Published online by Cambridge University Press: 26 July 2017
A partir de 540 av. J.-C, Cyrus le Grand et les monarques perses qui lui succédèrent se taillèrent un empire dont la superficie, la longévité et la stabilité politique étaient sans précédent dans l'histoire du Proche-Orient, et devaient rester sans équivalent jusqu'à l'Empire romain. A son apogée territoriale, sous le règne de Darius Ier (522-486 av. J.-C), il s'étend en effet de la Libye et de l'Ethiopie jusqu'en Afghanistan et en Asie centrale, de la Thrace et de la Macédoine jusqu'au Pendjab, et englobe des sociétés dont les unes maîtrisaient l'écriture (Élam, Mésopotamie, Egypte, Anatolie, Syrie-Palestine, et les plus riches cités du monde grec), et les autres, quoiqu'avancées, n'ont pas laissé de textes.
* A propos de l'ouvrage de Briant, Pierre, Histoire de l'empire perse. De Cyrus à Alexandre, Paris, Fayard, 1996 Google Scholar (simultanément publié dans la collection « Achaemenid History-X », Leyde, Nederlands Instituut voor het Nabije Oosten, 1996).
1 Les sigles des inscriptions royales achéménides en vieux perse sont repris de Roland Kent, Old Persian, New Haven, « American Oriental Series-33 », 1953, p. 4 ss.
2 « The Babylonian Evidence of Achaemenian Rule in Mesopotamia », The Cambridge History of Iran, vol. 2, The Médian and Achaemenian Periods, Gershevitch, Ilya (éd.), Cambridge, Cambridge University Press, 1985, p. 586.Google Scholar
3 La question de l'arrière-plan élamite de Cyrus continue de susciter d'âpres débats. On verra par exemple François V Allât, « Cyrus l'usurpateur », dans Recherches récentes sur l'empire achéménide, Actes du séminaire international […] autour de l'ouvrage de Pierre Briant, Boussac, M.-F. (éd.), Topoi. Orient-Occident, Suppl. I, Lyon, 1997, paru en 1998, pp. 423– 434 Google Scholar; David Stronach, « “Darius at Pasargadae ”: A Neglected Source for the History of Early Persia », ibid., pp. 351-363 ; id., « On the Interprétation of the Pasargadae Inscriptions », dans Ultram Terminum Vagari, Scritti in onore di Cari Nylander, B. Magnusson (éd.) et al., Rome, 1998, pp. 323-329.
4 Voir la remarque analogue p. 881, lorsque l'auteur envisage une étude des provinces achéménides « dans le cadre de l'histoire comparatiste des formations impériales du Proche- Orient du premier millénaire ».
5 Il s'agit entre autres de tablettes élamites isolées, d'époque achéménide, qui sont sans doute issues de fonds plus importants, situés à Suse et à Kandahar, mais à présent perdus. L'importance de ces tablettes est derechef soulignée dans le cadre des problèmes d'interprétation générale, p. 784 ss.
6 On peut y ajouter maintenant les ouvrages cités dans Briant, P., « Bulletin d'Histoire achéménide », I (Bhach I), Topoi, Suppl. 1, 1997, pp. 15–45.Google Scholar
7 Selon Hérodote, les Achéménides étaient le clan (phrëtrë) auquel appartenaient les rois perses (I, 125). Pour Élien, Achemenes, l'ancêtre éponyme, fut enlevé par un aigle (ce récit pourrait faire écho à des légendes répandues du temps de Darius (voir p. 123), mais il est peu probable que la transmission ait pu passer par l'intermédiaire d'une source écrite du même genre que celles que l'on trouve habituellement dans l'empire, et elle relève d'un stéréotype si répandu qu'il peut être né n'importe où, n'importe quand.
8 Dans les deux cas, on a conservé des preuves que le successeur avait été désigné. Le Cylindre de Cyrus appelle en effet la bénédiction à la fois sur le roi et sur son fils Cambyse. En outre des textes juridiques babyloniens attestent que, pendant la première année du règne de Cyrus, Cambyse portait le titre de roi de Babylone, peut-être sur le modèle de Belshazzar, « fils du roi » et régent pendant le règne de Nabonide, dernier roi néo-babylonien. Xerxès déclare, quant à lui, que Darius le distinguait de ses autres fils par le qualificatif « le plus grand” après lui-même (XPf §4). L'affirmation n'est pas sans suggérer quelque querelle sur l'ordre de la succession dynastique.
9 C'est ainsi que l'on identifie d'ordinaire Parnaka — chef de l'administration qui fabriqua les tablettes des Fortifications de Persépolis — à Pharnakès, oncle de Darius, à l'origine d'une lignée de satrapes qui administrèrent la Phrygie hellespontique jusqu'à la fin de l'empire (voir p. 802).
10 II en va ainsi de la majorité des satrapes et de certains membres de la famille royale mentionnés dans les tablettes des Fortifications de Persépolis, de même que de la totalité des satrapes de « Babylone et au-delà du fleuve », qui ont sans doute compté parmi les personnages les plus puissants au début de l'empire, mais dont les auteurs classiques ne connaissaient ni les noms, ni les titres, ni les charges.
11 C'est le cas du Babylonien Belshunu (Bélésys chez Xénophon), gouverneur de Babylone, qui fut ensuite promu à la tête du gouvernement de Syrie ; voir aussi les officiers mercenaires Mentor et Memnon, qui épousèrent des membres de familles perses influentes (p. 803).
12 A propos des Perses avant Cyrus, par exemple (voir p. 25).
13 On songe par exemple à Démosthène et Thémistocle qui évoquent les sauf-conduits, escortes et provisions de voyage qu'autorisa le satrape de Phrygie hellespontique : leur description coïncide avec celle que proposent des textes élamites plus anciens, trouvés à Persépolis, et une lettre araméenne plus récente, rédigée par le satrape d'Egypte Arsames (voir pp. 380 et 462).
14 C'est le cas des références aux scribes administratifs intégrés au personnel des satrapes, références qui conduisent à conclure que « toutes les chancelleries satrapiques étaient organisées sur le même modèle » (p. 461).
15 Cette déclaration permet de prévenir les objections contre l'usage des textes « décryptés » d'auteurs plus tardifs, tels Athénée et en particulier « l'inépuisable Elien ». La difficulté n'est pas sans précédents antiques. Cornelius Nepos fait de Dinon « le plus crédible pour tout ce qui concerne les affaires perses » (p. 631), sous-entendant par là même l'existence de sources moins fiables, ou moins adéquates au dessein littéraire de Nepos. Plutarque de son côté, révoquant Hérodote en doute, lui préfère Ctésias et son témoignage oculaire de la cour perse, témoignage oculaire qui n'a pas échappé à son lot de décryptage chez les historiens modernes.
16 Fiable, à cette réserve près que les éditions ultérieures devront corriger quelques erreurs de détail, et que l'insuffisance des cartes fait sérieusement difficulté dans un ouvrage où l'espace est bien plus qu'une simple liste de capitales provinciales, de provinces et de peuples sujets.
17 Voir Recherches récentes sur l'Empire achéménide…, op. cit., pp. 5-127, avec quelques rectifications historiques.