La communication du Comité international et l'invitation qui est venue s'y joindre du Comité central de la Croix-Rouge italienne, annonçant que la prochaine conférence internationale des sociétés de la Croix-Rouge aurait lieu à Rome au printemps de l'année 1892, ont provoqué ici, dans le cercle des personnes qui prennent part aux travaux de la Croix-Rouge, un très vif intérêt. II sera ainsi offert aux participants à la Conférence une occasion de se rendre compte des travaux si étendus de la Société italienne qui, dans le cours des dernières années, a pris un développement considérable el fort réjouissant.

La province de Tucuman, située à l'extrémité seplentrionale de la République argentine, possède une section de la Croix-Rouge des plus vivantes. II n'est pas sans intérêt de voir notre drapeau planté ainsi au coeur du continent américain et propageant jusque dans ces lointaines régions les bienfaits de l'œuvre que nous représentons. Le dernier Bulletin de la Croix-Rouge argentine contient à ce sujet un article auquel nous empruntons ce qui suit.

La Direction de la Société autrichienne a pu, pendant l'exercice du 1er mars 1890 au 28 février 1891, sans être troublée par lesévénements politiques, poursuivre le travail de réorganisation de la Société et consacrer tous ses soins à l'extension et au perfectionnement des préparatifs qui doivent se faire en temps de paix. Elle a été aidée dans cette tâche par tous les fonctionnaires de la Croix-Rouge, ainsi que par les différentes associations lant d'hommes que de femmes.

Des diverses institutions dont s'occupe la Société de secours des homines de Carlsruhe, celle à laquelle elle a, ces dernières années, attaché le plus d'importauce est le corps des brancardiers volontaires. Ce corps, qui a donné maintes preuves de sa vitalité et de ses capacités, se compose, d'une manière à peu près constante, d'un noyau d'une quarantaine d'anciens membres bien formés, sur lesquels on peut compter. Les vides qui se produisent sont, chaque année, comblés au moyen du recrutement, qui se fait d'une manière normale et principalement parmi les jeunes gens, en sorte que la moyenne du nombre total des membres a été, pendant les cinq dernières années, de 65. Les exercices ont été suivis avec succès par des gardiens de la paix, par des employés des postes et par un grand nombre d'employés des chemins de fer et d'ouvriers des ateliers de construction et d'exploitation des chemins de fer.

La Société bavaroise, animée du désir de ne pas se bonier à conserver l'organisation existante mais de la développer toujours davantage, s'est efforcée de recruter un nombre de plus en plus considérable d'hommes absolument éprouvés, sur lesquels elle puisse compter, et de provoquer, dans plusieurs districts, la fondation de nouvelles sociétés. II a été formé 8 nouvelles associations, et l'on espère en voir naître encore. Le nombre des sociétés filiales en Bavière est actuellement de 158.

Le Comité chargé de préparer la participation du Danemark au Congrès international d'hygiéne, qui a eu lieu cette année à Londres, avait résolu de faire rédiger, en anglais, un compte rendu de tout ce qui concerne le système hygiénique du pays. Sur la demande de ce Comité, il lui a été remis un apercu de l'hisloire de la Société danoise de la Croix-Ronge, qui sera inséré dans le rapport.

La Société américaine de la Croix-Rouge estime, comme on sait, ne pouvoir trouver un appui sérieux dans la population des Etats-Unis qu'à la condition de déployer une grande activité, pendant la paix, en faveur des victimes de calamités de toutes sortes. Elle en sent tellement l'importauce, qu'elle va spontanément à la recherche de misères exceptionnelles à soulager, sans attendre que l'opinion publique l'y appelle.

Le Comité a continué de donner aux blessés des guerres passées ses secours habituels. Il a assisté 121 victimes de la guerre, au lieu de 133 qu'il avait secourues l'an dernier. Une somme de 5,336 fr. a été distribuée en secours, dans laquelle figurent environ 400 fr. donnés à des blessés ou à des malades revenant du Tonkin.

Les expériences commencées il y a quelques années sur la ligne de l'Ouest, au sujet du transport des blessés par les chemins de fer, sont poursuivies de manière à faire espérer de notables améliorations dans ce mode de transport. Le 28 juillet dernier, un train sanitaire spécial a fait le parcours entre Paris et Dieppe, dans le but de faire l'essai de divers systèmes de suspension et de support pour les couchettes et les brancards des blessés. Ce que l'on cherche actuellement, c'est d'installer, dans les wagons de marchandises, des appareils permettant de coucher d'une manière aussi confortable que possible les blessés, en atténuant, sinon en suppritmant les trépidations et les cahotements causés par la marche des trains.

Vous m'avez prié de vous donner, pour le Bulletin, un compte rendu de ma visite au congrès de Londres, auquel vous m'aviez envoyé comme délégué du Comité international. Quoique les sujets traités au congrès d'hygiène cette année ne se rapportent pas direclement à l'œuvre de la Croix-Rouge, et que, par conséquent, je ne veuille point ici vous donner un résumé des nombreuses communications faites au congrès, je suis heureux de saisir cette occasion pour remercier M. John Furley, champion zélé et bien connu de notre œuvre, pour la réception si gracieuse dont j'ai été l'objet et que je reporte toute entiere an Comité international que je représentais.

Douze années se sont écoulées depuis que les principes de la Croix-Rouge ont pris pied en Hongrie, et la dixième année de constitution définitive de la Société de la Croix-Rouge dans les pays de la sainte couronne de Hongrie est arrivée à son terme. En jetant un regard en arrière sur cette période, et en comparant les rapports publiés chaque année, on pent observer, dans l'histoire de la Société, une évolution qui dénote une vie sociale active. De nombreuses difficultés se sont élevées sur sa route, et, si toutes n'ont pas encore été surmontées, on peut cependaut déclarer que les nobles idées dont elle poursuit la réalisation, ont non seulement pénétré dans de somptueux palais, mais aussi trouvé des cœurs ouverts pour les recevoir dans les plus humbles huttes, en sorte que la Société de la Croix-Rouge, avec sa vasle organisation, s'est placée au premier rang des associations hongroises.

Pendant le mois d'aout, le comité italien a procédé, de la même manière qu'il avait fait à Naples en avril, aux exercices pratiques de petits hopitaux de montagne de cinquante lits.

Depuis le commencement de l'année, le Comité central s'occupait de la transformation en ambulances de grandes barques de commerce qui, du lac Majeur, par le Tessin et les canaux, portent les marchandises à Milan, Pavie et au-delà, parle Pò, jnsqu'à l'Adriatique. Il désirait pouvoir s'en servir pour transporter, en cas de guerre, des malades et des blessés. La bonté de ce moyen de transport étant évidente, il restait à voir si cette idée était pratique. Le comte Eugène Brunetta d'Usseaux fut chargé de faire cette étude, et son travail fut couronné de succès. Sa conclusion était que chaque convoi fluvial devrait être composé de neuf barques, dont sept transformées en infirmeries, chacune pour 24 malades ou blessés couchés et 12 assis, et deux deslinées à des services spéciaux.

Le développement que prend en Italie la littérature de la Croix-Rouge emprunte un intérêt d'actualité aux approches de la conférence internationale qui doit se tenir à Rome en 1892. Aussi tenonsnous, plus encore que de coutume, à ne laisser ignorer à nos lecteurs aucune de ses manifestations. Nous n'avons pas reçu, dans le courant du dernier trimestre, moins de cinq publications qui s'y rapportent et nous nous faisons un devoir de les mentionner ici.

Toutes les sociétés qui ont pour but de répandre dans le public la connaissance des soins à donner aux malades et aux blessés, et qui, en même temps, cherchent à développer chez les individus les sentiments d'humanité et de charité, nous intéressent, car nous sommes assurés qu'en cas de besoin les membres de ces sociétés seraient de précieux collaborateurs de la Croix-Rouge etlui lourniraierit une partie du personnel dont elle aurait besoin. C'est à ce tilre que nous signalons avec plaisir la fondation, à Francfort sur le Mein, d'une société de sauveteurs volontaires, due à l'initiative de M. H. Mappes, vice-consul du Brésil. Cette société se propose de procurer des secours dans lous les cas d'accidents qui peuvent se produire dans la ville et de pourvoir au transport des blessés et des malades. Elle cherclie à atteindre ce résultat en faisant donner des cours sur les premiers secours en cas d'accidents, en procurant le matèriel, soit de seconrs soit d'enseignernent, en organisant des services de garde de jour et de nuit, notainment lorsqu'une circonstance spéciale doit amener un grand concours de population. Les débuts de cette société sont de nature à l'encourager dans ses efforts. Elle avait organisé à l'exposition d'électricité, qui vient d'avoir lieu à Francfort, une garde sanitaire qui a rendu de très grands services.

Le 6 juin dernier, la Société saxonne de secours aux soldats blessés et malades a, dans son assemblée générale, célébré In 25me anniversaire de sa fondation. A l'occasiou de cette solennité, le comité a publié, en mêtne temps que le comple rendu habituel de sa gestion, un mémoire de circonstance retracant les travaux de la Société pendant les années 1864 à 1887. Comme ce mémoire est en grande partie la reproduction de celui qui a été inséré dans le Mémorial de la Croix-Rouge, nous ne pensons pas devoir relater de nouveau des faits que nous supposons suffisamment connus, et, passant au rapport du comité sur l'exercice qui embrasse les années 1888 à 1890, nous y puiseions quelques indications sur la marche de la Société et sur sa situation actuelle.