L'article propose une première approche systématique de la tradition manuscrite du Liber de causis, en étudiant à la fois les variantes manuscrites et les difficultés doctrinales suscitées par la translittération de l'arabe al-ʿaql conservée dans la traduction latine. Certains médiévaux (tel Albert le Grand) l'entendent comme un concept sans équivalent en latin, forgé par des philosophes arabes dont on ignore tout. D'autres médiévaux (tels Thomas d'Aquin et Gilles de Rome), qui ont probablement connu une branche différente de la tradition manuscrite du Liber de causis, n'en font aucune mention. En examinant cent dix manuscrits latins du Liber de causis (sur deux cent soixantecinq actuellement connus), on constate de nombreuses variations tant pour la présence de cette translittération dans les propositions du texte que pour les formes et les graphies (alatyr, alachili, adlahic, etc.). Cette analyse permet de comprendre tant la position d'Albert que la grande diversité, jusqu’à présent insoupçonnée, de la transmission du Liber de causis dans le monde latin.