Nous venous vous entretenir de la situation actuelle de la Société espagnole de la Croix-Rouge.

Vous vous souvenez sans doute qu'au mois d'avril de l'année dernière nous avons publié, dans le Bulletin international (T. XXIII, p. 89), un avis relatif à la dissolution de la Croix-Ronge espagnole. De fortes présomptions nous autorisaient alors à penser qu'elle n'existait plus, et nous avions cru devoir en informer tous les Comités centraux, afin de leur éviter la peine de correspondre avec une Association qui n'avait pas de motifs pour tenir mieux compte de leurs communications que des nôres, auxquelles elle ne répondait plus. Nous conservions cependant un secret espoir que des renseignements plus certains et meilleurs nous parviendraient un jour ou l'autre; aussi nous abstînmes-nous d'annoncer formellement, par une circulaire, la disparition de la Croix-Rouge espagnole, que nous regrettions vivement.

Vous avez eu, sans doute, connaissance de l'initiative prise par MM. les Drs Billroth, Lœw et Prix, de Vienne, pour réunir dans cette ville un Congrès international de Samaritains, au mois de septembre prochain, car nous avons lieu de croire que vous y avez été invités ainsi que nous. Plusieurs de nos honorables correspondants nous ayant demandé, à ce propos, quelle attitude le Comité international comptait prendre au sujet de cette assemblée, dans laquelle des questions très graves pour la Croix-Rouge seront discutées, nous nous permettons de vous communiquer ci-après la réponse négative que nous avons faite à la convocation des organisateurs du Congrès.

Kriegerheil. Organ der deutśchen Vereine vom Rothen-Kreuz (mensuel), 1893, nos 4 et 5. — Berlin, 40.

Das Rothe Kreuz (bi-hebdomadaire), XIe année, 1893, nos 7, 8 et 11 — Berlin, 40

Das Rothe Kreuz. Organ der österreichisehen patriotischen Hilfsvereine (mensuel). T. IX, 1893, nos 3–4. — Vienne, 40.

Vierzehnter General-Bericht der Oesterreichischen Gesellschaft vom Rothen-Kreuze. — Wien, 1893. 80, 164 p.

Le Comité central des Sociétés allemandes de la Croix-Rouge a soumis à une première inspection, le 8 avril dernier, son dépôt installé dans la salle d'attente de l'ancienne gare de l'Est, à Berlin. Ce dépôt contient le matériel de lazaret pour mille malades, représentant en chiffres ronds une valeur de 400,000 marks; somme que le Comité central, dans sa séance du 23 Janvier 1892, avait votée pour continuer les expériences commencées dans le lazaret érigé au Tempelhof, sous les auspices de S. M. l'impératrice. Sur cette somme, 300,000 marks ont été affectés à l'acquisition d'hôpitaux transportables, Ce sont des baraques, n'ayant qu'un rez-de-chaussée, faites de feuilles de carton avec cadre de bois et des pièces solides pour former le plancher, qui fournissent en même temps les caisses pour l'emballage et pour le transport.

La Société patriotique des Dames, qui célébrait l'année dernière le vingt-cinquième anniversaire de sa fondation, a tenu sou assemblée générale, le 14 avril, à Berlin, sous la présidence de S.M. l'impératrice. Le rapport annuel a été présenté par M. le conseiller intime von Roux. De nouvelles «filales» se sout formées dans les duchés d'Anhalt et d'Oldenbourg. Le nombre des sections s'est élevé de 755 à 794; celui des membres est monté de 106,000 à 111,000; 89 sections disposent de 3,000 lits dans des hòpitaux déjà existants; 79 se proposent de créer des lazarets de société, avec un nombre égal de lits; 80 ont des lazarets de réserve; 76 veulent fonder des « sanatoria », et 153 des stations de pausement. En cas de guerre, les sections peuvent fournir 632 sœurs expertes, plus 572 infirmières ou aides non encore entièrement formées; 9 sections possèdent des instituts pour préparer des infirmières; 47 ont fait donner des cours d'instruction; 36 ont institué des conférences.

Au mois de mars dernier, un « Appel » a été adressé aux Sociétés de Samaritains, et à quantité d'autres associations philanthropiques, annonçant la réunion à Vienne, du 8 au 10 septembre, d'un premier Congrès international de Samaritains, en vue de créer une œuvre permanente, dont l'action secourable rayonnerait partont où le besoin s'en ferait sentir. Cet appel, signé des noms du Dr Th. Billroth, président, du Dr Anton Lœw, premier vice-président, et du Dr J.-N. Prix, bourgmestre de Vienne, second vice-président, mérite d'attirer la sérieuse attention des membres et des amis de la Croix-Rouge.

Le journal Das Rothe-Kreuz, organe de la Société autrichienne de la Croix-Rouge, a publié, dans ses nos 3 et 4, du 20 mai, des renseignements sur les travanx de quelques sociétés de dames pendant l'année 1892. Nous leur empruntons ce qui suit:

La Société de Bohême a pris toutes les dispositions nécessaires pour être prête à agir en temps de guerre. Le nombre de ses membres s'est accru, leur zèle aussi; sa fortune s'est augmentée. Un pas important a été fait, en vue de consolider les « filiales » qui s'occupent des infirmières de la Croix-Rouge, par l'achat d'un immenble pour loger leur personnel, acquisition devenue indispensable, la maison louée jusque-là se trouvant trop petite.

Le Comité directeur de l'Association congolaise et africaine de la Croix-Rouge s'est réuni le 15 mars 1893, sous la présidence du lieutenant-général vicomte Jolly, et le compte rendu de cette séance a été publié dans le cinquième Bulletin de l'Association. Nous en extrayons les données qui nous paraissent devoir offrir le plus d'intérêt à nos lecteurs.

Le journal La Caridad, organe officiel de la Croix-Rouge espagnole, contient, dans le no 1 de sa seconde série, en date du 1er mai 1893, un exposé sommaire, rédigé par le secrétaire général M. Teodoro Gomes-Herrero, des travaux de cette Société, depuis l'époque où elle a revisé une première fois ses statuts, c'est-à-dire dès 1888. Ce document nous permet, jusqu'a un certain point, de renouer la chaîne des informations que nous avons publiées en divers temps sur la Croix-Rouge espagnole, chaîne interrompue depuis bien des années, par le fait de l'ignorance où nous étions de ce qui se passait au sud des Pyrénées.

Le Comité central ou «Assemblée » de la Croix-Rouge espagnole se compose de cinquante-cinq personnes, dont le prochain numéro de La Caridad, donnera la liste complète. Ce document nous ayant été obligeamment communiqué en épreuve, nous en extrayons les noms des titlaires des principales fonctions, c'est-à-dire des personnes avec lesquelles les comités étrangers peuvent être plus spécialement appelés à entrer en relations. Ajoutons que, si nous reproduisons ces indications dans leur langue originale, c'est enraison de la difficulté que nous éprouverions à les traduire toutes fidèlement en français.

Les derniers messages que nous avons reçus de la Société américaine sont riches en nouvelles que nous nous faisons un devoir de communiquer à nos lecteurs, regrettant seulement de ne pas savoir nous-mêmes, sur les faits parvenus à notre connaissance, assez de détails pour donner à notre exposé toute la vie et tout l'intérêt désirables. Nous nous permettrons d'y revenir quand nous serons plus completèment renseignés.

La Société américaine de la Croix-Rouge a reçu en don, de M. le Dr. J. Gardner, un très vaste terrain mesurant 182 acres, situé dans l'Etat d'Indiana, an centre de districts populeux et à proximité de lignes de chemin de fer, qui le mettent à trois heures de Louisville, à quatre heures de Cincinnati, à quatre heures d'Indianapolis, à six heures de Saint-Louis et sept heures de Chicago. Il s'y trouve un village, un bureau de poste, des granges, des fermes, des vergers, des forêts, des plantations d'érable à sucre, des carrières de la fameuse pierre oolitique de Bedford, une rivière et des sources d'excellente eau. Une voie ferrée le traverse, trois autres lignes le mettent en communication avec tons les ports des Etats-Unis. Dans la pensée du donateur, il servira à recevoir les provisions de matériel nécessaires à l'œuvre de la Croix-Rouge américaine, pour que celle-ci soit toujours à même de porter secours, en temps de paix comme en temps de guerre, aux victimes des grandes calamités publiques.

Nous empruntons les informations qui suivent au rapport présidentiel, lu à l'assemblée générale du 9 mai 1893.

La première préoccupation de la Société a été pendant le dernier exercice, comme toujours, pour les victimes des guerres passées et des expéditions en cours.

Aux premières, il a été fait 2,138 allocations représentant une valeur de fr. 43, 571.

Des colis ont été expédiés an Dahomey, au Tonkin, en Cochin-chine, au Cambodge, à Madagascar et au Soudan.

Le 29meBulletin (1er trimestre de 1893), de la Société française de la Croix-Rouge contient une intéressante notice sur les hôpitaux auxiliaires permanents. Ce travail, rédigé, d'accord avec le Comité médical, par M. le médecin inspecteur Baizeau, décrit d'une manière très complète l'organisation et le fonctionnement (chap. II), l'alimentation (chap. III), la complabilité (chap. IV), l'approvisionnement et le matériel d'exploitation (chap. V) de ces hôpitaux. Nous reproduisons ci-dessous le chapitre I, qui donne une idée des conditions dans lesquelles ces établissements peuvent et doivent être installés.

M. Henry-Michel de Jay, comte de Beaufort, que la Croix-Rouge française a perdu en 1892, était depuis peu l'un de ses vice-présidents, après l'avoir servie comme secrétaire général pendant plus de vingt ans. La trace que son activité a laissée dans l'œuvre ne saurait s'effacer, et c'est justice que de rendre hommage à son zèle infatigable, non moins qu'à son esprit inventif pour soulager l'humanité souffrante. Quoique investi d'une fonction publique an ministère de l'intérieur, if savait trouver beaucoup de temps à consacrer à diverses œuvres charitables, indépendamment de la Croix-Rouge. C'est ainsi qu'il avait fondé la Société d'assistance aux mutilés pauvres, qu'il était à la têle de la Société de policlinique, et qu'il s'intéressait d'une manière toute particulière au sort des aveugles.

Tout ce qui concourt à accroître le nombre des personnes capables de donner aux blessés des soins éclairés est un gain pour la Croix-Rouge, parce que le recrutement de membres et d'agents capables de l'aider à atteindre son but lui est. ainsi facilité, et que, de toute manière, les victimes de la guerre, dont elle souhaite le soulagement, ne peuvent qu'en bénéficier. Aussi applaudissons-nous à l'initiative prise par l'Association des Dames françaises, pour introduire, à cette fin, un enseignement technique dans les lycées de France.

M. le Dr Delorme, professeur à l'Ecole d'application de médecine militaire du Val-de-Grâce, vient de compléter son important Truité de chirurgie de guerre, dont le premier volume avait paru il y a quelques années. Nous rappellerons que ce premier volume contient l'Histoire de la chirurgie militaire française et l'étude des plaies par armes à feu des parties molles.

Il résulte du compte rendu présenté par le Comitié central grec de la Croix-Rouge à l'assemblée générale des membres de la Société, que son activité pour l'année 1892 se résume dans les fails suivants.

Vu la propagation de jour en jour plus grande du choléra dans le midi de l'Europe, pendant l'été de 1892, le Comité a décidé de fonder un hôpital de cholériques, pour le cas où cette maladie viendrait à éclater à Athènes. Dans ce but, le Comité s'est pourvu d'une étuve locomobile du système Geneste-Herscher et d'une grande tente du système Tollet. En ajoutant ce matériel à celui déjà existant au dépòt, le Comité s'est trouvé en mesure d'assurer des soins à un certain nombre de malades du choléra.

L'année 1892 a été bonne pour la Croix-Rouge italienne, indépendamment du succès qu'a obtenu la conférence internationale de Rome. Le rapport du comte Della Somaglia, son président, contient en effet plusieurs indications qui témoignent de sa prospérité croissante. Le fait seul que quatre-vingt-huit sous-comités se sont formés durant cet, exercice en est une preuve évidente. Le personnel attaché a toutes les créations sanitaires de la Société est maintenant au complet. Sa fortune s'est accrue de fr. 54,464 en argent et de fr. 60,580 en matériel, si bien qu'elle a atteint, au 31 décembre 1892, le chiffre de fr. 5,307,542.

Voici quelques informations relatives au sous-comité régional de Turin, extraites du compte rendu de ses travaux pour l'année 1892, qu'il vient de publier:

Ce document rappelle naturellement, comme un fait important, l'exercice de mobilisation des hôpitaux de guerre, nos 6 et 14, appartenant au comité de Turin, exercice qui a eu lieu au mois de juillet dernier et dont nous avons déjà parlé.