La doctrine Gérin-Lajoie, qui fonde l'action internationale du Québec depuis les années 1960, s'exprime conventionnellement comme le prolongement externe des compétences internes du Québec. Comment alors expliquer que les élus québécois prennent régulièrement position sur certains conflits internationaux, qui relèvent pourtant clairement de la compétence du gouvernement fédéral ? Cet article offre un premier éclairage sur les motivations des élus québécois à se positionner sur des enjeux militaires ainsi qu'aux dynamiques qui les entourent. Trois hypothèses sont avancées et confrontées tour à tour à l'ensemble des prises de position des élus québécois depuis le 11 septembre 2001 en matière d'intervention militaire. Premièrement, la paradiplomatie québécoise pourrait être marquée par un nationalisme identitaire, agissant comme outil d'affirmation et de différenciation nationales par-delà les compétences provinciales. Deuxièmement, plutôt que de représenter une tendance à connotation identitaire, l'affirmation québécoise sur des enjeux de compétence fédérale pourrait être la manifestation d'une protodiplomatie. Troisièmement, les élus québécois pourraient s'aventurer sur le terrain de la sécurité internationale en raison de calculs électoraux. En somme, l'article cherche à évaluer si l'affirmation québécoise en matière de sécurité internationale est le fruit de motivations identitaires, souverainistes ou électorales.