Nous venons, à la requête de l' Assemblée ou Comité central de la Croix rouge de Madrid, attirer votre attention sur les événements dont l'Espagne est actuellement le théâtre.

Rien n'est plus pénible pour des parents qui sentent leurs enfants exposés à tous les dangers d'une guerre, que l'incertitude sur leur sort, et les bureaux de renseignements établis pendant la dernière campagne, en Allemagne, en France, en Belgique et en Suisse, ont rendu à ce point de vue des services si précieux, que nous pensons bien faire en les résumant ici en peu de mots, quoique la plupart soient déjà connus de nos lecteurs

1874. No 1. Janvier. — I. Communication du Comité central allemand, etc. — II. Le pavillon sanitaire à l'Exposition de Vienne (fin). — III. Sociétés et associations. — Oldenburg. Société patriotique. — France. Société française. — IV. Mélanges. — Les expériences du Dr Esmarck. — V. Bibliographie. — Ouvrages nouveaux.

Le Comité central allemand a, selon son habitude, présenté, au commencement de cette année, ses vœux à ses protecteurs, leurs Majestés l'Empereur et l'Impératrice d'Allemagne.

Il s'est formé dans la monarchie autrichienne, sous le nom de Confédérations de vétérans, des associations composées d'hommes sortis de l'armée après y avoir achevé leur service légal. Leur but est l'assistance mutuelle en cas de maladie ou d'indigence. Chaque association s'engage, en particulier, à supporter les frais d'enterrement de ses membres, et à faire une pension aux veuves et aux orphelins. L'une de ces confédérations s'étend sur toute la partie occidentale de la monarchie autrichienne, et la Société patriotique vient de conclure avec elle une convention, due à l'initiative du baron Tinti. Cette convention tend à combiner l'activité des deux sociétés, en vue des secours à porter aux malades et aux blessés en temps de guerre.

Le Comité navarrais de la Croix rouge vient de publier son rapport pour les années 1812 et 1873; nous en extrayons les détails suivants :

Le rapport rappelle que la Société de secours, fondée le 6 juillet 1863(?), a pris en Navarre une rapide extension; elle a eu l'occasion de signaler son activité pendant la guerre franco-prussienne, et s'est trouvée très-vite prête à soulager les victimes de la guerre civile lorsque celle-ci a éclaté en Espagne. La Société compte actuellement 1,333 membres, répartis en 78 comités de districts et 104 délégations provinciales, non compris des centaines d'individus qui, dans des cas déterminés, fonctionnent, sous le nom de frères de service, comme brancardiers, conducteurs, guides, etc.

Le Comité international a reçu du Département militaire du gouvernement américain un ouvrage précieux, en deux volumes in-40, de 650 pages l'un, de 1,100 pages l'autre, contenant le rapport détaillé, médical et chirurgical, de toutes les observations recueillies par l'état-major sanitaire pendant la guerre de 1861 à 1865. Ce recueil immense de documents a été formé, puis coordonné, sous la direction de M. J.-K. Barnes, chirurgien en chef de l'armée.

Le docteur Thomas W. Evans a publié en anglais un beau volume gr.in-8o, de 700 pages, qui, par son importance, mérite une mention toute particulière dans notre Bulletin. Le docteur américain est déjà bien connu des Sociétés de la Croix rouge par d'autres publications relatives au soin des blessés. C'est à lui que l'on doit celles qui ont pour titres : 1o La commission sanitaire des Etats-Unis; 2o Les institutions sanitaires pendant le conflit austro-prussienitalien ; 3o Histoire et description d'un wagon-ambulance, etc.

Par lettre du 20 février 1874, nous avons été informés officiellement de la composition actuelle du Bureau du Conseil supérieur de la Société française.

L'activité de la Société de secours est actuellement très-limitée. A côté des difficultés générales qui surgissent partout en temps de paix, il y a deux raisons particulières qui s'opposent à un progrès décidé.

Le docteur de Mooij, médecin de première classe dans l'armée néerlandaise, est parvenu, après de persévérantes recherches et des expériences répétées, à construire un brancard à roues qu'il appelle Léchophore, et qui paraît destiné à rendre de réels services. Jusqu'à présent on s'était heurté, dans la construction des brancards à roues, à l'impossibilité de maintenir ces appareils en équilibre, soit pendant qu'on y déposait le blessé sans le secours de plusieurs hommes, soit pendant le transport, ce qui nécessitait, de la part du brancardier, une dépense de force qui l'épuisait rapidement. Le Dr de Mooij a cherché à résoudre ce problème et paraît y être parvenu, en plaçant le centre de gravité au-dessous de l'essieu qui relie les deux roues du brancard, au lieu de le placer au-dessus, ainsi que cela s'était toujours fait.

Une tentative intéressante et éminemment louable a été faite par le lieutenant général J. van Swieten, commandant en chef de l'expédition hollandaise contre Atchin. En se mettant en campagne, il a écrit au sultan, son ennemi, une lettre destinée à lui exposer les principes d'humanité admis par les peuples civilisés pour la conduite de la guerre et à lui en proposer l'adoption, déclarant que, quant à lui, sa ferme intention était de s'y conformer. Il va de soi que les règles inscrites dans la Convention de Genève sont du nombre de celles que l'honorable général préconisait, et ce serait assurément un beau triomphe s'il avait réussi à les faire mettre en pratique par une nation aussi arriérée dans les voies de la civilisation que le sont les Atchinois. C'est là une question de fait que nous chercherons à éclaircir; mais, en attendant des renseignements positifs sur ce qui s'est passé, nous mettrons sous les yeux de nos lecteurs la lettre du général van Swieten, dont nous empruntons le texte à la Revue de droit international et de législation comparée, qui se publie à Gand.

« Les Sociétés de la Croix rouge qui dépendent du Comité soussigné, viennent d'éprouver une perte douloureuse par la mort de M. le professeur Dr Löffler, médecin général, sous-directeur de l'Institut médico-chirurgical Frédéric-Guillaume, mort le 22 de ce mois, après une courte maladie, dans sa 59e année. Ce que le défunt a été pour l'État et pour l'armée, ce qu'il a été appelé à faire par ses éminentes capacités pendant ses trente-sept années de service et dans quatre campagnes, comme médecin militaire distingué, écrivain, directeur et professeur des établissements de médecine militaire, les efforts, enfin, qu'il a tentés avec le zèle le plus persévérant pour la réforme du service de santé militaire prussien, efforts qu'il a poursuivis avec une rare énergie et qui ont été couronnés de succès, — le recommandent à notre estime, et le souvenir en demeurera éternellement dans les annales de la médecine militaire allemande.

Par lettre du 1–13 mars 1874, nous avons été informés officiellement de l'élection du lieutenant généal A. Baumgarten comme président, et des lieutenants généraux Guédéonoff et baron Delvig comme vice-présidents du Comité central russe de secours aux militaires blessés et malades.

Le compte rendu du Comité central de la Société de secours aux militaires blessés et malades, aussi bien que les nombreux comptes rendus des comités locaux et sections publiés dans le courant de 1873, démontrent que l'œuvre continue à se propager d'annèe en année en Russie et qu'elle y a déjà pénétré dans les coins les plus reculés de l'empire, tel que Yakoutsk, situé dans les déserts glacés de la Sibérie du nord.

La sollicitude de la Société russe de la Croix rouge a été vivement excitée l'an dernier par l'expédition de Khiva. A Saint- Pétersbourg, notamment, et chez les sections les plus voisines du théâtre de l'action, on a pris des mesures pour assurer, dans la mesure du possible, des secours aux blessés et malades de l'armée expéditionnaire, bien que ce programme fût d'une réalisation extémement difficile, en raison de l'éloignement du but et des conditions exceptionnellement défavorables du trajet à accomplir. Désireux d'initier nos lecteurs à d'aussi louables efforts, nous reproduirons ici quelques fragments du rapport présenté au Comité central par son délégué, le Dr Grimm, et publié dans le Messager de la Société russe

Le 3 juillet 1873 mourait, à Wilna, le Dr Christian de Hubbenet, l'un des fondateurs de la Société russe de secours aux militaires blessés, et l'un des plus infatigables propagateurs de l'œuvre.

Nous avons déjà donné, dans le no 15 du Bulletin, quelques détails sur le service sanitaire auprès de l'armée française de l'Est, depuis son entrée en Suisse jusqu'à son internement définitif dans les cantons, et nous annonçions alors notre intention de compléter nos indications lorsque le Dr Lehmann, médecin en chef de l'armée fédérale, aurait pu, ainsi qu'il l'espérait, ajouter une seconde partie à son rapport. Nous pensions également pouvoir réunir des documents suffisants sur les efforts des populations pour venir en aide aux malheureux soldats de l'armée de l'Est. Malheureusement, la seconde partie du rapport du Dr Lehmann n'a point paru, et le manque de renseignements précis sur le rôle des populations nous force à réduire beaucoup les proportions que nous comptions donner à ce second exposé. Nous profitons pourtant de quelques détails nouveaux qui ont été mis en lumière par le remarquable rapport sur l'internement de M. le major fédéral Davall, pour entretenir encore une fois nos lecteurs de ce sujet.