018

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Après la conquête arabe, des éléments sédentaires (persans, byzantins, de vieille souche araméenne, etc.) et des éléments nomades provenant de l'Arabie se trouvèrent devant la nécessité de vivre côte à côte. Ils se heurtèrent bientôt à une difficulté inévitable : quel style de vie adopterait la nouvelle société hétérogène? Les petits contacts quotidiens, les hésitations, les conflits latents entre usages différents, la rencontre féconde de traditions et de concepts variés, les compromis, toutes ces étapes de la prodigieuse évolution d'un style de vie musulman ne nous sont qu'imparfaitement connues. Il faut donc avoir recours à tout moyen possible pour examiner la vie quotidienne de l'époque, surtout sous son aspect domestique. L'étude des objets domestiques et de leur usage nous apportera un témoignage modeste, objectif pourtant.

Type
L'histoire Sauf L'europe
Copyright
Copyright © Les Éditions de l’EHESS 1970

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References

page 1355 note 1. D'après une tradition historico-légendaire, à l'époque pré-islamique, le roi persan sassanide Khosnô Anâcharvân aurait eu la curiosité de comparer (non sans malice) certaines civilisations « développées » (dont par exemple celles de la Chine et de l'Inde et comp. avec 1356, n. 3) avec la vie des Arabes nomades. Ces derniers envoyèrent une délégation pour riposter et manifester leur valeur. L'éloge porte aussi (ou essentiellement) sur des aspects matériels de la vie, comme les vêtements, l'habitation etc. Cf. al-Mas'ûdî, Murûdj adh-dhahab (Paris, 1861-1877), III, pp. 245-249 et Ibn Abd Rabbihi, al-Iqd al-farîd (le Caire, 1940), II, pp. 4-19 (surtout pp. 4-5). Des «comparaisons » d'un type très semblable, sous-entendues (ou même consciemment introduites par le texte…), illustrent les recueils littéraires (comme ibid. vol. III, passim (par exemple le chapitre Kalâm al-arab et cf. surtout pp. 477-496; Ibn al-Djawzî, Akbâr al-hamqâ (Damas, 1345 de l'Hégire), pp. 86-91 ; al-Ibshîhî, al-Mustatraf (Le Caire, 1348 de l'Hégire), II, pp. 311-314). Ces passages, qui décrivent plusieurs rencontres entre bédouins et sédentaires de l'époque musulmane, témoignent (au nom des Arabes sédentaires et des sédentaires islamisés et arabisés?) tantôt de la sympathie envers les bédouins, tantôt d'une certaine ridiculisation subtile et assez restreinte (de leur apparence et de certaines de leurs mœurs).

page 1355 note 2. Abu-l-Faradj al-Isfahâni, al-Aghânî, Le Caire, 1927, XIII p. 179 et sq. (cf. aussi Ibn Abd Rabbihi, op. cit. III p. 486 et sq. et une version abrégée : al-Husrî, Djam’ (Le Caire, 1353 de l'Hégire) pp. 196-197).

page 1355 note 3. Ibid. : Nâhid ibn Thawma (poète de la première moitié du IXe siècle) et Haytham ibn Adî (+ 821-4).

page 1355 note 4. Abu-l-Faradj al-Isfahâni, loc. cit. : « un bédouin grossier, comme un animal sauvage » Une autre histoire qui décrit un bédouin, encore plus fruste : cf. Ibn Abd Rabbihi, op. cit. III pp. 490-498 (c'est ainsi qu'il est défini par la source même).

page 1356 note 1. H.A.R. Gibb « The Social Significance of the Shuubiya », dans Studies on the Civilization of Islam (Boston, 1962), p. 66.

page 1356 note 2. Cf. I. Goldziher, Muhammedanische Studien (Halle, 1888-1890), pp. 147-176. Remarquons les divers secteurs de la vie quotidienne mentionnés par les Shu'ûbistes (ibid. pp. 158-168) ; H.A.R. Gibb, op. cit. pp. 62-73 ; Ch. Pellat, Le Milieu basrien (Paris, 1953), passim (surtout pp. 221-222).

page 1356 note 3. G. Lecomte, dans Ibn Qutayba (Damas, 1965), p. 350 ; cette référence correspondrait à la page 284 de l'édition faite par Kurd Alî, de Kitâb al-arab d'I. Q. dans le recueil Rasâ'il al-bulaghâ (comp. avec I. Goldziher, op. cit., I pp. 168-169). Notons pourtant que déjà al-Djâhiz (contemporain d'I. Q. mais plus âgé) mentionne ce raisonnement des Shu'ûbistes, dans al-Hayawân (Le Caire, 1938), V, 442-3 ; mais il le fait en passant. C'est ailleurs qu'il défend la cause des Arabes et attaque la Shu'ûbiyya (cf. infra note 6). Or sa riposte à ce raisonnement ne nous a pas été conservée. Nous pouvons deviner ce qu'elle devait être d'après un passage où il défend la cause d'une tribu arabe accusée (par des adversaires arabes sans que ce soit dans le cadre d'un antagonisme pro-arabe antiarabe) d'avoir l'habitude de manger des chiens (al-Hayawân. II, p. 125) : comparez avec le texte d'ar-Râghib-al-Isfahânî, Muhâdarât-al-udabâ, Beyrouth, 1960-1961, II, pp. 626-627). Ce même auteur sait apprécier et comparer des types divers de civilisations. Voir par exemple, de lui, Fakhras-Sudân (dans Rasâil Le Caire, 1964), I, pp. 212, 214 (il fait valoir la supériorité de l'Inde en ce qui concerne les sciences, les industries, les arts, les jeux, l'hygiène, la cosmétique.)

page 1357 note 1. Ibn Qutayba, op. cit. p. 284. cf. aussi note précédente. L'auteur fait allusion à la cuisine persane raffinée (ibid. pp. 285-7).

page 1357 note 2. Ibid. p. 274 (les tapis, la soie, le brocard — ces deux derniers sont mentionnés deux fois).

page 1357 note 3. Ibid. pp. 273, 274 (le trône. Comp. avec E. Herzfeld, « Der Thron des Khosro », Jahrbuch der preuszischen Kunstasammlungen, XLI, 1920, pp. 103-147.

page 1357 note 4. M. Rodinson, « Recherches sur les documents arabes relatifs à la cuisine, » R.E.I., XVIII (1949), pp. 95-165, qui fait une brève allusion à la continuité des héritages persans, ibid. pp. 147-148 et cite le même dessert que mentionne Ibn Qutayba, cf. supra note 1. Notons qu'en dehors des documents relatifs à la cuisine et qui donnent les recettes des plats, la littérature arabe aime à traiter de ce sujet (sans donner les recettes), tantôt en insistant sur les mets des ancêtres arabes, tantôt en détaillant aussi (ou surtout) les plats persans : par exemple, Ibn Qutayba, Uyûn (Le Caire, 1925) III, pp. 197-301 (plats arabes surtout) ; Ibn Abd Rabbihi, op. cit. VI, pp. 290-334 (mets d'origines diverses, surtout arabes) ; al-Husrî, Zahr (Le Caire, 1931), II, p. 4 sq. (beaucoup de mets persans). Ar-Râghib al-Isfahânî, op. cit. ( Beyrouth, 1960), II, pp. 609-620 (choix équilibré de mets arabes et persans).

page 1357 note 5. R.B. Serjeant, « Material for the Hist. of Islamic Textiles, Ars Islamica (1942-1945), IX, pp. 54-92, X, pp. 71-104, XI, pp. 98-105, XIII-XIV, pp. 75-117, XV-XVI, pp. 29-86, donne des descriptions (et une riche bibliographie) des régions fabriquant les textiles, dont par exemple les les régions iraniennes (surtout Fârs et la côte de la mer Caspienne), l'Egypte etc., où la continuité des anciennes traditions artisanales se manifeste clairement.

page 1357 note 6. Les écrivains font appel à d'autres « raisonnements » polémiques des shu'ûbistes : l'usage et la fabrication d'armes. Al-Djâhiz, al-Bayân, Le Caire, 1932, III, p. 13 et sq.Ibn Qutayba, Kitâb al-arab (dans l'éd. citée supra), p. 274. Us ripostent à l'attaque shu'ubiste qui ridiculise les Arabes en ce domaine. Pourtant, hors de la polémique avec les shu'ûbistes, al-Djâhiz se sent plus libre de reconnaître, dans des contextes divers, la priorité et même parfois, la supériorité de certains autres éléments ethniques, en divers domaines, dont précisément la fabrication d'armes (!) ainsi que, dans la stratégie, l'arithmétique, les jeux et le sport, l'art (sculpture et danse, par exemple), l'artisanat, certaines sortes de vêtements, l'hygiène, la cosmétique, etc. cf. al-Dhâhiz, Rasâ'il (Le Caire, 1964), I, 19-21, 45, 223, 224.

page 1358 note 1. Cf. supra, p. 1357, n.3.

page 1358 note 2. Précisément dans le domaine de la vie quotidienne des individus (le savoir-vivre, l'utilisation d'objets divers, les bonnes moeurs, etc.), la littérature des « traditions » est très abondante en exemples, qu'elle tire tous de la vie du Prophète : cf. I. Goldhizer, op. cit. II, pp. 18, 25.

page 1358 note 3. Par exemple, Ibn Sa'd, Tabaqât (Leyde, 1321-59 de l'Hégire), 1/2 p. 157 ; al-Bukhârî, as- Sahih (Leyde, 1862), IV, p. 221 ; Muslim, as-Sahîh (Le Caire, 1955), III, p. 1650 ; Abu Dâwûd, Sunan (le Caire, 1950), IV, pp. 99-100 ; at-Tirmidhî, Sunan (le Caire, 1292 de l'Hégire), I, pp. 326-7 ; Ibn Mâdja, Sunan (le Caire, 1313 de l'Hégire), II, pp. 1390-91 ; Ibn Hayyân (Ibn ash-Shaykh), Akhlâq (Le Caire, 1959) pp. 166-168. Ces références nous enseignent que de simples matelas (ou même deux peaux étalées par terre) servaient de lit au Prophète (à sa famille etc.).

page 1359 note 1. On trouve un sartr à cadre utilisé, en tant que lit (même lit conjugal), par le Prophète, par sa famille, par sa tribu à la Mecque et par des gens de sa génération : Ibn Hanbal, Musnadfhe Caire, 1316 de l'Hégire), I, pp. 158, 381; VI, pp. 143, 269; al-Bukhârî, op. cit. IV, p. 221 ; Ibn Mâdja, op. cit. II, pp. 1390-91 ; al-Balâdhurî, Ansâb (Le Caire, 1959) p 525; Ibn Hayyân, op. cit. p. 174; al-Balawî, al-Alif-bâ’ (Le Caire, 1287 de l'Hégire), I, p. 131 ; an-Nuwayrî, Nihâyat (Le Caire 1923), XVIII, pp. 289-290. Ces sources précisent souvent que les sartr en question sont faits en bois. Cette matière première compose le cadre (comp. avec al-Asma'î, ar-Rahl, dans Dix anciens traités, éd. Haffher/Cheikho, Beyrouth, 1908 p. 124, d'autres témoignages postérieurs sur un lit en bois, cf. les notes infra, passim) tandis que le dessus est fait de fibres végétales entrelacées (celles-ci laissant leurs empreintes sur le dos du Prophète, car il y couche sans étaler ni couverture ni matelas!) Cette tradition artisanale existait longtemps avant la génération du Prophète et durera longtemps après (dès l'Antiquité: cf. par exemple H. S. Baker, Furniture, Londres, 1966, pp. 23, 74, 105, 123, 145, 178, 219-222, jusqu'à l'époque de Maïmonide au xne siècle : Commentaire sur la Michna, Teharot, Berlin, 1886-1887 I, pp. 137, 164).

page 1359 note 2. Ibn Hanbal, loc. cit. (et comp. avec al-Djâhiz, al-Hayawân, Le Caire, 1938, I, 279) parle d'objet ou même d'être vivants, cachés sous le sartr, c'est-à-dire qu'il y a un vide entre le sol et le cadre du lit. Al-Balâdhurî, loc. cit. parle des « pieds », qwâ'im, du sartr du Prophète. Ces lits du début de l'histoire musulmane doivent être comparés avec les lits postérieurs, mentionnés par al- Djâhiz, op. cit. IV, p., 117, où un objet est caché sous un sartr ; ainsi qu'at-Tabarî, Ta'rtkh (Leyde, 1879-1880) série III, p. 398, Ibn at-Tiqtaqâ, al-Fakhrt (Le Caire, 1340 de l'Hégire), p. 207, Alflayla (éd. M. Habicht, Bresleau, 1825), I, p. 153 ; IV, p. 359.

page 1359 note 3. « Occidental » proprement dit serait une expression un peu déplacée dans ce contexte. Car il faut rejeter catégoriquement l'assertion de ceux qui nient complètement l'existence de certains meubles à pieds, dont le lit (A. Mez Die Rennaissance des Islams, Heidelberg, 1922, p. 365). Il est vrai que, dans certaines civilisations, on tend (par l'utilisation plus communément répandue de meubles à pieds, cf. infra, passim) à « s'éloigner » du niveau du sol; mais en ce qui concerne les lits à cadre, tout au moins, il faut admettre leur existence (répandue ou non) dans plusieurs civilisations anciennes, en Asie et en Europe aussi bien qu'à Byzance et dans le monde musulman. Cf. Ch. Daremberg, E. Saglio, Dict. des antiquités, Paris, 1877-1919; R. Flacelière, La vie quotidienne en Grèce, Paris, 1959, pp. 35-36 (et pi. X en haut) ; J. Carcopino, La vie quotidienne à Rome, Paris, 1939, p. 56 ; H.S. Baker op. cit. pp. 22-26, 36, 47, 103-106, 143, 145, 178, 202-203, 253, 266, 273, 275. K. Weitzmann, Ancient Book-Illustrations (Cambridge, Mass., 1959), pi. XXIX fig. 63-a et 64.

page 1359 note 4. Sur sartr, dans le sens de banquette ou de lit, à la première génération du monde musulman, cf. supra note 1. Les sièges (sartr) des califes omeyyades ainsi que de quelques-uns des premiers califes abbasides étaient souvent très longs. La preuve : ces califes ont l'habitude d'inviter parfois un de leurs visiteurs favoris à prendre place à leur côté, sur le même « trône ». Ce siège, suffisant pour deux personnes assises « à l'orientale » (!) doit avoir la longueur d'un lit : cf. Ibn Hanbal, op. cit. IV, p. 399 (une tradition concernant le calife Mu'âwiya) ; al-Djâhiz, al-Bayân (Le Caire, 1932) I, pp. 242, 259 ; Ibn Qutayba, Uyûn (Le Caire, 1925), I, p. 271 ; al-Isfahânî, op. cit., IV, p. 117, VIII, p. 143 ; Ibn al-Mu'tazz, Tabaqât (Le Caire, 1956), p. 39 ; al-Djahshiyârî al-Wuzarâ’ (LeCaire, 1938), p. 50 ; at-Tawhîdî, al-Basâ'ir (Le Caire, 1953) p. 111 ; Ibn Abd Rabbihi, op. cit. II, p. 72, IV, pp. 5,15 ; al-Ibshîhî, al-Mustatraf(Le Caire, 1348 de l'Hégire), I, p. 90. Comp. avec lemot(d'origine persane) takht, qui, lui aussi, signifie à la fois banc, siège et trône (al-Husrî, Zahr, Le Caire, 1952-3, II, p. 828 ;Ibn al-Djawzî,a/-Af«n/azaw,Haiderabad, 1375de l'Hégire,IX,p. 141, X,p. 42 ; al-Maqrîzî, al-Khitat, Le Caire, 1270 de l'Hégire, I, pp. 410, 471 ; al-Itlîdî, Vlâm, Le Caire, 1323 de l'Hégire, p. 116) aussi bien que lit (cf. az-Zamakhsharî, Muqaddimat, Téhéran, 1963,1, p. 152 ; Alflayla, dans l'éd. cit. supra, I, p. 282, V, p. 250, VII, p. 371 et comp. avec le document provenant de la Geniza du Caire, Oxf. MS. Heb. . d. 66, fol. 47-a).

page 1360 note 5. Des sarîr, même lorsqu'ils sont utilisés dans des palais (non pas pour une audience, mais dans l'intimité) peuvent être définis (du point de vue de la fonction) comme des sofas. Exemples de scènes de la vie intime, réunions d'amis, accompagnées de chants et de musique, dans lesquelles les sarîr sont utilisés presque comme les banquettes qu'on voit en abondance dans l'iconographie de réunions diverses en Grèce ancienne : Cf, par exemple, la description d'al-Isfahânî, op. cit. IV, pp. 116- 117, VII, p. 313, VIII, p. 296 ;cf. aussi al-Husri, op. cit. I, p. 239. L'évolution sémantique de sarîr permet l'application du termes aux bancs simples : cf. Ibn Rusta, al-A'lâq (Leyde, 1906) pp. 120-121.

page 1360 note 1. Contrairement à ce qu'admet A. Mez, Die Renaissance des Islams, p. 365 et comp. avec les notes 2 et 3 de la page précédente.

page 1360 note 2. Du verbe « farasha » = étaler, déployer. Déjà, dans le Coran, LV, verset 54, Cf. az-Zamakhsharî, op. cit. I, p. 367 ; Ibn Manzûr, Lisân (Beyrouth, 1955), VI, p. 327 sq. ; az-Zabîdî, Tâdj (Le Caire, 1306 de l'Hégire), IV, p. 331 sq. E. Lane, Arab. Eng. Lex. (Londres, 1863-1893), p. 2370. Notons que ce nom de « matelas », dérivé du verbe « étaler », signifie n'importe quelle matière mise par terre (pour s'étendre dessus) et, figurativement, même quand il n'y a rien on peut parler d'un firâsh (cf. al-Hamadhânî, Maqâmât, Beyrouth, 1924, p. 53). Il faut comparer le firâsh, terme général de matelas, etc., avec d'autres termes et avec des formes plus spécifiques de matelas et de couches molles à diverses époques ; ainsi mafrash (cf. Abu Nuwâs, Diwân, éd. 1962, p. 512 ; al-Harîrî, Maqâmât, Paris, 1848, p. 502 et cf. aussi A. Grohmann, Arabie Papyri, le Caire, 1934-1962, VI, p. 108 où le contexte est favorable à l'interprétation « matelas », plutôt qu'à « selle », que l'éditeur propose) ; didjâ’ (cf. Ibn Sa'd, op. cit. 1/2 p. 157, Ibn Mâdja, op. cit. II, p. 1390) ; madraba (cf. at-Tabarî, op. cit. série III, p. 393 ; M. Canard, Ibn Fadlân, Ann. Ist. Et. Or., XVI, p. 12, où il s'agit d'un objet hors du monde musulman, mais toutefois dans le langage d'un musulman ; matrah (cf. al-Djâhiz, al-Hayawân (Le Caire, 1938), II, p. 161 ; Idem, Rasâ'il(èà. A.-S. Harûn, Le Caire, 1964), I, p. 393 ; Al-Muqaddasî, Ahsan at-tqâsîm, Leyde, 1906, p. 180; Kushâdjim, Diwân, Beyrouth, 1313 de l'Hégire, p. 55 ; al-Azdî, Hikâyat Abi-l-Qâsim (Heidelberg, 1902), ath-Tha'âlibî, latâ'if, (Leyde, 1868), pp. 111,132 ; Ibn al-Djawzî, al-Muntazam (Heiderabad, 1375 de l'Hégire), V, p. 125 ; et comp. avec les documents de la Geniza du Caire, Oxf. MS. Heb. a. 3 (2873). fol. 42 ; Camb. T-S. 12. 653; T-S. 20. 48 ; T.-S. 24. 15 et le document publié par S.D. Goitein, Leshonenu XXX (1966) p. 210 ; ce terme est à l'origine de « matelas » « mattress » et « Mataraze » dans les langues européennes cf. J. et W. Grimm, Deutsches Wôrterbuch (Leipzig, 1885 ), VI, p. 1753 ; Oxford Dict. (Oxford 1933), VI, p. 244 ; A. Dauzat, J. Dubois, H. Mittérand, Nouv. dict. étym. Paris, 1964, p. 45) et tarrâha (cf. al-Azdî, loc. cit., al-Maqrîzî, op. cit. I, p. 408 ; Al-Qalqashandî, Subh (Le Caire, 1913), III, p. 491 ; Alflayla, dans l'éd. citée, II, pp. 24, 60, 117, et les documents de la Geniza du Caire : Vienne-Rainer — 19 et 20, Camb. T-S. 24. 80 ; cf. aussi E. Ashtor dans JESHO, VI, 1963, p. 175 ; I. Friedlander, Der Sprachgebrauch Maimonides (Francfort, 1902), p. 69 et comp. avec al-Qâsimî, Sinâ'ât (Paris, 1960), p. 473.

page 1360 note 3. En tant que lit (couche nocturne) ou en tant que sofa. Ses usages et ses qualités reflètent les classes sociales de leurs usagers : Esclaves et misérables sont dépourvus de firâsh (d'où il ressort que ce dernier est l'ameublement minimum) : cf. Ibn Qutayba, op. cit. I, p. 253 ; at-Tabarî, op. cit. ; série III p. 1373 ; al-Ibshîhî, op. cit. II, p. 323. Matelas « improvisés » de feutre, de lambeaux de coton, etc, de haillons ou de fourrures bon-marché étalées par terre : cf. al-Mas'ûdî, op. cit. VI, p. 407 (comp. avec Ibn Khallikân, Wafâyât, Le Caire, 1948-9, III, p. 227), at-Tanûkhî, al-Faradj, (le Caire, 1955), pp. 139, 216. (cf. aussi idem, Nishwâr, Paris 3482, fol. 59-b) ; al-Harîrî, op. cit. p. 374 ; Vrais matelas rembourrés : cf. Abu-I-Faradj al-Isfahânî, op. cit. VI, p. 71, at-Tanûkhî, op. cit. pp. 216, 278 ; al-Hamadhânî, op. cit. p. 88 ; ar-Raqîq al-Qayrawânî, Qutb, Paris 3302, fol. 139-a ; ar-Râghib al-Isfahânî, Muhâdarât (Beyrouth, 1961), II, p. 443. Certains de ces matelas sont en matières de.choix (soit : des étoffes luxueuses pour l'enveloppe et du duvet pour le rembourrage) et appartiennent aux gens les plus aisés : cf. Abu-I-Faradj al-Isfahânî, op. cit. II, p. 136 ; al-Djahshiyârî, al-Wuzarâ” (Le Caire, 1938), p. 274 ; al-Khâlidyyân, at-Tuhaf(Le Caire, 1956), pp. 161,172 ; comp. avec R. B. Serjeant, « Islamic Textiles », Ars Islamica, XIII/XIV (1948) p. 79. Cf. aussi le document provenant de la Geniza du Caire, Oxf. MS. Heb. a. 3 (2873) fol. 43-a, et les données publiées par E. Ashtor, dans JESHO, VI (1963) P. 175.

page 1361 note 1. Abu-I-Faradj al-Isfahânî, op. cit. VI, p. 71 (un calife omeyyade s'étend sur un firâsh ; et comp. avec ibid. II, p. 136 : un calife omeyyade s'y assied) ; at-Tabarî, op. cit. série III, p. 668 (la couche nocturne d'un calife abbasside et comp. avec ibid, p. 529 : un matelas servant de siège à un calife abbaside) ; al-Gahshiyârî, op. cit. p. 274 (le matelas sur lequel s'allonge un calife abbasside). Notons que farsh et firâsh sont ainsi devenus les termes signifiant le trône (primitif) du calife (cf. D. Sourdel, dans R.E.I., XXVIII, 1960, pp. 130-131 et on peut ajouter aux références de cet auteur : al-Ya'aqûbî, at-Ta'rikh, éd. 1892, II, p. 614) mais dans les cas cités plus haut les descriptions de firâsh suggèrent qu'il s'agit de matelas (avec coussins) sur lequel on dort la nuit et on s'assied pendant la journée.

page 1361 note 2. Al-Djâhiz, al-Hayawân (dans l'éd. citée), IV, p. 117. Il s'agit d'une personne qui se réveille plusieurs fois pendant la nuit, se lève de son firâsh et avance vers le sarîr (qui se trouve donc en face) pour chercher l'origine d'une lumière blafarde qu'il voit tout le temps clignoter sous le sarîr. Cette personne n'utilise donc pas le sarîr comme couche nocturne, mais le firâsh qu'il étale en face…

page 1361 note 3. Le calife al-Mu'tamid (+ 891) s'assoient souvent, en audience, accoudé sur un sarîr donc on pourrait dire : un siège royal, mais il suspend souvent l'audience, par un signe connu (il lève une jambe…) et vite il s'allonge au dessus, cf. at-Tanûkhî, al-Faradj (Le Caire, 1955), p. 166.

page 1361 note 4. Le gouverneur égyptien Khumarawayhi (+ 895) dort tantôt « par terre » (vraisemblablement après avoir recouvert le sol d'une couche molle quelconque : matelas, tapis etc.), tantôt sur un vrai lit : son sarîr, cf. al-Maqrîzî, op. cit. I, p. 317.

page 1361 note 5. Le calife al-Mu'tadid (+ 902) dort la nuit sur le sarîr qui lui sert également pour la sieste, cf. Ibn al-Djawzî, op. cit. V, p. 127 et comp. avec al-Ibshîhî, op. cit., I, p. 147.

page 1361 note 6. Le vizir Ibn al-Furât (+924) dort ( comme dans le dernier exemple) habituellement sur le sarîr, cf. as-Sâbî, al-Wuzarâ’ (Leyde, 1904) p. 110 (même récit : at-Tanûkhî, Nishwâr, Paris 3482, fol. 167-a ; Ibn al-Djawzî, Akhbâr al-hamqâ, Damas, 1345 de l'Hégire, p. 35). Un malade couché sur son sarîr, cf. at-Tanûkhî, al-Faradj (Le Caire, 1955), p. 316. Le héros des Maqâmât d'al-Harîrî (l'éd. citée) I, p. 221 du XIe siècle prétend être malade et se couche sur un sarîr. Plus tard, dès le XIIIe siècle, cette scène sera illustrée dans des miniatures diverses. Cf. Lond. Brit. Mus. Add. 22.114f. fol. 33 (XIIIe siècle) et E. Ktihnel, Miniaturmalerei, pi. 18 (xive siècle), comp. avec la forme du lit qu'on voit dans d'autres sortes de miniatures : Brit. Mus. 1200, fol. 169-a, Paris, Bib. Nat. Arabe 3456, fol. 104 et Fers. 376 (2028), fol. 138. sarîr = lit conjugal (sur lequel on grave des vers poétiques louant l'amour), cf. Ibn Abd Rabbihi, op. cit. VI, p. 428 et al-Wahshâ', al-Muwashshâ(LeCa.ite, 1953), p. 213. Un document provenant de la Geniza cairote et datant du xne siècle parle d'un sarîr accompagné d'une moustiquaire (donc il s'agit sans doute aucun d'un lit), cf. S.D. Goitein, Edut. Historit. Tarbiz, XXVII (1958), p. 530 et le même document : Idem. « A Letter from Seleucia », Journ. of. Med. Studies XXXIX (avril 1964) p. 299. Dans le recueil des Mille et Une Nuits (Alf layla), dans l'éd. citée, I, p. 153 ; III, p. 338 ; V, p. 110; VII, p. 318, on trouve des histoires de provenance vraisemblablement irakienne (l'époque abbasside tardive) et égyptienne (l'époque mamelouk) qui mettent en relief l'usage de somptueux sarîr, en tant que lits.

page 1362 note 1. Des lits à structure étaient toujours à vendre au marché (par exemple : au marché des fabricants de coffres au Caire, cf. al-Maqrîzî, op. cit. II, p. 102), mais dans les milieux relativement plus populaires comme ceux de la Geniza cairote, on trouve très rarement des lits tandis que les matelas y sont communément répandus (cf. E. Ashtor, « Matériaux », JESHO, VI, 1963, pp. 174-175, qui cite plusieurs matelas mais un seul lit, qui est jusqu'à 50 fois plus cher que les matelas modestes ; ajoutons le document Carré. T-S. 24. 80 où le prix manque).

page 1362 note 2. Le verbe safara (dont le mot sufra est dérivé) signifie en fait « voyager ».

page 1362 note 3. Ibn Manzûr, op. cit. IV, pp. 368-369 ; az-Zabîdî, Tâdj (Le Caire, 1306 de l'Hégire), III, p. 270 ; E. Lane, Arabie Eng. Lex. (Londres, 1863-1893), p. 1371.

page 1362 note 4. Kindermann, H., Uber die guten Sitten (Leyde, 1964), pp. 5960.Google Scholar

page 1362 note 5. Al-Bukhârî, op. cit. I, p. 243.

page 1362 note 6. Al-Mas'ûdî, op. cit. VII, p. 14 ; Al-Djahshyârî, op. cit. p. 157 ; Abu-1-Faradj al-Isfahânî, op. cit., I, p. 261 ; Ibn Abd Rabini, op. cit., VI, p. 395 ; al-Husrî, Djarri (Le Caire, 1953), p. 124.

page 1362 note 7. Signification de nos jours : cf. H. Wehr, Arabisches Worterbuch (Leipzig, 1952), I, p. 376.

page 1362 note 8. Sur ces verbes (mettre, déployer, secouer, accrocher) relatifs à l'usage des sufra : cf. Ibn Abd Rabbihi, op. cit., III, pp. 4, 484 ; at-Tanûkhî, al-Faradj (dans l'édi. citée), p. 259 ; Idem. Nishwâr, Paris Ms. 3482, fol. 165-b. Ibn al-Marzubân, Fadl al-kilâb (Le Caire, 1341 de l'Hégire), p. 18; Alf layla (dans l'éd. citée), III, pp. 295, 338, 374, IV, pp. 21, 143, 164, 360 ; X, pp. 214, 350.

page 1363 note 1. Les musulmans médiévaux déposent souvent des aliments sur toutes sortes de nappes de toile ou sur des peaux, par exemple : nat' cf. at-Tanûkhî, al-Mustadjâd (Damas, 1946), p. 191 (cf. aussi H. Kindermann, op. cit. p. 59).

page 1363 note 2. As-Sâbi', op. cit. p. 240, et en Espagne musulmane : E. Levi-Provençal, Hist. de l'Esp. musulmane (Paris, 1953), III, 73. Notons que sufra peut signifier également l'échiquier (= une pièce de cuir ou d'étoffe servant d'échiquier, semble-t-il) : I. Friedlander. op. cit. p. 56.

page 1363 note 3. Cf. infra.

page 1363 note 4. Ibn Manzûr, op. cit. IX, p. 3, XIV, p. 113 ; az-Zabîdî, op. cit. X, p. 58. E. Lane, op. cit. p. 341 ; en hébreu : Yonah ibn Djanâh, al-Usûl (Oxford, 1875), p. 742 et en araméen : S. Fraenkel, Die aramalschen Fremdwôrter (Leyde, 1886), p. 83.

page 1363 note 5. Les poètes arabes, à « l'ancienne manière » mentionnent souvent, au début de leurs odes, les vestiges (dont le trépied de pierre : athâfî) d'un campement bédouin abandonné, vestiges qui évoquent certains souvenirs (une femme aimée qui y avait habité etc.). Cf. par exemple Ibn Abî Awn, Tashbthât (Cambridge, 1950), pp. 165-167.

page 1364 note 1. Ibn al-Mu'tazz, op. cit. p. 214.

page 1364 note 2. Survey of Persian Art (éditeur général : A. V. Pope, Oxford, 1938-9), VI, pi. 1313, en bas (et comp. avec ibid. V, p. 757 : support surmonté de plat creux, imitation en céramique qui montre exactement comment on pose un plat creux sur le support ; ce dernier a des pieds en pattes de fauves).

page 1364 note 3. De petites tables-supports (quoique de formes différentes de celle que nous trouvons chez les Barmécides) dont certaines à pieds en pattes de fauves, dans les anciennes civilisations : cf. H. S. Baker, op. cit. pp. 91, 196, 204, 365 (et peut-être aussi 389).

page 1364 note 4. Matières solides dont les tables sont faites : bois : cf. Ibn ar-Rûmî, Dîwân (éd. Kaylânî, sans date), p. 264, qui parle d'une table laquée (donc, sans doute, en bois). Ibn Abd Rabbihi, op. cit. III, p. 486 ; VI, 296 — cette source mentionne une table en bois de shayzâ’ (= bois dur et noir) ; pierre (surtout pierres précieuses et semi-précieuses, ces dernières, de grande taille, servent à fabriquer la surface entière des dessus des tables, tandis que les petites pierres précieuses ne peuvent qu'être incrustées dedans ; mais les sources définissent le meuble comme s'il en est entièrement taillé) : saphir (= firûzadj) : al-Bûrûnî, al-Djamâhir (Haïderabad, 1355 de l'Hégire) p. 171 ; Ibn az-Zubayr, adh Dhakhâ'ir (Koweit, 1959), p. 195 (comp. avec al-Ghuzûlî, Matâli', Le Caire, 1299 de l'Hégire, II, p. 40) ; japse (= yasb et yashb): Ibn az-Zubayr, op. cit. p. 261 ; bezoard﹛ =bâzhar) : ibid. p. 170; onyx (= djaz’) : al-Djâhiz, al-Bukhalâ’ (Le Caire, 1323 de l'Hégire), p. 43; al-Mas'ûdî, op. cit., VIII, p. 269 ; al-Bîrûnî, op. cit. p. 180 ; al-Ghuzûlî, op. cit., II, p. 138 ; al-Itlidi, op. cit. p. 178 ; ainsi que la matière khalandj (soit une pierre à veines colorées = onyx, soit du bois à veines colorées : cf. al-Bîrûnî, loc. cit. et comp. avec la définition de Ch. Pellat, « Le Kitâb at-tabassur », Arabica, I, pp. 157, 163, et celle de B. Spuler, Iran in Friih islamischer Zeit, Wiesbaden, 1952, pp. 398, 408) : al-Azdi, loc. cit. Alflayla (dans l'éd. citée), V, p. 99 ; VII, p. 331. Des tables en métal précieux (soit la structure entière, soit les pieds seuls) : Ibn az-Zubayr, op. cit. pp. 46, 185, 231 ; al-Maqrîzî, op. cit. I, pp. 387-388 ; al-Qalqashandî, Subh (Le Caire, 1913), III, p. 528 ; al-Ghuzûlî, loc. cit.

page 1364 note 5. Les tables à pieds existaient dès le début de l'histoire musulmane. Le monde musulman ne marque pas de rupture dans cette large tradition artisanale (une telle rupture est supposée par A. Mez, op. cit. p. 365) : la lexicographie arabe nous révèle indirectement l'existence de tables à pieds, en expliquant un terme qui signifie un « vide entre des pieds » : Ibn Sîda, al Mukhassas (Le Caire, 1316- 1321 de l'Hégire), V, pp. 11-12; Ibn Manzûr, op. cit., VIII, p. 107. Une autre source, Ibn az- Zubayr, op. cit. pp. 27, 261, 270, décrit une table à pieds qui appartenait aux califes omeyyades (comp. avec al-Ghuzûlî, op. cit., II, p. 138). Les pieds de la table s'appellent en arabe, soit qawâ'im (al-Azdî, op. cit. p. 38; Ibn Sîda, loc. cit.), soit ardjul (Ibn az-Zubayr, loc. cit.)

page 1364 note 6. Abu Nuwâs, Diwân (Beyrouth, 1962) p. 228 ; (pseudo) al-Djâhiz, at-Tâdj (Le Caire, 1914), pp. 20, 101 ; idem, al-Bukhalâ’ (Le Caire, 1323 de l'Hégire), pp. 100,124 ; Ibn al-Mufazz, Tabaqât ash-shu'arâ’ (Le Caire, 1956), p. 214 ; al-Mas'ûdî, op. cit. VII, p. 18 ; Abu-1-Faradj al-Isfahânî, op. cit. IV, p. 107 ; at-Tanûkhî, al-Faradj (Le Caire, 1955) pp. 141, 149 ; idem, al Mustadjâd (Damas, 1946), pp. 16, 23, 207 ; al-Husrî, Djam’ (LeCaire, 1953),pp. 127, 273 ; idem, Zahr (LeCaire, 1952-3), pp. 289, 674, 957 ; al-Qayrawânî, Qutb as-surûr, Paris Bib. Nat. 3302, fol. 102-b, 173 a ; al-Maqrîzî, op cit. I, pp. 317,475 ; al-Ghuzûlî, op. cit., I, p. 197; Alflayla (dans l'éd. citée), II, p. 15, VII, p. 331; al-Itlîdî, op. cit., p. 182. Dans toutes ces références il s'agit de tables que l'on apporte dans la salle, à l'heure du repas et que l'on pose par terre (les verbes apporter, amener, faire venir, mettre, poser, etc. sont précisés dans ces sources).

page 1365 note 1. Al-Djawâlîqî, al-Mu'arrab (Le Caire, 1361 de l'Hégire), p. 129. Comp. avec A. Shîr, al-Alfâz al-fârisiyya (Beyrouth, 1908) p. 58.

page 1365 note 2. L'analyse de deux premières formes a été faite par H. Fleischer, De Glossis Habichtianis (Leipzig, 1836), pp. 11-12. Il faut pourtant ajouter la troisième forme signalée par al-Djawâlîqî, op. cit., pp. 129-30.

page 1365 note 3. Cf. ibid. Il s'agit d'un poète (Adî ibn Zayd) intime de la cour persane, donc des milieux sédentaires.

page 1365 note 4. Ibn Manzûr, op. cit. III, p. 411 ; az-Zabîdî, op. cit., II, p. 507 ; E. Lane, Arab. Eng. Lex. (Londres, 1863-1893), p. 2746.

page 1365 note 5. F. A. Dillmann, Lexicon, Leipzig, 1865, p. 197 ; F. Praetorius, Athiopische, «Etymologien», ZDMG, 61 (1907), pp. 622-624 ; J. Wellhausen, Reste, Berlin, 1927, p. 232.

page 1365 note 6. Al-Harîrî, Durrat al-ghawwâs (Leipzig, 1871), p. 18 ; Ibn Manzûr, op. cit. III, p. 411.

page 1365 note 7. Par exemple la distinction, tout à fait gratuire, entre un gobelet plein et un gobelet vide (chacun ayant un terme distinctif) : al-Balawî, al-Alif-bâ' (Le Caire, 1287 de l'Hégire), I, p. 143. Notons qu'ath-Tha'âlibî, Figh al-luga (Paris, 1861), p. 138 (chapitre 44) définit la distintion entre ces deux termes différemment (ce fait ressort clairement du contexte).

page 1365 note 8. Ibn Manzûr, loc. cit.

page 1366 note 1. Par exemple, al-Djâhiz, al-Bukhâlâ’ (Le Caire, 1323 de l'Hégire), pp. 77-78, parle du « pain quand il se trouve en abondance sur la table… ». Il le dit deux fois dans le même récit, en utilisant khuwân dans un cas et mâ'ida dans l'autre. Cela serait encore toléré par les philologues médiévaux. Al-Mas'ûdî, op. cit., VIII, p. 269, parle d'une « mâ'ida en onyx », tandis qu'al-Djâhiz, op. cit., p. 43, décrit « un khuwân en onyx ». « Khuwân en onyx de Khorasân, dont les pieds font partie intégrante », raconte al-Azdî, op. cit. p. 38, tandis qu'al-Itlîdî, op. cit. p. 178, dit : « mâ'ida en onyx du Yemen dont les pieds font partie intégrante » et comp. avec Alf layla (dans l'éd. citée), V, p. 99.

page 1366 note 2. Al-Bukhârî, op. cit. III, p. 495 (comp. avec I. Goldziher, op. cit., II, p. 25 et H. Kindermann, op. cit., pp. 62-63.)

page 1366 note 3. Al-Bukhârî, op. cit., I, p. 131 ; III, p. 509 ; Ibn Mâdja, Sunan (Le Caire, 1313 de l'Hégire), II, pp. 1089, 1096. Cf. aussi, Ibn Hayyân, Akhlâq (Le Caire, 1959) p. 214.

page 1366 note 4. Cf. Les traditions citées par H. Zayyât, al-Khizâna ash-sharqiyya (Beyrouth, 1940), III, p. 131. Notons qu'un des traditionalistes cités par al-Bukhârî (pp. cit., III, pp. 495, 501) dit que toutes ces « tables » utilisées par le Prophète n'étaient que sufra (objet que nous connaissons cf. supra). Notons aussi qu'al-Ghazâlî Qhyâ', Le Caire, 1316 de l'Hégire, II, p. 3 et cf. H. Kindermann, op. cit., p. 6) signale que, relativement (aux objets utilisés par le Prophète), la table est un peu plus haute et « ne fait qu'élever les aliments ». Il emploie le mot mâ'ida dans son explication (mais dans son époque on ne fait plus la distinction entre mâ'ida et khuwân!)

page 1366 note 5. Cf. supra. Sous ce rapport on peut accepter une des définitions des philologues arabes médiévaux, d'après laquelle mâ'ida peut désigner aussi le repas, même sans aucune table (Ibn Manzûr, op. cit. III, p. 411), c'est-à-dire : un repas pris à même le sol sur une pièce d'étoffe, une peau, etc (= la définition de la sufra).

page 1367 note 1. Ibn Manzûr, op. cit., V, pp. 44-45.

page 1367 note 2. S. Frankel, op. cit., p. 83 ; et l'on retrouve ce vocable (en araméen : petord) dans un document du Xe siècle (cf. S. D. Goitein, « Arba ketubot », Leshonenu, XXX (1966), pp. 210, 212.

page 1367 note 3. La façon de s'asseoir dite « à l'orientale » (c'est-à-dire : s'asseoir, les deux jambes restant pliées sous le corps un pied étant mis sur l'autre) est bien connue grâce à plusieurs représentations que nous offre l'iconographie. Mentionnons deux exemples choisis au hasard : deux dessins sur deux pièces de céramique, datant du IXe siècle, l'une de Samarra et l'autre de l'Egypte, Z. M. Hassan, Moslem Art in the Fouad-I Univ. Mus. (Le Caire, 1950), pi. 37 ; A. Bahgat et M. Massoul, La Céramique musulmane de l'Egypte (Le Caire, 1930), pi. III, n° I. Ces dessins représentent les trônes sur lesquels on voit des princes assis (il faut comparer cette façon de s'asseoir avec celle que nous trouvons dans certains reliefs sassanides et pseudo-sassanides, montrant des rois assis : E. Herzfeld, Samarra (Berlin, 1927), III, p. 43 ; l'auteur traite de ce problème en détail.). D'une époque postérieure nous avons une iconographie abondante ; tables et gens assis (à l'orientale) tout autour ; cf. infra page 1369, notes 1 et 2. H. Kindermann, op. cit., p. 66, suppose que la façon de s'asseoir, pratiquée par les nomades, n'est pas celle dite à l'orientale que nous apprend l'ethnographie. Or l'iconographie nous montre — comme nous venons de le constater — quelle était vraiment la façon de s'asseoir à l'orientale chez les sédentaires. Le témoignage très partial (d'al-Ghazâlî op. cit. II, p. 3) sur lequel H. Kindermann (Joe. cit.) se fonde, est relatif à la façon de s'asseoir du prophète Mahomet. Pourtant il vaudrait mieux élargir ce témoignage en le rapprochant des descriptions des habitudes du prophète. On constate que plusieurs façons de s'asseoir sont attribuées au Prophète (par exemple : Ibn Hayyân, op. cit., pp. 264-367). L'allusion faite (en passant) par al-Ghazâlî (H. Kindermann, loc. cit.) n'en serait qu'un témoignage partiel. Quelles que fussent les habitudes du prophète, il est clair que dans le monde musulman sédentaire l'attitude communément répandue — comme nous le montre l'iconographie à travers les âges — est de plier les jambes en dessous, un pied étant mis sur l'autre = tarabba'a; cf. ( à part les sources soulignées plus haut) ath-Tha'âlîbî, op. cit., p. 106). Notons qu'au début du XVe siècle le voyageur italien Manuele de Volterra, dans son Voyage (Jérusalem, 1949, pp. 55, 75), sera étonné de cette façon de s'asseoir lors du repas. Pour lui, manger ainsi à une petite table commune (comme « des cochons », dit-il) est une chose étrange justement parce qu'en Europe on mange « à l'occidentale » (= sur des sièges).

page 1368 note 1. Cf. infra.

page 1368 note 2. V. Strika « La formazione dell'iconografla, » Annali, XIV (Naples, 1964) pp. 727-758. L'auteur cite et résume toute la bibliographie nécessaire (cf. surtout pp. 729-733). Je dois cette référence à Mme J. Sourdel.

page 1368 note 3. A. Musil, Kusajr ‘Amra (Vienne, 1907), II, pi. XXV. Sur les tables d'une même forme carrée à Byzance, cf. G. Walter, La Vie quotidienne à Byzance (Paris, 1966) p. 179 ; A. Grabar, La Peinture byzantine (Genève, 1953), pp. 58, 184 ; cf. aussi infra, passim, dans notre article.

page 1368 note 4. Plusieurs textes mettent en évidence la forme ronde de ces tables. Quand il est question de la table d'un avare on la compare à une navette (= objet rond) ou à une lentille, Ibn al M'utazz, op. cit. p. 344 ; la table d'un homme généreux est comparée, par contre, à la rondeur de la lune, Ibn ar-Rûmî, op. cit. p. 232. On parle aussi du diamètre et de la rondeur de la table : as-Sâbî, op. cit. p. 65 ; al-Birûnî, op. cit. p. 180.

page 1368 note 5. Cf. supra.

page 1369 note 1. Survey of Persian Art, V, pi. 812 (en bas) ; Ah. Ates, Waraka et Gulshan, Ars Orientalis, IV (1961), fig. 17 (entre pp. 152-153) ; Mss. illustrés des Maqâmât d'al-Harîrî : Leningrad S. 23, p. 29 (d'après L. A. Mayer Mémorial, H. 22.442/1 30) ; Paris, Bib. Nat. Arabe 5847, fol. 40,47,138-b ; Lond. Br. Mus. Add. 22. 114, fol. 12-b, 36-a, 40-a, et cf. aussi Lond. Br. Mus. Or. 9718, fol. 179-a ; Or. 1200 fol. 5-a, 20-b, 40-b.

page 1369 note 2. Chez les anciens Egyptiens et chez les Grecs, cf. H. S. Baker, op. cit., pp. 91 (une table ou un tabouret?), 245, 287. Chez les Romains : Ch. Daremberg et E. Saglio, Dict. des antiquités (Paris, 1877-1919), III, pp. 1022, 1723. La forme de ces tables à trois pieds est souvent un peu différente de celle que l'on retrouve dans le monde musulman. Les musulmans ont également pu être influencés par une tradition persane : cf. (pseudo) al-Djâhiz, al-Mahâsin (Leyde, 1898), p. 369 (description d'une table à trois pieds appartenant à un des rois persans).

page 1369 note 3. Donc une sorte de grande coupe. Cf. Paris Bib. Nat. arabe 3929, fol. 34, 149 ; arabe 6094, fol. 55, 59-b ; arabe 5847, fol. 33, arabe 3465, fol. 40 ; Pers. ancien fond 376, fol. 33-a ; Lond. Br. Mus. Or. 9718, fol. 45-a, 53-a. Cf. aussi : R. Ettinghausen Arabe Painting, Genève, 1962, p. 113 et comp. avec Idem, « Painting in the Fatimid Period, » Ars Islamica, IX (1942), fig. 14 à droite (entre pp. 114-115) et Idem, Interaction and intégration (dans : Unity and Variety in Muslim Civilization, éd. G. Von Grunebaum, Chicago, 1955) p. 124 ; D.S. Rice, « Studies in Islamic Métal Work, » BSOAS, XXI (1958), p. 248. Comp. avec U. Monneret de Villard, Le Pitture (Rome, 1950), fig. 201. Toutes ces références iconographiques prouvent que la « table » à un seul pied remplit les mêmes fonctions (et dans les mêmes circonstances) que celle à trois pieds. Parfois on trouve les deux types (à trois pieds et à un seul pied) côte à côte dans un même manuscrit illustré. L'existence d'une « table » qui désigne finalement une pièce de vaisselle est bien connue par les lexicographes médiévaux (cf. infra) qui rapprochent certaines de ces « tables » en même temps du khuwân et de termes de vaisselle comme tust = un plat creux rond [dans un même contexte nous pouvons trouver dans un même récit tust et tabaq (plat rond) comme variante de khuwân. Comparez al-Bîrûnî, op. cit. p. 180, avec al-Husrî, Zahr (Le Caire, 1952-3), I, p. 437, ou même d'un terme composé tustkhuwân, (=« table-vaisselle ») : cf. az-Zamakhsharî, Asâs al-balâgha (Le Caire, 1953), I, pp. 133, 134 ; sous le terme daysaq]. Idem, Muquddimat al-adab (Téhéran, 1963), I, p. 145 et comp. avec Ibn Manzûr, op. cit. V, p. 44. Une trouvaille archéologique, que le chercheur contemporain définit comme « compotier » ﹛Survey of Persian Art, II, texte, p. 1508) serait définie par les musulmans médiévaux plutôt comme « table », car ils ne faisaient pas la même distinction que nous aujourd'hui entre meuble et pièce de vaisselle.

page 1369 note 4. Alflayla (dans l'éd. citée), I, p. 155. Les grandes tables très élevées, à quatre pieds n'ont été introduites dans le monde musulman que par les Mongols dès la deuxième moitié du xmc siècle : cf. Survey of Persian Art, III (texte), pp. 2641-2642. Dans la référence, donnée plus haut, d'Alf layla walayla, il ne s'agit pas encore de cette conception, étrangère aux usages musulmans antérieurs. Certaines tables à but artistique décoratif, pouvaient avoir même huit pieds : cf. Ibn as-Sûfî, Nukhbat ad-dahr (Leipzig, 1923), p. 87, mais ce témoignage reflète sans doute le style d'une époque tardive.

page 1370 note 1. Dans la plupart des représentations de tables citées dans les notes précédentes, on voit les gens assis sur des coussins. L'habitude de se servir de coussins (parfois plies en deux ou superposés) comme sièges était communément répandue dans le monde musulman médiéval : cf. par exemple : al-Djâhiz, al-Bayân (Le Caire, 1932), I, p. 61 ; Ibn Qutayba, Uyûn (Le Caire, 1925), III, p. 7 ; at-Tabarî, op. cit. série III, pp. 155-537 ; al-Mas'ûdî, op. cit. VII, p. 19 ; Abu-1-Faradj al Isfahânî, op. cit., II, pp. 58-9, 380 ; Al-Qayrawânî, op. cit. fol. 145-a ; ar-Râghib al-Isfahânî, Muhâdarât (Beyrouth, 1961), IV, p. 376 ; Ibn al-Djawzî, al-Muntazam (Haiderabad, 1375 de l'Hégire), X, p. 230 ; Alflayla (dans l'éd. citée), III, p. 24.

page 1370 note 2. Ibn Abd Rabbihi, op. cit. III, p. 486, mentionne de grandes tables rondes qu'on devait rouler par terre à cause de leur lourdeur. AS-SÀBI', Aqsâm dâ'i'a min « Kitâb al-wuâzâ’ » (compil. M. M. Awwâd, Bagdad, 1948), p. 32, parle de grandes tables appartenant au vizir al-Muhallabî, Idem, al-Wuzârâ’ (Leyde, 1904), p. 65, raconte que le calife a envoyé au vizir Ibn al-Furât des tables énormes

page 1370 note 3. Al-Azdi, op. cit., p. 38 : un riche peut être fier d'avoir à sa disposition une table dont les pieds font partie intégrante de la structure. Il en ressort que les gens moins aisés ne se permettent pas ce « luxe ». Leur table est formée de deux pièces de vaisselle séparables : sufl (= la base, le support )et siniyya (= le plateau rond qu'on met au-dessus); cf. S. D. Goitein, Arba Ketubot, Leshonenu XXX, 1966, p. 203 ; et comp. avec E. Lane, Manners and Customs, pp. 159-61 et H. Kindermann, op. cit. p. 59 et cf. aussi, supra, dans notre article, les termes kurst et mirfa'. Le terme hâmil que l'on trouve dans quelques documents inédits de la Geniza du Caire ﹛Camb. T-S. 16.15 T.S. 24.16) est probablement un synonyme. Notons que des trouvailles archéologiques de ce type sont conservées au musée Victoria and Albert à Londres (Boukhara du XIIe-XIIIe siècles) nos 1436-1902 (cf. aussi Survey of Persian Art, VI, pi. 1313, en bas). De même le « dish-support » (fin du XIIIe siècle, Egypte ou Syrie) Collection Harari, 79 (d'après L. A. Mayer Mémorial 136/68) pourrait être un objet d'usage populaire. Cf. dans notre article, infra, les supports appelés kursi.

page 1370 note 4. Dessiné d'après A. Grabar, La Peinture byzantine (Genève, 1953), pp. 58, 184.

page 1370 note 5. A. Jaussin et M. Savignac. Les Châteaux arabes (Paris, 1922), III (atlas), pi. XLII = un dessin de l'époque omeyyade. La même forme de tréteaux existe dans une représentation du XIIIe siècle: Paris, Bib. Nat. Arabe 3465, fol. 47. Comparez avec l'établi que l'on trouve dans : Paris, Bib. Nat. Nat. Pers. 376, fol. 33. R. Ettinghausen, « Realism in Islam, » Mélange Levi Délia Vida, I, p. 261 (un relief de bois qui montre sans le moindre doute un singe qui danse sur une estrade (et non pas un nain ou un enfant comme le pense R. Ettinghausen ; le métier populaire des gens qui jouent de la musique en faisant danser un singe et qu'on voit dans le relief, est très connu : cf. al-Djâhiz, at-Tâdj, Le Caire, 1914, p. 40 ; même de nos jours). Une seule exception, à la périphérie du monde musulman (Sicile du XIe siècle) : une représentation d'un prince qui prend son repas sur une table occidentale (U. Monneret de Villard, op. cit. fig. 225), mais celle-ci, contrairement à plusieurs autres objets qu'on trouve dans cette peinture murale, est un élément non musulman, (cf. ibid. p. 42).

page 1371 note 1. S.D. Goitein, Studies in the Isl. Hist. and Inst. (Leyde, 1966), pp. 341, 343.

page 1371 note 2. Cf. supra p. 1370, n. 3, infra, passim.

page 1371 note 3. D.S. Rice, Drawing of the Fatimide Period, BSOAS, XXI (1958), pi. III (et comp. avec U. Monneret de Villard, op. cit. fig. 51) ; B. Farès, Le Livre de la Thériaque (Le Caire, 1953), pi. VIII (dans la case du milieu) et cf. aussi Lond. Br. Mus. Or. 1200, fol. 5-a; 20-b.

page 1371 note 4. Al-Maqrîzî, op. cit., I, p. 472, fait la distinction entre deux sortes de vases et d'autres pièces de vaiselle qwâ'im. (c'est-à-dire : qui ont leurs propres pieds, voire leurs propres bases et peuvent tenir debout) et non qawâ'imi, qui ont besoin de supports marâfi'.

page 1371 note 5. D.S. Rice, « Deacan or Drink, » Arabica, V (1958) pp. 15-33. L'auteur éclaire bien la forme et le rôle des amphores (dann, pi. dinân) dans la civilisation musulmane du IXe siècle (trouvailles provenant des fouilles de Samarra) ainsi que la fonction des nasâ'ib = les supports destinés à la pose de ces amphores (qui ne peuvent pas tenir debout toutes seules), cf. ibid. p. 24 (et note 24). Un synonyme probable : cf. 1370, n. 3.

page 1371 note 6. mirfa', pi. marâfi'. Le poète Abu Nuwâs (fin du VIIIe siècle, début du IXe) dans son diwân (Beyrouth, 1962), p. 600, décrit un support de ce type (l'éditeur préfère la vocalisation marfa'. Son étymologie : la racine RFA’ = « élever » [cf. Ibn Manzûr, op. cit., VIII, p. 129 ; E. Lane, Arab. Eng. Lex., Londres, 1863-1883, pp. 1121, 1124 ; pourtant ath-Tha'âlibî, Figh al-lugha (Paris) 1861, p. 163], suppose que la conception est d'origine persane. Cette étymologie nous enseigne que ce support n'est pas une simple assiette (comme le dit R. Dozy, Supplément (Leyde, 1881), I, p. 543), mais un objet qui « élève » du niveau du sol tout ce qu'on pose dessus (par exemple : des plateaux pleins de substances aromatiques) ; cf. ash-Shâbushtî, ad-Diyârât (Bagdad, 1951), p. 97 ; ath-Tha’ âlibî, Latâ'if (Leyde, 1868) p. 74 ; Ibn az-Zubayr, op. cit., p. 113 (= al-Ghuzûlî, op. cit. I, p. 95) ; comp. avec la version d'ar-Râghib al-Isfahânî, op. cit. II p. 649 (Mirkan pi. Marâkin).

page 1372 note 1. Par exemple Arthur Mane, Early Islamic Pottery (Londres, 1947), fig. 60-b.

page 1372 note 2. Comp. avec Alf layla (dans l'éd. citée), I, p. 275 ; Lane, E., Manners and Customs (Londres, 1895) p. 344.Google Scholar

page 1372 note 3. Maïmonide, Commentaire sur la Michna, Teharot (Berlin, 1886-7), I, p. 182.

page 1372 note 4. Kursî = support ordinaire (d'usage quotidien), est un mot « surchargé » d'autres sens (chaise, trône, etc.) qui ne nous intéressent pas ici. Mentionnons seulement le sens spécial de lutrin = support destiné au Koran, dans la mosquée (cf. J. A. Jaussin, « Inscription arabe du Sinaï », Mélanges Maspéro, III, 1935-1940, pp. 19-23).

page 1372 note 5. F. Sarre, F.R. Martin, Meisterwerke muhammedanischer Kunst (Munich, 1912) (Einzelnahmen), n° 1079 (à droite). Survey of Persian Art, V, pi. 702 (comp. avec pi. 758, qui nous montre, soit un support, soit une sorte de brasero )= Ar. Lane, op. cit., p. 63-b est d'une forme carrée. Il y a plusieurs autres formes (comme, par exemple, deux planches croisées en X) de kursê de mosquée, mais la seule qui puisse nous intéresser est la forme polygonale (exemple éventuel : M. Herz, Musée Nat. de l'Art Arabe, Le Caire, 1895, pi. XIV et pi. XV en haut), car elle ressemble un peu aux formes de kursî de l'habitat privé, signalées plus bas passim. Pourtant elle est plus élevée. Notons qu'A. Amari dans Egypt Travel Magazine, avril 1964, pp. 5-9, confond toutes ces formes et présente aux touristes qui sont en visite au Caire un kursî de mosquée (un exemplaire des plus connus, d'ailleurs) comme tabouret à manger (qui serait naturellement, 2-3 fois plus élevé que le niveau normal d'une table orientale à manger…). Néanmoins il semble, d'après l'arrière-plan d'une des photographies (ibid.), que le musée en question (Musée de l'Art Islamique) possède également quelques beaux kursê domestiques (dont certains seraient du XVIIe siècle?). Ceux-ci, par contre, peuvent sûrement servir de tables à manger.

page 1372 note 6. La forme des « caisses » servant de tables à manger signalées par le voyageur du XVe siècle Manuelle de Voltera, loc. cit., est sans doute identique à celle des kursî. Au musée du Caire on trouve, semble-t-il, des kursî d'une époque antérieure au XIXe siècle (cf. la note précédente). Kursê du XIXe siècle : cf. E. Lane, Manners and Customs (Londres, 1895), pp. 159-161 ; M. E. Cooley, American in Egypt (New York, 1842) p. 63 ; Ch. W. Wilson, Picturesque Palestine (Londres, 1884), II, p. 182 ; Le Lortet, La Syrie d'aujourd'hui (Paris, 1884), pp. 16, 79, 577 (comp. avec ce que disent U. Monneret et de Villard, op. cit., p. 42 et H. Kindermann, op. cit. p. 57).

page 1373 note 1. Dans les milieux de la Geniza du Caire,le kursî est souvent un support destiné àlaposed'une boîte ou d'un petit coffre. Parfois les documents ne se contentent pas seulemnt de nous parler dans un même contexte de kurst et de coffres, mais précisent : un tel ou tel coffre (ouboîte…)«et son [propre] kursê». Il en ressort clairement qu'il s'agit d'un support (comme d'ailleurs dans Encyclopaedia of Islam, première édition, Leyde et Londres 1924, II p. 1156 ; R. Dozy, Vêtements (Paris, 1845), p. 343 note 1, et sans doute aussi A. Grohmann, Arabie Papy ri, VI p. 115, d'après le contexte). Cf. Oxf. Ms. Heb. d. 66, fol. 47-a [il s'agit d'une grande boîte appelée muqaddima] ; S. D. Goitein, Arba Ketubot, Leshonenu, XXX (1966), pp. 214-215 [où il est question d'untakht — boîte, coffre, et non pas — dans ce contexte —-d'un lit, siège, car dans la littérature arabe, takht, en tant que boîte n'est pas moins commun que l'homonyme takht = lit, siège, sens que S.D. Goitein préfère. Cf., par exemple, al-Mas'ûdî, op. cit. VI pp. 118, 295, VIII p. 139 ; Abu-I-Faradj al-Isfahânî, op. cit. III p. 346, IV p. 117 ; at-Tanûkhî, al-Faradj, Le Caire, 1955, pp. 81-82, 209 ; al-Djahshiyârî, al-Wuzarâ', Le Caire, 1938, pp. 165, 175 ; ash-Shâbushtî, op. cit. p. 181 ; al-Harîrî, Maqâmât., Paris, 1847, p. 376, le commentaire ; al-Husrî op. cit. I, 139-140 ; al-Maqrîzî, op. cit. I p. 472 ; Idem, Akhbâr, Le Caire, 1948, p. 192. Notons que le début du mot rab'a = une autre sorte de boîte, est encore visible dans ce document déchiré, publié par S.D. Goitein (ibid). S.D. Goitein sent que son explication takht = lit, ne correspond pas au contexte et signale que cette combinaison lui paraît un peu rare… Il faut donc remplacer ici takht dans le sens de lit, siège, par takht et rab'a dans le sens de : boîtes accompagnées de leurs supports). E. Ashtor, dans JESHO, III (1963), pp. 177-8, a fait la même erreur, bien que le contexte là, à savoir takht ainsi que d'autres sortes de coffre, soit clair.

page 1373 note 2. Marâfi dans la littérature arabe, cf. supra passim marâfi’ dans la Geniza du Caire : cf. Oxf. MS. Heb. a-3 (2873) fol. 42 ; Camb. T-S. 20. 48 (contexte : ustensile de cuisine et accessoires de bain !) Sans doute s'agirait-il de supports servant non pas seulement à la pose de plateaux, autour desquels on s'assied pour prendre un repas, mais qui servent aussi d'étagères (cf. R. Dozy, Supplément, (Leyde, 1881), I, p. 543) pour y ranger des objets divers ; comparez avec al-Maqrîzî, op. cit. II p. 105 et l'interprétation de D.S. Rice dans Islamic Métal Work, BSOAS, XVII, 1955, pp. 229-230). Cf. aussi la note suivante. Dans le même sens : Maïmonide, Responsa (Jérusalem, 1958-61), I, p. 86 (le nom apparaît sous forme de diminutif, c'est-à-dire qu'il s'agit de petits supports). Il est parfois étonnant de trouver plusieurs mirfa’ dans une seule maison, à la disposition d'une seule ménagère. Il en ressort que cet objet devait être une sorte de support (table) ou banc très communément utilisé. Cf. aussi S. Assaf dans Suppl. de Tarbiz, I (1930) p. 60, et idem, dans Tarbiz, IX (1938) p. 27.

page 1373 note 3. As-Sâbî', al-Wuzârâ’ (Aqsâm dâ'i'a, compil. M. Awwâd, Baghdad, 1948), p. 43, et ar-Râghib al-Isfahânî, Muhâdarât, Le Caire, 1961), p. 117, appellent le support d'un encrier : mirfa', objet qu'ultérieurement al-Qalqashandî, op. cit. III, p. 490, appellera, kursî. D'ailleurs le témoignage d'al-Isfahânî nous précise que le mirfa’ (la citation, que l'auteur donne, précise que ce mirfa ressemble à une table) ressemble à un khuwân, c'est à dire à un vrai « floor-table ».

page 1373 note 4. Le mot kursî étant chargé de plusieurs sens (cf. supra, passim), mirfa’ est un terme recherché plus distinctif et un peu moins populaire.

page 1374 note 1. Références des sources : cf. page 1355 supra, note 2.

page 1375 note 1. Description d'un tambour. Nous avons adopté ici en partie la version (plus complète, concernant ce détail) d'Ibn Abd Rabbihi, loc. cit.

page 1375 note 2. Description d'une flûte.

page 1375 note 3. Description de cymbales.

page 1375 note 4. Description d'un acrobate dansant.

page 1375 note 5. Au cours d'un festin de mariage on jette en l'air des pièces de monnaie ou d'autres objets de valeur qui sont tout de suite ramassés (ou même attrapés en l'air) par les participants (cet usage s'appelle Nithâr ; cf. par exemple Ibn at-Tiataqâ, al-Fakhrt, Le Caire, 1340 de l'Hégire, p. 166 et Ibn Khallikân, Wafâyât, Le Caire, 1948-9, III p. 78.

page 1375 note 6. Allusion probable à la présence d'un rideau (sitâra) qui sépare souvent, chez les musulmans, les chanteuses des auditeurs.

page 1375 note 7. Description d'un luth ou d'un instrument de musique semblable.

page 1375 note 8. Littéralement : « que j'aie jamais vue. »