État, islam et tribus en Afghanistan entretiennent des relations étroites que la littérature anthropologique a souvent décrites, soit sous l'angle du « Confiict of Tribe and State », pour reprendre le titre d'un ouvrage édité par Richard Tapper (1983), soit sous celui des relations historiques de la monarchie durrani avec les tribus (Noëlle 1997) ou avec les minorités non pachtounes (Shahrani 1998), pour ne citer que quelques titres.
Dans un ouvrage récent, Heroes of the Age. Moral Fault Lines on the Afghan Frontier (1996), David B. Edwards voit dans l'incompatibilité des systèmes de valeurs de ces trois entités, l'État, l'islam et les tribus, l'origine même des déchirures qui sont à la base de la culture politique afghane. L'opposition semble irréductible entre les normes de l'État, particulièrement celles de l'État-nation empruntées à l'Europe, celles universalistes de l'islam, et celles des tribus avec leur exaltation de l'honneur et de l'autonomie de l'individu. On trouverait là, selon l'auteur, les causes mêmes du conflit afghan, conflit sans solution dans la mesure où « the fault lines dividing the Afghan nation cannot finally be mended » (Edwards 1996 : 234).