Les poulamons de la rivière Sainte-Anne frayent dans un secteur de rapides, situé à environ 7 km de la confluence avec le fleuve Saint-Laurent, et probablement aussi dans un secteur d'accumulation de frasil généré par ces rapides. Les variations interannuelles dans la dérive des œufs et des larves de poulamon, à différentes stations dans la rivière, sont reliées aux conditions annuelles de température de l'air et de débit. Des températures et débits bas et stables ont causé la rétention des œufs et des larves dans la partie amont du secteur d'étude (1980–1981, 1981–1982); les températures et débits plus élevés et variables ont causé une dérive régulière au fleuve Saint-Laurent de janvier à avril (1982–1983). En 1980–1981, une hausse soudaine de la température et du débit a causé une avalaison massive des œufs au Saint-Laurent durant la seconde moitié de février. Des œufs de poulamon sont retenus et incubés dans le frasil, qui s'accumule en un barrage suspendu pouvant s'étendre, selon les années, sur plus de 3 km de rivière. Peu de temps après la fraye, la densité moyenne d'œufs par 2 l de ce substrat, sur l'ensemble du barrage suspendu, atteignait 228 en 1981 (19 janvier), 235 en 1982 (6 février), et 54 en 1983 (15 février). Les variations interannuelles dans la distribution spatiotemporelle des œufs dans le frasil concordent avec celles suggérées par les résultats de la dérive.