C. B. Macpherson a qualifié d' « Epitaphe au libéralisme » l'ouvrage de Milton Friedman, Capitalism and Freedom. Il rejette l'apologie du marché, faite par Friedman, en allégant que la liberté du marché n'a rien à voir avec la liberté individuelle, que la liberté politique ne postule pas le capitalisme et que la thèse de Friedman sur la valeur éthique du capitalisme n'est pas fondée. Le présent article examine les faiblesses de l'analyse du professeur Macpherson.
Celui-ci conteste que la position de Friedman soit basée sur les postulats de la théorie microéconomique. L'incapacité ou le refus de Macpherson d'admettre ces postulats constitue l'une des principales raisons pour lesquelles il rejette l'argumentation de Friedman. Or, les points essentiels de cette argumentation reposent précisement sur de telles hypothèses, relatives à la perfection des marchés et à la distribution de la richesse. Sitôt que ces hypothèses sont infirmées, alors apparaissent, ainsi que le reconnait Friedman, des raisons d'affirmer le rôle de l'Etat, prenant pour acquis qu'on peut prouver que ce dernier est plus à même que les individus de prendre les décisions appropriées aux circonstances.
Macpherson n'ayant pas centré sa critique sur le degré avec lequel les mécanismes capitalistes, dont la distribution de la richesse, influencent la capacité de décision des individus, il n'a pas louché sauf à la périphérie, les aspects les plus vulnérables de la position de Friedman; plutôt, il a développé des idées connexes, axées sur diverses interprétations de termes et d'affirmations empiriques erronées. Macpherson n'a pas discuté des assises de la pensée de Friedman et sa critique porte à faux: Friedman parlait de critères d'efficacité, Macpherson lui a opposé des considérations d'ordre éthique.