Est-il possible de vouloir croire en quelque chose ? Si le débat qui opposa William James et William Clifford est bien connu et continue d’alimenter la réflexion contemporaine, la question de la foi volontaire n’est toutefois pas nouvelle. Deux livres récents, l’un dirigé par Laurent Jaffro, Croit-on comme on veut ? Histoire d’une controverse, et l’autre de Christophe Grellard, De la certitude volontaire. Débats nominalistes sur la foi à la fin du Moyen Âge, proposent une généalogie de ces débats sur la foi volontaire depuis Augustin jusqu’à certains nominalistes du XVe siècle, en insistant sur le tournant imposé par Guillaume d’Ockham au début du XIVe siècle. Quel rôle ont pu jouer ces débats médiévaux sur la foi dans l’émergence de la modernité et, plus précisément, dans l’avènement de l’individualisme ? Pour y répondre, nous confrontons dans cet article les dernières recherches en histoire de la philosophie médiévale avec les lectures de la modernité esquissées jadis parMichel de Certeau et Louis Dumont.