Nous avons publié un premier rapport sur l'activité de notre succursale de Copenhague. Les renseignements cidessous, qu'elle a bien voulu nous adresser sur notre demande et qui sont signés de son dévoué président, M. Dithmer, viennent le compléter heureusement pour l'année 1916.

Dans notre dernier fascicule nous avons parlé du changement qui s'etait effectué dans la présidence de la Commission de prisonniers de la Croix-Rouge danoise, par le remplacement de M. Dithmer par M. Philipsen. Un changement analogue s'est produit dans la direction de la Société ellemême, ainsi que nous l'apprend la lettre suivante, arrivée trop tard pour figurer dans notre Bulletin de juillet. M. S. Meyer, qui, sauf erreur, était resté président depuis: de longues années jusqu'à ce jour, a cédé les fonctions de président à M. le prof. H. Höffding qui, dès 1915, s'était chargé de la. section des livres pour les prisonniers de guerre.

La Croix-Rouge danoise a vu le travail de son agence des prisonniers, créée à la demande du Comité international, augmenter dans des proportions considérables et s'étendre à des domaines non prévus à l'origine. On a pu s'en rendre compte à la lecture de l'article que le Comité de Copenhague a bien voulu nous adresser.

La Croix-Rouge danoise a, comme nous l'avons dit, constitué, à Copenhague, une direction générale de son œuvre en faveur des prisonniers de guerre, laquelle avait pris un caractère international par la création de succursales à Pétrograd et à Berlin.

Depuis que les Etats-Unis sont entrés dans la Grande guerre, pour y jouer une part qui sera sans doute décisive, la Croix-Rouge américaine a tendu son effort du côté de l'accomplissement de la grande tâche qui sera la sienne. En vue de plus de clarté et pour faciliter les recherches ultérieures, nous réserverons à notre rubrique ordinaire «Nouvelles de la Croix-Rouge» les informations ne concernant pas la guerre, pour grouper sous l'intitulé: «La Croix-Rouge américaine et la guerre» tout ce qui touche cette dernière.

Au début de l'année 1917. le Président Wilson, agissant comme chef de la Croix-Rouge américaine a lancé à travers toute l'Amérique un sobre mais vigoureux appel. La Croix-Rouge américaine a secouru toutes les nations. Partout où elle a envoyé ses représentants, elle a rendu ce témoignage que l'Amérique ne peut pas s'empêcher d'apporter son aide dans les souffrances actuelles.

L'importance du service des nurses, tel qu'il s'est développé en Amérique, a nécessité la création à Washington d'un bureau spécial pour les gardes-malades de sexe féminin. A la tête de ce bureau, Miss Delano, présidente de la section nationale du service des nurses, a réussi à placer une femme de grande expérience et parfaitement qualifiée pour la tâche à remplir. Miss Noyes. Le corps des infirmières volontaires compte 7,000 membres diplômées, aptes à tout le service de garde-malade.

Le Comité de Madrid a bien voulu nous communiquer les renseignements suivants sur son activité pendant la guerre, qui viennent compléter ceux que nous publiions en 1916.

« Jusqu'au 30 juin 1917, la Commission spéciale pour les prisonniers de guerre, siégeant dans les bureaux du Secrétariat Général de la Croix-Rouge espagnole, afin de résoudre toutes les questions relatives aux internés et prisonniers de guerre, a rendu de nombreux services ainsi que le démontrent les chiffres suivants:

« Lettres reçues de l'étranger et distribuées en Espagne: 2,769. — Lettres partant de l'Espagne et envoyées à l'étranger: 5,644. — Renseignements personnels fournis: 197, — Lettres du secrétariat demandant ou fournissant des informations: 985. — Lettres et cartes postales reçues de l'étranger, accompagnant des colis postaux, demandant des renseignements, des nouvelles, des secours, etc.: 897. — Lettres et cartes postales partant de l'Espagne dans le même but: 956. — Paquets de livres, vêtements, vivres, etc. envoyés à l'étranger: 113. — Envois de sommes d'argent: 33. — Fiches personnelles: 1,512. — Dossiers: 309. — Quittances classées: 2,318. — Total: 15,733. »

Charles-Jean Melchior, marquis de Vogüé, président du Comité central de la Croix-Rouge française, né le 18 octobre 1829, est décédé à, Paris le 10 novembre 1916.

Ce n'est pas seulement la Société française de secours aux blessés militaires, dont il présidait les destinées, qui fait une perte immense, en sa personne. C'est aussi l'institution internationale de la Croix-Rouge et notamment notre Comité international de Genève. Nul mieux que lui n'avait compris la valeur, l'importance et les difficultés du rôle qui incombait à l'organe central de la Croix-Rouge.

La Croix-Rouge américaine, préparée, par de persévérants efforts au cours des précédentes années, est prête pour la guerre. Son organisation pour la guerre est indépendante de celle des-secours en temps de paix.

Son quartier général, à Washington, comprend trois sections sous la direction générale du colonel Jefferson R. Keen; celle du service naval et du matériel, aux mains du chirurgien Théod. W. Richards; celle du service médical, aux mains du major Robert U. Patterson; enfin la section des infirmières dirigée par Miss Clara Noyés et Miss Jane Delano.

Le numéro d'août du Red Cross Magazine, intitulé « un Manuel des Alliés » nous apporte des nouvelles de l'activité, croissant de mois en mois, de la Croix-Rouge américaine:

Le premier navire-hôpital donné à la Croix-Rouge

Ce fut le propriétaire du yacht privé, le Surf, M. le Dr John A. Harriss, qui eut le premier l'idée de l'abandonner à la Croix-Rouge pour en faire un navire-hôpital. Ce dernier peut recueillir 25 malades et a été complètement aménagé pour servir d'hôpital, avec chambres d'opérations, etc. Le Dr Harriss a pris à sa charge l'entretien complet du navire, ainsi que le salaire d'un corps de docteurs et de nurses qui y est attaché.

L'article nécrologique que nous avons publié à l'occasion du décès du Marquis de Vogüé, le regretté président de la Croix-Rouge française, nous a valu une aimable lettre de la Société de secours aux blessés militaires.

La pensée, à la fois morale et patriotique, de donner un abri aux convalescents et aux permissionnaires devait s'imposer promptement aux dévouements que l'on rencontre partout quand il s'agit des soldats.

L'assemblée générale de la Société française de secours aux blessés militaires, tenue le 22 juillet 1917, a revêtu, Cette année, une solennité particulière: M. le président Louis Renault a retracé devant elle le rôle du marquis de Vogüé à la tête de la Croix-Rouge française, et M. de Valence, secrétaire général, a présenté un rapport embrassant toute l'activite sociale du debut de la guerre jusqu'au 15 juillet 1917.

A la demande du Service officiel de santé de l'armée, la Croix-Rouge française s'est chargée de collaborer avec lui à la distribution permanente de boissons chaudes le plus à l'avant possible. La Croix-Rouge en acceptant cette nouvelle charge, s'engagea à fournir les équipes nécessaires pour accompagner ces convois, ainsi que les denrées, café, chocolat, bouillon, thé au rhum, tandis que le service de santé procurait le matériel de voiture et de chaudières.

Le décès de M. le marquis de Vogüé rendait vacant à la fois le poste de président du Comité central de la Croix-Rouge française, et celui de président de la Commission des prisonniers, constitué déjà avant la guerre.

Le vice-président, M. le professeur Louis Renault, membre de l'Institut et membre de la Cour permanente d'arbitrage de La Haye, a bien voulu accepter provisoirement la direction de la Croix-Rouge française, ainsi que les fonctions de président de la Commission des prisonniers.

Un médecin-inspecteur du cadre de réserve, fort bien informé sur les origines de la Croix-Rouge et son adoption comme signe international de charité et d'humanité, publie dans le Bulletin médical un article très juste sur l'abus de la, croix rouge. Il rappelle, d'une part, la Convention de 1906 qui a pour ainsi dire solennisé de plus fort ce signe, en lui conservant toute sa vertu de symbole et toute la valeur morale qui doit s'attacher à lui, et, d'autre part, la loi française du 24 juillet 1913 qui punit sévèrement toute utilisation abusive de la croix rouge, notamment dans un but de réclame ou de profit commercial.

L'organe anglais de la Croix-Rouge, The Red Cross, a eu l'heureuse idée d'ouvrir dans ses colonnes, dès le no d'août 1917, une rubrique intitulée « Notre œuvre », où il se propose de résumer de mois en mois le travail accompli par la Croix-Rouge. Au milieu de l'infinie multiplication et ramification de cet immense réseau national, et parfois international, de charité et de secours qu'est devenue la tâche de la Croix-Rouge de chaque pays, une sorte de tableau mensuel de ce genre est du plus grand intérêt pour le public, quelque peu perdu dans le dédale des institutions locales infiniment variées et, multipliées. Et nous souhaiterions que chaque organe national adoptât une méthode analogue.

A la suite du décès de son regretté président, Emilio Maraini, la Commission des Prisonniers de la Croix-Rouge italienne s'est reconstituée, et son bureau a été composé comme suit:

MM. G. Frascara, secrétaire, président;

P. Monroy di Delmonte, vice-président;

U. Baracchi, secrétaire-général et directeur du bureau;

L. Marchetti, vice-secrétaire général;

L. Nunes Vais, trésorier.

Une autre tâche qui a incombé à la Croix-Rouge française; soit à son Comité de Lyon, c'est celle de l'accompagnement des convois journaliers de rapatriés provenant des Départements envahis. Pour chaque train une équipe était formée, composée d'un administrateur et de deux dames, dont une infirmière diplômée. Dans les gares, des ravitaillements consistant en boissons chaudes, repas complets, chauds ou froids, étaient préparés par les soins de la Société. Au cours du trajet, les soins nécessaires sont donnés par les dames infirmières. En outre, l'administrateur a pour tâche de fournir aux rapatriés en cours de route tous les renseignements utiles sur leur voyage et leur destination; il encourage aussi les rapatriés en leur adressant les paroles de réconfort et de sympathie que leur situation rend aisées à trouver.