Depuis une trentaine d’années, l’historiographie allemande des Lumières (Aufklärungshistorie) a fait l’objet d’une large redécouverte, qui a mis un terme à l’occultation dont elle avait fait l’objet, à des fins auto-légitimantes, par les refondateurs des études historiques au XIXe siècle.De ce renouveau historiographique, ayant mis en évidence le rôle décisif alors joué par les entreprises de théorisation de l’histoire – à la fois comme processus et comme discipline –, on retrace ici le contexte et les enjeux, pour aborder ensuite la palette de thèmes épistémologiques respectivement déployée entre 1750 et 1820, puis à l’époque de l’« historisme ».Á l’intérieur de ce dernier, on marque la différence théorique radicale existant entre le dispositif rankeen, dit historisme classique, et la césure majeure que constitue l’Historik (1857) de Droysen.En distinguant nettement l’acception usuelle de l’« historisme » comme constellation théorique spécifique (empirisme proclamé, objectivisme gnoséologique et idéalisme théologisant) de la question de la « crise de l’historisme » à l’époque moderne, au sens de Ernst Troeltsch, on plaide, pour finir, pour une histoire de l’histoire intégrée ayant pour horizon théorique une histoire socio-culturelle croisée de la sensibilité moderne au relativisme historique.L’histoire de l’histoire a ainsi pour vocation de dépasser la seule histoire des sciences et de se transformer à terme en une anthropologie historique de l’historicité.