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La défense de l'immuable dans son rapport avec le changeant: Beattie et Frayssinous

Published online by Cambridge University Press:  01 January 2020

Louise Marcil Lacoste*
Affiliation:
Université McGill

Extract

Comme chacun sait, nous vivons à une époque où le changement est une donnée fondamentale de I’ action et aussi de Ia pensée. De ce point de vue, il est bizarre de penser que des hommes, disons des philosophes, aient non seulement posé l'immutabilité comme critère constitutif de Ia vérité mais en outre qu'ils aient défendu ce critère selon les règles de l'éloquence, avec un succès public notoire. En effet, dire d'un concept qu'il se définit au sein d'une rhétorique c'est dire, entre autres choses, qu'il présente, aux yeux du locuteur qui le propose avec succès, une valeur et une importance qui peuvent être montrées. Encore une fois, dans un monde où le changement est devenu banal, Ia défense efficace de l'immutabilité est non seulement un anachronisme: elle est bizarre.

Type
Research Article
Copyright
Copyright © The Authors 1976

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References

1 Beattie fut directeur du Grammar School d' Aberdeen, professeur de philosophie morale à Marischal College, un poète réputé et aussi un linguiste. Auteur de plusieurs ouvrages, Beattie fut membre du “Wise Club”d'Edimbourg, ce groupe de philosophes qui voulaient libérer Ia philosophie écossaise de l'influence de David Hume. Nous devons sans doute au “bon David” de ne plus connaltre les écrits du “bigotted, silly Fellow” bien que, selon le mot de Johnson, il fut un temps où l' on pouvait dire, et sans frontières, “We all love Beattie.”

Quant è Denis de Frayssinous, il fut prédicateur, grand maître de I'Université en 1822, ministre des affaires ecclésiastiques de 1824 à 1828, évê que d'Hermopolis et membre de l'Académie française. Auteur d'une série de discours dont Ia plupart furent prononcées dans l'église de Saint-Sulpice entre 1803 et 1809, puis entre 1814 et 1822, Frayssinous est aussi l'auteur d'ouvrages qui furent ré-édités à plusieurs reprises. Pour plus de détails sur les deux auteurs voir The Encyclopedia of Philosophy (P. Edwards, ed.) article de J. Beattie et La grande encyclopedie, article D. Frayssinous.

2 Beattie, Essay on the Nature and Immutability of Truth in opposition to Sophistry and Scepticism in The Philosophical Works, collected and edited by Wolf, F.O. vol. I, Facsimile-Reprint, Stuttgart-Bad Cannstatt: F. Frommann Verlag, 1973, pp. 13Google Scholar, 267, 235. Ci-après, les références sont données à Essay.

Frayssinous, Défense du Christianisme ou conférences sur la religion (Paris: Jacques Lecoffre et Cie, 1851)Google Scholar, Tome I. Voir les premières conférences. Ci-après, références données à Défense. Voir aussi Frayssinous, D. Conférences et discours inédits (Tournai: J. Casterman, 1844)Google Scholar, voir Ia première conférence. Ciaprès, références données a Conférences.

3 Essay, pp. 17, 23-24, 142-143, 386.

4 Ibid., voir pp. 73–74, 133, 303, 253, 261, 267, Pour un parallèle avec la géométrie, voir pp. 80, 116, 117, 167.

5 Ibid., voir pp. 105, 76, 85, 117,144, 151-155; on peut se rappeler d'avoir lu un livre sans se souvenir de son contenu, dit Beattie, pp. 93, 99. Sur le langage, Beattie, voir The Theory of Language (1788), Facsimile Reprint (menston: The Scolar Press, 1968), en particulier pp. 120Google Scholar, 86-95, 125, 147.

6 Essay, pp. 60, 66, 82-83, 89, 204, 213-215, 402.

7 Beattie parle de non-contradiction (p. 155) de compatibilité (p. 402) de parfaite coincidence (p. 213). Voir aussi pp. 496, 49.

8 Ibid., pp. 109, 213, 203-204, 213, 207, 388. La même ambivalence marque les références de Beattie à l'autorité des faits qui ne sont connus que comme des effets; voir pp. 127, 28.

9 Ibid., pp. 154, 184-185; de même, la diversité est inscrite dans la constitution originale de l'esprit: pp. 45, 180, 80.

10 Ibid., voir pp. 198, 193. J.5. Peirce disait: “If belief were to tend indefinitely toward absolute fixity we would have the truth.” (“What Pragmatism is,” in The Monist, 1905).

11 Essay, pp. 107–108, 381.l'improbabilité de thèses incompatibles proviendrait de ce que l'immutabilité porte, par exemple, sur la nécessité de recourir aux sens et non sur le fait que lessens permettent d'affirmer des vérités nécessaires; Beattie qualifie sa doctrine de “Rational scepticism.” Voir pp. 393, 230, 303.

12 Essay, voir pp. 299, 357-358, 380-381, 393.

13 Ibid., p. 490. Notons que le domaine où les métaphysiciens semblent avoir plus d'influence sera it celui où nulle propensité naturelle ne vient contre-balancer leurs thèses. (p. 492).

14 Ibid., pp. 246, 140-141, 381, 370.

15 Ibid., pp. 210, 27, 71, 136, 246, 381.

16 Ibid., pp. 245–247, 26-27, 51.

17 Ibid., pp. 88, 141, 247, 207, 109, 136, 41, 47, 28-29, 158. Notons que Beattie considère le rejet de la théorie de I'instinct par les philosophes comme une forme d'élitisme; voir pp. 467–468.

18 lbid.,62, 101, 116,31,209,99,46, 120,389,88,111, 107,235.C'est dans ce contexte, me semble-t-il, qu'il faut comprendre pourquoi Beattie ne semble pas envisager la possibilité d'une résistance radicale à l'instinct de vérité.

19 Défense, pp. 19, 281, 41, 48; Conférences, pp. 147, 125, 27, 31, 22.

20 Défense, pp. 113–118-119.

21 Défense, pp. 26–28, 36, 11.

22 Défense, pp. 25, 32.

23 Défense, pp. 178, 265; Conférences, p. 61.

24 Défense, pp. 28, 38-40.

25 Défense, pp. 31–36, 11, 45. Les “sentiments primitifs” concernent l'existence de soi, l' existence d'autre chose et des autres êtres, l' amour de soi, Ia piété filiale, l'ordre, la causalité, la divinité, la vie future, la distinction du bien et du mal, la distinction de l'apparence et de la réalité, les notions de temps et d'espace.

26 Défense, pp. 178; voir aussi pp. 30–31, 37. Pourtant Frayssinous dit que la vérité n'entraîne que des esprits attentifs, Conférences, p. 126.

27 Défense, p. 45.

28 Défense, pp. 282, 145, 278, 267, 91, 193. Comparer p. 45 et p. 16. Sur les conséquences immuables, voir Ibid., pp. 180–181 et aussi Conférences, p. 375 où Frayssinous admet que l'appréciation des maximes (morales) n'a rien d'absolu.

29 Défense, pp. 49–58, 193. On pourrait considérer ces propos comme une explicitation des conséquences du péché originel.

30 Défense, p. 59. Frayssinous dit que d'aimer la vérité c'est“presque la connaître,” p. 21.

31 Défense, p. 265, Conférences, p. 75.

32 Défense, pp. 199, 17; Conférences, pp. 40, 22.

33 Défense, voir pp. 6, 34, 265; Conférences, pp. 17, 38, 70, 75.

34 Défense, pp. 4, 267-268; Conférences, p. 15.

35 Conférences, pp. 34, 41; Defénse, pp. 144–146, 130, 113, 189.

36 Défense, pp. 149, 144, 283.

37 Conférences, pp. 52, 59.

38 Défense, pp. 29–31, 191, 265, 178, 182.

39 Défense, pp. 199, 191, 48, 107, 278, 145, 108, 45, 283; Conférences, pp. 22, 83.

40 Conférences, pp. 34, 25, 27; Defénse, pp. 375, 281.

41 Défense, p. 145.

42 Défense, p. 143.

43 Défense, pp. 118, 191.