Le Bulletin no 40 de la Société française nous apporte le compte rendu des conférences générales de 1881 et 1882, dont nous avons déjà fait connaître les décisions (Bulletin intern., t. XIII, p. 137). I nous paraît intéressant d'extraire aujourd'hui de ce compte rendu la substance d'un rapport qu'un des vice-présidents, M. le Dr Riant, a présenté sur la question du transport par eau des blessés et des malades en temps de guerre.

Persuadé de l'idée que le devoir d'une société de secours aux blessés militaires est de faire, en temps de paix, l'acquisition de tout ce qui est utile pour l'assistance sur le champ de bataille, le Comité de Grenoble s'applique activement à l'accroissement de son matériel, « car, est-il dit dans le dernier rapport qu'il vient de publier, « il est aussi nécessaire d'avoir, au point de vue sanitaire, un stock d'approvisionnement en linge, substances pharmaceutiques et moyens de transports pour les blessés, qu'il est urgent, pour la défense de la patrie, d'avoir en temps de paix toutes les munitions de de guerre et tous les approvisionnements nécessaires pour faire vivre une armée pendant plusieurs mois.

Les recettes de cette société se sont élevées, pour 1882, à 8,650 fl. 30 k., soit 7,290 il. 51 k. de contributions des membres et 1,359 fl. 79 k. de dons divers.

La Société patriotique s'est accrue, pendant l'année 1882, de 4 Sociétés de vétérans; 17 sections de l'armée active ont annoncé leur accession, et 6 d'entre elles l'ont effectuée par des affectations de fonds.

L'Allgemeine Zeitung a publié en novembre dernier une série d'articles très étendus, sous le titre de « Conférences internationales de la Croix rouge. »

L'auteur, à qui l'histoire de notre œuvre et celle de la Convention de Genève paraissent des plus familières, les résume d'une manière aussi complète dans l'ensemble qu'exacte dans les détails. Il raconte d'abord comment, sous les auspices de la Société d'utilité publique de Genève, une réunion de délégués de presque tous les Etats européens se tint en cette ville, du 26 au 29 octobre 1863, dans le seul but d'aviser à la fondation de sociétés de secours destinées à seconder le service de santé militaire à la guerre; puis comment surgit alors l'idée d'accorder une protection internationale aux blessés et à ceux qui les soignent, en les déclarant neutres, idée qui fit bientôt son chemin, pour aboutir l'année suivante à la signature de la Convention de Genève.

M. Gustave Pichery, inspecteur de la Salubrité publique, à Nantes, délégué du Conseil de la Société de secours aux blessés au 11me corps d'armée, est l'auteur de l'un des 29 mémoires présentés au concours ouvert par le Comité international sur l'art d'improviser des moyens de secours pour les blessés. Il nous a permis d'utiliser ce travail, et nous en extrayons quelques données qui en constituent en quelque sorte la quintessence.

Le major-général de Mingazzi, représentant des Sociétés de vétérans, dans l'assemblée générale de la Société autrichienne de la Croix rouge, à propos de la mention faite de l'appel adressé à ces sociétés pour le service des colonnes de transport, a prononcé un discours que nous trouvons en résumé dans le journal le Vétéran.

Après avoir constaté qu'il est impossible de détacher de l'armée active, et même de la landwehr, le personnel nécessaire à ces colonnes, l'orateur a exposé avec détails en quoi consiste l'œuvre des secours volontaires en campagne, puis il a rendu témoignage au zèle partout manifesté à cet égard au sein des Sociétés de vétérans. Il estime que ces Sociétés offrent les meilleurs éléments d'activité. Pour que les secours dont il s'agit soient efficaces, il faut une instruction à la fois théorique et pratique, et il n'est pas douteux que cette instruction ne soit plus facile à donner à d'anciens soldats, qu'à d'autres pour qui tout serait nouveau, y compris la discipline indispensable.

Le dernier ouvrage de M. Moynier, dont nous avons rendu compte dans notre 52meBulletin (t. XIII, p. 226) vient d'être traduit en anglais et publié par M. J. Furley. Le nom de M. Furley est bien connu, depuis longtemps, des amis de la Croix rouge, car il a été l'un des fondateurs de la Société anglaise de secours et il a participé, en 1869, à la Conférence de Berlin; on l'a vu dès lors porter des secours dans presque toutes les guerres dont l'Europe a été le théâtre, et, en dernier lieu, travailler activement dans son pays an développement de l'œuvre, soit comme membre du Comité central anglais, soit comme dignitaire de l'Ordre de St-Jean de Jérusalem.

Grâce aux renseignements qui nous ont été envoyés par M. le professeur Longmore, et par M. John Furley, ainsi qu'aux rapports plus ou moins officiels qu'ont publiés divers journaux médicaux, nous sommes en mesure de donner aux lecteurs du Bulletin une idée assez complète soit, en général, du service sanitaire de l'armée anglaise en Egypte, soit, en particulier, de la part qu'ont prise la Croix rouge britannique et les chevaliers de Saint-Jean, dans le soin des blessés et malades pendant cette campagne.

Nos infirmières étant de plus en plus recherchées, le Comité central s'est vu forcé d'augmenter le nombre de ses élèves, et le 1er avril il pouvait disposer de 31 sujets.

Les infirmières de service en 1882, déduction faite des 543 jours où elles ont été empêchées de servir pour cause de maladie, ont été à la disposition de la Section de secours aux malades pendant 8,794 journées, dont 478 de jour, 1,005 de nuit, 4,913 de jour et nuit, et 2,398 de vacance.

L'intérêt que nous portons à tout ce qui concerne la Convention de Genève nous a conduit à feuilleter récemment un volume, qui vient de paraître sous ce titre: « Du droit des gens en temps de guerre, par M. André Mariotti. » En l'ouvrant au chapitre qui concerne les blessés, nous y avons trouvé le texte de la Convention du 22 août 1864 et les Articles additionnels du 20 octobre 1868, mais avec des altérations que nous croyons devoir signaler à nos lecteurs, afin que, si ce volume vient à tomber entre leurs mains, ils sachent le degré de confiance qu'il convient de lui accorder.

Le Comité international a eu récemment le regret de devoir enregistrer la dissolution d'une des Sociétés de la Croix rouge, qui n'a eu qu'une existence éphémère. Nous avons été informés, par lettre du 28 février dernier, que la Croix rouge n'avait plus d'organe régulièrement constitué dans le Grand-Duché de Luxembourg. La Société luxembourgeoise, qui s'était fondée au moment de la guerre franco-allemande et qui avait fait alors des prodiges de valeur, n'a plus trouvé en temps de paix, dans le petit pays où elle avait son siège, un aliment suffisant à son zèle. De plus, cinq des huit membres dont se composait son Comité central sont morts, entre autres son président, le Dr Schmit, auquel nous avons consacré dans ce recueil une notice nécrologique. Il n'en a pas fallu davantage pour amener la dissolution complète de la Société.

Nous avons cherché, pendant l'expédition anglaise en Egypte, à nous rendre compte des agissements des combattants, en regard des lois de la guerre civilisée et tout spécialement de la Convention de Genéve, mais nous n'avons pu recueillir sur ce sujet de nombreuses observations. La lutte au surplus a été courte, et ce n'est guère qu'à la bataille de Tell-el-Kébir qu'on a pu juger le degré d'humanité des deux armées en présence. Là même, les témoignages précis n'abondent pas. Tous ceux que nous connaissons ont trait à un débat qui s'est élevé dans la presse, et qui a eu assez de retentissement pour que notre Bulletin le mentionne. Nous nous bornerons toutefois, selon notre habitude, à reproduire impartialement les pièces du procès, en laissant au lecteur le soin de conclure.

Le projet de monument dû au ciseau de M. Kissling, et dont nous avons donné une phototypie dans notre 51eBulletin (t. XIII, p. 156), vient de recevoir eu Italie une grande notoriété. Un journal militaire, qui ne se tire pas à moins de 10,000 exemplaires, l'Esercito italiano, en a publié une gravure dans son numéro du 10 décembre 1882. Ce numéro est d'ailleurs consacré exclusivement à la Croix rouge, et contient six articles dans lesquelles l'œuvre est présentée au public sous divers ses aspects. Nous ne saurions trop recommander ce moyen de propagande à tous les comités, même à ceux qui publient des feuilles périodiques spéciales. Ces dernières n'atteignent guère que les adeptes déjà gagnés à la cause de la Croix rouge, et il est bon d'en attirer de nouveaux par une publicité plus large. Nous sommes persuadés que, partout, les rédacteurs de journaux politiques, militaires ou autres accueilleraient volontiers des articles de cette nature.

L'Association d'ambulance de l'Ordre de St-Jean de Jérusalem, déjà bien connue de nos lecteurs, travaille toujours courageusement à combler une des grandes lacunes de l'instruction publique, « car, lisons-nous dans The Daily Chronicle, le commun des Anglais est tout à fait ignorant en fait d'anatomie, et complétement incapable de porter secours en cas d'accident. »

Dans l'opuscule qu'il a publié en hollandais, sous le titre de Souvenir de mon séjour à Atchin, et que nous avons déjà annoncé (T. XIII, p. 189), M. C. de Mooij, médecin militaire de première classe, s'est proposé, entre autres, d'exposer comment, aux Indes orientales, on peut employer plusieurs produits de la nature pour le soin des blessés en campagne, et tout spécialement de faire connaître les avantages des bandages de rotang.

A l'occasion de l'institution récente en Angleterre d'un ordre de la Croix rouge, nous avons demandé à l'Assemblée ou Comité central de Madrid des renseignements sur une création analogue, que nous savions exister depuis longtemps en Espagne, mais que nous ne connaissions qu'imparfaitement. Nos honorables correspondants ont bien voulu, eu réponse à nos questions, nous communiquer la pièce officielle suivante, qui fournit, sur l'objet de notre enquête, des informations très-précises.

Le compte-rendu des opérations de la Société française, pendant l'année 1882, a été présenté par le président, Mgr le duc de Nemours, dans l'assemblée générale tenue le 8 avril dernier à Paris.

Il a été accordé 2097 allocations, réparties à peu près par moitié entre le département de la Seine et les autres départements: à 1592 soldats blessés et malades; à 192 veuves; à 305 ascendants et à 8 orphelins. Le montant de ces allocations, augmenté de la valeur de 109 appareils: bras et jambes articulés, yeux artificiels, chaussures orthopédiques, etc., représente une somme de 63,107 fr.

Dans notre 52meBulletin (t, XIII, p. 219), nous avons annoncé la fondation en Hollande d'une société pour procurer des membres artificiels aux mutilés pauvres, mais nous en avons attribué par erreur la paternité à M. le Dr Gori. Ce dernier, bien connu depuis longtemps de tous les amis de la Croix rouge, est le secrétaire-général de l'œuvre et l'a exposée dans une brochure dont nous avons déjà parlé. Mais l'idée première de l'association appartient à l'ancien président de la Croix rouge néerlandaise, feu le général de Stuers, quela mort a empêché d'accomplir son projet. Ses filles, mues par un sentiment de piété filiale, non moins que par la compassion pour les malheureux, ont cherché à réaliser son plan. Elles y sont parvenues, grâce au précieux concours que leur a prêté M. le comte Guillaume de Limbourg-Stirum, major d'artillerie en retraite, aujourd'hui président de la nouvelle société, et dont le zèle garantit le succès de l'entreprise.

Nous avons annoncé (Bulletin T. XIII, p. 90) la création à Kiel d'une « Ecole de Samaritains », provoquée par « l'Association anglaise de St-Jean pour les ambulances », Cette école, due, comme on le sait, à l'initiative du professeur Esmarch, est aujourd'hui complétement organisée, et l'infatigable activité de son fondateur attire déjà sur elle l'attention de toute l'Allemagne.

Elle est placée sous la direction d'une société dont voici les statuts:

« La Société des Samaritains a pour objet d'offrir, à toutes les personnes de bonne volonté, les connaissances indispensables pour donner les premiers soins en cas d'accidents soudains, avant l'arrivée du médecin.

Le désastre du 28 juillet a créé à la Croix rouge italienne une position difficile, en sorte que le Comité central croit nécessaire de le constater, et d'attirer sur ce sujet l'attention de ses représentants locaux.

Il est utile de rappeler à cette occasion quelles sont les lois qui régissent la Croix rouge et de les divulguer, surtout afin que les comités de tout le royaume puissent toujours trouver dans l'opinion publique un solide appui et la justification de leurs actes.