En 1791, le gouvernement britannique envoyait une expédition majeure de recherches sur le littoral nord-est du Pacifique avec pour objectif, entre autres, de prendre la maîtrise du commerce des fourrures entre l’Amérique et l’Asie. L’année suivante, les Britanniques envoyaient une délégation en Chine pour obtenir des améliorations des conditions du commerce entre la Compagnie des Indes orientales et l’Empire des Qing. Dans chaque projet, les instruments astronomiques ont joué un rôle décisif. Signes de la puissance britannique, ils étaient aussi des moyens de mesure de haute précision. Ils faisaient l’objet de démonstrations théâtrales, de manipulations destinées à mettre en valeur leur ingéniosité, mais étaient aussi, en retour, victimes de vols, quand ils n’étaient pas cassés et vendus. L’article examine la manière dont ces instruments, au cours de ces expéditions, servaient d’intermédiaires entre des groupes humains différents, indigènes, marchands, functionnaires, savants et voyageurs. Parce que les instruments peuvent incorporer des valeurs et des cosmologies très différentes, voire opposées, leurs cursus sont des moyens très efficaces de tracer les voies d’accès aux rencontres transculturelles et d’observer leurs conséquences.