En commémoration des 25 ans de règne de feu l'Empereur Alexandre II, le Comité central de la Société de la Croix rouge a ouvert, avec l'assentiment de Sa Majesté, un concours en faveur de la meilleure invention d'utilité notoire aux victimes de la guerre. Pour former un capital suffisant, on a eu recours à une souscription qui a atteint le chiffre de 15,387 roubles.

Nous tenons à réparer, quoique bien tardivement, un oubli relatif à la comptabilité de la Société russe de la Croix rouge pour la guerre d'Orient.

Dans notre 38meBulletin (T. X. p. 49) nous avons donné le mouvement de caisse du Comité central, s'élevant à 9,477,266 roubles de recettes et 9,363,083 roubles de dépenses. Mais un état financier, publié plus tard à Saint-Pétersbourg, a porté le total des recettes à 17,314,774 roubles, et les dépenses à 16,788,142 roubles, lorsqu'on a pu faire entrer en ligne de compte les rapports de tous les organes de la Croix rouge russe, et non plus seulement celui du Comité central.

C'est le 21 avril dernier qu'a eu lieu, sous la présidence de Mgr le duc de Nemours, l'installation du Comité des dames, dont nous avons eu l'occasion d'annoncer la réorganisation. (Bulletin, t. XIII p. 211).

L'origine de cette louable institution est rappelée dans le dernier compte rendu du Conseil de la Société française, que nous venons d'analyser: « En 1867, y est-il dit, le Conseil dressait le cadre d'un premier Comité de dames, et la guerre de 1870 voyait les femmes partout associées à nos efforts.

Les faits suivants sont à noter dans le rapport annuel de la Société mecklembourgeoise pour l'exercice 1881–1882:

Une allocation de 500 marks a été faite à la Fondation-Bethléem, en retour de l'engagement contracté par celle-ci de fournir des infirmières, formées à son école de diaconesses.

Huit infirmiers ont été instruits dans l'hôpital de la ville, ce qui porte actuellement à 16 le nombre de ces auxiliaires.

Il a paru en 1879, à St-Pétersbourg, un livre d'une grande importance, rédigé par M. le professeur Martens et intitulé: La guerre d'Orient et la Conférence de Bruxelles, dont nous avons vainement attendu jusqu'à ce jour une traduction française annoncée depuis longtemps. Nous nous proposions, dès que celle-ci nous aurait permis de prendre connaissance de l'ouvrage, d'en donner une analyse à nos lecteurs. « L'auteur de ce volume, « disait la Revue de droit international, est d'une compétence toute parti « culière. M. Martens a été, en effet, l'un des délégués russes à la Confé « rence de Bruxelles, et chacun sait qu'il est un des maîtres les plus auto « risés de la science du droit international. Le souffle patriotique qui anime « ses écrits n'a jamais rien ôté à leur valeur rigoureusement scientifique, « mais leur donne une chaleur et une vie qu'on ne trouve pas souvent « dans les classiques du droit. » Cette appréciation ne nous permettait pas de douter du vif intérêt que trouveraient les lecteurs du Bulletin, à la lecture des chapitres de ce travail relatifs à la Croix rouge.

M. Fr. de Criegern vient de publier à Leipzig, sous le titre de La Croix rouge en Allemagne, l'ouvrage couronné au concours ouvert par S. M. l'impératrice Augusta, pour le meilleur manuel des secours volontaires.

Cet ouvrage se divise naturellement en deux parties: l'activité en temps de guerre et l'activité en temps de paix. Dans l'une et l'autre, le sujet est, nonobstant les détails, très largement traité. Il nous serait difficile d'en présenter la substance en peu de pages, mais on pourra se rendre compte de la manière de l'auteur, par l'analyse du IVme chapitre de la 1re partie, où se trouve une étude de l'Ordonnance sanitaire du 10 janvier 1878, comparée avec l'instruction précédemment en usage et les expériences de la guerre de 1870–71.

Le docteur M. W.-C. Gori, professeur agrégé à l'université d'Amsterdam, vient de publier une communication faite par lui au Congrès international de médecins des colonies. Il s'agit, comme le titre l'indique, d'une revue des progrès accomplis, comme aussi des desiderata à réaliser, quant à l'emploi des chemins de fer pour le transport des malades et blessés, spécialement dans les climats tropicaux.

Nous résumons les faits principaux mentionnés dans les comptes rendus de l'année 1882, envoyés an Comité international par les Comités départementaux de la Gironde, du Loiret, de Nancy et du Nord.

Comité de la Gironde. L'année 1882 marquera dans les annales de ce Comité par la part qu'il a prise à l'exposition de la Société philomathique de Bordeaux, part qui, en faisant apprécier le but de l'œuvre de la Croix rouge et les services qu'elle peut rendre, lui a valu la récompense d'un diplôme d'honneur.

Un institut de garde-malades laïques, ou non-confessionnelles, créé à Fluntern, près de Zurich, sous les auspices de « l'Union du christianisme libéral », s'est ouvert le 20 novembre dernier. Il porte le nom de Maison des sœurs de la Croix rouge, dénomination empruntée aux établissements analogues de Brème, Francfort et Carlsruhe.

En présence des événements du Tonkin, le Conseil s'est empressé d'offrir à M. le Ministre de la marine le concours de notre Société. »

Nous ne mettons pas en doute que les ressources dont le Département de la marine dispose ne suffisent, et bien au delà, à toutes les éventualités de la campagne; mais il nous a semblé qu'en dehors du service hospitalier proprement dit, nous pouvions avec utilité, dans l'ordre des choses qui améliorent la condition des malades et des convalescents, envoyer, à l'adresse des hôpitaux du Tonkin, comme nous l'avons fait pour ceux de la Tunisie, des offrandes de diverses natures, particulièrement de ces douceurs et de ces éléments de distraction que ne comprennent pas les distributions réglementaires, et qu'il entre si bien dans la mission d'une œuvre comme la nôtre d'ajouter au régime de l'ambulance.

Les objets destinés à porter secours aux blessés et malades n'occupaient d'abord qu'une place très modeste à l'Exposition internationale, coloniale et d'exportation générale, qui a en lieu à Amsterdam en 1883.

Ils appartenaient principalement à la classe 43, section B: « appareils et instruments de chirurgie et d'orthopédie, matériel d'ambulance et d'hôpital, etc. »

C'est le 12 mai dernier qu'a eu lieu, à Berlin, l'ouverture solennelle de l'Exposition allemande d'hygiène et de sauvetage par S. A. R. le prince héritier, comme représentant de l'auguste protectrice, S. M. l'impératrice Augusta. Le Kriegerheil rend compte, par la plume de M. le Dr Gurlt, de la participation des Sociétés de la Croix rouge d'Allemagne, d'Autriche-Hongrie, et de Hollande à cette exposition.

Attendu que nous avons jugé à propos de prendre en considération les services rendus par certaines personnes, en soignant les malades et les blessés de noire armée et de notre marine, et que nous avons résolu de reconnaître d'une façon spéciale les exemples individuels d'un dévouement particulier sous cette forme.

A ces fins, nous avons institué, constitué, créé, et par les présentes, pour nous et nos héritiers et successeurs, instituons, constituons et créons une décoration, qui sera désignée comme il est dit plus loin. Et nous jugeons à propos de faire, ordonner et établir les règlements et ordonnances ci-après, en vue de la dite décoration, lesquels devront être dorénavant inviolablement observés et maintenus.

Tout ce qui se rapporte au traitement des soldats blessés en campagne est intéressant pour nos lecteurs, même lorsqu'il s'agit de faits déjà anciens. Aussi pensons-nous qu'il n'est pas hors de place d'exposer ici la discussion qui vient de s'élever en Angleterre, au sujet du service sanitaire de l'armée en Egypte.

A l'occasion de l'exposition de Berlin, des conférences ont été données par différents professeurs, dans un pavillon spécialement destiné à cet effet. Le Dr Paul Börner a entrepris la publication de ces conférences, et nous recevons la première, celle du Dr Ésmarch, de Kiel, traitant de son École de samaritains.

Nous avons plusieurs fois déjà entretenu nos lecteurs de cette institution, si favorablement accueillie; nous croyons cependant devoir extraire du discours de l'éminent conférencier quelques traits qui la feront encore mieux connaître et apprécier.

Dans une brochure intitulée: Contrastes sanitaires pendant la guerre de Crimée, le chirurgien général T. Longmore fait un exposé comparatif des conditions sanitaires des deux armées française et anglaise devant Sébastopol, pendant la guerre de Crimée. Cette brochure est d'autant plus opportune, que certaines remarques, exprimées à ce sujet dans un récent volume de M. Hinglake sur l'invasion de la Crimée, pourraient donner lieu à des impressions erronées. M. Longmore fait observer que beaucoup d'informations ont été recueillies pendant la guerre même; il cite, en première ligne, le remarquable rapport du docteur Andrew Smith, alors directeur général du Département militaire, rapport publié sous la sanction du Parlement, et contenant dans deux in-folios l'histoire médicale de chaque régiment, la nomenclature des maladies dominantes, une classification complète des maladies et des maux survenus pendant la guerre, et une quantité de rapports, de tableaux météorologiques, de diagrammes et autres documents. On a aussi publié le résultat des enquêtes faites, pendant et après la guerre, sur les maladies et la mortalité des troupes; le Rapport des Commissaires Royaux, qui a un intérêt historique au point de vue des changements opérés dans l'organisation sanitaire de l'armée; enfin les rapports des commissaires particuliers. D'autre part, l'histoire sanitaire de l'armée française a été faite par le médecin en chef, feu le docteur Chenu, travail intelligent et précis, source de renseignements précieux.