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Le rôle des cas dans les tours prépositionnels en attique et en latin classique*

Published online by Cambridge University Press:  27 June 2016

Bernard Moreux*
Affiliation:
Université de Montréal

Extract

Les tours prépositionnels jouent le même rôle que les cas: ils expriment des relations. Jusqu’ici tout le monde est d’accord; les divergences commencent quand on veut préciser la nature de ces relations. Pour des linguistes comme R. Jakobson, B. Pottier et J. R. Gallup (ces derniers suivant une tradition guillaumienne), pour le Hjelmslev de La Catégorie des cas, pour un latiniste comme Perret, elles sont sémantiques; pour la philologie traditionnelle et pour des linguistes comme J. Kuryłowicz, E. Benvéniste, R. H. Robins, J. Perrot et des tenants de la grammaire générative comme N. Ruwet, elles sont parfois uniquement syntaxiques. Cette dernière perspective s’attache à rendre compte du « fonctionnement des éléments de langue » et, comme l’étude fonctionnelle du latin et surtout du grec a été négligée par la philologie traditionnelle presque uniquement occupée de diachronie, c’est cette perspective que nous adopterons, en nous en tenant au latin classique d’une part, à l’attique d’autre part, états (approximatifs) de langue assez semblables en ce qui concerne le problème qui nous occupe.

Type
Research Article
Copyright
Copyright © Canadian Linguistic Association 1968

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Footnotes

*

Cet article a fait l’objet d’une communication au Congrès de l’ ACFAS de novembre 1968.

References

1 Nous étudierons de plus près cette question, ainsi que quelques autres qui, dans cet article, ne seront qu’effleurées, dans un travail actuellement en préparation sur les cas attiques.

2 Pottier, B., Systématique des éléments de relation. Etude de morphosyntaxe structurale romane (Paris, 1962), p. 9 Google Scholar. Pour cet auteur, l’étude de ce fonctionnement ne dépasse pas en fait le niveau du discours.

3 Cf. Blinkenberg, A., Le problème de la transitivité en français moderne Copenhague, 1960), pp. 878.Google Scholar

4 Kuryłowicz, J., The Inflectional Categories of Indo-European (Heidelberg, 1964), p. 144.Google Scholar

5 « Le problème du classement des cas », dans Esquisses Linguistiques (Wroclaw-Kralow, 1960), pp. 131–5.

6 Cf. de Groot, A. W., « Les oppositions dans le système de la syntaxe et des cas », Mélanges de linguistique offerts à Ch. Bally (Genève, 1939), pp. 114 et 124 Google Scholar; Perrot, J., « Le fonctionnement des cas en latin », RPh 40 (1966), p. 218.Google Scholar

7 Cf. J. Kuryłowicz, « Le problème… », p. 134.

8 Le fait que, dans la plupart des dialectes, la préposition se soit scindée et ait donné naissance à deux séries de tours, ἐν + datif et ∊’ις + accusatif, a dû masquer en grande partie l’ancienne opposition entre les deux cas qui s’est conservée après le in latin; néanmoins les Grecs pouvaient encore avoir quelque conscience de la parenté de ἐν et e’ις, d’autant plus que subsistaient des emplois dialectaux de ἐν + accusatif.

9 Cf. cependant J. Kuryłowicz (« Le problème… », pp. 133–4), dont nous ne pouvons accepter l’argumentation: il suppose une désémantisation des tours prépositionnels comportant l’accusatif, hypothèse qui est infirmée par les exemples où in ou ∊ίς suivis de l’accusatif sont employés sans que l’idée de mouvement soit exprimée par ailleurs.

10 J. Kuryłowicz, « Le problème… », p. 134.

11 Cf. déjà K. Brugmann, Grundriss2 II, 2, pp. 488–9, 761–2, 788–9.

12 Cf. (Hdt. 2, 121, sans distinction de sens, cf. Kühner-Gerth, Ausführliche…, I, pp. 515–16; (The. 1.63); sans idée de mouvement, ὑπό se construit avec l’accusatif ( Hdt. 7. 114), le génitif ( Pl. Ap. 18b) ou le datif ( Arstt. Cael. 295g 28).

13 Thomas, A. Ernout-F., Syntaxe latine (Paris, 1951), p. 21.Google Scholar

14 Cf. J. Perrot, Le fonctionnement…, pp. 218 et 224 (ailleurs, p. 221, il infléchit son interprétation).

15 Cf. ibid, p. 227.

16 Cf. Kühner-Gerth, I, pp. 433–5.

17 Cf. Ernout-Thomas, Syntaxe… pp. 84 et 85 (on notera que l’idée de lieu peut être précisée par les adjectifs medius, imus etc.…); Kühner-Gerth I, p. 446, Rem. 6. L’alternance cum + ablatif/cum après (con)mutare et (con)miscere (on notera aussi que « iunctus et coniunctus sont courants avec l’ablatif seul », tandis que (con)iungere s’emploie avec cum: Ernout-Thomas, p. 75) paraît d’abord assez différente: le tour prépositionnel alterne ici avec un emploi vivant du cas, l’ablatif de moyen (cf. J. Perrot, Le fonctionnement…, p. 227). On constate cependant, dès l’époque classique, une tendance à l’emploi, dans des contextes très divers, de tours prépositionnels à la place de l’ablatif de moyen (cf. Ernout-Thomas, p. 78). Dès cette époque une telle concurrence était une menace pour le rôle sémantique de l’ablatif seul.

18 B. Pottier (Systématique…, pp. 292–4) entend au contraire, conformément à sa conception générale des cas, « justifier » leur emploi dans les tours prépositionnels; il ne peut y arriver qu’en refusant de tenir compte des conditions particulières des emplois des cas. C’est ainsi qu’il admet la valeur d’origine de l’ablatif latin à partir de l’exemple aliquid domo patroni depromere, où l’emploi de la désinence casuelle (sans préposition) est conditionné par la nature particulière du lexéme auquel elle s’ajoute, si bien qu’elle constitue avec lui une sorte d’adverbe.

19 « Le Problème… », p. 135.

20 J. Perrot, Le fonctionnement…, p. 217.

21 Ruwet, N., Introduction à la grammaire générative (Paris, 1967), p. 206.Google Scholar

22 J. Perrot, Le fonctionnement…, p. 217.