Le Comité international a envoyé en avril dernier, ainsi que nous l'avons mentionné en mettant sous presse notre no d'avril, une Délégation composée de deux de ses membres, MM. le Dr F. Ferrière et le conseiller national Micheli, accompagnés de M. de Watteville, chef du service des Empires centraux à notre Agence internationale. Cette mission, partie le 18 avril, est rentrée à Genève le 25 mai.

Du 11 au 14 septembre 1917, une Conférence des Croix-Rouges neutres européennes s'est réunie à Genève sous la présidence du Comité International, pour examiner, à l'entrée du quatrième hiver de la guerre, quelles améliorations pourraient être apportées aux conditions de vie, en premier lieu des prisonniers, puis des civils internés ou déportés, et enfin des habitants des pays occupés.

Dans son assemblée annuelle tenue le 15 décembre 1916, l'Académie française, en décernant les prix de vertu qu'il lui appartient d'attribuer, a affecté au Comité international le prix Charruau (20,000 fr.). M. Ernest Lavisse, directeur de l'Académie, a fait un tableau raccourci mais vivant de l'activité de l'Agence internationale des prisonniers, qui fonctionne depuis le début de la guerre et a soulagé bien des angoisses par la recherche méthodique et consciencieuse des disparus. Il rend hommage à toute l'activité déployée en outre par le Comité international dans la visite des camps et la transmission de la correspondance, ainsi qu'à l'œuvre charitable accomplie par la Suisse en faveur des grands blessés, des évacués des régions envahies, des malades enfin qu'elle hospitalise.

Le Comité international a adressé aux Belligérants, aux Croix-Rouges, à diverses personnalités et à la presse l'appel suivant:

« La guerre ayant une durée que personne ne pouvait prévoir, l'heure est venue de songer au sort des millions de prisonniers en captivité depuis plus d'une année.

Notre compte rendu de la Conférence des neutres étant assez sommaire en ce qui concerne les civils, et les données recueillies dans ce domaine n'offrant rien qui puisse redouter la publicité, nous sommes certains d'intéresser nos lecteurs en mettant sous leurs yeux le rapport présenté par M. le Dr Ferrière, le chef aussi distingué que dévoué de la Section civile de notre Agence internationale.

Une Délégation du Comité international, composée de MM. Gustave Ador et Adolphe Moynier a accompagné, le 11 mai 1917, le train des grands blessés qui traversait la Suisse de Buchs à Chiasso, par le Gothard. Le convoi était composé de 350 Italiens et d'une vingtaine de Serbes, sous la conduite de M. le colonel Bohny. La plupart d'entre eux répondaient avec enthousiasme aux manifestations de sympathie qui se produisaient à chaque station.

a) Divers. — A notre protestation contre la dissolution du Comité central de la Croix-Rouge de Belgique, l'association mexicaine de la Croix-Rouge vient encore de s'associer pleinement.

La Croix-Rouge roumaine s'est efforcée de suivre notre conseil et de continuer, malgré la guerre et à l'instar de l'Italie et de l'Autriche, les relations directes avec les Croix-Rouges des Etats ennemis. Nous y reviendrons à propos des prisonniers.

L'événement capital du dernier trimestre a été la déclaration de l'état de guerre des Etats-Unis à l'Allemagne, votée le 6 avril 1917 par le Congrès américain, mais préparée déjà au cours des mois précédents par la rupture des relations diplomatiques et le message du président Wilson.

M. le professeur Adolphe D'Espine, vice-président du Comité international et M. le Dr Charles Martin du Pan, Délégués du Comité, nous communiquent les notes suivantes sur la visite qu'ils viennent de faire, en juin 1917, aux formations sanitaires du front italien.

«L'étendue de ce front et sa situation en montagne, parfois même à de grandes, hauteurs sur la crête des Alpes, devait rendre difficile de résoudre le problème des secours aux blessés.

Au seuil de cette nouvelle année, qui débute hélas! comme les deux précédentes sans que la paix, toujours plus désirée cependant, apparaisse encore autrement que comme une pâle lueur d'espérance à l'horizon lointain, notre Agence internationale poursuit son travail. Elle le fait avec persévérance et le fera jusqu'à la fin, s'étant rendu compte, par l'inspection d'autres rouages, si importants et si remarquables soient-ils, qu'elle conservait néanmoins son rôle international à jouer, et que notamment l'extension des opérations militaires et la dissémination des prisonniers de toute nationalité lui commandaient l'accomplissement de sa tâche jusqu'au bout, c'est-à-dire jusqu'au moment heureux où il n'y aura plus de prisonniers de guerre.

L'entrée en scène des Etats-Unis, dont l'exemple est déjà suivi par d'autres républiques américaines, va étendre encore le nombre des territoires où se trouveront des prisonniers. Il s'ouvre là un nouveau champ de recherches et d'informations. En conséquence, notre Agence a constitué un Service américain qui, sous une direction spéciale, s'occupera à la fois des civils et des militaires américains, à propos desquels des demandes lui seront adressées.

A la suite des visites que les dlgus du Comit International ont faites aux camps d'officiers prisonniers, et sur le vu de nombreuses lettres concordantes, le Comit croit devoir attirer l'attention des belligrants sur la question suivante.

M. Ed. Naville, vice-président du Comité International et chargé de la direction de l'Agence internationale, ayant désiré recevoir le titre de Président par interim, le Comité, dans une séance tenue le 11 octobre 1917, sous la présidence de M. G. Ador, s'est déclaré d'accord pour lui donner satisfaction, étant bien entendu que M. G. Ador conserve son titre de Président du Comité International et que sa situation à la tête du Comité reste intacte.

L'Association des infirmiers volontaires a été fondée en 1866 par le Comité central allemand de la Croix-Rouge afin de fournir en temps de guerre le plus grand nombre possible d'infirmiers théoriquement et pratiquement formés. La présente guerre constituait pour elle la première épreuve de ses ressources et de ses possibilités. On avait émis la crainte que les infirmiers formés avant la guerre et qui appartenaient en grande majorité aux milieux académiques, ou bien seraient introuvables, ou bien auraient oublié ce qu'ils avaient appris.

La Société patriotique des Dames, qui est une partie intégrante de la Croix-Rouge allemande, et dispose dans chaque numéro de l'organe officiel Das Rote Kreuz d'une partie spéciale, a célébré en novembre son cinquantenaire, et, le numéro du 11 novembre 1916 de la dite revue lui est consacré.

M. F. Barbey-Ador, membre du Comité international, s'est rendu à Madrid du 16 au 29 juin 1917, aux fins d'établir des rapports plus étroits et plus suivis avec l'Agence des prisonniers instituée à Madrid par le roi d'Espagne. On sait que l'Espagne est chargée en Allemagne des intérêts français, qu'elle a ainsi à s'occuper des prisonniers français dans ce pays, et qu'à ce titre-là elle accomplit une œuvre parallèle et complémentaire à la nôtre. II était donc indiqué que notre Agence internationale cherchât a entrer dans une relation mieux définie avec l'Agence de Madrid, après que nos Délégués aient conféré avec l'ambassade d'Espagne à Berlin.

A la, date du 29 janvier 1917, le Gouvernement allemand a fait paraître un mémoire dans lequel il signale l'abus que ses ennemis feraient des navires-hôpitaux en les utilisant pour des buts militaires, cela en violation directe des Conventions de Genève et de La Haye.

Les missions envoyées en automne 1916 et janvier 1917 par le Comité international, d'une part pour parcourir les prisonniers anglais, français et russes en Turquie, d'autre part pour inspecter les dépôts de prisonniers ottomans en France et en Egypte, ont donné lieu à des rapport qui, imprimés en mars 1917, constituent les séries 12 et 13 des Documents publiés à l'occasion de la guerre européenne.

L'incendie allumé en 1914 s'est encore étendu au cours du dernier trimestre. Il n'y a plus guère de grands Etats, sauf dans l'Amérique du Sud, qui ne soient pas déjà entrés dans la lice. Aussi sont-ce les petits qui sont entraînés dans la danse guerrière.

Le 22 septembre, c'est la République de Haïti, qui déclare l'existence de l'état de guerre avec l'Allemagne.

L'importance de l'œuvre accomplie par la Croix-Rouge de Francfort nous a engagé à lui demander un compte rendu de son activité. Elle a bien voulu nous le fournir, et nous le publions ci-dessous.

« A la fin de 1914, la nécessité de régulariser la recherche des disparus et le secours aux prisonniers de guerre se faisant sentir, les comités spéciaux pour les prisonniers de guerre des Croix-Rouges de Hambourg et de Francfort s.M. prirent l'initiative de s'adresser à tous les comités régionaux pour les inviter à se réunir en une seule grande organisation.