L'accord de La Haye, conclu le 2 juillet 1917, entre les délégués des Gouvernements allemand et anglais, et que nous publions, ci-dessous in-extenso, constitue comme un point de départ, le premier pas d'une réglementation directe et générale des questions concernant les prisonniers de guerre. Dans la Conférence des Croix-Rouges neutres, comme on l'a vu plus haut, il en a été fait mention à plusieurs reprises, et notre Agence a saisi toutes les occasions pour pousser à la généralisation de cet accord et à son extension aux autres prisonniers que ceux qu'il concerne. Il est évident que les négociations poursuivies directement de gouvernement à gouvernement constituent, quand elles aboutissent à un accord et à des réalisations pratiques, le moyen le plus efficace d'améliorer le sort des prisonniers, et présentent une supériorité incontestable sur les vœux et les interventions d'autorités. neutres ou d'organes inofficiels, dépourvus de tout pouvoir d'exécution. Aussi est-il fort à souhaiter que ce mode de faire ainsi inauguré soit suivi par d'autres Etats, pour le plus grand profit des prisonniers, qui attendent avec impatience les attenuations promises et d'une réalisation toujours trop lente à la rigueur de leur condition.

A l'occasion de la mort de l'empereur François-Joseph, survenue le 21 novembre 1916, la Croix-Rouge autrichienne a consacré à sa mémoire et aux messages de sympathie qui ont été échangés un numéro spécial de Das Rote Kreuz.

L'Allemagne vient de publier, sous forme de livre blanc, la série des accords et traités intervenus entre elle et les Etats belligérants relativement aux prisonniers militaires ou civils.

Dans le chapitre des Conventions internationales applicables à tous les belligérants, l'auteur, soit le chancelier impérial qui présente ce recueil au Reichstag, reconnaît que le droit des gens ne prévoyait pas la capture durable des civils. L'Allemagne ne s'y est résolue, dit-il, que par mesure de rétorsion.

Le dernier trimestre n'a pas amené de nouvelle déclaration de guerre ou d'état de guerre. Des casus belli ne manqueraient guère, à vrai dire, à certains Etats neutres, mais, en dehors des neutralités garanties par des traités et dont le maintien n'est qu'une question de bonne foi et de loyauté à une parole donnée, tous n'ont pas la liberté d'allure de la puissante République américaine, entrée dans la lutte en avril 1917, et sont obligés de se contenter d'adresser des protestations contre les actes inamicaux dont ils peuvent être les objets.

La Croix-Rouge autrichienne, à côté du Bureau pour les prisonniers de guerre dont nous parlons ci-dessous a institué à Vienne, à l'adresse Stock-im-Eisen-Platz, 3, une importante agence pour renseigner les familles sur leurs soldats et leur fournir des secours.

La Croix-Rouge de Hambourg, qui accomplit pour le nord de l'Allemagne une œuvre analogue à celle de Francfort pour le sud, a bien voulu, à notre demande, nous fournir le compte rendu suivant de son activité:

« Le Bulletin du mois de janvier 1917 du Comité International de la Croix-Rouge de Genève a rendu compte d'une façon détaillée de l'activité de la Croix-Rouge de Francfort s/Main et de sa section de secours aux prisonniers de guerre allemands durant les années 1914 à 1916.

A une des dernières séances du Comité central de la Croix-Rouge autrichienne, le président, M. le comte Traun, a tracé en quelques traits le tableau de l'activité de la Croix-Rouge pendant l'été 1916.

La réussite de l'emprunt à lots, autorisé par le gouvernement et favorisé par le ministère des finances, a été un des événements marquants. Il a rapporté net 12 à 13 millions de couronnes à la Société.

L'Agence internationale s'est vue privée de son remarquable et vénéré président. C'est le fait capital du dernier trimestre, et, à son point de vue exclusif, elle ne saurait que le regretter profondément. Comme nous l'avons dit ci-dessus, l'élection de M. G. Ador aux fonctions de Conseiller fédéral l'empêche dorénavant de prendre aucune part active à la direction de l'Agence. Cependant les rapports de l'Agence avec le Département politique fédéral, que M. Ador a été appelé à diriger depuis le 1er juillet, étant plus fréquents qu'avec n'importe quel autre organe politique, elle demeurera de ce fait en relations suivies et pour ainsi dire journalières avec M. Ador. Elle bénéficiera ainsi constamment de l'appui éclairé et du concours efficace qu'il pourra. en sa nouvelle et haute qualité, continuer à lui assurer. Et c'est ce qui peut un peu la consoler de la perte énorme qu'elle subit.

Le fonctionnement de ce bureau (Gemeinsames Central-nachweisebureau) nous a déjà fourni la matière de deux articles, l'un au début de son activité, l'autre à un moment où il avait pris son développement, normal et définitif.

La tâche de ce bureau, présidé par le 1er lieutenant Friedrich Freiherr von Liechtenstein, consiste à renseigner les familles sur le sort des leurs appartenant à l'armée. Elle a pris une étendue insoupçonnée au début, et il est devenu nécessaire d'adapter l'organisation du bureau à l'importance de la mission qu'il avait à remplir.

La Croix-Rouge belge germanisée, c'est-à-dire placée sous la protection et la direction du gouvernement général de Belgique, a tenu son assemblée générale le 24 mars 1907, sous la présidence de M. le comte de Mengersen, délégué du gouverneur général auprès de la Croix-Rouge.

L'analyse du dernier compte rendu, portant sur l'année 1915, nous avait conduit à parler de la branche sociale que, sous la direction de M. le Prof. Pannwitz, l'administration allemande de la Croix-Rouge avait jointe à son activité, et nous avait amené à certaines réflexions sur le but spécifique de la Croix-Rouge.

« Au Comité International de la Croix-Rouge.

« Monsieur le Président,

« Nous avons l'honneur de porter à votre connaissance que, par suite de la démission présentée, en date du 17 mai 1917, par notre vénéré Président, M. le Major général Pablo Mendieta y Montefur. de ses fonctions comme délégué officiel du Gouvernement, président de l'Assemblée suprême et du Comité exécutif de la Société nationale cubaine de la Croix-Rouge, S. E. M. le Major général Mario G. Menocal, honorable Président de la République de Cuba, a, par décret No 735, en date du 22 mai, et d'accord avec la décision de notre Assemblée suprême, réunie en séance ordinaire à cette même date, nommé comme successeur de M. le Président démissionnaire, M. le colonel Jose Marti y Zayas Buzan, chef d'état-major général de l'armée cubaine.

Ce problème des sections étrangères nous a préoccupés à plusieurs reprises, et nous avons été amenés à exposer notre point de vue dans le Bulletin de janvier 1917. Tout en revendiquant pour la Croix-Rouge nationale le droit d'être seule maîtresse chez elle en matière de Croix-Rouge, nous reconnaissions qu'en pratique la guerre actuelle, avec ses vastes répercussions et les élans admirables de dévouement et de générosité qu'elle suscite, pouvait amener quelque tempérament opportun à cette règle.

Le sérieux de l'époque actuelle a engagé la Société bavaroise à ne pas commémorer par des festivités le cinquantenaire de sa fondation. Elle consacre cependant à cet événement important un numéro spécial de son organe mensuel.

Nous avons reçu le compte rendu suivant, qui trouve tout naturellement sa place dans notre Bulletin.

« La Bulgarie fut entraînée dans la guerre mondiale le 14 octobre 1915, et aussitôt la Croix-Rouge bulgare alla se ranger parmi les sauveteurs. D'accord avec l'état-major de l'armée bulgare, elle traça son programme et se mit à l'œuvre pour l'exécuter. Les faits et chiffres suivants, extraits de son compte rendu pour la période qui commence le 15 octobre 1915 et finit le 31 décembre 1916, donneront une idée de son activité.

Alors même que le siège de ce Comité est à Londres, son activité en faveur des victimes belges de la guerre lu donne sa place de préférence sous la rubrique « Belgique » que sous « Grande-Bretagne ».

Nous avons déjà indiqué que. dans l'impossibilité de continuer l'œuvre en Belgique, le Comité directeur de la Croix-Rouge de Belgique s'était reconstitué aerrière l'armée et avait étendu son œuvre en Angleterre au moyen du Comité anglo-belge.

Dans le compte-rendu de son activité en 1915, la Croix-Rouge danoise nous avait communiqué la subdivision de sa tâche en plusieurs bureaux. L'un de ceux-ci avait pour fonctions la distribution de livres aux prisonniers de guerre. Grâce à un rapport spécial qui nous est parvenu de Copenhague, nous nous trouvons à même de donner quelques détails sur l'œuvre accomplie par cette section.

Le Comité de Copenhague a bien voulu nous adresser l'extrait suivant de son rapport annuel.

« L'activité de la Croix-Rouge danoise s'étant encore accrue en 1915, il a fallu la diviser en plusieurs bureaux. Afin d'assurer à ces subdivisions une étroite et salutaire collaboration, Son Altesse royale le prince Valdemar a gracieusement voulu, à notre demande, se charger de la présidence d'un comité composé des chefs de bureaus.

«J'ai l'honneur de vous communiquer ci-après le cadre des membres du Comité central de la Croix-Rouge Chilienne pour l'année 1917:

MM. Joaquin Bigorra, président.

Cette œuvre a son siège central au Havre, et ne dépend pas de la Croix-Rouge. En toute logique elle ne devrait pas être l'objet a'une mention dans notre Bulletin, et peut-être la mention qui en est néanmoins faite ici devrait-elle se ranger sous la rubrique « France ». Nous croyons qu'il est cependant indiqué de lui accorder quelques lignes ici, puisqu'il s'agit de secours aux prisonniers de guerre, branche sinon monopolisée par la Croix-Rouge du moins faisant partie intégrante de son activité, et de les rattacher de préférence à la Belgique, en vue des recherches futures.